🗓️ Dimanche 4 mai, 10h-19h
📍 Complexe Sportif Nelson Mandela (6 Rue Francis de Pressensé, 93210 Saint-Denis)

Programme complet

• 10h – 12h : De Bakou à la Tricontinentale : l’esprit de Bandung
  Intervenants : Bruno Drweski (URC), Amzat Boukari-Yabara (DUP), Ibarruri Sudharsono (Solidarité Indonesie), Omar Benderra
• 12h – 13h30 : Repas indonésien (prix conseillé : 10€)
• 13h30 – 15h30 : Luttes et alliances anti-impérialistes vers le multipolarisme
  Intervenants : Augusta Epanya (DUP), Tamara Kunanayakam (URC), Maigualita Rivas (ALBA-TCP France), Ka Ubuntu, Youssef Boussoumah
• 16h – 18h : Les perspectives du mouvement anti-impérialiste en France
  Intervenants : Saïd Bouamama (URC / FUIQP), Adama Coulibaly (DUP), Ka Ubuntu, Comité de Soutien à la Révolution aux Philippines
• 18h – 19h : Pot fraternel

Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde entier, unissez-vous !
(Texte unitaire de présentation et invitation)

En septembre 1920, les participants au Congrès des peuples d’Orient de Bakou s’approprient cette nouvelle devise impulsée par Lénine lors du IIe Congrès de l’Internationale Communiste qui a eu lieu quelques mois plus tôt et qui lie indissolublement la lutte contre l’exploitation capitaliste à celle contre la domination coloniale.

Au lendemain de la conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d’Indochine, les nouvelles puissances asiatiques veulent accélérer le processus d’indépendance. Conscients de leur force, ces pays nouvellement indépendants décident alors de tout mettre en œuvre pour aider les autres colonies à acquérir elles aussi leur indépendance.

En 1955, les chefs de gouvernement de vingt-neuf pays d’Afrique et d’Asie, ainsi que les représentants des colonies qui n’avaient pas encore obtenu leur indépendance, se sont réunis à Bandung (Indonésie), animés d’un esprit commun de libération nationale et de coopération internationale. Il s’agit d’une rencontre historique pour discuter de processus de décolonisation qui marqua le cours du XXe siècle, condamner l’impérialisme des puissances occidentales, et développer la solidarité internationaliste entre les luttes de libération nationale dans le monde.

Cette conférence sera la première d’une série de conférences qui jalonnent l’histoire de la lutte pour la libération des peuples et qui seront à la fois source d’impulsion et résultat de la structuration du mouvement anti-impérialiste international, en particulier autour du Mouvement des États non alignés. La Conférence « Tricontinentale » en 1966 à La Havane (Cuba) a marqué un nouveau saut qualitatif sur le plan politique et de l’action internationaliste avec la création de l’Organisation de la Solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine (OSPAAL).

Ce mouvement international donnera naissance, lors de la Conférence d’Alger de 1973, au programme pour « un nouvel ordre économique mondial », basé sur la souveraineté des peuples, la coopération, le droit au développement et la lutte contre les échanges inégaux. Adopté par les Nations-Unies dès 1974, ce programme destiné à combattre à la racine les leviers qui permettent la domination économique occidentale sur le reste du monde, ne sera jamais appliqué, en raison des pressions et manœuvres des puissances impérialistes occidentales, contre-offensive que le démantèlement de l’URSS a considérablement aggravé (Table ronde 1). Mais, suite à la présidence cubaine en 2023 des 134 États membres du « Groupe des 77 + Chine » à l’ONU, il a été officiellement relancé sous l’appellation de « Nouvel Ordre économique international ».

A l’aube du XXIe siècle donc, l’hégémonie occidentale – dont les USA sont la tête – continue d’être remise en cause par un ensemble de pays qui, malgré leur hétérogénéité en termes de projets politiques et économiques (dont les BRICS+ sont l’épicentre) ont désormais les moyens objectifs de refuser cette domination impérialiste et d’imposer un nouvel ordre international multipolaire. Parallèlement, les projets de coopération régionale, qu’ils soient le résultat de la volonté de certains dirigeants, comme l’ALBA, ou d’organisations de la société civile comme le mouvement panafricaniste, continuent de se développer, jouant un rôle important dans la « deuxième vague d’indépendance » qui traversent l’ensemble des continents (Table ronde 2).

Mais ce mouvement suscite des résistances de la part des puissances euro-atlantiques. Engluées dans une crise économique structurelle, elles choisissent la guerre – sous toutes ses formes – pour conserver leur hégémonie, contre les pays « récalcitrants », Chine en tête, mais aussi contre leurs propres populations, via des cures d’austérité sans précédent. Pour susciter l’adhésion de leurs classes populaires à cette reconquête à laquelle elles n’ont pourtant aucun intérêt, ils instrumentalisent et renforcent le racisme persistant et structurel issu de la colonisation, organisent massivement la désinformation ainsi qu’un vaste chantage à l’emploi. Il est donc également urgent que les classes populaires des centres impérialistes se réapproprient la devise de Lénine et construisent, au sein même des puissances impérialistes, des fronts de lutte afin de les affaiblir (Table ronde 3).

Avec de nombreux intervenants venant d’horizons divers, nous avons organisé cette conférence, autour de trois tables rondes, pour revenir sur la riche histoire de l’« esprit de Bandung » et son héritage politique, pour réfléchir au sens et aux formes de l’internationalisme et de l’anti-impérialisme d’hier et d’aujourd’hui partout dans le monde, ainsi que de discuter sur les pistes d’action pour reconstruire, ici en France, un véritable mouvement anti-impérialiste conséquent, pour le progrès des peuples.