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Américaine, juive et pacifiste pro-palestinienne
Publie le lundi 12 mai 2003 par Open-Publishing1 commentaire
Laura Gordon, Américaine, juive et pacifiste pro-palestinienne
Par Christian CHAISE
Elle est Américaine et juive, et depuis six semaines, elle essaie
d’empêcher les bulldozers israéliens de démolir des maisons à Rafah : Laura
Gordon, 20 ans, est l’un de ces pacifistes étrangers pro-palestiniens
devenus la bête noire de l’armée israélienne.
C’est apparemment pour neutraliser les membres du Mouvement international de
solidarité (ISM), une organisation pacifiste pro-palestinienne dont elle
fait partie, que l’armée a annoncé vendredi des mesures draconiennes à
l’encontre des étrangers désirant entrer dans la bande de Gaza.
Ces étrangers devront désormais signer un formulaire par lequel ils
s’engageront à éviter certains endroits et certifieront n’avoir "aucun lien
avec l’organisation appelée ISM ou toute autre organisation dont le but est
de perturber les opérations de l’armée".
Les membres de l’ISM sont donc maintenant officiellement persona non grata
dans la bande de Gaza. Et ils pourraient bien le devenir aussi en
Cisjordanie, puisque l’armée a perquisitionné vendredi les bureaux de
l’organisation à Beit Sahour, près de Bethléem, arrêtant deux étrangères,
une Américaine et une Australienne.
L’un des fondateurs de l’ISM, Ghassan Andoni, a précisé à l’AFP que son
organisation avait actuellement une vingtaine de membres dans les
Territoires. Elle en a eu jusqu’à une centaine.
"Il est clair que nous avons perdu notre statut d’étrangers privilégiés",
déclarait Laura Gordon jeudi à l’AFP.
"Nous avons maintenant autant de chances de nous faire tirer dessus que les
Palestiniens. Je crois qu’ils (l’armée) ne font plus de différence",
disait-elle dans le bureau de l’ISM à Rafah, ville du sud de la bande de
Gaza limitrophe de l’Egypte qui est aussi une véritable zone de guerre.
Au cours des deux derniers mois, trois membres de l’ISM ont payé très cher
leur engagement pro-palestinien, puisque l’une, Rachel Corrie, une
Américaine de 23 ans, a été tuée à Rafah par un bulldozer israélien qu’elle
essayait d’empêcher de détruire une maison et que deux autres, Brian Avery,
un Américain de 24 ans, et Thomas Hurndall, un Britannique de 21 ans, ont
été grièvement blessés.
"Il y a beaucoup de choses que j’aurais faites il y a deux mois et que je ne
ferai plus", dit Laura Gordon. "Avant, je me serai dressée beaucoup plus
devant les bulldozers et les tanks", mais, ajoute-t-elle, "nous ne sommes
pas ici pour devenir des martyrs".
Cette jeune Américaine originaire de Pittsburgh (Pennsylvanie) est l’un des
quatre membres de l’ISM à Rafah, où leur activité principale consiste à
témoigner sur les démolitions de maisons palestiniennes par l’armée, à
défaut de pouvoir les empêcher.
"De mon point de vue, Rafah est une ville extrêmement juive", dit-elle en
riant, dans une allusion à la proportion de membres de l’ISM qui sont juifs.
Car là n’est pas le moindre paradoxe de ce mouvement créé il y a deux ans
dans la région de Bethléem. Selon M. Andoni, entre 15 et 20% des membres de
l’ISM sont juifs.
"C’est logique, car les Juifs ont une tradition d’activisme social. Cela
fait partie de notre religion et de notre culture. Lorsqu’il y a oppression
et souffrance, nous sommes tenus d’aller sur place pour essayer d’alléger
cette souffrance. Cela s’appelle ’Tikoun ha-olam’ (rendre le monde
meilleur)", explique Melle Gordon.
Dans son cas, le plus irritant, pour les autorités israéliennes, est sans
doute qu’elle est venue en Israël en décembre dans le cadre d’un programme
officiel destiné à faire découvrir l’Etat hébreu —tous frais payés— à de
jeunes juifs de la diaspora, avec l’espoir qu’ils feront aliya, c’est-à-dire
qu’ils s’établiront en Israël.
"C’est plutôt drôle", commente-t-elle. "Beaucoup de gens m’ont dit : ’tu as
trahi le programme’".
Dans le cadre de ce programme, elle a d’abord commencé par rendre visite
régulièrement à un jeune Israélien grièvement blessé lors d’un attentat
suicide palestinien.
C’est ensuite que cette jeune idéaliste s’est intéressée à l’autre bord.
"J’aimerais qu’ils puissent comprendre que je pense travailler pour eux",
dit-elle des Israéliens. "Je travaille pour la paix. Pour qu’il n’y ait pas
d’occupation et pas d’attentat suicide".
Taïeb Moalla
Coalition Québec/Palestine
tmoalla@coalitionsquebec.org
Messages
1. > Américaine, juive et pacifiste pro-palestinienne, 13 mai 2003, 13:49
Heureusement qu’il éxiste encore des êtres humains qui honorent l’Humanité.