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Appel au soutien des réfugiés italiens. Un collectif d’une trentaine d’élus de gauche s’est créé.

Publie le vendredi 17 septembre 2004 par Open-Publishing

de Dominique SIMONNOT

Combien de temps leur reste-t-il avant d’être arrêtés ? L’ambiance est « tourmentée », et c’est peu dire, chez les Italiens réfugiés en France, ex-activistes des années de plomb, rangés des voitures depuis vingt ans, voire plus. En Italie, de longues listes de noms et de photos paraissent régulièrement dans la presse. En France, au ministère de la Justice, on aurait ciblé trois d’entre eux, susceptibles d’être extradés vers leur pays qui les réclame pour y purger des peines de prison à vie, plus de vingt ans après les faits.

Promesse. Tous, pourtant, bénéficiaient en France d’un asile reconnu en 1985 par Mitterrand, alors président de la République, leur assurant la tranquillité contre la promesse d’avoir « rompu avec la machine infernale ». Vint le revirement, en septembre 2002, après une rencontre entre le ministre de la Justice français, Dominique Perben, et son homologue italien. Revirement scellé, en février dernier, par l’arrestation de l’écrivain Cesare Battisti, désormais en cavale (lire ci-dessous). Maintenant que se précisent les menaces, que ne sont pas renouvelées pour certains les cartes de séjour, que, vendredi dernier, un des réfugiés a été placé en garde à vue quelques heures avant d’être relâché, que des épouses, des maris, des enfants commencent à s’affoler, plus de trente élus de gauche (PS, PCF, Verts) et non des moindres , réunis en collectif, ont lancé hier un appel « pour le respect de la parole donnée par la France aux réfugiés italiens ».

Ils y affirment « l’impérieuse nécessité pour notre pays de ne pas revenir sur son engagement pris en 1985, et ce quelle que soit notre analyse sur les "années de plomb" en Italie ». Et y rappellent que la parole de Mitterrand fut respectée « par neuf gouvernements successifs, de droite comme de gauche ». Leur démarche n’est pas que de principe. « Les élus s’engagent généralement pour les réfugiés italiens à qui l’Etat avait donné sa parole. Nous n’accepterons pas ces extraditions, nous continuerons nos actions de soutien et nous les accompagnerons, nous les assisterons dans leurs démarches juridiques et administratives », assure Pénélope Komitès (Verts). En attendant, les attitudes divergent chez les Italiens. Certains parmi les plus menacés se sont « mis à l’écart », « au vert », mais la plupart sont fermement décidés à affronter ce qui les attend. « Je comprends très bien ceux qui s’en vont, comme j’ai compris la fuite de Cesare Battisti, mais je reste, explique l’un d’eux, d’ailleurs, où aller ? A 50 ans, avec femme et enfants qui n’ont rien à voir avec notre histoire ? En laissant ici ma famille ? En abandonnant mon métier, mes amis ? »

Fondus. Installés ici sans jamais se cacher, les réfugiés se sont fondus dans la société. Sans que l’Italie ne réclame quiconque durant toutes ces années. Sans que ni Jacques Chirac, président de la République, ni Edouard Balladur ou Alain Juppé, Premiers ministres, ne reviennent sur la « parole donnée ». Et, pour les signataires de l’appel : « Quand l’Etat ne respecte pas ses engagements, vers qui peut-on alors se tourner ? »

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