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Argentine Décembre 2001-2011 : la victoire de la souveraineté

par Estelle Leroy-Debiasi

Publie le vendredi 23 décembre 2011 par Estelle Leroy-Debiasi - Open-Publishing

Décembre 2001-2011. Dix ans déjà. 19 et 20 décembre, des journées tragiques, de désespoir et de révolte, le cri d’un peuple descendu dans la rue avec ses casseroles et son « que se vayan todos », puis le long chemin parcouru jusqu’à l’Argentine d’aujourd’hui.

Sur le moment, n’ayons pas la mémoire courte, le regard de la presse européenne notamment française était critique : les argentins dans la rue, n’avaient-ils pas un peu mérité d’en être arrivés là ? Voilà ce qu’on entendait dans de nombreuses rédactions parisiennes.

C’est pour lutter contre les contre-vérités, assertions définitives, parfois méprisantes et souvent ignorantes que nous avons alors décidé de créer El Correo- qui a vu le jour quelques mois après. Notre modeste objectif : mieux faire connaître et comprendre ce qui se passait réellement de l’autre coté de l’océan, et sur le continent latino-américain…

A l’époque le dieu FMI était vénéré par l’ensemble du monde économique, la pensée libérale dominait en pensée unique dans toute son orthodoxie avec ses lots de privatisations. Pas question alors de mettre en question le système. Alors, les argentins qui ne voulaient pas jouer le jeu étaient en fait des fauteurs de troubles...comme les grecs aujourd’hui et peut être les italiens, les espagnols ou les français demain.

Le 20 décembre 2001, en Argentine, la fin de la convertibilité avec le dollar est annoncée. La goutte d’eau … Pourtant quelque temps avant le pays était considéré comme le meilleur élève du FMI. Mais cette dette empoisonnée et illégitime (car héritée en grande partie de la dictature), qu’a minutieusement accrue la convertibilité, a grignoté petit à petit la souveraineté du pays, depuis les privatisations tuant le secteur productif à feu lent, jusqu’aux programmes de l’éducation nationale dont se mêlait le FMI, sans oublier ces plans drastiques de rigueur, destructeur de PIB, d’emplois : un cercle infernal des plus vicieux, qui ne pouvait qu’entrainer le pays plus bas, vers une sorte d’agonie, la pire crise politique économique et sociale de son histoire.

L’Argentine a terriblement souffert, ces citoyens très courageux, et surtout très solidaires, ont relevé la tête. Renverser la vapeur, Nestor Kirchner n’avait pas d’autres solutions. En 2003, il a donc dessiné ce nouveau chemin, en rompant avec l’orthodoxie économique, en changeant de paradigme. Entamant une renégociation, sans précédent, de la dette, la relance du rôle de l’Etat, de l’outil de production, des politiques d’inclusion sociale, d’intégration régionale…On connaît la suite. Un chemin pas exempt d’embuches.

Heureusement, en dix ans la pensée libérale n’est plus l’unique, des voix se sont élevées dans le monde économique y compris parmi les sommités comme Stiglitz pour dire : il faut savoir dire stop ! Citant en exemple l’Argentine. Mais pourquoi les mêmes recettes dévastatrices sont-elles aujourd’hui encore appliquées à d’autres pays avec le même entêtement, mettant en péril non seulement leur souveraineté mais surtout leur démocratie.

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