Accueil > Attac : les militants désorientés
Loin des discussions de stratégie du conseil d’administration, les adhérents redoutent que le dynamisme local de l’association pâtisse de la crise.
C’est le plus faible taux de participation jamais enregistré par l’association altermondialiste depuis la création du rendez-vous estival en 1999. Avec quelque 400 personnes ce week-end, l’université d’été poitevine n’a pas eu l’ampleur escomptée par le bureau national. Et ce, alors même que cette année, aux premiers mois de la campagne présidentielle, la réflexion des militants est sollicitée pour l’élaboration du manifeste 2007. Désaffection ? Sûrement pas. Du moins pas encore. Mais prise de distance avec une « guerre des chefs » qui les dépasse, à n’en pas douter. D’ailleurs, pour réagir à la crise interne, la plupart préfèrent rester dans l’anonymat.
Pour mieux souligner l’éloignement avec leurs préoccupations sur le terrain mais aussi ne pas tendre le flan aux critiques de récupération. Interpellés d’un côté par les partisans de Pierre Khalfa et Susan George pour rompre avec « l’autoritarisme » de la direction, et de l’autre par ceux de Nikonoff et Cassen pour élire directement les membres fondateurs qui doivent siéger au conseil d’administration, les militants se sentent piégés dans un étau qui ternit leur engagement. « Il faut vite que les deux camps règlent leur conflit fratricide et leur querelle d’appareil, car chaque jour de flou supplémentaire met des épines à notre idéal commun », explique ainsi une militante bretonne, non sans un brin de moralisme. « À une trentaine d’individus, ils arrivent à faire vaciller tout ce que l’on a construit ensemble. Au quotidien, je vois déjà que les gens commencent à être moins attentifs à notre discours, surtout à la vue du logo », souffle un autre engagé de la première heure.
Las des affrontements, écoeurés quant au déroulement des élections en juin, les adhérents se hérissent à la lecture d’articles sur la perdition de l’organisation altermondialiste. « ATTAC a plus que jamais sa raison d’être, le dynamisme local prouve qu’il y a un avenir à creuser, réagit Régis, de Poitou-Charentes. Les comités locaux en ont marre, il y a un fossé qui se creuse entre le CA et la base... »
L’an dernier, malgré un rôle moteur joué par de nombreux militants pour expliquer le contenu du traité constitutionnel européen, l’organisation avait enregistré une chute du nombre d’adhésions. Un paradoxe qui a marqué les esprits altermondialistes. Pour que l’expérience ne se renouvelle pas en 2006, le conseil d’administration doit regagner rapidement la confiance des 25 000 adhérents.
C. Ch.