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BOB DENARD, 5 ans avec sursis ... anthologie des relations France/Afrique

Publie le jeudi 22 juin 2006 par Open-Publishing

TROUVE DS PRESSE BELGE .... LIBRE BELGIQUE ....
EN FRANCE L’ECHO MEDIA si léger ...... que l’on n’entendit point !

Clémence pour « le corsaire de Paris »
BERNARD DELATTRE

Bob Denard, le plus célèbre mercenaire français, condamné à des peines de principe, comme ses sbires. Ils étaient jugés pour un putsch en Afrique en 1995.

Cinq ans avec sursis. Bob Denard, le plus célèbre mercenaire français, aujourd’hui âgé de 77 ans, a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison avec sursis pour association de malfaiteurs. Avec 26 de ses comparses, il encourait jusqu’à dix ans de prison ferme pour avoir perpétré un coup d’Etat aux Comores contre le président Djohar, en 1995. Ses co-prévenus ont eux aussi été reconnus coupables mais ont tout autant été condamnés à des peines très inférieures aux réquisitions, voire ont été dispensés de peines.

Ainsi s’est donc achevé le retentissant procès du vieux « chien de guerre ». Ce n’était pas le premier. Bob Denard avait déjà été condamné en 1993 à cinq ans de prison avec sursis pour une tentative de putsch au Bénin (contre le président Kirikou, en 1977), puis avait été acquitté en 1999 pour l’assassinat présumé du président comorien Abdhallah (en 1989).

Ce troisième verdict, plutôt clément, a dû satisfaire le « corsaire de la République », qui avait affirmé à l’audience n’avoir « jamais pensé agir un seul instant contre les intérêts de (son) pays ». « Au contraire », puisqu’il s’était prévalu d’avoir bénéficié pour toutes ses missions du « feu orange » implicite des services secrets français. Par la voix de son avocat, Bob Denard s’était plaint d’avoir été déboulonné au statut de « bouc émissaire de la République ». Et avait accusé Paris de l’avoir abandonné après s’être servi de lui pour d’inavouables barbouzeries, commerces peu glorieux ou autres missions de diplomatie parallèle occultes.

Le parquet avait démenti cette thèse, et dépeint le mercenaire non en corsaire de Paris, mais en « corsaire à la solde de ses intérêts privés », passé maître dans l’art de « braquer un pays comme on braque une banque » et ayant commis « des faits d’une exceptionnelle gravité ».Les parties comoriennes, elles, avaient estimé que Bob Denard avait longtemps servi d’ « instrument » à Paris et avaient vainement réclamé l’audition par le tribunal du président Chirac et des ex-ministres Juppé et Millon, en poste à Matignon et à la Défense en 1995.

« Prime au mercenariat »

Mardi, elles ont déploré un verdict en forme d’ « encouragement, voire de prime au mercenariat » et estimé que « tout le peuple comorien » pouvait s’en « sentir offensé ».

Les associations militant pour la moralisation de la « France Afrique » -terme générique représentant les zones d’ombres affairistes de la diplomatie parallèle française- ont jugé elles que ce procès n’était qu’ « un brouillage de cartes » destiné à « faire passer le mercenariat de papa -celui des barbouzes et aventuriers de la génération Denard- comme relevant d’une époque désormais révolue », alors que cet « interventionnisme de type néo-colonial est toujours d’actualité ».Ces associations visent notamment les sociétés militaires privées françaises, qui, selon elles, « ont pignon sur rue » et dont elles réclament vainement l’inclusion dans le projet de loi de 2003 ayant renforcé la lutte contre le mercenariat -texte qu’elles jugent très insuffisant.