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Bibliothèque Renault Le Mans - La culture façon CFDT : bricolage et jardinage remplacent le Livre

Publie le jeudi 19 mai 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

Le Livre est un symbole de la culture ouvrière, outil d’émancipation. La bibliothèque du CE de Renault Le Mans était riche de quelque vingt-huit mille ouvrages et quatre mille documents sonores.

En septembre 2004, les élus du CE CFDT-CGT décidaient la fermeture de la bibliothèque et le bradage des livres.

« Nous avons dû faire un choix économique », déclare Alain Violeau, le secrétaire CFDT du CE, « d’autres activités sont en pleine expansion, telle prêt de matériel de bricolage et de jardinage ».

Quand la CFDT retrouve ses valeurs d’origine : la charité, le jardinage chers aux patrons du début de l’industrialisation, quand il fallait occuper l’ouvrier de peur qu’il ne se révolte !

La CGT a organisé la résistance...suite et pas fin

Patrice Bardet


dernières nouvelles (18 mai)

46 adhérents de la bibliothèque du CE-Renault assignés devant le TGI du Mans par les élus CFDT-CGC du Comité d’Etablissement :
27 condamnés pour l’emprunt du 14 décembre

Attendu

« Qu’en s’emparant contre le gré de leur propriétaire des ouvrages concernés et en conservant ces ouvrages au-delà d’un délai raisonnable de consultation les défendeurs se sont livrés à une véritable appropriation et ont porté aux droits du Comité d’Entreprise Renault-Le Mans une atteinte qui constitue un trouble manifestement illicite ;

Qu’il convient de faire cesser ce trouble, qui ne peut en aucun cas être légitimé par le désaccord opposant les parties à propos de la fermeture de la bibliothèque et de ses conséquences, en ordonnant sous astreinte la restitution sollicitée »

Dans son ordonnance de référé, le tribunal de grande instance du Mans, sous la présidence de Mme Laurence Flise, a condamné mercredi matin 27 des 46 assignés à la restitution, dans un délai de 15 jours après signification du jugement, de 1 539 ouvrages empruntés le 14 décembre, sous astreinte de
5 euros par jour et par condamné. Ces 27 adhérents de la bibliothèque sont en outre condamnés à verser solidairement 700 euros au CE au titre de l’article 700 du nouveau code de procédure civile ainsi qu’aux dépens.

L’assignation des 19 autres adhérents a été jugée irrecevable, n’ayant pas participé à l’emprunt massif du 14 décembre.

Dans leur assignation, les élus CFDT et CFE-CGC du CE réclamaient la condamnation des 46 adhérents à la restitution de 12 297 ouvrages, sous astreinte de 100 euros par jour et par condamné, et le versement de 1 500 euros au titre de l’article 700.

Le 14 décembre, 168 adhérents de la bibliothèque avaient emprunté, en 3 heures, 11 544 livres afin de bloquer la dilapidation des collections, qui devait débuter dès le début janvier. L’action collective s’était effectuée sous contrôle d’huissier afin que soit acté le strict respect des usages de la bibliothèque, qui ne limitaient pas le nombre de livres empruntables par adhérent.

A la sortie du tribunal, le secrétaire CFDT du CE a confirmé devant la presse l’étude d’un projet de création d’une bibliothèque inter-entreprises qui serait ouverte à l’ensemble des 17 000 salariés de la zone industrielle, bibliothèque à laquelle le fonds de la bibliothèque du CE Renault serait versé.

Une proposition de table ronde devrait être lancée aux CE des entreprises de la zone ainsi qu’aux élus du Mans et aux unions départementales syndicales.

L’ouverture de la bibliothèque du CE Renault aux salariés des sociétés de la zone, dotées ou non de comités d’entreprises, mais aussi aux intérimaires, constitue l’un des objets de l’association pour le maintien et le développement de la bibliothèque du CE-Renault

Mais pour l’heure, l’hypothèse formulée par le secrétaire du CE se distingue de cet objectif puisque la fermeture de la bibliothèque du CE ne serait pas remise en cause, la bibliothèque inter-entreprises devant être constituée dans d’autres locaux.

C’est toutefois la première fois qu’est remise en cause par les élus majoritaires du CE la vente à l’encan des collections, dispersion du fonds qui se serait achevée en mars sans l’action collective du 14 décembre et les soutiens apportés de toutes parts.


Rappel des faits

voir le site
Les faits :

Le 22 septembre 04, les élus CFDT/CGC du CE Renault ont décidé de fermer la bibliothèque du CE, dont la responsabilité est assurée par une personne qualifiée.

Cette bibliothèque compte 28 000 ouvrages. 873 adhérents ont emprunté 7 859 documents pour la saison 2003/2004. Son budget de fonctionnement pour 2004 était de 5 750 € contre 14 483 € en 2002.

Cette décision s’inscrit dans les décisions déjà prises par ces mêmes élus depuis 2002 :

 Division par 2,5 du budget de fonctionnement de la bibliothèque et frein aux propositions d’achats.
 Suppression de la discothèque (plus de renouvellement de supports).
 Suppression de toute animation culturelle et de l’équipe autour de la bibliothèque
 Suppression de toute communication envers les salariés Renault.
 Suppression de 32 abonnements sur 35
Prétexte invoqué : « Il y a trop peu de lecteurs à la bibliothèque. Il existe une médiathèque municipale qui offre plus de choix »

(....)

La fermeture de la bibliothèque est prévue le 31 décembre 2004. Les livres vont être vendus du 10 janvier au 4 février 2005 à 2 € le livre, pour passer ensuite au prix d’un euro entre le 7 février et le 4 mars 2005. S’il reste des livres, ils seront distribués à titre gracieux à des organismes ou à des bibliothèques. Dans la continuité, les élus CFDT/CGC licencient la bibliothécaire.

Messages

  • Des vertus du jardinage ouvrier :

    Les jardins ouvriers naquirent avec la Révolution industrielle : apparition au XIXe siècle dans le tissu industriel du Nord de l’Europe. Avec l’accroissement rapide de la classe ouvrière, le jardin est un remède à la misère du peuple. Appelé " champ des pauvres " ou " clos des pauvres ", il apporte aux ouvriers un complément de ressources, ainsi qu’un loisir sain et est un élément de structuration de la famille (doctrine terrianiste).

    En Angleterre, vers 1819, apparaissent les premiers "champs des pauvres". Un peu plus tard, vers 1830, naissent à Kiel (Allemagne) les " jardins des pauvres " (Armengärten).

    En France, il faudra attendre 1850 pour voir les premières tentatives dans les Ardennes. La Confédération de Saint-Vincent de Paul alloue des jardins aux plus déshérités.
    En 1870, à Beauvais, apparaissent les bureaux de bienfaisance. En 1893, à Sedan, apparaissent les premiers jardins à l’initiative de "l’Oeuvre de Reconstruction de la Famille ".

  • La CFDT est issue du syndicalisme chrétien...
    Retour aux sources ?
    A quand le bucher de livres ?

    • tu confond avec la cftc camarade qui de son vrai nom s’appelle confédération française des travailleurs chrétiens

      jadis avant maire et notat la starinne la cfdt était encore un vrai syndicat assez combattif parfois même plus que la cgt et fo , on se souviendra longtemps des opérations coups de poing contres les cardes mobiles et crs , ou du sabotage d’émetteurs locaux de france télévision des gars de la cfdt de l’époque en 1978 1979 a denain longwy dunkerke époque qui fut celle la destruction planifiée de la sidérurgie par un nommé francis Mer déja lui complice de la famille de wendel seilliére

      je suis sur que les gars et les filles de longwy et denain qui étaient a la cfdt a l’époque doivent vomir de dégout qu’en on voit ce que maire notat puis chéreque en ont fait maintenant

      Quand a ceux qui ont été(es) dégouté(es) de la tournure " réformiste " et collabo de la cfdt des maire notat chéreque et bien ils et elles se sont barré(es) en 95 si je me souvient bien et que je ne me trompe pas pour fonder Sud

    • La CFDT est bien issue du syndicalisme chrétien CFTC, fondé sur la collaboration de classe. En 1964 la majorité laïque s’est transformée en CFDT, la minorité a fait scission et conservé le sigle CFTC.

      La majorité CFDT espère fonder une grande centrale réformiste avec FO et la FEN pour faire contrepoids à la CGT.

      En 1968, elle participe au rassemblement de Charlety ( de droite ) organisé contre la CGT, puis soutient explicitement le socialiste Mendes France (SFIO)

      En 1970, le congrès fait référence à la "lutte des classes".

      De 1973 à 1976 un accord est conclu avec la CGT, les deux centrales organisent des mouvements communs. (dans ma boite, c’était l’époque des tracts communs, des piquets de grève

      Le "recentrage" de la CFDT en 1978 fait suite au rapport de Jacques Moreau. Ce sera la période de la chasse aux "moutons noirs". Puis du soutien à la désunion politique du "programme commun" et l’anticommunisme primaire. Dans cette période, la CFDT négocie au plus haut niveau avec François Ceyrac ("patron" du CNPF) et le cabinet de Raymond Barre (premier ministre de droite)

      Le soutien de la CFDT aux politiques socialistes est implicite et les liens étroits.

      L’orientation fondamentale de la CFDT est alors "partage des revenus et du travail" (partage des salaires) , soutien au temps partiel, "nouvelles solidarités", etc... et des alliances objectives avec les socialistes ( il s’agit de diminuer l’influence communiste dans la classe ouvrière)

      1995, plan Juppé, soutenu par la CFDT et combattu par la tendance interne "Tous Ensemble", dont une partie des membres rejoindront SUD

      La CFDT a toujours été réformiste (1), et revient à mon avis à ses origines : la collaboration de classe.

      Patrice Bardet, militant CGT

      (1)
       favorable au paritarisme : dans les organismes paritaires (sociaux) moitié employeurs, moitié syndicats, chaque syndicat ayant le même nombre de sièges, sans élection. Ce qui permet d’exclure systématiquement la CGT et de se partager le pouvoir. Jusque l’ère Blondel, FO était systématiquement choisie par le patronat, depuis 1995 et l’opposition de FO au plan Juppé, le rôle est revenu à la CFDT (qui détient donc l’Unedic, la Sécu -avec la CFTC et la CGC-, et toutes les caisses de base avec le patronat (un peu de FO, 1 seule présidence CGT ...)
       hostile à la démocratie ouvrière
       extrèmement centralisée
       hostile à la grève, préfère la négociation et le "contrat" au rapport de force. Tout comme FO

  • Il y aurait “ les brûleurs de livres ” d’un côté et “ les défenseurs de la culture du livre pour tous ” de l’autre. Les uns étant les “ barbares ” de la CFDT, les autres les “ démocrates ” de la CGT, bien sûr. Derrière cette caricature simpliste se cache une situation complexe au comité d’entreprise de l’usine ACI (1) du Mans. Les causes sont multiples : conflits syndicaux, problèmes économiques et évolutions sociologiques. Tout cela dans un contexte de fortes interrogations sur l’évolution des politiques des CE pour satisfaire les nouvelles demandes des salariés.
    « La CGT, majoritaire sur le site, n’a jamais accepté de perdre les commandes du comité d’entreprise et a toujours refusé de participer à une gestion pluraliste de cette institution, préférant choisir “ la politique de la chaise vide ”. C’est cette situation qui a conduit la CFDT et la CGC à établir une majorité pour gérer le CE », explique Alain Vétillard, le secrétaire général de l’Union départementale de la Sarthe.

    Petit retour en arrière. C’est en 2002 que la CGT perd la majorité absolue au CE d’ACI. Ce résultat est confirmé aux élections de juin 2004, avec une perte de plus de 13 points pour la CGT dans le collège “ ouvriers ” au profit de la CFDT. La pilule est amère, les rapports intersyndicaux dérapent dangereusement, à tel point que le secrétaire CFDT du CE retrouve sa voiture taguée et fait l’objet de menaces de mort .
    À ce contexte intersyndical délétère s’ajoute celui d’une entreprise passée de 11 000 salariés en 1970 à 3 000 aujourd’hui. Cette baisse des effectifs a automatiquement engendré une diminution importante de la dotation attribuée au CE. La CGT, lorsqu’elle était encore aux commandes du CE, a licencié des salariés, supprimé le service économique et vendu le patrimoine “ vacances familiales ” de l’institution. La nouvelle majorité de gestion a hérité d’une situation financière critique, « à une époque où, explique Alain Vétillard, il faut aussi répondre aux nouveaux besoins exprimés par les salariés : voyages, chèques-vacances, activités sportives et culturelles au plus près de leurs lieux de résidence, etc. Il arrive un moment où il faut faire des choix ».

    Jouer la complémentarité en matière de culture. « Oui, mais de là à sacrifier la bibliothèque... » Comment répondre à ce sentiment de gâchis largement répandu ? « Nous avons essayé de maintenir cette activité au sein du CE, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3 000 salariés actifs et 4 500 retraités, soit plus de 15 000 ayants droit en comptant les familles, plus 19 CE d’autres entreprises représentant 2 000 salariés, mais seulement 220 adhérents à la bibliothèque ». Face à ce constat, les nouveaux gestionnaires du CE se sont interrogés : investir en livres, disques, CD, DVD, afin de rendre la bibliothèque plus attrayante ? Après analyse des frais de fonctionnement (environ 40 % du budget total du CE), l’investissement nécessaire est apparu démesuré au regard du faible taux de fréquentation. D’autant que beaucoup de salariés fréquentent la médiathèque du Mans ou la bibliothèque de leur commune. Les efforts faits par les collectivités locales au niveau de la culture, ces trente dernières années, changent la donne. De nombreux CE cherchent plutôt à jouer la complémentarité que la couverture totale des services aux salariés.
    En tout cas, au CE d’ACI, il n’est pas question d’abandonner “ la politique du livre ” conformément à la “ Charte pour le développement de la lecture ”, signée par la CFDT, mais de l’assurer par d’autres moyens, parmi lesquels pourrait figurer un partenariat avec la médiathèque du Mans actuellement à l’étude. Cette piste a été évoquée entre l’UD CFDT et l’UD CGT, le 31 janvier, la CGT souhaitant, à ce niveau de l’organisation, trouver « une issue favorable et rapide à la situation actuelle ». D’autres rencontres sont prévues pour préciser les conditions d’un retour à un climat serein.

    • Langue de bois, mais pas du bois dont on fait les livres !

      La bibliothèque devait être vendue : les livres bradés d’abord à 2 euros pièce, puis 1 euro.

      C’est la façon de ne pas abandonner “ la politique du livre ” conformément à la “ Charte pour le développement de la lecture ”, signée par la CFDT, mais de l’assurer par d’autres moyens ?

      "L’emprunt" réalisé par les ouvriers a au moins un mérite : celui d’avoir relancé le débat et stoppé au moins provisoirement la casse.

      Quand à avoir attaqué les emprunteurs devant le tribunal, normal pour un syndicat ?

      La prochaine fois, la CFDT fera donner les CRS ? comme lors du mouvement des chômeurs ?

      Patrice Bardet

      remarque : dans ma boite, il y a quelques années,

       des milliers de livres de la bibliothèque ont été mis à la benne par la secrétaire CFDT et son équipe (alliance CFDT FO SNFOCOS) pour "faire de la place" (sic), le budget culturel dont la bibliothèque réduit drastiquement pour lancer une activité "repassage à domicile", pour dixit "créer de l’emploi".
       Autre épisode, la construction pharaonique de salles de sport couvertes (dont naturellement tennis, fort à la "mode") dans un centre de loisirs du CE situé à 30 km du siège. Résultat, après avoir tenté de "cogérer" le centre ultra coûteux avec la direction (en gros, on donnait le centre en gestion et le CE conservait quelques miettes), le personnel a exigé la vente. Un gâchis de plus !
       Et je ne parle pas des centres de vacance du CE (liquidation totale, un roman hard très très limite !), et du "tourisme social" tellement "social" que les agences privées offraient des places gratuites, voyages "d’études" à certains responsables pour les "aider" à tester les prestations !