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Boycotter bloquer se mobiliser manifester fester fester...

Publie le jeudi 12 juin 2003 par Open-Publishing
1 commentaire

Le spectacle est magique,
Soyons logique.

Pour boycotter un examen il faut ne pas aller le surveiller, ne pas aller
chercher les copies : boycotter c’est donc ne pas faire ce que l’on doit ou
ce que l’on nous a demandé de faire
Boycotter un examen donc c’est bloquer un examen dans le sens où il n’aura
pas lieu de ce fait
Mais bloquer par ailleurs cela signifie empêcher qu’il ait lieu sachant que
d’autres ne le boycotteront pas : c’est bloquer l’accès à l’examen, c’est
donc manifester en nombre et s’opposer à la pénétration des candidats à
l’examen en salle d’examen
Par ailleurs se mobiliser contre la décision du gouvernement, c’est
s’opposer au gouvernement, c’est agir pour forcer le gouvernement à revenir
sur ce qu’il a décidé
Donc si se mobiliser n’est pas boycotter ni bloquer, se mobiliser c’est agir
pour forcer le gouvernement à changer sa décision en laissant l’examen se
dérouler dans les meilleures conditions comme le veut le gouvernement
Donc se mobiliser c’est faire passer l’examen, corriger l’examen, délibérer
puis partir en vacances
Or le gouvernement a besoin de cet examen pour que le mouvement social soit
invisible, inexistant, n’ayant pas eu lieu : les résultats de l’examen, la
valeur de l’examen, les réflexions autour de l’examen, le travail
pédagogique éducatif qui génère l’examen ou bien qui justifie l’examen pour
les professionnels de la profession, le gouvernement s’en fout
Car le gouvernement machiavélien à la petite semaine veut continuer à donner
du pain et des jeux au petit peuple : le gouvernement aime que le bac se
passe en juin, que les lycéens passent le bac, que les parents emmènent les
lycéens passer leur bac puis que les mêmes viennent voir les résultats
affichés à l’entrée des lycées avant de partir en grandes vacances
(événements que les médias eux aussi aiment car ils font de jolies séquences
de début d’été pour leurs journaux télévisés), le gouvernement aime que tout
cela se passe comme toujours et pour toujours car les gens aiment que cela
se passe ainsi
Aussi se mobiliser c’est se tromper de scène car cela signifie une seule
chose en fait pour le gouvernement et pour les gens : le bac, parce qu’il se
passe en juin et qu’après il y a les vacances et qu’il reviendra l’année
prochaine, doit toujours avoir lieu, comme les saisons, comme les réformes
gouvernementales, comme les guerres contre les terroristes, comme le conflit
israëlo-palestinien, comme la mondialisation ultranéolibérale, comme le
travailler plus pour gagner moins
Et donc ce qui doit être correctement changer, ce qui est vraiment
correctement politique et qui d’ailleurs rend conscient correctement
politiquement les gens, c’est le grand cirque, le péplum, le pathos et le
happy end qui font que les morts meurent moins sur les routes, que les
jeunes dealers remplissent les prisons, que la santé soit enfin une bataille
publique et que la mort soit garantie remboursée à cent pour cent par la
sécu
Mais se mobiliser c’est en fait se mettre en mouvement
Or nous sommes en mouvement
donc soyons logique
l’effort pour ce coup là pour ce début d’été là avant ces vacances là aurait
été de faire que le bac n’ait pas lieu : le reste aurait suivi de là

Décision de mon AG de ce matin : on reste mobilisé (le bac se passe de
l’autre côté de la rue) on va leur dire à la sortie que nous sommes
mobilisés

Messages

  • Il est "malheureusement" juste ton article.

    C’est vrai, on se mobilise, on descende dans la rue, on cris des slogans, mais combien tout cela peut-il toucher un gouvernement qui a plutôt l’air de se frotter les mains car les manifestations deviennent un exutoire dans lequel la France d’En-Bas (et du Sous-Sol, comme quelqu’un l’a dit) canalise sa colère ... laissons-les manifester, de toute façon "c’est moi le Premier Ministre de la France !" (il l’a dit hier à l’Assemblée Nationale !).

    Je ne veux pas dire, par-là, qu’on ne doit plus manifester, descendre dans la rue, se mobiliser, boycotter, bloquer, loin de là, mais, sauf embêter même les plus solidaires entre les usagers, en quoi le système serait-il endommagé ?

    Citoyenne consciente et solidaire, je suis toujours présente et, avec la joie d’être tous ensemble, je me pose toujours la même question : "que faut-il faire afin que toute cette force puisse être bâtisseuse d’une autre société ?" et, à chaque fois, j’ai l’impression que nous tous sommes un peu à côté de la plaque.

    Si l’on part du principe que ce système vit et prospère sur le travail de nous tous et qu’il ne partage pas les grands profits qu’il en reçoit, mais, au contraire il licencie, il veut qu’on travaille plus pour avoir moins, coupe les investissements dans l’Education Nationale, la Santé, la Culture pour augmenter les dépenses militaires ... etc. etc. eh bien ! il faut toucher le système là où il est le plus sensible : dans sa poche ! Comment ?

    Il y a un peu plus d’un siècle, quelqu’un, en s’appuyant sur des données économiques issues d’une analyse strictement scientifique, il nous a clairement dit ce qu’il fallait faire : s’approprier des moyens de production … qu’attendons-nous pour rendre concrètes des idées qui ne sont jamais mortes et qui, au contraire, sont toujours plus vivantes vu le gouffre dans lequel cette poignée de fous qui gouvernent le monde sont en train d’enfoncer nos vies et notre planète ?

    Bien sûr, il ne faut pas commettre les mêmes erreurs et les mêmes horreurs du « moustachu », mais il n’y a pas de danger car les conditions ont changées et on doit faire les comptes avec le mouvement mondial qui, justement pour éviter toutes bavures, doit se donner une structure solide qui ne reproduise pas du déjà vu et qui ne cantonne pas son action dans l’application de pansements sur des fractures profondes.

    Maria Vittoria