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Chroniques citoyennes (15) Marchandise

Publie le mercredi 16 mai 2007 par Open-Publishing

Dans un monde de libre entreprise comme le notre, où la réussite sociale se conjugue avec la volonté d’entreprendre, la fortune, l’argent, la monnaie, le cash, le flouze, le grisbi, deviennent les tenants et les aboutissants de toute une vie. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si il ne fait pas le bonheur, l’argent y contribue suffisamment pour pousser le moindre individu à reculer les limites de l’humanité, pour rentrer en possession du pactole convoité.

Dans ce contexte, l’imagination de nos congénères est fertile et productive puisqu’il n’y pas une dépêche qui ne fait état des convoitises les plus folles. Si nous pouvons encore sourire à l’annonce de l’achat par un riche prince du pétrole d’une simple plaque d’immatriculation officielle pour la somme de 5 millions d’Euros*, notre sourire s’efface vite quand nous apprenons qu’un bébé de 2 mois est monnayable au prix de 15 000 Euros.

Outre le fait que la maman, mineure de 15 ans, était entourée de sbires, tous majeurs, nous pouvons saluer la présence d’esprit de la personne accostée en plein parking de supermarché qui a donné l’alerte. Le reste relèvera de la justice qui devra statuer sur plusieurs chefs d’inculpation dont un qui sert mon propos : « provocation à l’abandon d’enfant dans un but lucratif ». Ironie (grinçante !) de la situation, c’est devant un temple moderne de la consommation que cela se déroulait, à la différence qu’il n’y avait pas de rayon pour cette marchandise.

L’argent est bien le fondement, le moteur de cet acte abject, le but ultime de cette ignoble transaction ! La vie ravalée au rang de simple marchandise et l’on découvre avec effarement que cette pratique est plus répandue qu’il n’y paraît. Allons nous continuer à cautionner une société qui, côté vitrine étale ses richesses et côté cours empêchent la majorité des gens d’y accéder ? A Angoulême, les 4 hommes et la jeune fille devront s’expliquer ; à Villa Franca de Xira (Portugal) ce sont 8 hommes et une femme qui feront de même…

Combien sont-ils finalement à se servir de la vie pour s’enrichir en un odieux trafic ? Notre époque rappelle étrangement des temps anciens que nous pensions révolus et que nous avons gardé en mémoire au travers de la lecture de romans tels « Sans famille », « les misérables » ou « Nana ». Depuis le milieu du XXème siècle, nous essayons de préserver la dignité humaine, du moins nous en faisons une exigence universelle (déclaration universelle des droits de l’homme), ne nous arrêtons pas en si bon chemin… A force d’oublier la place des femmes, des hommes dans notre société, nous risquons d’en oublier notre humanité !

* dépêche AFP du 14 mai 2007

Le 15 mai 2007
Démocrite