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Chute du dollar, hausse de l’or : explosion imminente ?

Publie le mercredi 1er mars 2006 par Open-Publishing
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Article repris sur Boursorama
http://www.boursorama.com/forum/mes...

Analyse Iran/USA/ chute du Dollar, Or en hausse
Les USA de 2006 et le Japon de 1941...des similitudes inquiétantes.

Afin de mieux comprendre quels sont les enjeux géoécopolitiques actuels, il est nécessaire d’analyser plusieurs éléments. Il est tout aussi nécessaire d’être conscient que le monde est au bord de l’abîme, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’une 3ème guerre mondiale devient une éventualité crédible pour les deux années qui viennent.

J’entends d’ici les hauts cris de tous ceux qui se pensent bien informés, et qui expliquent que cela est impensable, « je n’y crois pas ».

Certes, cette introduction est volontairement provocatrice. La remarque pertinente n’est pas « je n’y crois pas » car nous ne sommes pas dans le domaine de la croyance. En réalité la réponse pertinente est une série questions : Pourquoi ? Quels sont les enjeux ? Quelles sont les problématiques auxquelles le monde au sens large est confronté ?

Les enjeux sont vastes, immenses et historiques. Deux visions du monde s’affrontent. La première est une vision que l’on pourrait qualifier de « civilisatrice » ou la négociation est le pilier des relations internationales, cela signifie aussi l’acceptation d’une certaine forme de partage et de compréhension mutuelle rendant possible les concessions entre acteurs. Cette approche « civilisatrice » est également intimement liée au concept de droit international et inclus le respect de ses émanations comme l’ONU, le TPI etc.

La deuxième est celle de l’unilatéralisme et de l’impérialisme « hégémonique » des Etats-Unis d’Amérique, incarné par le Président Bush Junior, celle du « choc des civilisations » expression politiquement correcte pour désigner le « choc des religions ». Bref,...la logique de la confrontation.

Les Etats-Unis d’Amérique se trouvent actuellement dans une position très similaire à celle du Japon en 1939. Le Japon, entre en guerre « préventive » en 1941 contre les USA pour garantir ses approvisionnements en matières premières après plusieurs années de blocus et d’embargo ... américain bien sûr. La dépendance du système économique actuel des USA des différentes sources de matières premières à commencer par la plus importante d’entres elles le pétrole rend toute menace ou hypothèse de menace sur leur approvisionnement absolument intolérable, comme ce fut le cas pour le Japon en 1941.... Lorsque Pearl Harbour était attaqué, le japon ne disposait plus que de 9 mois de réserves de pétrole. La guerre économique était perdue, seule restait la guerre tout court comme ultime moyen de préserver un système.

Tout les mois, l’évolution du stock US de produits pétroliers est un indicateur très attendu par les marchés financiers.

Après ce préalable il devient indispensable de définir ce que sont les intérêts vitaux des Etats-Unis, c’est-à-dire ce qui peut les conduire à la guerre. Ils sont fondamentalement au nombre de 4.

 Le premier est la sauvegarde l’intégrité territoriale de leur pays. Aucune nation n’ayant les moyens d’envahir les Etats-Unis, qui ne le fut d’ailleurs jamais dans histoire, il n’y avait pour le peuple américain aucune crainte particulière sur ce sujet jusqu’au... traumatisme du 11 septembre 2001. La terre américaine n’était plus un sanctuaire et pouvait être attaquée. La terre américaine était devenue vulnérable. C’est fondamentalement cette vulnérabilité nouvelle qui a permis l’acceptation par le peuple américain de l’idée de guerre préventive émise par le Président W. Bush. Cette vulnérabilité à conduit à l’agressivité l’une nation dont les moyens militaires écrasants permettent le développement d’un discours arrogant (« la vieille Europe », « qui n’est pas avec nous et contre nous » etc.).

 Le Deuxième est la sauvegarde de la pérennité du système économique capitaliste américain. Ici le débat ne doit pas être pour ou contre le « grand capital » ou la « mondialisation totale » car il n’a fondamentalement aucune utilité. Cependant il est indispensable d’avoir conscience que « l’american way of life » est la valeur sur laquelle est basée la société américaine. Cette american way of life, repose uniquement sur l’efficience de leur système économique. Enfin, la stabilité politique de cette nation s’appui uniquement sur la croyance du peuple américain dans les vertus du capitalisme mondialisé et dans le « bonheur » que procure la consommation à outrance.

 Le troisième est le maintient à « tout prix » du Leadership US et de sa main mise sur le monde.

 Enfin le quatrième qui l’intérêt vital à géométrie variable par excellence est la protection du peuple américain (eut égard au nombre de pertes US dans les rangs de l’armée 2 500 morts et aux attentats du 11 septembre parfaitement connu à l’avance mais qui ont servi de justification à une nouvelle forme de pouvoir). Afin de corroborer ces allégations à une source crédible vous pourrez lire en annexe la traduction du discours prononcé par Al Gore ancien Vice-président US.

La première conclusion qui dès lors s’impose, est que les USA utiliseront tous les moyens nécessaires pour défendre leurs intérêts vitaux, qui en l’occurrence est un intérêt purement économique et de leadership, l’un et l’autre étant quasiment indissociable.

C’est ce qui a conduit à l’invasion de l’Irak en 2003 avec les objectifs suivants :
1. Assurer les approvisionnements en pétrole des USA.
2. Renforcer leur contrôle sur le Golfe persique
3. Etre moins dépendant de l’Arabie Saoudite dont la dérive islamiste est réelle
4. Encercler l’Iran et se mettre en position de l’attaquer pour permettre l’objectif n°1 cité plus haut.

Continuons encore avec l’aspect économique des choses et abordons les limites inquiétantes du capitalisme qui préoccupent tant les grands argentiers de la planète à commencer par le nouveau Président de la FED, Ben Bernanke. A ce sujet je vous renvoie à l’ouvrage de Jean Peyrelevade « Le capitalisme total », ou encore Patrick Artus avec son ouvrage prémonitoire « le capitalisme est-il en train de s’autodétruire ? » mais que disent ces deux auteurs ?

Pour Jean Peyrelevade, « le capitalisme moderne est organisé comme une gigantesque société anonyme. A la base, trois cents millions d’actionnaires contrôlent la quasi-totalité de la capitalisation boursière mondiale. Souvent d’âge mûr, de formation supérieure, avec un niveau de revenus relativement élevé, ils confient la moitié de leurs avoirs financiers à quelques dizaines de milliers de gestionnaires pour compte de tiers dont le seul but est d’enrichir leurs mandants. Les techniques pour y parvenir s’appuient sur les règles du "gouvernement d’entreprise" et conduisent à des exigences de rentabilité excessives. Elles transforment les chefs d’entreprise en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires, et polluent de pure cupidité la légitime volonté d’entreprendre. Ainsi le capitalisme n’est pas seulement le modèle unique d’organisation de la vie économique mondiale : il est devenu "total" au sens où il règne sans partage ni contre-pouvoir sur le monde et ses richesses ». Cette absence de contre-pouvoir confine à la dictature. Pour l’auteur des taux exponentiels de croissance des profits de 15% annuels ne sont tout bonnement pas tenables, avec un taux de croissance mondial de 3% en moyenne entraînant des déséquilibres financiers à terme destructeur pour le système en lui-même.

Dans la même logique, Patrick Artus va encore plus loin à commencer par le titre de son ouvrage « Le capitalisme est-il en train de s’autodétruire ? ». « La question peut sembler saugrenue, voire provocatrice, au moment où les grandes entreprises de la planète, y compris en France, affichent des profits insolents, rémunèrent très confortablement leurs dirigeants et distribuent des dividendes records à leurs actionnaires... Alors que la croissance économique - en Europe en tout cas - stagne, que les délocalisations se multiplient et que chômage et précarité s’aggravent, on comprend que le débat devienne vif sur la légitimité d’une telle captation de richesses. Cet ouvrage met en avant ce paradoxe : c’est au moment où le capitalisme n’a jamais été aussi prospère qu’il apparaît le plus vulnérable, et nous avec lui. Parce qu’il s’agit d’un capitalisme sans projet, qui ne fait rien d’utile de ses milliards, qui n’investit pas, qui ne prépare pas l’avenir. Face au malaise social, les gouvernements ne traitent le plus souvent que les symptômes, faute de prendre en compte le fond du problème. Ce problème, c’est l’absurdité du comportement des grands investisseurs, qui exigent des entreprises des résultats beaucoup trop élevés. Du coup, elles privilégient le rendement à trois mois plutôt que l’investissement à long terme, quitte à délocaliser, à faire pression sur les salaires et à renoncer à créer des emplois ici et maintenant. Voilà pourquoi il est urgent de réformer profondément la gestion de l’épargne, d’imposer de nouvelles règles de gouvernance aux gérants comme aux régulateurs. Faute de quoi on n’évitera pas une nouvelle crise du capitalisme, avec toutes ses conséquences politiques et sociales. »
En effet, afin de favoriser des taux de croissance de 15% des bénéfices, les entreprises délocalisent massivement entraînant une paupérisation réelle des populations occidentales qui sont pourtant encore les seuls consommateurs de masse à prix élevés. Les entreprises sont donc en train de scier la branche sur laquelle sont assis leurs profits, amenant un risque majeur de déflation.

A ces éléments structurels, il convient de rajouter des éléments conjoncturels mais en passe de devenir eux aussi structurels c’est-à-dire réellement problématiques.

Il s’agit des déficits (et dettes) désormais chroniques des Etats à commencer par celui abyssal des Etats-Unis, de l’inflation galopante de la masse monétaire mondiale dont là encore les USA sont l’un des éminents coupables et enfin des bulles spéculatives dont les explosions risquent potentiellement d’être dévastatrices.

Analysons le premier point : la dette américaine. Elle est actuellement financée via les Tbonds (ou bons du Trésor américain) par les pays qui la provoquent par leurs exportations vers ce pays. Il s’agit des pétromonarchies d’une part et des pays asiatiques à commencer par la Chine d’autre part. Ces pays acceptent afin de pérenniser la stabilité du système économique mondial de financer cette dette à des taux d’intérêts très bas. Cependant il ne faut pas se leurrer. Il s’agit là avant tout d’une décision « politique » et non d’un choix « économique ». C’est aussi bien entendu un moyen simple de pouvoir influer la politique américaine en étant en mesure de faire un chantage « à la dette », ou à son financement en mettant les Etats-Unis dans une relation de dépendance financière.

Une seule décision commune de la part de trois ou quatre pays et les USA sont en état de cessation de paiement en deux semaines.

Le deuxième point concerne l’inflation de la masse monétaire mondiale. L’émission de monnaie a été utilisée pour échapper aux conséquences récessionistes des deux derniers chocs que furent l’éclatement de la bulle Internet et les attentats du 11 septembre 2001. En 2003 il a fallu faire à nouveau fonctionner la « planche à billets » afin de financer la guerre en Irak.
L’explosion de la masse monétaire est telle que la FED a décidé de suspendre la publication de l’évolution de l’agrégat M3 qui est l’indicateur de mesure de son évolution.

Il devient de plus en plus évident pour tous les observateurs avertis que la valeur du Dollar n’est plus que théorique. Si celui-ci n’a pas encore commencé sa descente aux enfers c’est encore une fois uniquement en raison d’un consensus politique au niveau international qui pourrait bien voler en éclat dans les prochains mois, ainsi que ce que l’on pourrait appeler « l’inertie de la confiance » des opérateurs, qui habitués depuis « toujours » à la dollarisation du système monétaire mondial, ne peuvent plus voir les signaux d’alarme dramatiques qui s’allument chaque jour depuis maintenant presque 4 ans.

Cette augmentation « incontrôlée » mais voulue de ma masse monétaire, nous amène au troisième point qui est la formation simultanée de multiples bulles spéculatives ce qui est une quasi anomalie économique historique. De façon habituelle, les flux financiers se portent sur un actif entraînant une bulle spéculative sur le dit actif, celle-ci « explose » ces mêmes flux se portent sur un autre actif et ainsi de suite. L’anomalie présente est qu’à peu près tous les actifs ont augmentés en 2004 et 2005. Les masses financières en circulation sont telles qu’un seul actif ne peu plus les absorber. C’est ce qui explique la hausse de l’or, des matières premières, du pétrole, des bourses (+25% sur le CAC 40), et bien sûr de l’immobilier.

Lorsque l’on connaît les ravages de l’explosion d’une bulle, une explosion simultanée de ces multiples bulles aurait un effet dévastateur sur l’économie mondiale.

Seule la fuite en avant dans la création monétaire permet de reculer cette échéance pourtant inéluctable en autorisant une augmentation à l’infini des différents actifs.

Au-delà des fragilités du système économique capitaliste mondial, il est aujourd’hui nécessaire de se demander quand et non pas si, notre système va s’effondrer. Il ne tient plus qu’à quelques fils et tous menacent de se rompre à tout instant.

Toutes les autorités financières, politiques, et économiques connaissent le risque systémique auquel nous sommes confrontés. Hélas les marges de manœuvre sont très limitées. L’augmentation des taux d’intérêts qui serait la seule arme valable ne peut être utilisée pour deux raisons. D’une part une augmentation forte (sans même parler de brutale) mettrait en cessation de paiement tout les pays fortement endettés, et d’autre part précipiterait l’explosion de toutes les bulles spéculatives à commencer par l’immobilier (ne pas oublier que les américains empruntent sur une plus value potentielle) entraînant une récession sans précédent qui ferait passer la crise de 1929 pour un simple trou d’air.

Quelles sont donc les possibilités de régulations ? Le système va-t-il forcément s’effondrer ? La réponse est non. Dans un univers pur et parfait cher aux économistes la régulation peut se faire en douceur, en maniant les taux d’intérêt avec délicatesse avec une alternance de cycle sur quelques mois à la hausse pour freiner l’accroissement monétaire et à la baisse dès que le moindre bruit de menace de craquement de bulle se ferait entendre.

Oui cela pourrait fonctionner, et le monde éviterait le choc interne au système provoquant son effondrement,... oui mais le choc peut aussi être exogène, il peut être politique, et le risque se situe bel est bien au niveau géopolitique.

Dès lors nous pouvons revenir à l’Iran, dont les décideurs ont parfaitement conscience de la fragilité de nos économies. A défaut de détenir l’arme atomique, ils peuvent en quelques semaines anéantir l’édifice construit si patiemment durant les trois derniers siècles par nos différentes sociétés occidentales.

Du point de vue iranien, la menace depuis 2001 et son classement dans « l’axe du mal » la menace américaine en particulier et occidentale au sens large devient d’une telle force que ce pays a mis au point une stratégie de protection, de défense et d’attaque à plusieurs niveaux que nous allons tenter de détailler.

Une digression historique me semble importante. L’Iran, anciennement la Mésopotamie a l’une des plus ancienne diplomatie du monde. C’est également l’une des plus vieilles civilisations et ses apports à l’humanité sont exceptionnels (sciences, mathématiques, médecine...). Il faut savoir faire abstraction des discours actuels aussi bien du Président iranien que de ses adversaires qui font sous-estimer par les populations occidentales « l’intelligence globale » de ce pays et de son élite politique.

La Politique iranienne est contrairement à ce que l’on croit, bien souvent un modèle de cohérence. Depuis l’accession au pouvoir du Sha d’Iran jusqu’au Chef d’état actuel, la volonté iranienne à toujours été la même à savoir l’indépendance réelle de la nation iranienne, et le juste revenu concernant l’exploitation de leur ressources pétrolières. La seule possibilité d’atteindre ces deux objectifs c’est évidemment la détention de l’arme nucléaire. La dissuasion comme seule et unique possibilité d’indépendance. Depuis 1976, l’Iran cherche à se doter de l’arme nucléaire. Depuis 1976, la France et l’Allemagne ont toujours été les fournisseurs privilégiés de l’Iran sur tout le matériel nucléaire à commencer par la vente de plusieurs centrales. Je vous conseille la lecture d’un ouvrage remarquable intitulé « Une Guerre » de Dominique Lorentz, qui retrace 30 ans de relations atomiques Franco-iraniennes et permet de saisir enfin toute l’importance du discours du président Chirac concernant la politique de dissuasion nucléaire de la France (mais nous y reviendrons plus tard).

Depuis l’accession au pouvoir des islamistes (que les USA aidés par la France ont mis au pouvoir) toute coopération nucléaire a peu ou prou cessée, les pays occidentaux faisant tout ce qui est possible pour retarder au maximum l’accession de l’Iran au statut de puissance nucléaire à parité dans la région avec l’Etat d’Israël.

La chute du mur de Berlin et donc de l’empire soviétique, la croissance économique effrénée de la Chine, les attentats du 11 septembre, les déficits maintenant chronique et abyssaux des finances américaines, la volonté de plusieurs nations comme la Russie, la Chine, ou encore la France et l’Allemagne de mettre fin à l’impérialisme et à l’hégémonie américaine ont crée une fenêtre de « tir » diplomatique historique et unique pour l’Iran qui s’est engouffré dedans.

En effet, l’Iran peut a lui seul dans un contexte de quasi pénurie pétrolière influer sur les cours et provoquer un choc pétrolier avec un baril de pétrole à 150 ou 200 dollars en cas de conflit (ce qu’empêchait les cours bas de ces dernières années) en coupant simplement le robinet d’approvisionnement.

La Chine à un besoin impératif de sécuriser ses approvisionnements en pétrole afin de pérenniser sa croissance et son système politique (dictatorial) qui ne « survit » que par l’amélioration du niveau de vie constant apporté par le PCC (Parti Communiste Chinois) à son peuple grâce aux réformes et à l’ouverture économique de la Chine. Enfin malgré une cohabitation de façade l’opposition idéologique entre le PCC et le capitalisme américain demeure. Il ne faut pas oublier que la Chine ne dispose pas des ressources en matières premières suffisantes à son développement économique.

La Russie souhaite contrebalancer l’hégémonie américaine et conserver sa zone historique d’influence (l’Europe orientale et le Caucase). C’est ce qui explique la « guerre » du gaz opposant Moscou à Kiev dont le Président nouvellement élu cherche à s’émanciper de la tutelle russe avec le soutien des Etats-Unis.

La conclusion devient dès lors logique pour l’Iran. Se rapprocher de la Chine en lui garantissant ses approvisionnements en pétrole à un tarif avantageux et « hors cotation » en échange d’une alliance militaire et de la protection chinoise. Cela sera effectif en juin 2006, date à laquelle l’Iran passera sous « parapluie » nucléaire Chinois, par la signature d’une alliance militaire.
Une fois cette protection assurée, l’Iran pourra développer son armement nucléaire sans craindre une attaque américaine.

Parallèlement, la création d’une bourse du pétrole avec cotation en Euros et non plus en Dollars, à compter de mars ou avril 2006 est qui est une véritable bombe économique à retardement devrait entraîner une chute importante du Dollar. Afin de faire pression sur les USA, les russes devraient massivement rejoindre ce marché alternatif. Reste l’hypothèque chinoise.
En créant cette plateforme de cotation, l’Iran attaque directement et de front les Etats-Unis sur l’un de leur intérêt vital qui est celui de l’économie et de l’hégémonie du Dollar qui pourtant ne « vaut plus grand-chose ».

Enfin, l’Iran possède l’arme du terrorisme d’état déjà utilisé notamment en France lors des vagues d’attentats de 1986 et de 1995, vous remarquerez qu’à chaque fois Jacques Chirac est au pouvoir (mais ce n’est pas un hasard). Cette année il a décidé de devancer les évènements futurs en expliquant clairement aux iraniens que :

« L’intégrité de notre territoire, la protection de notre population, le libre exercice de notre souveraineté constitueront toujours le cœur de nos intérêts vitaux. Mais ils ne s’y limitent pas. La garantie de nos approvisionnements stratégiques ou la défense de pays alliés, sont, parmi d’autres, des intérêts qu’il convient de protéger. »

Et de rajouter au présent alors que l’ensemble de son discours, est écrit au conditionnel :

« La menace crédible de leur utilisation pèse en permanence sur des dirigeants animés d’intentions hostiles à notre égard. Elle est essentielle pour les ramener à la raison, pour leur faire prendre conscience du coût démesuré qu’auraient leurs actes, pour eux-mêmes et pour leurs Etats. Par ailleurs, nous nous réservons toujours, cela va de soi, le droit d’utiliser un ultime avertissement pour marquer notre détermination à protéger nos intérêts vitaux. »

Alors que peut-il se passer cette année ?

Si le pouvoir Iranien n’écoute pas la mise en garde présidentielle et met en œuvre notamment à l’égard de la France sa menace terroriste (la France ayant été il y a quelques semaines menacée par l’Iran et la Syrie dont les deux Leaders se rencontraient au moment même ou le Président Chirac leur donnait une réponse limpide quand au chantage auquel il est soumis par ces deux pays).

Un seul attentat terroriste de grande ampleur sur le sol français et la France ripostera :
« Nous réservons toujours, cela va de soi, le droit d’utiliser un ultime avertissement pour marquer notre détermination à protéger nos intérêts vitaux »

L’une des options dans ce cas étant de faire exploser une bombe nucléaire de puissance normale au dessus de Téhéran mais à 10 ou 20 000 mètres d’altitude afin d’éviter tout dégât humain et toute irradiation.

Si je n’ai aucun doute sur la volonté du Président Chirac de répondre de cette façon à une série d’attentats commise sur notre sol, je vous laisse imaginer l’effet que cela ferait aussi bien sur les cours du pétrole que de l’or.

La Chine rentrerait-elle en conflit si ces attentats avaient lieu après juin 2006 (date de l’alliance militaire) ? Ce qui est sur c’est que l’Iran ne commanditera pas d’attentat en France avant que cette alliance avec la Chine soit effective ce qui nous laisse jusqu’à la rentrée de Septembre 2006 avant que le plan Vigipirate ne passe au niveau « Ecarlate ».

Bref deux scénarii sont possibles... le pire et le pire mais pas pour nous.

Le pire :

Les iraniens font s’écrouler le dollars face à l’euro en utilisant leur bourse du pétrole et en vendant massivement du dollar. Certains pays comme la Russie et la Chine emboîte le pas à l’Iran et « lâchent » leur dollars pour lancer un ultime avertissement aux USA sur la nécessaire négociation et partage indispensable des ressources au niveau planétaire. En même temps ils arrêtent tous de financer la dette américaine provoquant l’envolée des taux d’intérêt et l’éclatement brutal des bulles spéculatives en dehors de celle des matières premières et de l’or qui dépassent allègrement les 1 000 dollars l’once.

Les USA restent dans leur logique unilatérale et hégémonique ce que l’autisme de l’administration Bush pourrait laisser supposer.
Le Dollar s’effondre 10 USD = 1 Euro, les banques US font faillite, la crise économique de 2006 et 2007 sera du même niveau que celle de 1929.
Poussée à bout les USA attaquent l’Iran et passent en économie de guerre administrée. La Chine respecte ses accords de défense avec l’Iran et rentre en guerre contre les USA. La tension monte au niveau des premiers échanges nucléaires entre superpuissances. Bref comme dirait Alexandre Adler « j’ai vu finir le monde ».

Mais le pire n’est heureusement jamais sûr même si sa tentation est certaine.

Les USA cèdent à la pression économique de l’Iran et du monde car les USA se trouvent face à une coalition mondiale (Iran, Russie, Chine) avec des alliées réticents (l’Europe au sens large) permettant l’équilibre de la terreur. Dans un premier temps les USA négocient avec la Chine, la Russie et l’Europe un accord global. La Russie « récupère » sa zone d’influence (l’Ukraine et le Caucase que les Etats-Unis évacuent (départ de tous les pays en « an » Afghanistan, Pakistan... ).

La Chine récupère Taiwan ce à quoi personne ne verra d’inconvénient s’il s’agit d’éviter l’holocauste nucléaire et demande aux Etats-Unis de lui garantir son approvisionnement en matières premières.

L’Europe se voit « ré-attribuer » en zone d’influence le Maghreb ainsi qu’une partie de l’Afrique noire que lui disputaient les USA.

La pression diplomatique globale et unanime des trois « grands » amène l’Iran vers des positions plus souples car n’étant plus soutenu par aucune grande puissance.

Trois blocs majeurs naissent de manière officielle à travers un acte fondateur pouvant s’apparenter à un nouveau Yalta. la Chine, l’ Europe et la Russie avec chacune leur zone d’influence bien déterminées. Pour les grands l’essentiel est préservé. Pour les petits comme Taiwan....leur sacrifice sur l’hôtel de la paix mondiale est déjà acquis.

Il important de ne pas se méprendre. Le monde cherche depuis l’effondrement de l’URSS un nouvel équilibre des forces. La nature a horreur du vide, et aussi loin que remonte l’histoire humaine, tout empire hégémonique a toujours trouvé face à ses ambitions une coalition suffisamment forte d’intérêts opposés pour provoquer sa chute...ou la limite de son expansion.

L’analyse en dehors de toute idéologie ou parti pris, amène à penser que le monde se trouve à cette étape charnière qui verra la fin d’une certaine forme de capitalisme, la fin de la toute puissance américaine, et une redistribution des cartes au niveau mondial.

Tout amène à penser que cette période qui s’annonce sera une période de montée des périls et de tous les dangers.

Mais c’est certainement un nouvel équilibre qui naîtra après la crise majeure que nous vivrons en 2006 et 2007.

Il est juste à espérer que les dégâts collatéraux ne soient pas irrémédiables, et que dans chacun de nos actes nous sauront nous garder des excès destructeurs qui animent de façon régulière les actes de l’humanité.

C’est pour toutes les raisons évoquées ici, que le cours de l’or ne peut que continuer à monter jusqu’à ce que cette crise ait été réglée. C’est pour toutes ces raisons que contrairement à ce que disent les analystes économiques 2006, ne sera pas l’année 2005 en un peu moins bien.
L’année 2006 sera celle de la confrontation des blocs qui se cherchent et cela entraînera inévitablement des secousses telluriques de très grandes ampleur sur les taux d’intérêts, sur les devises, ainsi que l’éclatement de certaines bulles spéculatives au premier rang desquelles ont trouvera la bulle immobilière en raison de sa sensibilité aux taux d’intérêt.

Enfin, la guerre économique n’est que le prolongement par d’autre moyens de la guerre classique. Il ne faut pas sur ce sujet être naïf. L’une et l’autre sont indissociables et chacune d’elle peut mener à l’autre. Les limites qui les séparent ont toujours été et resteront toujours floues et ténues.

Il ne faut non plus, jamais oublier un élément essentiel qui va pourtant à contre courant de toutes les idées reçues actuelles, mais le politique en permanence sur l’économique. Pour anticiper les chocs, les évolutions et les à coups de l’économie, ce n’est pas l’économie qu’il faut scruter...mais les éléments géoécopolitiques, car ce sont eux qui structurent fondamentalement le monde dans lequel les acteurs économiques évoluent.

Pour conclure, je vous engage à lire le dernier discours d’Al Gore ancien Vice-président des Etats-Unis qui apporte un éclairage crédible sur la mise entre parenthèse de la démocratie américaine. Ce discours est essentiel car le danger pour le monde provient avant tout de la nouvelle Dictature américaine.

Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, je vous conseille également un excellent film, qui décortique la « fabrication du consentement », la fabrication de la peur, la fabrication de la haine et de la délation, la fabrication de la dictature. Ce film est une allégorie aux évènements que vivent aujourd’hui les citoyens américains. Son titre ?

Good Night and Good Luck. (bonne nuit et bonne chance)

Avouez qu’après ce que vous venez de lire vous en aurez besoin....

Mais, juste avant de vous endormir lisez encore ceci...

« la fin du monde bipolaire n’a pas fait disparaître les menaces contre la paix. Dans de nombreux pays se diffusent des idées radicales prônant la confrontation des civilisations, des cultures, des religions. Aujourd’hui, cette volonté de confrontation se traduit par des attentats odieux, qui viennent régulièrement nous rappeler que le fanatisme et l’intolérance mènent à toutes les folies. Demain, elle pourrait prendre d’autres formes, encore plus graves et, peut-être, impliquer des Etats.

La lutte contre le terrorisme est l’une de nos priorités. Nous avons pris un grand nombre de mesures et de dispositions pour répondre à ce danger. Nous continuerons sur cette voie, avec fermeté et détermination. Mais il ne faut pas céder à la tentation de limiter l’ensemble des problématiques de défense et de sécurité à ce nécessaire combat contre le terrorisme. Ce n’est pas parce qu’une nouvelle menace apparaît qu’elle fait disparaître toutes les autres.

Notre monde est en constante évolution, à la recherche de nouveaux équilibres politiques, économiques, démographiques, militaires. Il est caractérisé par l’émergence rapide de nouveaux pôles de puissance. Il est confronté à l’apparition de nouvelles sources de déséquilibres : le partage des matières premières, la distribution des ressources naturelles, l’évolution des équilibres démographiques notamment. Cette évolution pourrait être cause d’instabilité, surtout si elle devait s’accompagner d’une montée des nationalismes.

Certes, il n’y a aucune fatalité à voir, dans un futur prochain, la relation entre les différents pôles de puissance sombrer dans l’hostilité. C’est d’ailleurs pour prévenir ce danger que nous devons œuvrer à un ordre international fondé sur la règle de droit et sur la sécurité collective, sur un ordre plus juste, plus représentatif. Que nous devons aussi engager tous nos grands partenaires à faire le choix de la coopération plutôt que celui de la confrontation. Mais nous ne sommes à l’abri, ni d’un retournement imprévu du système international, ni d’une surprise stratégique. Toute notre Histoire nous l’enseigne. »

Jacques Chirac jeudi 19 janvier 2006

Je voulais juste attirer votre attention sur le fait que dans son discours le Président Chirac visait aussi bien l’Iran et la Syrie... que les Etats-Unis d’Amérique. Vous commencez à comprendre maintenant ?

Km

Discours d’Al Gore le 16 janvier 2006 à l’invitation de l’American Constitution Society et de la Liberty Coalition

Je voudrais commencer par dire que le parlementaire Bob Barr et moi avons souvent été en désaccord ces dernières années. Mais nous nous sommes joints aujourd’hui à des milliers de nos concitoyens, démocrates comme républicains, pour exprimer notre inquiétude commune au sujet du grave danger encouru par la constitution des États-Unis.

Malgré nos différends idéologiques et politiques, nous sommes absolument d’accord sur le fait que les valeurs américaines qui nous sont les plus chères ont été sérieusement menacées par les prétentions de l’administration à une expansion tout simplement époustouflante du pouvoir exécutif.

Alors que nous entamons cette nouvelle année, la branche exécutive de notre gouvernement s’est faite prendre à espionner un nombre impressionnant de citoyens états-uniens et a effrontément déclarer avoir le droit unilatéral de continuer ainsi, sans faire cas de la loi établie et votée par le Congrès précisément pour prévenir de tels abus. Il est impératif que l’État de droit soit restauré dans notre pays.

C’est précisément pour cela que nous sommes venus aussi nombreux ici au Constitution Hall pour sonner l’alerte et appeler nos concitoyens à mettre de côté leurs mésententes partisanes autant que possible et à se joindre à nous pour demander que notre constitution soit défendue et préservée.

Il me semble approprié de lancer cet appel le jour que notre nation a réservé pour honorer la vie et le leg du Dr Martin Luther King Jr., lui qui a défié les États-Unis d’insuffler une nouvelle vie dans nos valeurs les plus anciennes en étendant sa promesse à tout notre peuple.

Il est en outre particulièrement important, en ce jour particulier dédié à Martin Luther King, de se remémorer que durant les dernières années de sa vie le Dr King fut illégalement écouté, comme des milliers d’autres États-uniens dont les communications privées furent interceptées par le gouvernement U.S. durant cette période.

Le FBI a secrètement qualifié King de - je cite - « plus dangereux et efficace dirigeant nègre du pays » et juré de - encore une fois, je cite - « le faire descendre de son piédestal ».

Le gouvernement a même tenté de saboter son mariage et d’exercer un chantage sur lui pour qu’il se suicide. Cette campagne se poursuivit jusqu’à l’assassinat du Dr King.

Le fait d’apprendre que le FBI avait mené cette longue et intensive campagne de surveillance électronique secrète conçue pour infiltrer les mécaniques internes de la Southern Christian Leadership Conference et s’informer des détails les plus intimes de la vie du Dr King s’était avéré fondamental pour convaincre le Congrès de voter des restrictions sur les écoutes téléphoniques.
Et l’un des résultats fut le Foreign Intelligence and Surveillance Act, souvent appelé FISA, qui fut voté expressément pour s’assurer que la surveillance du renseignement extérieur soit soumise à un juge impartial qui vérifie qu’il y a bien une raison importante pour justifier la surveillance.

Cette loi présentait une grande souplesse et la possibilité pour l’exécutif d’agir avec autant de rapidité que souhaité.

J’ai voté pour cette loi lors de mon premier mandat au Congrès. Ainsi, pendant près de trente ans, ce système a prouvé qu’il était un moyen précieux et fonctionnel de fournir un bon niveau de protection aux citoyens états-uniens tout en permettant au renseignement extérieur de poursuivre ses activités lorsque cela est nécessaire.

La mise sous surveillance des citoyens états-uniens

Pourtant, il y a tout juste un mois, les États-uniens se sont réveillés en apprenant la nouvelle choquante que, malgré cette loi pérenne, la branche exécutive a secrètement espionné un grand nombre d’États-uniens depuis quatre ans et écouté - je cite l’article - « un grand nombre de communications téléphoniques, de messages e-mail et autres communications Internet à l’intérieur des États-Unis. »

Le New York Times a rapporté que le président a décidé de lancer ce programme d’écoutes massif sans mandat de perquisition ou autre document légal autorisant la collecte de renseignement domestique.
Durant la période pendant laquelle ces écoutes étaient toujours secrètes, le président a semblé dévier de sa ligne pour rassurer le peuple états-unien à plusieurs reprises sur le fait que, bien entendu, une autorisation judiciaire est requise pour tout gouvernement voulant espionner les citoyens états-uniens et que, naturellement, ces garde-fous constitutionnels étaient toujours en place.

Pourtant, étonnamment, les propos rassurants du président se sont avérés faux. De plus, aussitôt que ce gigantesque programme d’espionnage domestique a été découvert par la presse, le président a confirmé l’authenticité de cette histoire mais dans un second souffle a déclaré qu’il n’avait aucunement l’intention de s’en tenir à cela ou mettre un terme à ces invasions complètes de la vie privée.

A présent, il nous reste beaucoup à apprendre sur la surveillance domestique menée par la NSA. Ce que nous savons de ces interceptions intrusives en appelle virtuellement à la conclusion que le président des États-Unis a violé la loi de manière répétée et insistante.

Arbitraire ou État de droit ?

Un président qui viole la loi est une menace directe à la structure même de notre gouvernement.

Nos Pères fondateurs étaient intransigeants sur le fait qu’ils avaient établi un gouvernement de lois et non pas d’hommes.

Ils reconnaissaient que la structure de gouvernement qu’ils avaient gravé dans notre constitution, notre système de contrôle mutuel des pouvoirs, était conçu avec comme principal objectif de faire en sorte qu’il soit régi par l’état de droit.

Comme l’a dit John Adams, « L’exécutif ne doit en aucun cas exercer le pouvoir législatif et judiciaire, ou l’un d’entre eux, de manière à ce que nous soyons gouvernés par la loi et non par les hommes. »

Un exécutif qui s’arroge le pouvoir d’ignorer les directives légales légitimes du Congrès ou d’agir en dehors du contrôle du pouvoir judiciaire devient le principal danger que les Fondateurs voulaient écarter dans la constitution, un exécutif tout-puissant, trop évocateur du roi dont ils s’étaient affranchis.
Pour reprendre les mots de James Madison l’accumulation de tous les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire entre les mêmes mains, qu’il s’agisse d’un seul, quelques-uns ou beaucoup, qu’il soit héritier, autoproclamé ou élu, peut être justement qualifiée de définition précise de la tyrannie.

Thomas Paine, dont le pamphlet Le Sens commun déclencha la Révolution états-unienne, décrivit succinctement l’alternative offerte aux États-Unis. Ici, disait-il, nous entendons nous assurer que, pour reprendre ses mots, « la loi règne ».

En réalité une adhésion vigilante à l’État de droit renforce notre démocratie, bien entendu, et renforce les États-Unis. Elle assure que ceux qui nous gouvernent agissent dans le cadre de notre structure constitutionnelle, ce qui implique que nos institutions démocratiques jouent leur rôle indispensable pour définir les politiques et déterminer la direction que prend notre nation. Cela implique que le peuple de cette nation détermine en fin de compte son parcours et non pas des responsables exécutifs agissant dans le secret sans être contraints par l’État de droit.

Car ne vous y trompez pas : l’État de droit nous rend plus forts en veillant à ce que les décisions soient éprouvées, étudiées, passées en revue et examinées par les processus gouvernementaux conçus dans le but d’améliorer la politique et éviter les erreurs.

Ainsi la conscience d’être soumis à examen les empêche de s’ingérer et contrôle leur emprise sur le pouvoir.

Un attachement à l’ouverture, la culture de la vérité et de la responsabilité aide notre pays à éviter nombre d’erreurs sérieuses que nous commettrions autrement.

Par exemple, nous avons appris il y a peu par le biais de documents récemment déclassifiés, après presque 40 ans, que la résolution du Golfe du Tonkin qui autorisa la tragique Guerre du Vietnam était en fait basée sur de fausses informations.

Et nous savons à présent que la décision autorisant la guerre d’Irak 38 ans plus tard était également basée sur de fausses informations.
Maintenant, l’important est que les États-Unis se seraient mieux portés de savoir la vérité et d’éviter ces deux erreurs colossales de notre histoire. C’est d’ailleurs pour cela que le respect de l’État de droit ne nous rend pas plus vulnérables, mais nous protège.

Le président et moi, nous nous accordons sur une chose. La menace terroriste n’est que trop réelle.

Il n’est simplement pas question que nous continuions à faire face à de nouveaux défis dans le sillage des attaques du 11 septembre 2001 et nous devons être vigilants pour tenir les États-uniens à l’écart du danger.

Nous sommes en désaccord sur la proposition qui veut que nous brisions la loi ou que nous sacrifiions notre mode de gouvernement afin de protéger les États-uniens du terrorisme alors que, en vérité, cela nous rendrait plus faibles et vulnérables.

Par ailleurs souvenez-vous qu’une fois enfreint, l’État de droit lui-même est en danger. Si elle n’est pas arrêtée, l’illégalité croît et plus augmente le pouvoir de l’exécutif, plus difficile il devient pour les autres branches de jouer leur rôle constitutionnel.

Alors que l’exécutif agit en dehors de son cadre prescrit constitutionnellement et peut contrôler l’accès aux informations qui exposeraient ses fautes et révèlerait les erreurs, il devient de plus en plus difficile pour les autres branches de surveiller ses activités.

Une fois que cette capacité est perdue, la démocratie elle-même est menacée, ainsi nous devenons de fait un gouvernement d’hommes et non de lois.

Des écoutes hors la loi

Les hommes du président n’en disent pas long sur les lois des États-Unis.
Le secrétaire à la justice, par exemple, a ouvertement admis que le type de surveillance, pour reprendre ses mots, que nous savons qu’ils ont mené, requiert un ordre judiciaire sauf en cas d’autorisation statuée.

Le Foreign Intelligence Surveillance Act n’autorise manifestement pas ce que la NSA fait et personne à l’intérieur ou à l’extérieur de l’administration n’affirme que ce soit le cas.

De manière fort surprenante, l’administration affirme au contraire que la surveillance fut implicitement autorisée lorsque le Congrès vota le recours à la force contre ceux qui nous avaient attaqué le 11 septembre.

Mais cet argument ne tient tout simplement pas la route. Sans entrer dans les méandres légaux, il est contredit par un grand nombre de faits embarrassants.

En premier lieu, un autre aveu du secrétaire à la Justice : il admet que l’administration savait que le projet de la NSA était prohibé par la loi existante et que c’est la raison pour laquelle ils avaient consulté des membres du Congrès sur la possibilité de changer le statut.
Le secrétaire à la Justice Gonzales affirme que les membres du Congrès consultés leur avaient dit que cela ne serait probablement pas possible. Alors ils décidèrent de ne pas en faire la demande.

Ainsi, comment peuvent-ils avancer maintenant que l’autorisation pour le recours à la force militaire justifiait cela tout du long ?

En effet, alors que l’autorisation était débattue, l’administration avait bel et bien cherché à y inclure des termes qui l’auraient autorisée à faire un usage domestique de la force militaire et le Congrès refusa de l’approuver.
Le sénateur Ted Stevens et le représentant Jim McGovern, parmi d’autres, firent des déclarations claires lors du débat à la Chambre et au Sénat, respectivement, mentionnant clairement le fait que cette autorisation ne s’appliquait pas domestiquement ; il n’y a aucune affirmation du contraire.
Lorsque le président Bush échoua à convaincre le Congrès de lui concéder le pouvoir qu’il voulait alors que cette mesure était votée, il s’arrogea secrètement ce pouvoir malgré tout, comme si l’autorisation parlementaire était une formalité fastidieuse et inutile.

Mais comme l’écrivit un jour le juge suprême Frankfurter « Jouir d’une autorité aussi explicitement accaparée n’est pas simplement négliger dans une instance particulière la volonté claire du Congrès. C’est également manquer de respect à tout le processus législatif et le partage constitutionnel du pouvoir entre le président et le Congrès. »

Il s’agit précisément de cet irrespect de la loi que la Cour suprême avait enfermé dans une malle d’acier durant la Guerre de Corée. C’est ce même irrespect de la constitution états-unienne qui a depuis mené notre république au bord d’un gouffre dangereux pour la structure de la constitution.

Emprisonnement arbitraire et torture

De plus, l’irrespect intrinsèque à ces apparentes infractions massives de la loi s’inscrit dans une tendance d’indifférence apparente vis-à-vis de la constitution qui trouble profondément des millions d’États-uniens des deux partis politiques.

Par exemple, comme vous le savez, le président a également déclaré qu’il jouit de pouvoirs inhérents jusqu’ici non reconnus qui lui permettent de faire arrêter et emprisonner tout citoyen états-unien que lui seul aura jugé être une menace pour notre nation, et qu’en dépit de sa citoyenneté états-unienne cette personne en prison n’a pas le droit de parler à un avocat, même si elle veut argumenter du fait que le président ou ses nominés ont commis une erreur et emprisonné la mauvaise personne.

Le président prétend pouvoir faire emprisonner tout citoyen états-unien - tout citoyen états-unien qu’il aura choisi - indéfiniment, pour le reste de sa vie, sans même produire un mandat d’arrêt, sans l’informer de quelles accusations ont été portées contre lui, sans même informer sa famille qu’il a été emprisonné.

Aucun droit de ce type n’existe dans les États-Unis que vous et moi aimons. C’est étranger à notre constitution. Cela doit être rejeté.

Au même moment, la branche exécutive s’est également réclamée d’une autorité précédemment non reconnue pour maltraiter des prisonniers se trouvant sous sa responsabilité d’une manière qui constitue incontestablement de la torture et a toujours été de la torture - dans une proportion très large qui a été largement documentée dans les installations états-uniennes situées dans plusieurs pays du monde.

Plus de cent personnes parmi ces captifs ont été rapportées comme décédées lors de leur torture par des membres de la branche exécutive. Beaucoup d’autres ont été brisées et humiliées. En outre, dans la célèbre prison d’Abou Ghraib, les enquêteurs qui ont documenté la vague de torture ont estimé que plus de 90 % des victimes étaient totalement innocentes en tout état de cause.

Il s’agit là d’un exercice du pouvoir intolérable qui contrevient à un ensemble de principes que votre nation a respectés depuis que le général George Washington les a énoncés lors de notre Guerre révolutionnaire.

Ils ont été respectés par tous les présidents depuis lors et jusqu’à maintenant.
Ils violent les Conventions de Genève, les Conventions internationales contre la torture et nos propres lois contre la torture.

Le président a également déclaré qu’il a le pouvoir de kidnapper des individus dans les rues de villes étrangères et de les livrer pour emprisonnement et interrogatoire en notre nom à des régimes autocratiques et des nations qui sont connues pour la cruauté de leurs techniques de torture.

Certains parmi nos alliés traditionnels ont été profondément choqués par ces tendances inhabituelles de la part des États-Unis.

Par exemple, l’ambassadeur britannique en Ouzbékistan - l’une de ces nations ayant les pires réputations de torture dans leurs prisons - a formulé une plainte auprès de son ministère de l’intérieur au sujet de la cruauté et de l’absurdité des nouvelles pratiques états-uniennes dont il a été témoin. « Ces informations que nous avons obtenues sont inutiles », a-t-il écrit, avant de poursuivre comme suit « Nous vendons notre âme pour des cacahuètes. En fin de compte c’est résolument dommageable. »

Est-il possible qu’un président ait réellement de tels pouvoirs dans le cadre de notre constitution ?

Si la réponse est oui, alors selon la théorie qui régit ces actes, y a-t-il des actes qui peuvent en comparaison être interdits ?

Si le président a le pouvoir organique d’écouter les citoyens États-uniens sans mandat, d’emprisonner les citoyens états-uniens de sa propre initiative, de kidnapper et torturer, alors qu’est-ce qu’il ne peut pas faire ?

Le doyen de la faculté de droit de Yale Harold Koh a conclu, après analyse des prétentions extravagantes du pouvoir exécutif à ces pouvoirs auparavant non reconnus, pour citer ses propos : « Si le président a le pouvoir de commandant en chef pour torturer, il a le pouvoir de commettre des génocides, de cautionner l’esclavage, de promouvoir l’apartheid et d’ordonner des exécutions sommaires. »

Paralysie des contre-pouvoirs

Le fait que nos garde-fous états-uniens habituels ont pour l’instant échoué à contenir cette expansion inédite du pouvoir exécutif est en soi très troublant. Cet échec est en partie imputable au fait que la branche exécutive a suivi une stratégie déterminée pour gêner, retarder et retenir des informations, semblant céder mais refusant finalement de le faire, avançant masquée pour frustrer les efforts des branches législative et judiciaire visant à restaurer un équilibre constitutionnel sain.

Par exemple, après avoir semblé soutenir un amendement promu par le sénateur John McCain pour mettre fin à la torture, le président a déclaré à la signature de la loi qu’il se réservait le droit de ne pas s’y conformer.
De la même manière, la branche exécutive a déclaré qu’elle pouvait unilatéralement faire emprisonner des citoyens états-uniens sans leur donner accès à un quelconque tribunal. Et lorsque la Cour suprême s’y opposa, le président s’engagea alors dans des manœuvres légales destinées à empêcher le tribunal de donner un tant soit peu de substance aux droits des citoyens affectés.

Un juriste conservateur de la 4ème chambre d’Appel a écrit que le traitement de l’un de ces dossiers par la branche exécutive semblait montrer un abandon subit des principes et, pour le citer, « à un coût substantiel pour la crédibilité du gouvernement auprès des tribunaux ».

En conséquence de cette prétention inédite à nouveau pouvoir unilatéral, la branche exécutive met dorénavant notre structure constitutionnelle face à de graves risques. Les enjeux pour la démocratie états-unienne sont beaucoup importants que ce qui est généralement reconnu.

Ces prétentions doivent être rejetées et un équilibre des pouvoirs sain doit être rétabli dans notre république. Dans le cas contraire, la nature fondamentale de notre démocratie pourrait bien connaître une transformation radicale.

Depuis plus de deux siècles, les libertés des États-Unis ont été préservées en grande partie grâce à la décision de nos Fondateurs de séparer le pouvoir global de notre gouvernement en trois branches égales, chacune d’entre elles, comme vous le savez, contrôlant et équilibrant le pouvoir des deux autres.

En de nombreuses occasions durant notre histoire, l’interaction dynamique entre les trois branches a provoqué des collisions et des impasses temporaires qui constituent ce qui est invariablement qualifié de crises constitutionnelles.

Ces crises ont souvent été des périodes dangereuses et incertaines pour notre république. Mais chaque fois, jusqu’à présent, nous avons trouvé une issue à la crise en renouvelant notre accord pour vivre en paix sous le règne de la loi.

La principale alternative à la démocratie dans l’histoire fut, bien entendu, la concentration de virtuellement tout le pouvoir étatique entre les mains d’un seul homme fort ou petit groupe qui exerçait le pouvoir sans le consentement informé des gouvernés.

C’est précisément par révolte contre un tel régime, après tout, que les États-Unis furent fondés.

Lorsque Lincoln déclara, au moment de notre plus grave crise, que la principale question qui serait tranchée dans la guerre civile était, dans ses termes mémorables, « le fait que cette nation, ou toute nation ainsi conçue et ainsi consacrée, puisse autant endurer ou non, » il ne sauvait pas simplement notre Union. Il reconnaissait le fait que les démocraties sont rares dans l’histoire. Et lorsqu’elles s’écroulent, comme ce fut le cas d’Athènes et de la république romaine dont la conception avait largement inspiré nos Fondateurs, ce qui émerge à leur place est un nouveau régime d’un seul homme fort.

Il y a, bien entendu, eu d’autres périodes dans l’histoire des États-Unis où la branche exécutive accaparait de nouveaux pouvoirs ultérieurement perçus comme excessifs et malencontreux.

Notre second président, John Adams, fit voter les tristement célèbres Alien and Sedition Acts et chercha à faire taire et emprisonner les critiques et opposants politiques.

Puis lorsque son successeur, le président Thomas Jefferson, élimina les abus, lors de son premier discours inaugural, il déclara : « Les principes fondamentaux de notre gouvernement forment une constellation éclairée qui s’est étendue devant nous et a guidé nos pas au travers d’un âge de révolution et de réformes. S’il nous arrivait de nous en écarter à des moments d’erreur et de panique, empressons-nous de retrouver nos pas et rejoindre cette route qui elle seule mène à la paix, la liberté et la sécurité. »
Le président Lincoln, bien entendu, suspendit l’habeas corpus pendant la Guerre civile, et certains des pires abus avant ceux de l’administration actuelle furent commis par le président Wilson pendant et après la Première Guerre mondiale, avec le fameux « péril rouge » et les « Palmer raids ».
L’internement d’États-uniens d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale constitua un honteux record dans le domaine du non-respect des droits individuels de la part de l’exécutif. Avec, bien entendu, lors de la Guerre du Vietnam, le non moins fameux programme COINTEL ne constituait qu’une partie de ces abus endurés par le Dr King ainsi que des milliers d’autres.

Mais dans chacun de ces cas tout au long de l’histoire états-unienne, lorsque la confrontation et les tumultes se terminaient, notre nation retrouvait son équilibre et tirait des leçons du cycle récurrent d’excès et de regret.
Apathie démocratique

Mais cette fois il y a de bonnes raisons de s’inquiéter du fait que les conditions changent et en conséquence que ce cycle ne se renouvelle pas. D’une part, nous voyons depuis des décennies l’accumulation lente et régulière du pouvoir présidentiel. Dans un monde d’armes nucléaires et de tensions sur fond de Guerre froide, le Congrès et le peuple états-unien ont accepté des sphères d’initiative présidentielle toujours plus larges pour réaliser des activités de renseignement et de contre renseignement ainsi que le déploiement de nos forces militaires sur la scène globale.

Lorsque la force militaire a été utilisée comme instrument de politique étrangère ou en réponse à des besoins humanitaires, c’était presque toujours le résultat d’une initiative et du leadership présidentiel.

Mais comme l’écrivit le juge suprême Frankfurter dans cette fameuse boîte de métal, « L’accumulation de pouvoir dangereux ne survient pas en un jour. Elle survient, même lentement, par la force génératrice d’une négligence incontrôlée vis-à-vis des restrictions qui encadrent même l’affirmation la plus désintéressée de l’autorité. »

Une seconde raison qui donne à penser que nous pourrions être dans une situation insolite, en dehors de ce cycle historique, est qu’après tout cette administration nous dit que la marche de guerre sur laquelle elle a tenté de mettre le pays durera, selon leurs propres termes, « pour le reste de nos jours ».

Ainsi on nous dit que la situation de menace nationale, qui fut utilisée par d’autres présidents pour justifier des mainmises sur le pouvoir, va dans ces conditions persister pratiquement jusqu’à perpétuité.

Troisièmement, nous devons avoir une conscience aiguë des impressionnantes avancées dans la sophistication des technologies d’écoute et de surveillance, avec leur capacité à englober et analyser facilement d’énormes quantités d’informations et ensuite les traiter pour en tirer du renseignement. Cela augmente de plus significativement la vulnérabilité de la vie privée et des libertés d’un grand nombre de personnes innocentes au même moment où le pouvoir potentiel de ces technologies augmente.
Ces technologies ont bel et bien le potentiel d’inverser l’équilibre de pouvoir entre l’appareil d’État et la liberté de l’individu d’une manière à la fois subtile et profonde.

Qu’il n’y ait pas de malentendu. La menace de nouvelles frappes terroristes est réelle et les efforts concertés des terroristes pour obtenir des armes de destruction massive engendrent vraiment un impératif d’exercice des pouvoirs de la branche exécutive avec réflexe et agilité.

De plus, il existe en réalité un pouvoir inhérent conféré par la constitution à tout président pour entreprendre des actions unilatérales lorsque cela est nécessaire pour protéger la nation d’une menace subite et immédiate. Et il n’est tout simplement pas possible de définir précisément en termes légaux exactement quand ce pouvoir est approprié ou ne l’est pas.

Mais l’existence de ce pouvoir inhérent ce peut être utilisée pour justifier une prise de pouvoir manifeste et excessive s’étendant sur un grand nombre d’années et engendrant un déséquilibre sérieux entre l’exécutif et les deux autres branches du gouvernement.

Et il y a une raison finale de se soucier du fait que nous pourrions être en train de vivre autre chose que simplement un nouveau cycle. Cette administration est arrivée au pouvoir dans la foulée d’une nouvelle théorie qui a pour but de nous convaincre que cette concentration excessive de pouvoir présidentiel est exactement ce que notre constitution prévoyait.
Cette théorie légale, que les avocats qui la défendent appellent théorie de l’exécutif uni mais qui devrait plus justement être appelée l’exécutif unilatéral, menace d’étendre les pouvoirs du président jusqu’à ce que les contours de la constitution que les Fondateurs nous ont léguée soient effacés jusqu’à la rendre méconnaissable.

Selon cette théorie, l’autorité du président en tant que commandant en chef ou lorsqu’il définit la politique étrangère ne peut être examinée par le judiciaire ni ne peut être contrôlée par le Congrès. Et le président Bush a poussé les implications de ce concept à leur maximum en soulignant constamment son rôle de commandant en chef, l’invoquant aussi fréquemment que possible, le mêlant à ses autres fonctions, intérieures et extérieures.

En ajoutant à cela le concept qui veut que nous soyons entrés dans un état de guerre perpétuelle, les implications de cette théorie s’étendent presque littéralement aussi loin dans l’avenir que ce qu’il est possible d’imaginer.
Totalitarisme interne

Cet effort visant à transformer la structure constitutionnelle états-unienne soigneusement équilibrée en une structure bancale dominée par une branche exécutive toute-puissante, avec un Congrès et une branche judiciaire asservis, est ironiquement accompagné par un effort de la même administration visant à réformer la politique étrangère états-unienne basée principalement sur l’autorité morale du pays en une politique basée sur une tentative irraisonnée et contre-productive d’établir une forme de domination sur le monde.

Le dénominateur commun semble être basé un instinct d’intimidation et de contrôle.

La même tendance a caractérisé les efforts visant à faire taire les points de vue dissonants au sein de la branche exécutive, à censurer les informations susceptibles de s’éloigner de ses objectifs idéologiques et à attendre une conformité de la part de tous les employés de la branche exécutive.

Par exemple, les analystes de la CIA qui s’opposaient fermement à l’affirmation de la Maison-Blanche selon laquelle Ossama Ben Laden était lié à Saddam Hussein furent soumis à des pressions au travail et devinrent anxieux de manquer des promotions ou augmentations de salaire.

Ironiquement, c’est exactement ce qui arriva aux responsables du FBI dans les années 60 qui étaient en désaccord avec l’affirmation de J. Edgar Hoover selon laquelle Martin Luther King était étroitement lié aux communistes.
Le responsable de la branche du FBI chargée du renseignement intérieur témoigna du fait que ses efforts pour dire la vérité sur l’innocence du Dr King lui valu d’être isolé ainsi que ses collègues au sein du FBI et soumis à des pressions.

Je le cite : « Il était manifeste, » raconte-t-il, « que nous devions changer d’attitude ou nous nous retrouverions tous à la rue. »« Mes hommes et moi, » poursuit-il, « nous concertions pour savoir comment nous tirer d’affaire. ».
Etre en conflit avec M. Hoover était quelque chose de sérieux. « Ces hommes, » continue-t-il, « essayaient d’acheter des maisons, demandaient des prêts pour cela. Ils avaient des enfants à l’école. Ils vivaient dans la peur d’être transférés, de perdre de l’argent sur leur maison, comme c’était en général le cas. Alors ils voulaient qu’un autre mémo soit rédigé pour nous tirer des ennuis dans lesquels nous étions. »

Les agenceurs de la constitution, qui avaient étudié la nature humaine de si près, comprirent relativement bien ce dilemme. Pour reprendre les mots D’Alexander Hamilton, « Le pouvoir sur le soutien d’un homme est un pouvoir sur sa volonté. »

Quoi qu’il en soit, rapidement tout désaccord au sujet du Dr King s’estompa rapidement au sein du FBI, et l’accusation abusive devint le point de vue unanime.

Et exactement de la même façon, la CIA de George Tenet finit par se joindre au concert approuvant l’idée manifestement fausse qu’il y avait un lien entre Al Qaïda et le gouvernement irakien.

Comme l’écrivit George Orwell, « Nous sommes tous capables de croire des choses que nous savons être fausses et ensuite, lorsque nous devons finalement admettre notre erreur, déformer impudemment les faits pour montrer que nous avions raison. »

Intellectuellement, il est possible de poursuivre ainsi pour une durée indéfinie. Le seul obstacle qui s’y oppose est que, tôt ou tard, une croyance erronée se cogne à la dure réalité, en général sur un champ de bataille.
Deux mille deux cent soldats états-uniens ont perdu la vie quand cette fausse croyance s’est cognée à la dure réalité. En effet, lorsque le pouvoir n’est ni sous contrôle ni responsabilisé, cela mène presque inévitablement à de graves erreurs et abus.

Cela fait partie de la nature humaine. En l’absence de responsabilités rigoureuses, l’incompétence fait florès, la malhonnêteté est encouragée et récompensée.

C’est la nature humaine, que ce soit pour les républicains, démocrates ou des gens ayant toutes sortes d’idées.

La semaine passée, à titre d’exemple, le vice-président Cheney a tenté de défendre les écoutes par l’administration de citoyens états-uniens en affirmant que, si le programme avait été implanté avant le 11 septembre 2001, ils auraient trouvé le nom de certains des pirates de l’air.
Tragiquement, il ne sait apparemment toujours pas que l’administration possédait bel et bien, en vérité, le nom d’au moins deux des pirates bien avant le 11 septembre et avait en sa possession des informations qui auraient pu conduire à l’identification de la plupart des autres.
L’un d’entre eux figurait dans l’annuaire téléphonique. Pourtant, à cause de l’incompétence, l’incompétence irresponsable dans le traitement de l’information, cela ne fut jamais utilisé pour protéger le peuple états-unien.
Il arrive couramment que, une fois de plus sans rapport avec quel parti est au pouvoir, qu’une branche exécutive aveuglée par la poursuite d’un pouvoir non bridé réponde à ses propres erreurs en proposant a posteriori que lui soit accordé encore davantage de pouvoir.

Souvent la demande elle-même est utilisée pour masquer sa responsabilité vis-à-vis des erreurs dans l’utilisation du pouvoir dont il jouit déjà.
De surcroît, si la tendance pratique entamée par cette administration n’est pas remise en cause, elle pourrait devenir partie intégrante du système états-unien. C’est la raison pour laquelle de nombreux conservateurs ont signalé que le fait d’accorder un pouvoir incontrôlé à ce président signifie que le prochain aura ce pouvoir incontrôlé également. Et ce prochain pourrait être quelqu’un dont les valeurs et croyances ne vous inspirent pas confiance. C’est pour cela que républicains comme démocrates devraient s’inquiéter de ce que ce président a fait.

Si cette tentative visant à étendre dramatiquement le pouvoir exécutif se poursuit sans être inquiétée, alors notre structure constitutionnelle de contrôle et d’équilibrage mutuel des pouvoirs sera perdue. De plus le prochain président ou un futur président pourra, au nom de la sécurité nationale, restreindre nos libertés d’une manière que les Fondateurs n’auraient jamais envisagée possible.

Al Gore

Messages

  • Votre article est interessant, mais un peu trop prémonitoire. Etant un disciple de RUEFF, je rejoins par beaucoup de cotés vos analyses. Néanmoins, votre vue sur les "rapports de forces" dans le monde demande à être confirmée : le "véritable rapport de forces" est actuellement(aout 2007) entre l’euro et le dollar, les autres monnaies n’existant pas. Pourquoi ? parce que la véritable monnaie mondiale est l’OR et que le monde sera obligé de revenir, qu’il le veuille ou non à l’étalon/or qui a éxisté pendant cinq siècles, pour être plus précis de 1447 (première conférence de Gênes) à 1922 (deuxième conférence de Gênes). Je pense que c’est sur ce fondement HISTORIQUE qu’il faut baser nos réflexions ; d’autre part, en ce qui concerne la crise de 1929, il faut informer l’opinion du mensonge organisé par les anglo-saxons qu’ils n’y sont pour rien. Magistralement démontré par RUEFF, c’est LA CREATION DU GOLD EXCHANGE STANDARD qui la VERITABLE CAUSE de cette gigantesque crise qui, malheureusement risque de paraître benigne devant celle qui s’annonce ...

  • cet article n’ est qu’ un salmigondi incohérent, conformiste et imbécile d’ anti-américanisme primaire ordinaire
    les gentilles "sociales-démocraties" européennes ( au premier rang desquelles figurent la France ) vont de toutes façons bientôt payer très cher les orientations politiques, économiques sociales et "diplomatiques" qui furent les leurs depuis plus de 30 ans et notamment de s’ être crus assez forts et importants pour se mettre à dos les USA ( l’ Europe politique, militaire et diplomatique n’ existant pas et les problèmes financiers structuraux des états qui la composent étant insolubles ; à cet égard la nature réelle de la dette française est emblématiue du résultat de plusieurs décennies de socialisme : immigration économiquement ruineuse, promesses sociales intenables à cours terme, apauvrissement généralisé de la population, destruction de l’ outil industriel avec notamment, le financement ruineux des retraites par le système pyramidal et arythmétiquement aberrant de la répartition, etc... )
    certes le M3 américain est catastrophique, mais tout étant toujours relatif, jamais l’ €uro ( cette monnaie INEPTE car conçue à l’ envers ) ne pourra contre-balancer le pouvoir du Roi dollar ; l’ effondrement puis la disparition de l’ €uro sera initié et décidé par l’ Allemagne et se passera avant 2015 ; après 10 ans de récession et de stagflation le dollar sortira finalement vainqueur par K.O. ou par forfait de l’ €uro ( ne parlons pas du Yuan et des autres monnaies-papier qui ne comptent même pas )
    à l’ échelle internationale, les Etats unis se sont tout offert à crédit depuis plus de 20 ans avec leur monnaie de singe ; ils ont créé de la dette fiduciaire à très grande échelle et dont les premiers grands perdants seront les chinois qui sont les premiers détenteurs de dollars sous toutes ses formes, sauf en or ( les chinois s’ en sont rendus compte depuis longtemps mais les USA les tiennent désormais avec des tenailles par les baloches ; ce n’est pas l’ augmentation pitoyable de leurs réserves de métaux précieux qui pourra sauver le système politique et dicatorial chinois )
    on pourrait disserter pendant des heures sur la situation... mais à quoi bon, de toutes façons les dés sont jetés...
    croupissez bien dans votre aveuglement et vos dénis ( ...inconscients ? )
    GOD BLESS AMERICA !