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Crise financière : Sauver l’Europe, mode d’emploi Gilles Bonafi
Publie le lundi 19 avril 2010 par Open-Publishing4 commentaires
La crise grecque engendre espoir et inquiétude. Espoir de ceux qui rêvent de voir imploser l’Europe, inquiétude de ceux qui ne peuvent l’imaginer.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que l’Europe est un maillon essentiel du Nouvel Ordre Mondial qui a nécessité tant d’énergie qu’il est « impensable » qu’elle disparaisse. D’ailleurs, des solutions sont déjà prêtes, élaborées
L’euro, une monnaie fragile
Bien cerner le problème nécessite quelques rappels.
Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue que le traité de Maastricht a divisé l’Europe en 2 : d’un côté l’Union Européenne, de l’autre la zone euro. Or, la zone euro est extrêmement fragile du fait que les pays qui la composent ont des économies différentes. Par exemple, l’Allemagne n’est pas du tout au même niveau que la Grèce, et pourtant, ces 2 pays ont une monnaie commune.
Cela n’est pas viable ! En effet, nous étions quelques-uns à expliquer que l’euro dans l’état actuel des choses ne pourrait pas survivre à une crise majeure.
L’économiste Jean-Claude Werrebrouck avait d’ailleurs, le 3 février 2009, donné une excellente synthèse de la situation :
« La solution serait, en Europe, de contourner la très dangereuse divergence croissante des taux d’intérêt sur la dette souveraine en mutualisant les risques. Ce contournement suppose la création d’une agence commune d’émission faisant disparaître les « spreads ». Mais cela suppose des stratégies de coopération interétatiques aboutissants à des règles contraignantes pour les Etats menacés de dépôt de bilan. »
En effet, les écarts des taux d’intérêts sur la dette (les spreads) en raison des divergences économiques sont inconcevables au sein d’une monnaie commune. On peut comparer cela à un bateau dont aucuns des rameurs ne rament à la même vitesse et de plus sans gouvernail.
Pour éviter ce problème et sauver l’euro, il faut mettre en place une structure « interétatique », un trésor européen.
J’avais d’ailleurs moi aussi, en février 2009, soulevé ce problème et surtout expliqué que ce débat n’était pas nouveau dans mon article Crise systémique : les solutions (n°1 : l’euro) qui est aujourd’hui plus que jamais d’actualité, et dans lequel j’écrivais :
« A vrai dire, cette idée n’est pas nouvelle (trésor européen) et l’on peut d’ailleurs remonter à Erik Robert Lindahl qui parlait déjà d’un trésor européen en 1930 et, en 1989, Carlo Ciampi (banquier et 10ème président de la République Italienne) avait fait une proposition qui désirait donner le monopole de l’émission de l’euro à la BCE (proposition Ciampi).
Le rapport Lamfalussy (2004) avait été plus précis et démontrait la nécessité d’un régulateur unique. Un article récent de Bruegel (think tank oeuvrant pour le développement économique de l’Europe) parle ainsi de la création d’un régulateur financier unique en Europe.
Or, l’urgence de la situation nous oblige à créer une « structure de défaisance » nous permettant de racheter les créances douteuses ce qui est pour le moment impossible car nous ne possédons pas un trésor européen. Ceci est confirmé par Anton Brender, chef économiste de la banque Dexia : « Il faut quelqu’un qui achète les dettes, or, même à l’échelle de la zone euro, il n’existe pas de Trésor commun. Voilà toute l’ambiguïté de l’Union monétaire européenne. Elle est dotée d’une même monnaie, mais la Banque centrale européenne ne dispose d’aucune autorité en matière prudentielle vis-à-vis des banques ». (Le Figaro.fr du 24.09.08).
Plus récemment, l’économiste Michel Aglietta a démontré que le système de l’euro était fragile car il ne pouvait pas (contrairement à la FED) se positionner comme prêteur central en dernier ressort car la BCE n’émettait pas l’euro et possédait peu de fonds propres. »
Or, aujourd’hui les choses se précisent, et voici dans le détail comment ce trésor européen, dont le CERS sera l’étape clé, sera créé.
Le CERS, vers un trésor européen
Le Centre for European Policy Studies (CEPS), est un think tank européen dont le directeur est Daniel Gros, un économiste allemand. C’est d’ailleurs lui avec Thomas Mayer l’économiste en chef de la Deutsche Bank qui a lancé l’idée d’un Fonds Monétaire Européen, un trésor européen, le 8 février 2010 .
En gros, ils expliquent que face à l’explosion de la dette publique (en s’appuyant sur l’exemple grec) il faut un organisme prêteur en dernier ressort européen à l’exemple du FMI. Pour ceux qui veulent approfondir le sujet je les invite à lire l’article dans une tribune publiée sur le site de The Economist.
Cependant, il est intéressant de noter que ces deux économistes proposent des structures supranationales avec un conseil d’administration représentatif des pays de la zone euro.
Pourtant, la création d’un FME n’est pas encore à l’ordre du jour et tout cela masque la vraie solution en cours. Il s’agit du Comité européen du risque systémique, le CERS (rapport de Sylvie GOULARD) dont la pièce maîtresse sera le Système européen de banques centrales (SEBC) qui comprend les 27 banques centrales nationales de l’Union européenne et qui sera chargé du contrôle et de la surveillance de chaque pays européen .
Bien sûr, le CERS sera entièrement dépendant de la BCE. Voici la « petite histoire » du CERS qui débutera « dans le courant 2010 » :
« La création de la surveillance macro prudentielle au niveau de l’UE et l’établissement du CERS sont prévus dans un projet de règlement basé sur l’article 95 du traité CE, qui exige la codécision par le Conseil et le Parlement européen. Le règlement est complété par un projet de décision du Conseil qui confère à la BCE la tâche d’assurer le secrétariat du CERS. Avant de faire des propositions législatives, la Commission a largement consulté toutes les parties concernées, à la fois après la publication du rapport du groupe De Larosière et après la Communication de mai 2009, qui a décrit la nouvelle architecture de surveillance dans ses grandes lignes. Le Conseil européen de juin a appuyé les propositions contenues dans la Communication et a accueilli favorablement l’intention de la Commission d’adopter les textes législatifs au début de l’automne pour une approbation rapide. L’objectif est que le nouveau cadre soit en place dans le courant de 2010. Le Conseil européen a annoncé qu’il examinerait le su
Voici quelques précisions sur le fonctionnement du CERS qui devraient particulièrement vous éclairer :
– la plupart des décisions ne seront pas rendues publiques car « les questions potentiellement abordées dans les avertissements et les recommandations seront extrêmement sensibles et nous devons être attentifs aux effets nocifs que pourrait entraîner la publication comme, par exemple, que le danger ne se matérialise du à une précipitation ou réaction exagérée des marchés financiers. »
– le CERS coopérera étroitement avec le nouveau FSB, le comité de stabilité financière US qui sera lui aussi un organisme de contrôle du risque systémique dépendant de la réserve fédérale américaine.
– les autorités nationales n’auront pas de droit de vote car elles ne seront responsables que de la surveillance microprudentielle.(1)
D’ailleurs, le lundi 15 février, la BCE a créé la direction générale de la Stabilité financière chargée d’identifier et d’évaluer les « risques systémiques au sein de la zone euro et du système financier de l’UE ».
Un nouvel organisme verra le jour très bientôt, le Système européen de surveillance financière (SESF), chargé de la surveillance des banques, des marchés financiers, des assurances et des pensions professionnelles.
José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne nous donne le sens de tout ceci :
"Les marchés financiers sont non seulement nationaux, mais européens et mondiaux. Leur supervision doit l’être aussi. Le nouveau système que nous proposons aujourd’hui, fort de l’appui politique des Etats membres suite au rapport de Larosière, est destiné à protéger les contribuables européens d’une répétition des sombres journées de l’automne 2008, où les gouvernements ont été obligés de verser des milliards d’euros aux banques. Ce système européen pourra aussi inspirer un système mondial.
C’est la position que nous soutiendrons au G20 à Pittsburgh." (2)
Messages
1. Crise financière : Sauver l’Europe, mode d’emploi Gilles Bonafi, 19 avril 2010, 19:02, par momo11
On s’en fout de l’europe capitaliste.Nous ,on a voté contre !Alors nous n’avons rien a sauver pour les riches.momo11
2. Crise financière : Sauver l’Europe, mode d’emploi Gilles Bonafi, 19 avril 2010, 20:43, par zimir
se positionner comme prêteur central en dernier ressort car la BCE n’émettait pas l’euro
C’est les pays de la zone euro qui émettent l’euro ça sert à quoi d’émmetre la monnaie si tu ne peux pas l’utiliser pour favoriser l’économie du pays.
Elle sert à quoi la BCE d’agence de notation ?
Je deviens fou moi dans ces arnarques capitalistes, ha j’y suis le dollar lui sert de transaction pour l’achat de matières premières et l’euro lui est adossé à l’agence de notation BCE haaaa je comprends maintenant pourquoi on tient tant aux critères de convergences, tu parles d’un way, alors pour remédier à cette galère au lieu d’instaurer caremment une chambre de compensation sur les les échanges commerciaux au sein de l’euro pour équilibrer la balance queueeee neni tu parles je rêve, car il faut bien des pays à l’agonie au sein de la zone euro pour de bonnes affaires et cette structure CERS "demie mesure" en fait viens coiffer le tout.
C’est clair qu’il y a intérêt de se bouger les fesses sinon les Allemand se mettront leur production sur le ventre.
entre le COR CERS en ce moment je devient dingue ça fait chasse aux gueux.
En tout cas merci pour l’info.
3. Crise financière : Sauver l’Europe, mode d’emploi Gilles Bonafi, 20 avril 2010, 08:36
Tous les pays occidentaux,dont le Royaume-Uni,sont devenus semblables a l’Allemagne de Weimar la crise est mondiale il n’y a plus de solution sectorielle :
Les USA sont « très semblables à l’Allemagne de Weimar », s’inquiète Noam Chomsky (VO)
19 avril 2010
« Je n’ai jamais rien vu de tel durant ma vie, s’alarme Noam Chomsky. « Je suis suffisamment âgé pour me souvenir des années 1930. Toute ma famille était au chômage. La situation était bien plus difficile qu’aujourd’hui. Mais il y avait beaucoup d’espoir. Les gens espéraient. » Alors qu’aujourd’hui l’atmosphère qui règne aux Etats-Unis est « effrayante » juge Chomsky, qui compare la situation à l’Allemagne de Weimar. « Les parallèles sont frappants », note-t-il.
« Il y avait aussi une énorme désillusion envers le système parlementaire. Le fait le plus frappant concernant Weimar, ce n’est pas que les nazis aient vaincu les sociaux-démocrates et les communistes, mais que les partis traditionnels, les conservateurs et les libéraux, étaient haïs et ont disparu. Cela a laissé un vide que les nazis ont très habilement réussi à occuper. » Chris Hedges a recueilli les propos de Noam Chomsky.
Par Chris Hedge, Truth Dig, 19 avril 2010
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3037
La Bourse de Shanghai termine en forte baisse (-4,79%)
SHANGHAI, 19 avr 2010
La Bourse de Shanghai a clôturé lundi en baisse de 4,79%, après l’annonce ce week-end par la Chine d’une série de mesures visant à endiguer la hausse des prix de l’immobilier et à lutter contre la spéculation.
L’indice composite —qui recouvre les actions de types A et B, respectivement libellées en yuans et en dollars— a perdu 150,01 points à 2.980,30 points à la clôture, dans un volume d’échanges de 156,4 milliards de yuans (22,9 milliards de dollars).
L’indice clé a enregistré sa plus forte baisse depuis le 31 août, où il avait chuté de 6,7%.
La Chine a pris ce week-end de nouvelles mesures visant à endiguer la hausse des prix de l’immobilier et la spéculation en permettant aux banques de refuser des prêts à des clients déjà propriétaires d’au moins deux biens.
Selon ces nouvelles mesures, les banques pourront également refuser des prêts à des demandeurs ne pouvant pas faire la preuve qu’ils ont résidé, et payé leurs impôts, durant au moins un an dans la ville où ils désirent acheter un logement........
http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=243725&PHPSESSID=39dc2716536ea9e4f65fc565d99a0168
La Bourse de Tokyo chute de 1,74% après la plainte contre Goldman Sachs
TOKYO, 19 avr 2010
La Bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi en forte baisse de 1,74%, plombée par les valeurs financières après la plainte pour fraude déposée aux Etats-Unis contre la banque d’affaires Goldman Sachs.
L’indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a chuté de 193,41 points (-1,74%) à 10.908,77 points, son plus bas niveau de clôture depuis le 25 mars.
L’indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a de son côté cédé 18,00 points (-1,82%) à 970,84 points.
L’activité a été moyenne avec 2,03 milliards d’actions échangées sur le premier marché.
Les valeurs financières ont été malmenées après l’annonce de poursuites engagées par la SEC, gendarme de la Bourse américaine, contre la Goldman Sachs pour "fraude présumée" en lien avec les crédits "subprime".
...
http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=243699&PHPSESSID=39dc2716536ea9e4f65fc565d99a0168
1. Crise financière : Sauver l’Europe, mode d’emploi Gilles Bonafi, 20 avril 2010, 12:06, par zimir
Comme quoi il ne faut pas confondre économie monétariste et crédit productif et ce qui à été défait peut être refait.
Weimar moi je veux bien mais avec l’hyperinflation les Allemands devaient en plus donner à titre de dommage l’ensemble de leur production y compris agricole
(Hyperinflation + dommage de guerre) = Weimar ...