Accueil > En visite au Mali : Mme Buffet s’aligne pour un autre monde

En visite au Mali : Mme Buffet s’aligne pour un autre monde

Publie le dimanche 11 février 2007 par Open-Publishing

de Moussa Bolly

Après Laurent Fabius (finalement battu au Parti socialiste par Ségolène
Royal) et Nicolas Sarkozy, c’est au tour de Marie-George Buffet de fouler le
sol malien pour partager sa vision de l’immigration, de la coopération avec
les Maliens. La candidate du Parti communiste français (PCF) veut refonder
la politique de coopération de la France à l’égard de l’Afrique en prônant
une autre politique à Gauche.

« Depuis vingt ans, nous sommes enfermés dans le libéralisme. Il est grand
temps de faire le choix du changement par une politique anti-libérale » !
Telle est la conviction de Marie-George Buffet. La candidate de la gauche
populaire et antilibérale était l’invitée de l’altermondialiste Aminata
Dramane Traoré. L’objectif de ce séjour de 24 h était d’échanger avec les
partis politiques, les mouvements sociaux, la presse... sur sa vision de la
mondialisation, de la coopération, du codévelopement, de l’immigration...

« En France, on a besoin de mieux comprendre à la fois les richesses du
Mali, qui sont en train de se développer grâce aux hommes et aux femmes de
ce pays et voir comment la France et l’Europe peuvent aider utilement sans
imposer des choix néocoloniaux. Il est nécessaire de construire ce pays avec
les Maliens car le développement dépend avant tout de ce qu’ils veulent
réaliser », a-t-elle déclaré pour situer sa visite dans son contexte.

Les échanges avec les partis et les mouvements sociaux ont eu lieu dans
l’après-midi de mardi dans la salle de conférence du Djenné (Missira). En
plus des altermondialistes et de nombreux de confrères, on notait la
présence des personnalités politiques comme Dr. Aly N. Diallo (Adéma), Mme
Kéita Rokiatou Ndiaye (RPM), Pr. Younouss Hamèye Dicko (RDS), Souleymane
Koné (Mouvement citoyen)... Comme on pouvait s’y attendre, les débats ont
essentiellement porté sur la coopération Nord-Sud, les accords de
réadmission des immigrés, la dette, les politiques d’ajustement structurel,
le chômage des jeunes...

Sur l’ensemble de ces questions, Mme Buffet est sur la même longueur d’onde
que ses interlocuteurs maliens. Elle souhaite ainsi que soit repensée la
coopération entre le Mali et la France, entre l’Europe et l’Afrique. Dans le
programme de la candidate du PCF et ancienne ministre de la Jeunesse et des
Sports, on retrouve quasiment toutes les préoccupations des Africains. Par
rapport à l’immigration par exemple, elle envisage d’abroger la loi Ceseda
qui institue « l’immigration choisie » et qui renie le droit d’asile. Elle
souhaite aussi développer des partenariats avec des pays d’émigration comme
le Mali afin de mettre fin à l’exode et à la misère et assurer la liberté de
circulation et la régularité du séjour des migrants. Mieux, Mme Buffet veut
réduire la clandestinité en imposant le respect du droit d’asile, la
régularisation avec un titre de 10 ans de tous les sans-papiers, la
facilitation de l’accès à la nationalité, la suppression des visas de court
séjour...

Prônant un partenariat d’égal à égal, la communiste souligne qu’il faut
aujourd’hui « donner les papiers aux hommes et femmes qui vivent en France
afin qu’ils puissent travailler et vivre dignement. Il faut leur permettre
d’avoir des papiers sur le long terme pour se construire un avenir ». Pour
elle « l’Europe ne peut pas se développer aujourd’hui sans l’Afrique. Et,
malgré les richesses dont il dispose, le continent africain ne peut pas se
développer sans un processus de progrès social en Europe ».

Lors de cette rencontre, l’hôte du Mali a attiré l’attention de l’assistance
sur le fait que « des espaces nouveaux s’ouvrent à toutes les forces qui
agissent pour un autre type de relation internationale, pour des
alternatives à un libre-échange sans rivage. Le monde change comme on le
voit en Amérique latine. Et la politique étrangère de la France devra être
un pilier de cette construction d’un monde plus juste ».

Le porte-drapeau des communistes à la prochaine présidentielle française n’a
pas manqué de souligner sa détermination de défendre le droit des pays du
Sud à protéger leurs économies, notamment leur agriculture. Elle est
déterminée à combattre « la politique des brevets » qui met nos pays sous la
coupe des multinationales.

En plus de l’annulation de la dette et l’imposition d’une taxe sur les
mouvements des capitaux, Marie-George Buffet veut pousser l’Europe à
développer « une politique de coopération aidant les pays du Sud à tourner
leurs activités vers la satisfaction de leurs propres besoins, notamment en
matière d’eau, de santé, d’éducation, de transports collectifs, d’habitat...
 ».

Un programme assez attrayant et favorable à l’autre monde pour lequel se
battent les altermondialistes et de nombreuses composantes de nos sociétés
civiles. Et si les Maliens et les Africains avaient le choix, Marie-George
Buffet pouvait être assurée de succéder à Jacques Chirac ! N’empêche que,
comme l’a souligné une dame dans la salle, les bénédictions de l’Afrique
d’en bas l’accompagnent.

Les Echos