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Evacuation du squat de la Tombe Issoire : la Ville de Paris, l’Etat pour défendre un promoteur.

Publie le dimanche 4 septembre 2005 par Open-Publishing

L’évacuation des squats parisiens a été une décision symbolique. On aurait pu penser qu’il s’agissait de lieux très dangeureux. Qu’il y avait une urgence absolue pour que les pouvoirs publics interviennent préventivement. Sur les 400 immeubles insalubres de Paris (d’après la SIEMP), on imagine facilement des situations dramatiques. Mais les mobiles de ces deux coups médiatiques, en tout pour l’un d’entre-eux, ne concernent pas la protection de la santé, pu un risque pour la vie des habitants...

La Préfecture de Paris a pu intervenir rue de la tombe issoire parce que la Mairie et un promoteur immobilier (partenaire de confiance de la Ville de Paris) sont main dans la main pour spéculer sur un batiment présenté comme une ruine, qui est en fait un batiment historique soutenu par environ de 40 associations.

Le promoteur, la SOFERIM, fait croire que qu’il s’agit d’un batiment insalubre depuis des années.

C’est faux. D’après les associations qui défendent le lieu, l’état d’insalubrité vient d’être déclaré (il y a quelques semaines) par les services de Jean Luc Mano, Adjoint au Maire de Paris, pour contrecarrer une décision du tribunal administratif prise le 9 juin 2005 qui a annulé le permis de construire du promoteur. La déclaration d’insalubrité permet au promoteur de reprendre le dossier. Pas d’échos de cela dans la presse d’oppressions...

janvier 2005, les pelleteuses détruisent le jardin associatif dans la cour de l’immeuble Tombe Issoire

Le 1er juillet 2005, le site paris14.info faisait l’interview de Thomas Dufresne, Président du Collectif Port mahon. L’article est long. Voici juste quelques passages où il est question des "squatters". Dans cet article, Thomas Dufresne anticipait déjà la probable expulsion qui vient d’avoir lieu.

"Paris14 :Quels sont ces événements ?

Thomas. Dufresne. : [suite à l’annulation du permis de contruire] d’une part, le promoteur a encore déposé deux nouveaux permis de démolir cette fois-ci. L’Hôtel de Ville doit lui répondre. S’il ne le fait pas, les permis seront tacitement accordés. Nous attendons donc de la Mairie de Paris qu’elle les refuse avant qu’il ne soit trop tard.

D’autre part, la Direction du Logement et de l’Habitat de la Ville de Paris, service qui dépend de Jean-Yves Mano, adjoint au maire de Paris chargé du logement, vient de faire réaliser un constat d’insalubrité du site. C’est une énorme bévue car 80 personnes, parmi lesquelles des enfants en bas âge et une femme enceinte, risquent maintenant d’être expulsées et mises à la rue.

P14 : Comment en est-on arrivé là ?

T. D. : Les inspecteurs des services de Jean-Yves Mano, venus sur place pour réaliser ce rapport, n’ont pas caché à leurs divers interlocuteurs qu’ils étaient là pour déclarer l’insalubrité irrémédiable, dans le seul but d’appliquer la loi Vivien. Jean-Paul Millet, adjoint au maire du 14e chargé du logement, est venu à l’une des dernières réunions de notre Collectif pour nous le confirmer. Il a même annoncé que cela serait discuté dès le prochain Conseil de Paris.

[...]"

Les trois articles de Paris14.info.

 Ferme Tombe-Issoire et Carrières de Port-Mahon : Episode 1 : un constat d’insalubrité contestable (1/3)
 De nouvelles menaces sur le site. (2/3)
 Un détournement de la loi. (3/3)

Cette expulsion permet à Sarkozy de réaliser un événement médiatique, à la Mairie de Paris de faire passer un dossier protégé. Et le caractère insalubre est pratique pour la presse qui ne parle pas du fond de cette affaire. Joli coup !

Autrement dit, la Préfecture et la Ville ont profité de l’actualité pour évacuer cet immeuble qui était soutenu par un collectif d’associations très impliquées.

Le promoteur immobilier, La SOFERIM a deux sites sur internet. L’un, institutionel, l’autre... justement porte sur le squatt évacué...

On y apprend que les habitants avaient un arreté d’explusion depuis... 2002. Un communiqué de presse de la SOFERIM relaté par FRANCE 2 précise que l’EDF avait coupé le courant il y a peu.

L’entreprise indique que les "squatters" accepteraient volontiers un relogement "La plupart des hommes qui vivent pour l’heure sur le site étant employés comme veilleurs de nuit ou agents de sécurité en banlieue, beaucoup accepteraient de se rapprocher de leur lieu de travail."

Ce qui contredit leur communiqué de presse diffusé après l’expulsion "La Soferim assure enfin que des solutions de relogement avaient été proposées par elle et la Conférence Saint Vincent de Pau et refusées par des squatters qui avaient jugé les emplacements trop éloignés du XIVe"."

Puis l’entreprise s’attaque au "business" du squatt à Paris. Les squatters auraient payé l’accès à l’immeuble.

Pas un mot sur l’activité sociale, culturelle du lieu. La SOFERIM fait croire qu’il s’agit d’un taudis envahie par des victimes exploitées par une mafia.

Et pourtant :

Fete de quartier organisée par les associations dans le bâtiment en nouvembre 2004 :

Egalement sur le site , la SOFERIM prévient qu’elle n’acceptera aucune responsabillité en cas d’accidents sur les lieux

" Ce terrain appartenant à Soferim depuis mars 2003, la société serait tenue pour responsable, avec les conséquences que cela suppose, de tout accident survenant sur ce site. La Soferim se doit donc de souligner que la vétusté, l’insalubrité, le défaut d’entretien des immeubles et l’absence de consolidation des carrières qui les supportent font malheureusement craindre à tout instant un accident grave, dont elle serait, en qualité de propriétaire, tenue pour responsable."

[...]

" La Soferim a donc mis en place une clôture et une partie de mur avec une porte afin de laisser l’accès aux derniers occupants d’une ruine squattée. "

On y apprend aussi que la SOFERIM a engagé des procédures pour un permis de construire depuis... l’an 2000 soit trois ans avant qu’elle en soit propriétaire.

Et qu’il y a un collectif (le collectif port-mahon) qui s’est battu contre le projet de la SOFERIM car ce bâtiment est classé momument historique et contient notamment "une sculpture de Decure".

La SOFERIM annonce un CA de 100 000 000 d’euros.
La Tombe issoire est en fait une ancienne ferme, un monument historique menacée par la spéculation

Le point de vue des "squatters" est différent. Du tout au tout. Le lieu est une ancienne carrière. La dernière ferme de Paris.

Un lieu pas si en ruine que cela. En tout cas un espace dynamique pour le quartier et défendu par de nombreuses association.

Politis avait fait un article en Octobre 2004

"Une quarantaine de familles occupe la dernière ferme de Paris dans le XIVe arrondissement. Leur présence est menacée par un promoteur, propriétaire des lieux. Deux collectifs défendent les habitants ainsi que ce trésor du patrimoine.

C’est une vieille ferme sise sur une carrière médiévale. Pas à la campagne, non, en plein Paris : dans le XIVe arrondissement, rue de la Tombe-Issoire, au 26 exactement. L’immeuble ne paie pas de mine. Si sa faà§ade maussade n’était percée d’une porte charretière, rien ne laisserait supposer l’existence, derrière le porche, d’une grande cour ouvrant sur une ancienne ferme de ville. Sous ses pieds, à près de 25 mètres de profondeur, un trésor : le chemin de Port-Mahon, carrière souterraine restée intacte depuis le Moyen à‚ge et classée monument historique en 1994."

Source :Politis

URL du site institutionel du promoteur : SOFERIM

URL du site de la SOFERIM sur ce batiment : 26-30 tombeissoire

URL du site du collectif port-mahon (qui regroupent près de 40 assocs) collectif port mahon

Les photos proviennent du site du collectif.