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Fred Vargas dénonce la volte-face des médias et plaide l’innocence du "polardeux"

Publie le mardi 18 mai 2004 par Open-Publishing

LE MONDE 12.05.04

Elle est en tête des ventes de polars, Fred Vargas, frise même insolemment les 300 000 exemplaires avec l’un de ses derniers succès, Pars et vite et reviens tard. Elle a décidé de mettre cette renommée au service d’un homme qu’elle connaissait à peine mais qui est "polardeux" comme elle, un ex-activiste italien, de quelques années son aîné, successivement plongeur, cuisinier, journaliste, et, à Paris, où il est réfugié depuis 1990, concierge et écrivain : Cesare Battisti. OAS_AD(’Middle’) ;

Mis en vente en librairie le 21 mai (comme la traduction, dans la même collection, des Observations sur la tortureécrite en 1777 par un homme des Lumières milanais, Pietro Verri), La Vérité sur Cesare Battisti a toutefois été adressé à la presse et à nombre d’élus avant que la chambre de l’instruction de Paris ne réexamine son cas, le 12 mai. Pénélope Komitès, adjointe (Verts) au maire de Paris, a mis la main à la pâte, tandis que Viviane Hamy, éditrice de l’écrivain, a tout naturellement accueilli le recueil dans sa propre maison.

L’ouvrage rassemble des textes de soutien que beaucoup d’intellectuels français ou de responsables politiques hexagonaux ont apporté à l’écrivain depuis son arrestation, le 10 février, ou des textes plus politiques : le communiqué du maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), qui justifie le "vœu" du Conseil de Paris de l’abandon de l’extradition au nom des "principes démocratiques", la lettre ouverte de 21 sénateurs ou celle de l’abbé Pierre à Jacques Chirac, le 18 mars.

On lira aussi avec intérêt l’entretien de l’ancien président du Conseil constitutionnel Robert Badinter au Corriere della Serra, le 5 mars : "Comme juriste, sans entrer sur le fond des débats, je répète que la position prise par un Etat, par l’intermédiaire de son plus haut représentant, ne devrait pas être contredit vingt ans après."

"LYNCHAGE MÉDIATIQUE"

Mais le "devoir premier" de Fred Vargas, celui qui motive son livre, explique-t-elle, c’est de "lever le voile épais que des magistrats subjectifs et des journalistes partiaux ou pressés ont jeté sur la vérité et sur l’Histoire". Pour elle, la presse française a "reculé ou fait volte-face", se mettant à "relayer subjectivement la propagande italienne en publiant les articles dévastateurs de célèbres magistrats italiens".

Au premier rang des accusés et de ses déceptions, Le Monde, "excellent exemple de la puissance des techniques de désinformation discrète et d’intoxication larvée". Invoquant le "lynchage médiatique" dont serait victime en France Cesare Battisti ou l’"autocensure des médias -qui- rend la défense inaudible", Fred Vargas reprend les clichés et les accents "complotiques" d’une critique des médias en vogue à l’extrême gauche.

Entre les textes des amis - dont beaucoup ont été publiés par... Le Monde -, le livre retrace aussi l’histoire des années de plomb. Fred Vargas défend bec et ongles la thèse de "l’innocentisme" de Cesare Battisti. "Nul ne crie davantage que celui qui a un secret à cacher. Battisti, lui, ne crie pas. Il a toujours nié les quatre homicides qui lui furent imputés, mais personne ne l’écoute."

Elle pense, comme certains des traducteurs et auteurs du livre - Valerio Evangelisti, Serge Quadruppani - que l’ex-activiste est la victime d’une conspiration fasciste de la justice italienne.

Une bonne partie des "Italiens" français et des soutiens à l’écrivain ne se retrouveront pas dans ces dernières analyses. Ils rejoindront plus facilement Fred Vargas lorsqu’elle rappelle qu’il faut défendre Cesare Battisti au nom de la "justice, de la politique, et de l’éthique", avertissant que, derrière lui, "une centaine d’hommes et de femmes -sont- également menacés du même sort".

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-364515,0.html