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Il faut utiliser d’autres moyens d’action que la grève...

Publie le mardi 17 juin 2003 par Open-Publishing
5 commentaires

Il faut utiliser d’autres moyens d’action que la grève et la manif traditionnelles

Je persiste à penser que la grève traditionnelle et son cortège de manifestations ne sont plus des outils adaptés face à un gouvernement déterminé et retors comme celui qui nous gouverne.

Il est évident que les grandes manifs à la chaîne comme nous en avons connu récemment n’impressionnent plus personne. A part peut être les manifestants eux-mêmes ?

J’ajoute que de par notre place dans la société, que nous soyons en grève ou pas, Raffarin et les autres s’en battent l’oeil grave.

Nous n’avons aucune influence sur la sphère économique ; nous nous battons même pour ne pas être confondus avec elle.

Nous sommes pacifiques (j’ai vu, à la Réunion, les manifestants s’arrêter aux feux rouges) et nous avons des états d’âme dès que nos chers élèves ont à pâtir en quoi que ce soit de nos revendications. Il suffira à l’avenir de placer systématiquement les réformes juste avant les examens pour être sûr de nous voir capituler rapidement.

Enfin nous sommes "démocratiques" à fond et nous rejetons toute décision qui n’emporte pas l’approbation de la majorité.

Nos méthodes désuètes, nos contradictions et nos scrupules ont de quoi faire pleurer de rire n’importe quel spécialiste des manipulations de masse.

Dans ces conditions, camarades, il va vraiment falloir inventer d’autres formes d’action, car nous ne sommes pas sortis de l’auberge !

A la Réunion un de nos établissements expérimente actuellement une autre forme d’action que la grève traditionnelle, à savoir l’occupation totale de l’établissement ; c’est le collège Marcel Goulette à Piton Saint Leu.

Ce n’est évidemment pas nouveau comme moyen d’action mais c’est très intéressant.

En effet si l’établissement est occupé nous sommes dans la même situation que lorsque l’établissement est fermé. Il devient impossible de distinguer les grévistes des non grévistes, les relevés de grévistes sont donc impossibles et on peut rester en grève très longtemps !

A l’occasion de l’occupation ou peut consacrer plein de temps à informer, les élèves et les parents, l’ensemble des personnels, les non grévistes, les médias etc..

On peut éditer des tracts à l’attention des médias, des politiques, de syndicats etc..

On peut utiliser les compétences de chacun ; les informaticiens, les graphistes, les « écrivains » les boute-en-train, les musiciens, les cuisiniers et cuisinières, les DJ etc.… pourront tous faire profiter leurs collègues et le mouvement de leurs multiples talents.

On peut se motiver ou se re-motiver ensemble à longueur de journée.

On peut communiquer en permanence grâce à Internet avec les autres établissements et le reste du monde extérieur.

Si un grand nombre d’établissements sont occupés et s’ils se mettent à communiquer entre eux, nous aurons la première « grève en réseau » de l’histoire et un joyeux bordel je vous en préviens.

Quand à nous déloger par la force de nos établissements je souhaite bon courage aux autorités. De toute façon, par définition, on ne pourra quand même pas fermer les établissements pour nous empêcher d’y entrer !

Et pour les nostalgiques on pourra toujours sortir manifester de temps en temps.

En ce qui me concerne je ne vois que des avantages à cette forme de lutte.

Et vous ?

« Trouver des moyens d’action sur notre lieu de travail. Personnellement je suis Atoss et j’en connais quelques uns : grève du zèle, grève administrative, suspension de nos fonctions de DRH, assemblées générales journalières et systématiques, occupation permanente des locaux comme le Collège Marcel Goulette, rédaction de tracts, pétitions électroniques, email bombing etc. . Si vous avez d’autres idées n’hésitez pas à nous les communiquer »

Est-ce ça la modernité des luttes ? franchement, cher collègue, tu peux t’amuser pendant des siècles avec ces gadgets sans réussir à faire bouger d’un pouce un gouvernement libéral ou pas. La grève telle qu’elle a été lancée ne conduit pas forcément à la victoire, mais ce n’est pas parce qu’elle ignore la technique/ technologie moderne. Il me semble que certains obstacles historiques (les directions syndicales par exemple) pèsent bien lourd. Comme disait un collègue de Valence : c’est dur de lutter contre un ennemi quand un soi-disant ami pèse sur notre dos.

Tout ce qui est évoqué comme modalités d’actions ressemble étrangement à ce que les ex- staliniens nous proposaient : grèves tournantes, grèves administratives... Pour rappel, le SNES appelait à une grève au travail le… 2 mai 1968 !!! Cela ne veut pas dire qu’on doive rejeter les occupations, les tracts et même les pétitions électroniques ou non (quelle importance ???), mais ce ne sont que des compléments de notre véritable arme : la grève. Pourquoi ? Parce que nos seuls forces sont le nombre et notre place dans la société. Nous sommes les plus nombreux et nous produisons les richesses de ce pays. Notre faiblesse : nous sommes salariés et donc peu/pas libres. Jusqu’à il y a quelques années, les syndicats rappelaient que leur objectif est (était) l’abolition du salariat).

Qu’on n’en déduise pas qu’il faut quitter les syndicats. Ce sont des outils usés et vérolés, mais des outils malgré tout. Je milite au SNES pour qu’il devienne un véritable syndicat démocratique et indépendant de l’Etat et des partis. C’est un boulot qui me dépasse largement, mais je m’y attache depuis 25 ans.

Bonne lutte,

Messages

  • Dans mon bahut on était 12 sur 40 à faire grève : les non-grévistes et l’administration ne nous ont considéré que comme des emmerdeurs. Aux AG on n’étaient qu’entre nous les non grévistes refusaient d’y participer. Et ce depuis le début !

    J’ai distribué la plaquette pour prendre la température : aucune réaction ?

    On a l’impression de prêcher dans le désert chez nous, c’est affligeant. Et on a fait la grève 4 semaines dans ces conditions. Bonjour le moral.

    Eric 92

    • Tu as raison camarade de lutte ! à ceci près : l’unique moyen pour
      faire plier c’est la GREVE GENERALE, INTERPROFESSIONNELLE ET
      RECONDUCTIBLE (cf. la greve générale de l’été 1953). Tout le reste,
      journées d’action, greve de 24 heures, greve de la consommation,
      pétitions et autres facéties ne sont que de la pisse de mammouth mal
      torché.
      Il faut bloquer, bloquer, bloquer.
      Et la grave erreur qui a détruit le mouvement des profs, ce ne sont pas
      l’approche des congés, c’est d’avoir plié sous la pression syndicale et
      de la conscience professionnelle de mes fesses et de ne pas avoir
      bloqué le bac.

      une seule action, impopulaire mais qui aurait été radicale et
      médiatique et revigorante pour tous. Maintenant c’est trop tard. A
      moins que cela ne reparte jeudi... ou en septembre... ou en octobre...

      henrique

    • « Trouver des moyens d’action sur notre lieu de travail.
      Personnellement je suis Atoss et j’en connais quelques uns : grève du
      zèle, grève administrative, suspension de nos fonctions de DRH,
      assemblées générales journalières et systématiques, occupation
      permanente des locaux comme le Collège Marcel Goulette, rédaction de
      tracts, pétitions électroniques, email bombing etc. . Si vous avez
      d’autres idées n’hésitez pas à nous les communiquer »

       

      Est-ce ça la modernité des luttes ? franchement, cher collègue, tu
      peux t’amuser pendant des siècles avec ces gadgets sans réussir à
      faire bouger d’un pouce un gouvernement libéral ou pas. La grève telle
      qu’elle a été lancée ne conduit pas forcément à la victoire, mais ce
      n’est pas parce qu’elle ignore la technique/technologie moderne. Il me
      semble que certains obstacles historiques (les directions syndicales
      par exemple) pèsent bien lourd. Comme disait un collègue de Valence :
      c’est dur de lutter contre un ennemi quand un soi-disant ami pèse sur
      notre dos.

       

      Tout ce qui est évoqué comme modalités d’actions ressemble étrangement
      à ce que les ex-staliniens nous proposaient : grèves tournantes,
      grèves administratives... Pour rappel, le SNES appelait à une grève au
      travail le… 2 mai 1968 !!! Cela ne veut pas dire qu’on doive rejeter
      les occupations, les tracts et même les pétitions électroniques ou non
      (quelle importance ???), mais ce ne sont que des compléments de notre
      véritable arme : la grève. Pourquoi ? Parce que nos seuls forces sont
      le nombre et notre place dans la société. Nous sommes les plus
      nombreux et nous produisons les richesses de ce pays. Notre
      faiblesse : nous sommes salariés et donc peu/pas libres. Jusqu’à il y
      a quelques années, les syndicats rappelaient que leur objectif est
      (était) l’abolition du salariat).

       

      Qu’on n’en déduise pas qu’il faut quitter les syndicats. Ce sont des
      outils usés et vérolés, mais des outils malgré tout. Je milite au SNES
      pour qu’il devienne un véritable syndicat démocratique et indépendant
      de l’Etat et des partis. C’est un boulot qui me dépasse largement,
      mais je m’y attache depuis 25 ans.

       

      Bonne lutte,

       

      Gilles (Valence)

  • l’avantage des manifs., c’est qu’il semble que les pouvoirs publics ne peuvent rien contre. J’ai donc utilisé une manif. à Montignac (24) pour démontrer qu’une seule personne peut troubler l’ordre public sans violence aucune.
    L’ennui, c’est notre asservissement volontaire à ce que nous croyons être "autorité". Le pouvoir n’existe que lorsqu’on lui fait la révérence. La Boëtie le disait déjà.
    Le corps enseignant nous a donné une conscience, celle-ci se rebelle contre la stupidité ou l’aveuglement des "responsables" qui ne voient pas que nos activités détruisent la planète.
    Il me semblerait nécessaire de définir ce que doit être un travail. Si ce n’est que pour gagner de l’argent, ça n’a pas de sens.
    Il serait alors préférable de faire une monnaie distributive, ainsi l’être humain ne serait pas pris en otage par les violents. Mettre tout le monde au même salaire est aussi une idée.
    Je crois qu’il faut savoir pourquoi l’on vit. Personnellement, je vis pour que l’équité advienne sur toute la terre. Un être humain est libre s’il ne nuit pas à autrui. Je peux nuire aux institutions, aux régimes, aux systèmes, aux personnes morales tout en respectant les lois. Nous avons un esprit de propriétaire, esclavagiste, colonialiste, capitaliste, la violence est en nous. mais il est possible de s’en débarrasser en en prenant conscience (à condition de ne pas regarder l’autre et se permettre de le juger)
    Obliger les "dominants" à réfléchir sur les directions qu’ils imputent, sur les choix qu’ils font, comment ils s’y prennent pour détruire la biosphère, le vivant, tout ça au nom de l’économie de marché, ou parce qu’ils veulent avoir leur PNB en croissance !
    Je n’accepte pas qu’on sacrifie la vie à l’argent

  • L’application stalinienne des théories de Karl Marx est justement ce qu’il ne faut pas faire si on ne veut pas détruire la possibilité de se débarrasser du capital ; ce n’est pas une contradiction, il suffit, justement, de bien regarder l’histoire.

    Mais si on se refait exclusivement à l’étude sérieuse des ses théories, nous pouvons constater que Karl Marx avait déjà clairement dit que si les prolétaires (c’est-à-dire ceux qui ne vivent que de leur travail salarié, nous !) voulaient arrêter d’être exploités par les détenteurs du pouvoir économique, il fallait s’approprier des moyens de production … donc, la suggestion de Gilles (de Valence) d’occuper les lieux de travail est à prendre en considération, mais il faudrait une grande cohésion des toutes les forces antilibérales, une forte détermination et être arrivés à un stade de maturation du ras-le-bol qui, de toute évidence, n’est pas le même pour tous … continuons de manifester, mais soyons conscients que pour ceux qui nous gouvernent ce n’est que du chatouillement aux pieds, car leurs panzers de reformes, de lois, de façon d’être, continuent implacablement à nous écraser !

    Maria Vittoria