Accueil > L’Union européenne boycotte la population palestinienne
L’Union européenne boycotte la population palestinienne
Publie le mercredi 19 avril 2006 par Open-Publishingde Bert De Belder
Naim Basim, le porte-parole du ministère palestinien de la Santé publique, a condamné ces décisions avec véhémence. « Elle doivent également être considérées comme un feu vert donné à Israël pour poursuivre ses attaques militaires contre le peuple palestinien », a déclaré Basim. La semaine dernière, Israël a tué au moins 16 Palestiniens dans la bande de Gaza et en a encore blessé une cinquantaine d’autres.1
Pour Intal (International Action for Liberation) il s’agit d’un « boycott européen contre la population palestinienne ». Le 10 avril, l’association a reçu une lettre de son partenaire à Gaza, les Health Work Committees. Leur président, le Dr Yousef Mousa, écrit : « Chers amis, le camp de réfugiés de Rafah à Gaza demeure une cible très convoitée par le gouvernement israélien. On dirait qu’il entend tuer tout le monde dans cet endroit très peuplé. Les assassinats ne s’arrêteront pas avec ce gouvernement. Le soutien des États-Unis encourage le Premier ministre israélien Olmert à poursuivre ses agressions et ses crimes. Il y a deux jours, le gouvernement Bush a imposé des sanctions économiques au gouvernement palestinien fraîchement élu et il a entamé un boycott de nos hommes politiques, parce que le gouvernement palestinien serait un gouvernement de terroristes. Il s’agit toutefois d’une sanction collective contre le peuple palestinien. L’UE fait d’ailleurs pareil. Les pays arabes semblent déchirés, sans espoir, et ne sont pas en état de nous accorder un véritable soutien. Il n’y a pas de mots pour décrire la situation dans laquelle nous nous retrouvons. »
Vous pouvez soutenir les Health Work Committees sur le compte n° 001-1951388-18 de l’asbl Médecine pour le Tiers Monde, en mentionnant « Palestine-HWC ». Les versements de 30 euros et plus sont fiscalement déductibles.
De larges protestations
La FGTB a récusé très rapidement la décision de l’Union européenne. De même, le mouvement de solidarité avec la Palestine est indigné. L’asbl Paix (Vrede) « estime carrément scandaleuse la décision de la Commission européenne. Le peuple palestinien, qui est victime de l’occupation israélienne, est sanctionné, alors que les pratiques terroristes criminelles du gouvernement israélien peuvent se poursuivre comme si de rien n’était2. »
Oxfam International a déclaré : « Les Palestiniens ont déjà toutes les peines du monde à survivre, plus de 60% de la population vit avec moins de 2,10 dollars par jour (le seuil de pauvreté, NdlR). Leur situation va encore s’aggraver si les donateurs internationaux ne versent plus d’argent à l’Autorité palestinienne. Une telle mesure affaiblirait également l’Autorité palestinienne et priverait les Palestiniens des soins de santé et de l’enseignement dont ils ont tant besoin, à un moment où l’économie palestinienne est gravement sous-développée en raison de l’occupation israélienne et du conflit3. »
L’Association belgo-palestinienne (ABP) et le Vlaams Palestina Komitee (VPK Comité flamand pour la Palestine) ont organisé sur-le-champ une pétition urgente par mail à adresser au ministre des Affaires étrangères Karel De Gucht4.
– 1 http://www.pnn.ps
– 2 http://www.vrede.be
– 3 http://www.11.be
– 4 http://www.intal.be
– 5 http://www.stopusa.be/Teksten/VPK.php
Une grave crise humanitaire
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) met en garde contre une crise humanitaire du fait de l’interdiction par Israël des importations et exportations dans la bande de Gaza. « Il est de la responsabilité de la puissance occupante, Israël, de veiller à assurer les besoins de base de la population palestinienne », déclare le CICR5.
L’UNRWA (United Nations Relief & Works Agency) est l’agence de l’ONU chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens. En raison de la fermeture des postes frontaliers à Gaza, « on risque une dangereuse pénurie en denrées alimentaires de base », explique le directeur de l’UNRWA pour Gaza. 765000 réfugiés y dépendent des livraisons de farine, d’huile, de sucre et autres denrées de première nécessité6.
L’Organisation mondiale de la santé met en garde contre le fait que le ministère palestinien de la Santé publique va devoir affronter « une crise financière aiguë » si les fonds nécessaires n’arrivent pas. C’est pourquoi les services de santé de Cisjordanie et de la bande de Gaza connaissent « une régression rapide », pouvant aller jusqu’à l’effondrement total, car 57% de tous les travailleurs médicaux sont payés par ce même ministère7.
5 Anadoula News Agency, Genève, 10 avril