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L’aide économique : une arme à double détente contre le peuple Palestinien

Publie le lundi 24 avril 2006 par Open-Publishing

La suspension de l’aide va tuer des êtres humains, l’aide parallèle vise la destruction de l’unité du peuple palestinien, c’est à dire la destruction de la résistance à l’occupation et au final l’anéantissement du peuple Palestinien. Exigeons avec force le rétablissement de l’intégralité de l’aide au gouvernement légitime du peuple Palestinien.

La suspension de l’aide va aggraver la catastrophe humanitaire :

Les ONG françaises, Médecins du Monde et Médecins sans frontières ont respectivement dénoncé les conséquences de cette décision. Nous mettons en garde ceux qui seraient tentés de penser que finalement l’essentiel est que l’aide arrive au peuple Palestinien même si c’est en contournant le gouvernement. En effet le prétendu remède serait pire que le mal. Car le plus grave est à venir et il se profile déjà. La distribution parallèle de l’aide va non seulement achever de déstructurer la société palestinienne, mais pire encore elle va être un germe de conflits, une incitation patente à la guerre civile. La suspension de l’aide va tuer des êtres humains, l ‘aide parallèle vise la destruction de l’unité du peuple palestinien, c’est à dire la destruction de la résistance à l’occupation et au final l’anéantissement du peuple Palestinien. Exigeons avec force le rétablissement de l’intégralité de l’aide au gouvernement légitime du peuple Palestinien.

Les discours sont inutiles ces quelques chiffres parlent d’eux mêmes. Ils sont extraits de la déclaration du PCHR (Comité Palestinien des Droits de l’Homme) intitulé « Punir la victime »

« - Ces décisions vont avoir de sévères répercussions économiques et sociales sur les conditions de vie dans les Territoires Palestiniens sous Occupation (TPO). Ces conditions se sont détériorées depuis des années suite à la politique de bouclage et de destruction des propriétés palestiniennes, de destruction et de confiscation de terres agricoles, et suite aux autres mesures prenant pour cibles les civils palestiniens. Les rapports de la Banque Mondiale indiquent que plus de 50% des Palestiniens dans les TPO vivent en-dessous du seuil de pauvreté.

Dans la Bande de Gaza la pauvreté touche plus de 70% de la population. Le chômage est en moyenne de 34% dans les TPO et de 44% dans la Bande de Gaza. Durant les périodes de bouclage complet, le chômage atteint 55% de la population en âge d’être active dans la Bande de Gaza. Les indicateurs économiques internationaux soulignent une diminution de 40% du revenu per capita comparé au niveau d’avant l’Intifada.

Les conditions économiques et sociales vont sans contestation possible encore plus se détériorer, spécialement si l’Autorité Nationale Palestinienne est dans l’incapacité de verser les salaires de ses employés. Dans ce cas ce sont près de 150 000 personnes qui devront être ajoutées aux statistiques du chômage. »

Les ONG françaises, médecins du Monde et Médecins sans frontières ont dénoncé les conséquences catastrophiques de cette décision. Médecins sans frontières refusant même, courageusement, le rôle de substitutif, « de palliatif social » que l’Union Européenne tente de faire jouer aux ONG. Cette décision de suspension est, à la lettre, criminelle car elle va provoquer des morts par centaines chez les plus fragiles d’abord : les nouveau-nés, les enfants, les malades et les personnes âgées.

La distribution parallèle de l’aide va provoquer une catastrophe politique :

Fidèle à sa méthode, « je promulgue puis je n’applique pas » le président de la France a voté avec l’UE pour cette suspension et aujourd’hui il déclare qu’il faut aider les Palestiniens et qu’il va faire acheminer cette aide par d’autres canaux que ceux du gouvernement. Une des lignes stratégiques des gouvernements Israéliens a été et reste : provoquer la guerre civile entre les Palestiniens. Ils n’ont cessé de harceler -avec quelque succès parfois, hélas- l’Autorité Palestinienne de Arafat, puis Mahmoud Abas, afin qu’ils arrêtent, emprisonnent et au final désarment la résistance Palestinienne. Ces arrestations et emprisonnements ont considérablement fait monter la tension entre l’AP et les partis engagés dans la lutte armée. C’est aussi cette politique jugée par certains, de "collaboration avec l’ennemi" qui a été sanctionnée lors des dernières élections.

L’attaque concertée contre le Hamas consiste en fait à ne pas reconnaître le gouvernement légitime palestinien, à ne pas traiter avec lui et enfin ne pas lui verser l’aide. Cette attaque doit être nommée pour ce qu’elle est réellement : une tentative pour déstabiliser tout le fonctionnement démocratique des institutions Palestiniennes. Comment peut fonctionner un gouvernement et donc un pays qui ne peut administrer car dans l’impossibilité de payer ses 150 000 fonctionnaires ? Le résultat en serait la guerre civile entre les deux partis les plus importants, le Fatah et le Hamas.

C’est ce que nous dit clairement le PCHR en condamnant le projet de distribution parallèle de l’aide : « Le risque est grand que les institutions de la société civile soient présentées comme des agents et collaborateurs de gouvernements étrangers, chargés de mettre en œuvre leur politique Les institutions de la société civile ne sont pas un corps étranger ou une alternative à l’ANP et au gouvernement palestinien Les institutions de la société civile ne sont pas qualifiées pour jouer le rôle d’alternative au gouvernement. »

Déjà des affrontements ont eu lieu à Gaza entre partisans du Hamas et du Fatah à cause des problèmes créés par la suspension de l’aide et l’annonce de sa distribution parallèle. Heureusement à l’issue d’une réunion qui avait commencé samedi soir, des responsables du Hamas au pouvoir et du Fatah se sont entendus pour mettre un terme aux hostilités. "Les deux mouvements sont convenus d’appeler" tous les Palestiniens à s’abstenir "de toute manifestation qui pourrait conduire à des tensions", a déclaré Maher Mekdad, un responsable du Fatah, en lisant un communiqué conjoint. "Ils sont convenus d’œuvrer ensemble pour renforcer l’unité nationale"(selon AP).

Gageons qu’ils sauront déjouer les pièges de cette arme à double détente.

Nous pouvons et devons les aider par nos actions (lettres, pétitions, rassemblements, communiqués, conférences etc.) en exigeant le rétablissement intégral de l’aide au gouvernement légitime du peuple palestinien !

JLM

http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=2549