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La France prisonnière de la spirale de l’endettement public (cf bruxelles)

Publie le mardi 9 mai 2006 par Open-Publishing

Les prévisions de printemps de la Commission européenne confirment que la France s’est montrée jusqu’à présent incapable d’arrêter la dérive de son endettement public, ce qui va la rendre d’autant plus vulnérable au choc démographique que prépare le vieillissement de la population.

Selon les chiffres publiés lundi, Bruxelles anticipe une dette publique qui atteindra 67% du PIB en 2007, contre 66,9% cette année et 66,8% en 2005. Après le bond de l’an dernier (2,3 points de pourcentage), cette dérive peut paraître négligeable mais elle se situe à contre-courant de la tendance à la baisse de l’endettement public constatée dans la plupart des pays de l’Union européenne, anciens comme nouveaux membres.

 »Le problème de la France est d’arrêter la dérive et de prendre en compte l’impact du vieillissement de la population, qui va se traduire, dès la prochaine législature, par une diminution de la population active », note l’économiste Jean Pisani-Ferry, directeur du centre d’analyse bruxellois BRUEGEL.

Or, selon la Commission, si la France devrait rester cette année tout juste dans les clous du pacte de stabilité et de croissance, avec un déficit limité à 3% du PIB, elle mordrait à nouveau légèrement la ligne en 2007, avec 3,1%.

 »J’aimerais que le gouvernement français adopte de nouvelles mesures (correctives) sans attendre 2007 » pour avoir une »sécurité plus grande », a déclaré Joaquin Almunia, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. »De nouvelles mesures seront de toute façon nécessaires pour le budget 2007 », a-t-il ajouté.

Bruxelles souhaite surtout que l’assainissement budgétaire procède de réformes structurelles et non pas d’opérations exceptionnelles, comme notamment les »soultes » versées au budget en contrepartie de la reprise des engagements de retraite des entreprises publiques.

Après la présentation à l’automne dernier d’un rapport alarmiste sur la dette publique française par une commission présidée par Michel Pébereau, président du conseil d’administration de la banque BNP Paribas, le Premier ministre français Dominique de Villepin avait promis pour le mois de juin des mesures détaillées, notamment une nouvelle règle imposant une réduction de la dépense publique de un pour cent par an en volume (soit 0,15% du PIB).

La dépense publique en France sera tout juste stabilisée d’ici 2007, à près de 54% du PIB, alors qu’elle va décroître dans la zone euro.

Raisonnant toujours »à politique inchangée », la Commission n’a pas tenu compte de cet engagement du gouvernement Villepin pour établir ses prévisions, alors qu’elle a incorporé l’impact négatif (de 0,25% du PIB) sur les finances publiques de la réforme fiscale déjà décidée pour 2007.

La situation budgétaire française est rendue d’autant plus délicate que le niveau des prélèvements obligatoires y est déjà nettement plus élevé que la moyenne de la zone euro. Les recettes totales du gouvernement représentent 51% du PIB en France, contre moins de 45% pour la zone euro.

La Commission relève qu’elles ont encore augmenté de 1,5 point de PIB en 2005, le fardeau fiscal progressant d’un point à 44,1%. »La tendance n’est pas la même que dans la zone euro », constate Jean Pisani-Ferry.

En outre, la Commission identifie des facteurs de risque à l’horizon, qu’il s’agisse d’une dynamique des dépenses de santé plus vigoureuse que celle prévue par le gouvernement français ou d’une reprise de l’investissement des collectivités locales à l’approche des élections de 2008.

Sur la longue période, le tableau publié par la Commission européenne donne la mesure de la spirale de l’endettement dans laquelle les majorités politiques successives ont entraîné le pays. De 41,5% en 1981, le ratio de la dette par rapport au PIB est passé à 58,2% en 2002. Et entre 2002 et 2007, il aura encore gagné près de 9 points.

(tageblatt : luxembourg)