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Edito du Monde
Fallait-il qu’il se taise pour ne pas effrayer l’électeur avant le référendum ? Thierry Breton a été totalement absent depuis sa nomination en février. L’ancien patron de France Télécom, nommé en fanfare ministre de l’économie et des finances, s’était tu.
L’échéance passée, Thierry Breton a présenté, mardi 21 juin, son diagnostic de la situation économique française. Il met les points sur les "i" : la France ne travaille pas assez, elle ne pourra pas "payer" son modèle social sans dynamiser sa croissance. Si un tel constat est désormais unanimement, ou presque, partagé parmi les économistes, il est neuf pour un ministre proche de Jacques Chirac. Le gouvernement avait pour politique économique d’attendre le retour d’une croissance de 3 %. Entre-temps, il fallait "protéger" le modèle social français. Dominique de Villepin a d’ailleurs repris cette politique, grosso modo attentiste, dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, moyennant quelques mesures sur l’emploi.
Thierry Breton est plus clair : "La France a des atouts importants dans la compétition internationale mais vit désormais au-dessus de ses moyens." La dette atteint 1 100 milliards d’euros et tout l’impôt sur le revenu des Français ne sert qu’à en payer les intérêts. "La seule solution" est de remonter le taux de croissance.
Comment faire ? Là aussi, les propositions du ministre sont classiques et reprises des bons et multiples rapports publiés ces dernières années : il faut "fortifier" les entreprises, en premier lieu les PME, car ce sont elles qui créent des emplois, et il faut développer l’emploi, c’est-à-dire inverser la politique malthusienne pratiquée en France depuis 25 ans, arrêter de "sortir" les jeunes et les vieux du marché du travail. Le ministre a fait sien le raisonnement que, pour accroître l’emploi, il fallait accroître le nombre de demandeurs d’emploi et non l’inverse, comme on le pense intuitivement.
Voilà pour les principes. On ne peut qu’y adhérer et féliciter M. Breton d’engager "une pédagogie" en ce sens.
On peut toutefois exprimer des doutes sur la mise en oeuvre de ces dits principes. Il faudrait que l’ensemble du gouvernement adopte ce diagnostic et c’est peu vraisemblable, à commencer par Jacques Chirac. On verra très vite ce qu’il en est dans les négociations budgétaires pour 2006, qui butent déjà sur la baisse du nombre de fonctionnaires.
Outre l’étroitesse des marges de manoeuvre politiques du ministre, celles qu’offre la conjoncture ne sont pas meilleures. La hausse du pétrole vient encore grossir la menace d’une sérieuse panne de croissance cette année : le ministre espère qu’elle atteindra entre 1,5 % et 2 %, mais les experts évoquent plus volontiers le bas de cette fourchette. On peut craindre, en particulier, que les ménages ne gonflent leur épargne devant la situation politique française et européenne et que les entreprises gèlent les investissements. La France manque d’élan politique et de moyens économiques pour se relancer.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-664444,0.html
Messages
1. > Le diagnostic Breton, 22 juin 2005, 15:06
La solution est dans la décroissance !
bougons-nous pour que qu’elle apparaisse comme un projet politique !
http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=2956
wapasha