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Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le gouvernement

Publie le jeudi 31 mars 2005 par Open-Publishing
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Chômage en hausse, moral des ménages et des
entreprises en berne, popularité en chute libre, grogne sociale
persistante... A moins de deux mois d’un référendum incertain sur la
Constitution européenne, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le
gouvernement.

La nouvelle hausse du nombre de demandeurs d’emploi en février (12.800
chômeurs en plus) a même provoqué un "couac" dans une équipe dont la
cohésion paraît de plus en plus fragile.

Pour la première fois, un de ses membres, le ministre de l’Emploi et de
la Cohésion sociale, a publiquement mis en doute l’objectif fixé par le
Premier ministre Jean-Pierre Raffarin d’une baisse de 10% du chômage en
2005.

Cet objectif ne "sera probablement pas tenu (...) dans les délais qui
ont été annoncés", a déclaré sur Europe 1 Jean-Louis Borloo, qui s’est
attiré une réplique immédiate de son collègue délégué à l’Industrie sur
une radio concurrente.

"On n’a pas la même vision et moi j’y crois, à cet engagement", a dit
Patrick Devedjian sur RMC. Jean-Louis Borloo "a tort", a-t-il ajouté.
"Il ne croit même pas à son propre plan (de cohésion sociale), c’est
dommage."

Le ministre délégué à l’Industrie n’en a pas moins jugé "très mauvais"
les chiffres de l’emploi, qui maintiennent le taux de chômage français
à 10,1% de la population active.

En déplacement à Marseille, le ministre de l’Economie Thierry Breton a
paru en retrait sur l’objectif de Jean-Pierre Raffarin : "Passer sous
la barre des 10% est l’objectif du gouvernement", a-t-il simplement dit.

Quant au Premier ministre, il a fait savoir dans un communiqué, après
une réunion à Matignon des ministres en charge de l’emploi, que le
gouvernement confirmait "la perspective d’une réduction significative
du chômage en 2005".

Il compte sur l’accélération du plan de cohésion sociale, en
particulier des nouveaux contrats censés favoriser le retour à
l’emploi, et sur le développement des services à la personne.

Cette mobilisation pour l’emploi, à laquelle tous les ministres sont
invités par Jean-Pierre Raffarin à participer, sera l’objet d’un
séminaire gouvernemental jeudi prochain.

Pas de quoi convaincre l’opposition de gauche : le président du groupe
socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé
"l’impuissance" et les "moulinets" du gouvernement et exigé une
"conférence nationale pour l’emploi et les salaires".

GRINCEMENTS DE DENTS

C’est précisément jeudi prochain que le président Jacques Chirac,
également en forte baisse dans les sondages, a choisi pour intervenir
sur TF1 et tenter, lors d’un débat avec des jeunes, de convaincre les
Français de la nécessité de voter "oui" à la Constitution européenne.

Les cinq derniers sondages publiés sur le référendum du 29 mai donnent
le "non" victorieux.

Le gouvernement peut certes se raccrocher à une légère révision à la
hausse de la croissance du PIB en 2004 : +2,4% au lieu de + 2,3% en
données corrigées des jours ouvrables, +2,6% en données non corrigées.
Mais l’économiste Marc Touati, de Natexis Banques Populaires, y voit
tout au plus la confirmation que la croissance ne crée plus d’emplois
en France.

"On est évidemment inquiet", confirme Laure Maillard, d’Ixis CIB. "On
n’a pas beaucoup de raisons de penser que la tendance du chômage peut
s’inverser rapidement. On pourrait avoir un chômage qui reste en
moyenne à 10% en 2005."

Comme la plupart de ses collègues, elle s’attend à un ralentissement de
la croissance au deuxième trimestre 2005. "Donc on a du mal à se
réjouir de la révision à la hausse de la croissance en 2004",
souligne-t-elle.

"C’est du passé", renchérit Emmanuel Ferry, économiste d’Exane. "Ce qui
compte, ce sont les perspectives et on a une chute de la confiance des
ménages."

Le moral des ménages français est reparti à la baisse en mars, avec un
indicateur résumé à -25 après -23 en février.

"Tous les soldes d’opinion sont défavorablement orientés", souligne
l’Insee dans son enquête mensuelle.

Une autre enquête de l’Insee, publiée mardi, a révélé que le moral des
industriels était tombé en mars à son niveau le plus bas depuis
décembre 2003 (indicateur synthétique à 101).

La situation est d’autant plus préoccupante que la situation des grands
pays européens partenaires de la France n’est pas non plus brillante.
En Allemagne, le nombre de chômeurs a atteint ainsi un nouveau record
en mars (4,967 millions en données CVS).

Enfin, le gouvernement peine à désamorcer la grogne sociale.

Les médecins urgentistes jugent ainsi insuffisantes les mesures
proposées pour améliorer la situation des urgences hospitalières et
maintiennent un appel à la grève pour lundi.

Quant à l’annonce cette semaine d’un coup de pouce de 0,8% pour le
traitement des fonctionnaires en 2005, elle a laissé les syndicats de
la fonction publique sur leur faim sans pour autant éviter des
grincements de dents au sein de la majorité.

Le sénateur UMP Philippe Marini, rapporteur général du budget au Sénat,
estime ainsi dans une interview publiée par Les Echos que "le risque
existe" de ne pas ramener en 2005 les déficits publics français sous le
seuil de 3% du PIB. (Reuters)

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