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Lettre aux administrateurs d’Attac France et aux adhérents de l’association.

Publie le samedi 2 septembre 2006 par Open-Publishing
10 commentaires

De Régis ROQUETANIERE

Chers amis,

Les conséquences prévisibles des disputes qui ont lieu en ce moment à la
tête de notre association risquent fort d’entraîner la mort d’Attac.

La tension que nous avons pu constater hier, lors du conseil d’
administration, n’est pas compatible avec les objectifs qui nous ont
rassemblés.

En adhérent à Attac nous avions choisi de rompre avec les usages et les
mauvaises habitudes du monde politique. Nous voulions une association
démocratique et transparente plus préoccupé de diffuser ses valeurs que de
susciter en son sein des rapports de force, ouverte, généreuse. C’est bien
comme cela que fonctionnement l’immense majorité des comités locaux ainsi
que nous l’on dit les centaines de représentants que nous avons interrogés
ce week-end à Poitiers.

Il faut reconnaître que cela n’est plus vrai en tête de notre association et
que cela doit changer sans délais. Les jeux les plus convenus, les longues
interventions sans valeur, les arguties les plus banales ont occupé 90% du
temps de ce CA. Cette dérive déjà observée l’an passé s’est énormément
aggravée.

Ce qui ressort de ce conseil d’administration du 29 août 2006 est minable et
n’a aucune chance de créer les conditions d’un sursaut. Les « 
adversaires »,
que je déplore d’avoir à qualifier de haineux, peuvent continuer quelques
temps encore leurs combats fratricides pour le pouvoir ou survivre un temps
dans une paix armée, mais tôt ou tard l’association éclatera : la création
du comité paritaire laisse en présence les représentants des deux clans.

Tant que cette situation durera la mèche brûlera.

Si, comme j’en ai l’intime conviction, vous êtes attachés à la défense des
justes raisons qui nous ont réunies c’est-à-dire la lutte effective et
résolue contre la financiarisation du monde, l’attaque en règle contre la
puissance égoïste du capitalisme, vous avez le devoir, comme chacun de
membres de l’association, de mettre un terme, sans délais, aux querelles
entre les membres du conseil d’administration, même si les arguments de part
et d’autre sont solides , même si des commencements de preuves sont
crédibles, argumentés ou vraisemblables. Le conseil d’administration s’est
enfermé dans un conflit hystérique. Il n’est plus responsable même si
chacun de ses membre pris à part reste raisonnable.

Comme un jardinier est contraint d’étêter un arbre pour lui assurer un
meilleur développement, il faut préserver l’avenir en adoptant quelques
mesures simples et radicales pour sauver Attac.

Je vous remercie de prendre connaissance des propositions suivantes,
volontairement limitées :

1. l’ensemble du conseil d’administration doit avoir le courage de
démissionner en bloc, de lui-même ou sous la pression légitime des adhérents
tant l’implication et le dévouement de ces derniers leur en donne le droit.

2. un conseil d’administration provisoire, chargé de la gestion des affaires
courantes, issu des adhérents individuels et non plus des clans en guerre
(donc sans référence au collège des fondateurs) doit être installé très
rapidement (15 jours, maximum un mois). Une élection étant impossible à
organiser dans un si bref et nécessaire délai, la désignation de ses membres
doit résulter d’un tirage au sort, sous contrôle extérieur, avec
désistement automatique afin de respecter la parité entre les hommes et les
femmes. S’agissant d’une charge et non d’un honneur, le refus d’accepter
cette responsabilité sera apprécié cas par cas par le conseil d’éthique et
de surveillance dont il est question au paragraphe 4. Pour la désignation de
ce conseil d’administration provisoire, je propose de reprendre le découpage
des 6 zones téléphoniques nationales afin d’éviter d’avoir à définir les
circonscriptions. Aucun des membres de ce conseil provisoire ne pourra faire
acte de candidature au conseil d’administration suivant.

3. les élections prévues en novembre ne devraient être ouvertes qu’à de
nouveaux candidat(e)s personnes physique notamment, non par ostracisme mais
comme moyen de remédier à la situation en cours.

4. un conseil d’éthique et de surveillance doit compléter les organes qui
sont déjà en fonction dans Attac. Ce nouveau conseil pourrait être
immédiatement opératoire si la désignation de ses responsables intervient
par tirage au sort. Sa première attribution sera d’assurer la continuité
thématique de l’association, mais, pour tenir compte des excès constatés il
ne pourra s’exprimer à l’extérieur de celle-ci que via le conseil d’
administration désigné ou ceux qui seront ensuite élus. Les membres du
conseil d’administration sortants et leurs prédécesseurs en seront membres
de droit pour deux mandatures consécutives maximum. C’est là et non devant
des tiers que doivent être résolus les conflits en cours, le recours à la
justice étant cependant toujours possible. Le conseil d’administration
provisoire décidera seul de l’opportunité d’en rendre publics les débats en
cours, les conseils d’administration futurs auront la charge d’assouplir
cette règle progressivement avec prudence et seulement pour les questions d
’éthique et de surveillance.

5. une viduité élective serait instaurée afin qu’aucun(e) élu(e) passé ou
actuel de l’association ne puisse présenter sa candidature, exclusivement à
titre personnel, avant d’être redevenu adhérant de base pour une période
qui ne saurait être inférieure au temps des mandats déjà exercés, étant
admis qu’il de sera pas possible d’être élu désormais plus de deux
mandatures consécutives et qu’aucune responsabilité à l’intérieur de l’
association ne peut être successive ni cumulable à une autre.

6. Le conseil d’éthique et de surveillance sera chargé de proposer au
conseil d’administration provisoire de nouvelles règles de fonctionnement
interne. Il devra en outre définir les sûretés nécessaires pour assurer la
transparence des consultations futures.

Merci de votre attention

Régis ROQUETANIERE
Du Comité Attac de Poitiers
Membre des organisateurs de l’Université 2006
Le 29 août 2006

Messages

  • Ca vaudrait presque le coup de balayer tout ça et de reconstruire à côté, mais sans les trouble-fêtes.

    Sarkozy ou Ségolène ne vous aurait pas envoyé des fossoyeurs par hasard ? A qui profite le crime ?

  • Je suis membre d’ATTAC et j’approuve ces propositions à 100% !

    • Moi je ne vois pas en quoi c’est profitable de mettre dans le même sac ceux qui ont bourré les urnes (ou du moins ceux qui ont profité d’un vote truqué) et ceux qui ont dénoncé la manœuvre. C’est complètement immoral et ça incite à fermer sa gueule pour le cas où le même genre de faits se reproduitait.
      La première chose à faire, c’est d’obliger ceux qui ont profité d’un scrutin manipulé à démissionner. D’ailleurs, s’ils avaient un minimum le sens de l’honneur, ils auraient dû le faire spontanément au lieu de s’accrocher au pouvoir comme des berniques à leur rocher.

      Denis

    • D’accord avec Denis.
      pol

    • On peut partager l’analyse de départ et contester les mesures radicales proposées. Difficilement applicables sans doute.

      Mais il vrai que le constat est amère. ATTAC association atypique "à nulle autre pareille" connait des conflits de pouvoir comme d’autres organisations. On se croyait sans doute épargné . Pourtant depuis Larzac 2003 et le projet de listes 100% Alter il y avait de l’eau dans le gaz. Mais peu de monde dans les comités avait pris la mesure du conflit qui germait . Avec la montée continue de cette conflictualité (notamment entre les deux trios face à face au CA) l’idéal qui avait engagé de nombreux militants débouche sur une profonde déception . Je suis de ceux-là moi qui a produit l’an dernier avant de mieux connaitre ce CA une contribution "Aimer ATTAC, comprendre ATTAC" . On pourrait parler de deuil .

      De plus, si l’on met à part provisoirement la conflictualité de sommet, il faut voir que c’est toute l’association qui est frappé par "l’impensable devenu possible" pour les uns "réalité" pour les autres, à savoir "la très forte probabilité de fraude" qui découle de la synthèse de René PASSET. Ceux qui sont sûr de l’existence de la fraude sont aussi affectés que ceux qui en doute, y compris au CA. Comme nul ne connait le coupable, si coupable il y a, la présomption d’innocence s’impose.

      Comment faire pour tout à la fois poursuivre l’enquête et maintenir une cordialité minimale ? Comment faire pour pacifier le CA dès lors que l’on écarte la solution de la table rase ? Lidèe avance sur une position intermédiaire , autrement dit sur une commission éxécutive mixte conservant la présence de Jacques NIKONOFF mais avec des pouvoirs partagés. C’est une phase qui réclame des abandons de chaque côté puisque certains veulent son départ complet, clé sur le bureau, et d’autres son maintien tel quel. Obtenir pareil compromis nécessite de longs débats et des tractations de couloirs tout aussi longues. C’est ainsi. On peut le regréter. C’est surtout extrêment fatigant pour les participants car une concentration est exigée pour trouver le compromis.

      La solution pourrait venir du dégagement d’un regroupement de personnes non alignées provenant de chacun des deux camps. Mais cela suppose-t-il un rapport de force au CA ? Doit-on créer une nouvelle tendance ? Je ne le crois pas . Il reste le recours au vote d’une orientation de troisième voie entre l’option proto-parti (axé sur 2007) et l’option mouvementisme (à but effacé et silencieux sur 2007) .J’ai proposé - voir site attac 35 - une perspective de "sortie de crise" fondée sur une orientation articulant à la fois travail propre d’ attac (AGCS, OMC, et les "classiques") et travail en commun avec d’autres associations soit en collectifs ponctuels, soit dans des forum, soit même sur des campagnes permanentes. J’attends de recevoir des echos favorables pour être plus incisif.

      CD

    • ...la diatribe molle, résignée, proposant la présomption d’innocence ( ! ) pour des faits avérés de CD me fait penser à la réflexion de cette grenouille qui ne se rend pas compte que l’eau de la casserole sous laquelle le gaz flambe va bientôt la trouver cuite...pauvre CD, et pauvre Attac !

      Quand il n’y a même plus de comportement de descence ( ! ) , de comportement éthique, démocratique, ou simplement moral de la part de "dirigeants" qui ne pensent plus qu’à des objectifs qui ne sont que les leurs ( sous couvert inadmissible d’intérêt général ! ) il faut effectivement procéder à l’étêtage.

      Lorsque, comme c’est le cas ici, seul le maintien à l’usure sans plus aucune légitimité prévaut, il convient de prendre des mesures en regards de ces dénis permanents de démocratie, faute de quoi, les choses continueront ainsi sans aucun espoir de changement.

      J’invite donc tous les C.L. à déléguer au plus vite un membre mandaté au siège de l’association pour prendre en main physiquement et effectivement la direction de l’association en maintenant en quarantaine, jusqu’à éclaicissement total des actes répréhensibles commis, tous les protagonistes de cette lamentable affaire de fraude.

      Laisser faire une fois de plus est assimilable à un crime contre l’humanité, l’humanité d’Attac d’abord, mais l’humanité toute entière ensuite.

      Attac dans son état actuel doit penser à autre chose qu’aux échéances de 2007 ( qui semblent être la pierre philosophale des jusqu’auboutistes de pouvoir Cassénien ou Khalfiste) pour lesquelles elle ne pèsera plus du fait de ces lamentables événements et de la responsabilité pleine et entière de "dirigeants" qui cherchent à se maintenir à tout prix, y compris celui de la désagrégation du mouvement. Auraient ils des objectifs inavouables ?

      Attac n’est la propriété de personne, et surtout pas de quelques "têtes dites pensantes" qui sauraient mieux que toute autre ce qu’il conviendrait de faire. Attac est la propriété pleine et entière de ses adhérents et des C.L. qui les représentent.

      Deux "présidents du déshonneur d’Attac" ne doivent pas sévir plus longtemps et l’honneur d’Attac doit être restauré au plus vite. Son honneur, ce sont ses militants qui en sont les garants, qu’ils prennent leurs responsabilités.

      Calixte EUROPE

    • ""Laisser faire une fois de plus est assimilable à un crime"" ... et laisser faire c’est se rendre complice.

      Moi qui suis de l’extérieur, j’ai du mal à comprendre pourquoi des "dirigeants" s’agrippent à leur fauteuil, alors même qu’ils sont contestés. S’ils respectaient un tant soit peu cette grande association qu’est Attac, ils se retireraient des affaires afin de ne pas lui porter préjudice plus longtemps.

      Maintenant, qu’on voudrait torpiller Attac, la discréditer aux yeux de l’opinion publique, on ne s’y prendrait pas autrement. Attac gênerait-il à ce point ?

    • entièrement d’accord !
      cette 3eme voix m’emmerde un peu
      car elle renvoie dos a dos ceux qui au minimum ont tenté de proffiter de la fraude et ceux qui en sont les victimes !

      d’autre part politiquement je ne comprends pas en quoi leur projet se distingue de celui de ceux qui luttent pour plus de collégialité...

      quand on pense en plus que Susan Khalfa et Gus proposent de se retirer pour faciliter les choses et que le clan Niko refuse de faire de même, ca en dit long sur leur soif de pouvoir au détriment des chance de survie d’attac.

      vivement les élections de Decembre !

      Denis (un autre)

  • "Un autre monde existe,
    il est dans celui-ci".

    Chacun peut se saisir de ce fragment du poète, en faire un incipit pour se dégourdir le penser .

    Un détour par l’ouvrage collectif inttulé "La politique des poètes ; pourquoi des poètes en temps de détresse" sous la direction de J.Rancière peut éventuellement permettre de sortir de toute illusoire ingénierie du débat logique, des sables mouvants du soupçon, et rédimer des mots que l’on croyait usés : confiance, démocratie, égalité.

    En effet "les mots maçonnent le vide" et ce n’est pas en filant la haine sur des quenouilles périmées que nous armerons notre commun vaisseau vers Cythère.

  • Je suis membre d’ATTAC depuis 4 ans et j’adhère tout à fait au courrier de Régis ROQUETANIERE. Ce qui m’a attiré dans l’association c’est ses capacités à effectuer des analyses pertinentes du monde dans lequel nous évoluons tous INDEPENDAMMENT de toute perspective électoraliste qui a trop tendance à favoriser le court terme. J’ai eu grand mal à effectuer mon choix, au vu des différentes professions de foi, aux récentes élections du CA, car la différence des lignes politiques des deux parties en présence ne sautait pas aux yeux pour un adhérent de base. L’analyse statistique des résultats coordonnée par René Passet m’a ouvert les yeux : il ne s’agit que d’une trop classique lutte de pouvoir qui conduit certains à "piper les dés". Dans une association classique, ce type de dérive survient de temps en temps et, le temps jouant son oeuvre, on n’en parle plus après quelques mois. Tel n’est pas le cas de notre association dont l’un des logos est "un autre monde est possible" : on touche -là au coeur de la "raison sociale" de l’association. Quelques collègues, un peu narquois, m’ont demandé mon avis suite aux révélations des fraudes précédentes : que répondre, sommes-nous encore crédibles ?
    Pourtant, propager notre regard critique sur le monde semble indispensable, particulièrement dans la période que nous traversons, dans laquelle tous les leviers de commandes sont dans les mêmes mains, où la forme prime sur le fond et où le discours complaisant sur la croissance, prônée par les hommes politiques de tous bords, se télescope de plus en plus avec la réalité d’un monde physique fini . Les capacités d’analyse d’ATTAC sont de plus en plus indispensables (à condition que l’association ne s’épuise pas dans un juridisme excessif) et je ne vois pas très bien ce qui pourrait la remplacer. Donc il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pourtant je crois qu’il est indispensable (et urgent) de changer l’eau pour préserver la santé du bébé...

    Denis (encore un autre)