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Monde libertaire HS n° 31 "l’extrême-gauche et les cités, passer aux actes ou passer aux urnes ?"

Publie le jeudi 21 décembre 2006 par Open-Publishing
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Monde libertaire hors série n° 31 du 21 décembre 2006 au 10 janvier 2007

Dans vos kiosques du 21 décembre 2006 au 10 janvier 2007, 40 pages en couleurs pour trois euros

« On tue un homme,on est un assassin, on en tue des millions, on est un chef, on les tue tous, on est Dieu. »

Edmond Rostand

Le sommaire

L’extrême gauche et les cités, passer aux actes ou passer aux urnes ? par J.-P. Garnier, page 3

Les syndicats de combat de demain, par Fabrice, page 7

Le Mexique en lutte, par Bélial, page 9

Abidjan, suite des événements, par Caserio, page 11

Vive le feu ! par Fred, page 14

Sébastien Faure, l’imposture religieuse, par P. Schindler, page 15

Les enseignements de la Grande Guerre, par F. Roux, page 19

Des foules, des bouches, des armes, par Édouard, page 24

De la psychiatrie, par J. Lesage de La Haye, page 25

Victimisation en société terrorisée, par L. Gallopavo, page 27

Du vécu sur l’Espagne de 1936, par T. Porré, page 32

Licencier en toute légalité, par L. Emma, page 33

Le dernier Chomsky, par N. Trifon, page 35

Contacts de la Fédération anarchiste, page 37

Les émissions des Radio libertaire, page 39

Et en prime un article :

L’extrême gauche et les cités
Passer aux actes ou passer aux urnes ?

Par Jean-Pierre Garnier

AUX DERNIÈRES NOUVELLES, la « question de l’insécurité » devrait jouir d’un statut d’exterrritorialité politique. C’est du moins ce qui ressort de la déclaration du président du groupe PS à l’Assemblée nationale, lors de la présentation par Sarkozy de son projet de loi sur la prévention de la délinquance, qui a publiquement souhaité que ce thème cesse de constituer « un enjeu entre républicains ». Et le maire de Nantes de préciser : « La délinquance et le crime doivent savoir qu’ils ont en face d’eux une détermination identique quelle que soit la couleur politique de celui qui l’exerce. »

Passons sur cette formulation maladroite – une détermination ne « s’exerce » pas, elle se manifeste ou s’exprime – pour n’en retenir que le contenu : « Le débat sur la sécurité est clos. » On le savait déjà depuis... 1988, lorsque le « socialiste » Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, avait utilisé cette formulation, sous les applaudissements ironiques des députés de droite, lors de la présentation d’une série de mesures répressives contre les « violences urbaines » qui ne faisaient que s’inscrire dans la lignée de celles prises par le sinistre tandem Pasqua-Pandraud. Depuis lors, tandis que la droite courait après le FN pour lui ravir la palme en matière de sécuritarisme, la gauche en faisait autant derrière la droite pour ne pas être taxée d’angélisme et de laxisme. Si bien qu’aujourd’hui, de l’extrême droite au PCF, c’est un véritable front national contre l’insécurité qui est en train de se constituer, sans que l’on soit même sûr qu’il ne finisse pas par rallier une partie de la « gauche de gauche ».

La LCR, pour ne mentionner qu’elle (1), dispose d’un conseiller hors pair en matière de sécurité en la personne du juge Didier Peyrat, ancien militant de l’organisation mais toujours en cheville avec ses leaders qui ne ratent jamais une occasion de lui ouvrir les colonnes des publications qu’ils contrôlent (éditions Textuel, revue Contre Temps, Rouge...). Surnommé « Le crime paiera » pour sa frénésie répressive par quelques collègues facétieux du Syndicat de la Magistrature, D. Peyrat aime à jouer les experts ès-voyoucratie auprès d’une organisation qui, il est vrai, a déjà cessé depuis belle lurette d’être communiste et révolutionnaire.

C’est pourquoi la devise qu’il a faite sienne, « réconcilier changement social et sécurité », pourrait fort bien être reprise par n’importe quel suppôt du social-libéralisme. Julien Dray, par exemple, autre rescapé de la LCR. Pendu maintenant aux jupes de Ségolène Royal, cet ancien meneur de la JCR passé au PS, dont les talents de manipulateur acquis dans l’organisation trotskiste avaient fait merveille pour neutraliser
le mouvement « beur » pour l’égalité au cours du premier septennat mitterrandien, a trouvé une nouvelle vocation dans les instances dirigeantes du parti : « réconcilier (lui aussi !) la gauche et la sécurité ». Guignerait-il, par hasard, un poste de « premier flic de France », place Beauvau, si la Dame aux caméras parvenait au faîte de son irrésistible ascension ?

Mais, revenons au juge Peyrat dans la mesure où ses diagnostics et ses préconisations, exposés en long et en large dans un ouvrage paru dans une collection dirigée par Daniel Bensaïd, le mentor intellectuel de la Ligue, sont révélatrices de l’état de décomposition idéologique avancée de ce que l’on appelait jadis l’extrême gauche (2). Comme beaucoup de ses congénères ayant troqué le léninisme et le trotskisme de leur jeunesse pour le citoyennisme, D. Peyrat a jeté le bébé de la théorie avec l’eau du bain marxiste.

Contrairement à ce que prétendent les « antisécuritaires », selon lui, les nouvelles modalités de l’exploitation et de la domination, autrement dit les rapports sociaux capitalistes ne seraient pour rien dans la multiplication et l’aggravation des délits ou des incivilités commis par la jeunesse populaire. Par « rapport social », il faudrait entendre, en effet, un « rapport entre les personnes », acception qui renoue avec la doxa bourgeoise la plus éculée. La montée de l’insécurité renverrait ainsi à une « montée du cynisme dans les rapports sociaux », c’est-à-dire dans les relations entre les individus. La délinquance, dès lors, serait elle-même un rapport social, négatif, bien sûr, qui irait à l’encontre des « fondamentaux de “l’être en société” ».

Lesquels se ramèneraient à la nécessité pour chaque individu de s’unir aux autres pour « faire face à l’adversité » et « ainsi persévérer dans son être ».

D’où l’équation « anthropologique » qui tient lieu de soubassement théorique à l’idéologie sécuritaire insufflée dans les rangs de la LCR : « Le désir de société, c’est le désir de durer, donc le désir de sécurité. » Impératif écologique oblige, cette sécurité ne pourra être que « durable », à savoir « capable de faire face aux secousses de la mondialisation qui, augure Peyrat, n’en n’est qu’à ses début ».

Olivier Besancenot peut bien clamer urbi et orbi son appétence « libertaire ». Il n’empêche que le « programme de refonte de la sécurité » proposé par D. Peyrat aux militants et sympathisants de la LCR peut être défini comme totalitaire, au sens plein du terme.

Sous couvert d’« élargir l’assise de la riposte à l’insécurité », de faire « le pari de la démocratie en valorisant la capacité de sécurité des citoyens », de « mieux enchâsser les institutions publiques – qu’« il ne s’agit pas de récuser », croit bon de préciser un homme qui leur doit son statut et ses revenus – dans la société civile », d’« y faire entrer, toujours plus l’extérieur à l’intérieur », de « développer les pratiques citoyennes dans le champ de la sécurité », c’est ni plus ni moins à permettre au pouvoir exécutif de faire le plein de ses exécutants que concourt « l’authentique tournant républicain des politiques de sécurité » dont ce juge, que l’on ne saurait assurément qualifier de « rouge », s’est fait l’avocat obstiné.

Néanmoins, étant donné la sensibilité politique supposée des destinataires de son discours, il fallait tout de même donner à ce « tournant républicain » un tour révolutionnaire, ne serait-ce qu’au plan sémantique.

Pour baptiser un type de société où il reviendra, somme toute, à chacun de faire la police, D. Peyrat a forgé une appellation qui ne demande plus qu’à être homologuée : « un socialisme de la civilité ».

On ne s’étonnera pas, dès lors, que pour oeuvrer à l’avènement de ce « socialisme civil » – dont D. Peyrat notifie quand même qu’il sera « moins tendu vers un avenir radicalement autre, qu’à la recherche d’une adéquation de la politique avec la socialité » –, un « service civil » doive être instauré « pour tous les jeunes hommes et les jeunes femmes » – donc obligatoire – « durant quelques mois dans les administrations de l’État (défense – donc militaire ! –, sécurité civile, santé, police, justice, etc.) ou les associations d’utilité publique », c’est-à-dire les courroies de transmission « autogérées » de l’État. Outre
l’argument ressassé du « brassage des individus », ce juge ne craint pas, sur sa lancée, de nous resservir « l’intégration et l’apprentissage de la civilité ». Bref, ce que ni Chirac ni Sarko ni Ségo – du moins pas encore – n’ont osé proposer, Peyrat l’inclut sans complexe dans cette version inédite du « programme de transition ». Et gare à qui y trouverait à redire.

On connaissait la judéophobie, l’islamophobie et l’homophobie.Voilà que le maître à « repenser l’insécurité » de la LCR, très écouté aussi par les hiérarques du PS et certains maires du PCF, invente, pour stigmatiser tous ceux qui rechignent à le suivre, un néologisme, la « sécuriphobie ». Seraient atteints de cette pathologie les « virtuoses du déni » qui s’entêtent à « tirer la question de l’insécurité vers la question sociale ». Autrement dit, « à fournir aux délinquants des excuses sociologiques », comme le reprochaient le Premier ministre L. Jospin et sa garde des Sceaux Élisabeth Guigou aux mauvais esprits qui trouvaient un goût liberticide à la Loi sur la sécurité quotidienne (LSQ).

Qui trouve-t-on parmi ces gens qui, « après avoir évaporé l’insécurité réelle, font tout simplement disparaître la nécessité d’une politique de sécurité », et que D. Peyrat baptise finement d’un autre néologisme : les « dénégationnistes » ? Des « libertaires radicalement anticapitalistes » et « certains réseaux de l’ultra-gauche » qui n’hésitent pas à « expliquer aux jeunes de banlieue qu’une partie de la société française leur menait une guerre de basse intensité » et que « l’un des objectifs de la “gauche gouvernementale” était de criminaliser la misère pour imposer la précarité aux jeunes prolétaires » ; des « altermondialistes » abusés par la « thématique douteuse de l’“obsession sécuritaire” » et l’« opposition caricaturale entre “État pénal” et “État social” » colportée par le Monde diplomatique ; des sociologues fourvoyés à qui « la thématique de “l’insécurité sociale” » engendrée par la précarisation de masse, qualifiée de « fourre-tout » par D. Peyrat, « sert à couvrir à la fois une négation de la spécificité du comportement délinquant et une répugnance de principe à l’égard des politiques de sécurité » ; last but not
least, car on n’est jamais si bien trahi que par les siens, les magistrats du Syndicat de la magistrature qui emboîtent le pas aux précédents : en cherchant à « dénicher derrière les illégalismes une sorte de contenu politique », ils ne feraient, eux aussi, « en la masquant », que « ratifier la résignation institutionnelle à l’insécurité de masse ».

La recherche des causes sociales de la « violence urbaine » dans laquelle se complaisent tous ces « sécuriphobes » aux dépens de l’observation de ses manifestations concrètes procéderait d’un « platonisme sommaire », d’une fuite hors de la caverne des réalités sordides vers le ciel des idées pures. Or, « une rupture claire avec l’angélisme » s’impose pour « faire émerger, à gauche, une politique de sécurité à la fois différente, efficace et communicable à la population ». Car « aucun parti, aucune alliance de partis, ne pourront, dans la décennie à venir, espérer obtenir une majorité durable de suffrages, quelle que soit la qualité de leur programme dans d’autres domaines, s’ils n’attestent de leur détermination et de leur capacité à en découdre avec cette délinquance qui inquiète une écrasante majorité de citoyens et en indigne un nombre non négligeable. » Et en cette période où la « démocratie participative » est censée épauler une démocratie représentative à bout de souffle, il va de soi que la reconnaissance par la gauche de la sécurité comme impératif catégorique ne saurait être pleine et entière sans « un appui politique à une mobilisation citoyenne contre la délinquance ». Selon D. Peyrat, il « existe une offre de participation citoyenne, en générale méconnue, quand elle n’est pas discréditée ». Ici et là, en effet, des groupes de résidents d’ensembles de HLM se sont déjà organisés pour « assurer la tranquillité dans les parties communes » ou « reprendre possession d’une rue dévorée par les trafics de stupéfiants ». Bref, « un énorme potentiel reste inemployé », et il reviendrait à la gauche de « favoriser la participation, l’initiative, l’action citoyenne » en matière de sécurité, sans que cela signifie, bien sûr, qu’elle doive se substituer « à l’action de l’État et de la Justice ».

De la théorie – si tant est que l’on puisse désigner de la sorte les vaticinations sécuritaires du juge Peyrat – à la pratique, il y a un pas plus ou moins difficile à franchir selon les cas. Les émeutes de novembre 2005 vont offrir au leader historique de la LCR, Alain Krivine, l’occasion de donner l’exemple.

Résidant à Saint-Denis, à proximité d’une zone « chaude », localisation permettant donc un contact privilégié avec le peuple, il a participé aux événements... en défendant, contre les « casseurs », sa voiture et sa copropriété ! (3)

Certes, il reconnaissait là une « explosion de l’exclusion », diagnostic qui n’avait rien de bien révolutionnaire : ce sera aussi celui des renseignements généraux. Mais A. Krivine s’est montré plus prolixe dans le magazine Marianne, connu pour son absence républicaine de mansuétude à l’égard des « sauvageons », lorsqu’il reprendra le récit de « ces nuits folles où, à soixante, les habitants font des rondes jusqu’à deux heures du matin pour éviter que la détresse n’attaque leurs murs. Cela crée des liens. Les réseaux de solidarité se sont renforcés », positivait le leader trotskiste. (4) « Pourquoi », lui demanda le journaliste qui l’interviewait, « ne pas embrigader les émeutiers pour la révolution ? » « Aucune organisation politique ne peut être comprise de ces jeunes », répliqua A. Krivine, qui semble oublier que les leaders éduqués du parti bolchevik étaient quand même parvenus à se faire entendre des ouvriers, soldats et paysans analphabètes de la Russie tsariste. Et quand le journaliste lui signala que, lui, il allait « aller parler aux jeunes », Alain lui répondit, presque inquiet « vous verrez, c’est tout noir ».

« La LCR a toujours été pragmatique. Lorsque l’émeute vient lécher les parkings et les murs des immeubles un peu plus cossus que ceux du reste de la zone, il s’agit d’abord pour elle de défendre la propriété. (5) »

Dans la bouche d’A. Krivine, des pratiques qui ont un air de famille avec celles d’une milice de petits propriétaires deviennent des « liens de solidarité » qui se renforcent. Pour un peu, il nous ferait croire qu’un soviet était en gestation dans l’ex-banlieue rouge ! Quant à la conscience politique de la LCR, parlons en !

Si le 31 octobre, un premier communiqué dénonçait la politique sécuritaire du pouvoir, dès le 3 novembre le ton changeait, et la LCR s’alignait sur la position du PCF, lequel à corps et à cris, réclamait le « retour à
l’ordre » et la punition des émeutiers. Ainsi, peut-on lire dans un communiqué de la LCR daté du 3 novembre 2005 que « la vague de révolte et de violences suscite une inquiétude profonde parmi la population », ce qui permet à toute la gauche officielle, Parti communiste en tête, d’enclencher le discours selon lequel, pour retrouver la quiétude, « rétablir l’ordre est une urgence extrême », sans oublier de préciser que « les responsables des violences et des dégradations doivent être sanctionnés. (6) » Ceux qui, jour après jour, dégradent sciemment nos conditions de vie avec une violence à peine voilée peuvent dormir tranquille. « C’est sur les opprimés que la gauche et l’extrême gauche appelaient les “sanctions”, pas sur leurs oppresseurs. (7) »

Affolement de gens surpris par l’événement ?

Rien n’est moins sûr. Un an plus tard, alors que le « calme » était revenu dans les « banlieues », le député-maire « communiste » de Vénissieux, André Gérin, faisait placarder dans sa ville, et, sans doute fier de son initiative, jusque dans la presse nationale (8), un « Appel à la population » qui a dû remplir d’aise le juge D. Peyrat. Surmonté de l’intitulé « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE » accompagné de la devise « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ », le tout encadré de deux drapeaux bleu-blancrouge, ledit appel était calqué, au plan iconographique et par le ton martial adopté, sur les vielles affiches de mobilisation générale apposées à la veille ou au lendemain des déclarations de guerre. Sauf que l’ennemi n’était plus aux frontières de la Patrie, mais déjà installé au coeur de la cité. Un ennemi multiforme : trafiquants, mafieux, intégristes, voyous, incendiaires de poubelles, lanceurs de cailloux...

L’heure était à la « résistance républicaine et au courage civique », à « l’engagement citoyen », au « réveil démocratique ». Mais la campagne électorale pour les présidentielles avait déjà démarré. Au-delà des « sauvageons », un double spectre hantait l’imaginaire des édiles de Vénissieux, sinon de leurs administrés. « ARRÊTE de valoriser Sarko, de travailler pour Le Pen », intimait l’appel, sans que l’on sache bien si cette injonction s’adressait au fauteur de troubles, réel ou potentiel, ou si elle était là pour dresser le reste de la population contre cet empêcheur de voter en rond. Le slogan qui, toujours en majuscules, ponctuait la fin de l’article évoquera, au moins parmi les anciens, des combats moins douteux : « LA VIOLENCE NE PASSERA PAS ». Comme si ce genre d’appel ne s’inscrivait pas dans un processus appelé à se développer au cours de ce siècle, s’il n’y est pas rapidement mis fin : une fascisation rampante, d’autant plus insidieuse qu’elle se draperait d’atours – ou d’oripeaux – progressistes.

Si réveil, résistance et engagement il doit y avoir, par conséquent, ce serait plutôt contre ce danger-là. Cette mise en garde vaut aussi pour certains rebelles de conforts chouchoutés par les médias qui en viennent à concilier la posture « libertaire » qui leur sert d’image de marque avec une indulgence pour le sécuritaire frappé du sceau « populaire ». Promu « Rédac’chef » d’un jour dans le journal gratuit Métro, voici ce que l’un d’eux opinait à propos de « la montée de la gauche » – en fait, d’un parti populiste à tendance protectionniste et xénophobe – lors des dernières élections aux Pays-Bas : « On voit que quand la gauche s’empare de territoires traditionnellement occupés par la droite, comme la sécurité, l’ordre, cela fait un carton. Les gens qui veulent un environnement sûr ne sont pas tous des fachos. (9) » Il ne reste plus à notre « libertaire » qu’à aider S. Royal à rédiger ses prochains discours sur « l’ordre juste » pour donner à ce dernier un air primesautier. Car l’expérience historique a depuis longtemps montré, d’une part, que « la gauche » n’est qu’une appellation usurpée lorsqu’elle fait la politique de la droite, et, d’autre part, que c’est sur « le désir des gens qui veulent un environnement sûr » que le fascisme a souvent prospéré.

Jean-Pierre Garnier

In le Monde libertaire hors série n° 31 du 21 décembre 2006 au 10 janvier 2007

Dans vos kiosques du 21 décembre 2006 au 10 janvier 2007, 40 pages en couleurs pour trois euros

1. LO dénie toute légitimité à la révolte des jeunes des cités en raison de son « absence de contenu de classe », ainsi que l’a confirmé son hostilité – en fait, son incompréhension – face aux « émeutes » de l’automne 2005.

2. Didier Peyrat, En manque de civilité,Textuel, 2005.

3. Le récit qui suit est tiré du Combat syndicaliste CNT-F, n° 93, janvier 2005.

4. Marianne, 12 novembre 2005.

5. Combat syndicaliste, numéro cité.

6. Communiqué du Parti communiste français du 3 novembre 2005.

7. Combat syndicaliste, numéro cité.

8. Cf. Libération du 29 novembre 2006.

9. Michel Onfray, Métro, 23 novembre 2006.

Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA)

Chaque jeudi dans les kiosques, 24 pages en couleurs d’actualité anarchiste

Messages

  • QUE DIRE DE CE TISSUS D’ANERIES SINON QUE LES ANARCHISTES VALENT BCQ MIEUX...
    C’EST INTERESSANT DE VOIR COMMENT DES ORGANISATIONS COMME LA FA SE PERMETTENT DE PASSER LEUR TEMPS A CALOMNIER LA LCR ALORS QUE LE COMBAT DU MOMENT EST PLUTOT CONTRE LE MEDEF , LA DROITE ET L’EXTREME DROITE...
    MALGRE TOUT, J’ESPERE QUE L’ON SE VERRA DANS LES LUTTES AUX COTES DES SALARIES ET DES OPPRIMES.
    REDGUI
    MILITANT LCR

  • oui, mais …

    La FA a signé la déclaration unitaire sur les émeutes, dont un paragraphe disait : « Les violences sont auto-destructrices. Elles nuisent essentiellement à ceux dont elles dénoncent l’exclusion. Faire cesser les violences, qui pèsent sur des populations qui aspirent légitimement au calme, est évidemment nécessaire. Dans ce contexte, l’action des forces de l’ordre, qui doit s’inscrire dans un cadre strictement légal et ne pas conduire à des surenchères, ne saurait être la seule réponse. »

    La Ligue s’et désolidarisée de ce passage, pas la FA.

    • le communiqué de la FA suite aux émeutes de novembre 2005 :

      http://public.federation-anarchiste.org/article.php3?id_article=232

      Emeutes et répression partout en France : Pas de justice, pas de paix !
      Communiqué de la Fédération anarchiste

      mardi 8 novembre 2005

      Les événements qui agitent les banlieues françaises depuis près de deux semaines sont bien l’expression d’une révolte dont on ne peut nier l’aspect politique. On ne peut nier l’existence d’une situation émeutière contre des représentants ou des symboles d’un ordre social inégalitaire, raciste et oppressant qui considèrent la jeunesse des quartiers populaires comme une « racaille » devant être nettoyée au « Kärcher » puis moisir en prison. Dans ce contexte, mettre le feu à une voiture, à un bâtiment public ou à des commerces est un acte politique, qui même si nous pouvons nous interroger sur le bien fondé de ces actions, notamment sur le fait qu’elles nuisent plus aux classes populaires qu’à a la bourgeoisie et aux vrais responsables de cette situation sociale, reste le seul moyen d’expression d’une jeunesse à qui la société n’offre aucune autre perspective que la galère, la frustration et le flicage. Nier les origines sociales de cette violence est le premier outil qui permet de mettre en place des politiques répressives de criminalisation de la misère et des banlieues.

      A force d’ignorer que c’étaient des humains qui vivaient dans ces cités dortoirs construites à la va-vite hors des villes où furent parqués les immigrés et les pauvres. Ces cités qui sont un condensé de toutes les erreurs urbanistiques et donc de toutes les difficultés de vie pour les individus. Ces cités où il n’y a aucun espace de socialisation pour se retrouver. Ces cités où le chômage et la misère sont le quotidien des adultes et le devenir des enfants. Il n’était pas nécessaire d’être sociologue ou devin pour prévoir ce qui se passe aujourd’hui. Quand on nie l’individu a ce point il est naturel qu’il se révolte. Quand les politiques se scandalisent du non respect des jeunes de banlieue pour les institutions républicaines Ils semblent oublier que la République ne les a guère pris en considération depuis des décennies.

      Mais au fil de déconvenues électorale et de provocations d’un Ministre de l’intérieur qui a le « sens du dialogue », ces êtres marginalisés, bafoués et sans cesse montrés du doigt se sont révoltés spontanément. Il n’y a guère que le Ministre de l’intérieur pour croire à une organisation structurée. Les responsables ce sont bien ceux qui ont permis la construction de telles « cités » et ceux qui ont laissé se dégrader les conditions de vie de ces populations en ne leur apportant pas l’aide et le soutien dont elles avaient besoin.

      Le quadrillage des quartiers par les forces anti-émeutes et par les unités de choc de la police appuyés par des hélicoptères volant toute la nuit au ras des habitations ainsi que le rappel de réservistes ne sont qu’une surenchère militaire du gouvernement qui ne contribuera qu’a attiser le feu et la colère. Des milliers d’interpellations et de gardes à vue, plus de 700 mises en examen pour des motifs fréquemment farfelus et des preuves le plus souvent inexistantes dans des conditions de défense désastreuses ne régleront en aucune façon le malaise social des banlieues et de la jeunesse.

      L’application de mesures légales exceptionnelles comme le couvre feu relevant des lois spéciales datant de la guerre d’Algérie est une véritable provocation à l’adresse de la jeunesse en colère ainsi qu’un danger fondamental pour les libertés publiques. Le texte de loi prévoit sur simple ordre des préfets l’instauration de couvres feux, des perquisitions de jour et de nuit, l’interdiction de séjour ou l’assignation à résidence pour toute personne menaçant, selon les critères du gouvernement, l’ordre public, l’interdiction de rassemblement, la fermeture des cinémas, des théâtres, des cafés, et des lieux de réunion, mais aussi le contrôle de la presse écrite, télévisuelle et radiophonique ainsi que le web.

      Après la répression systématique des mouvements sociaux et syndicaux (intervention du GIPN contre les postiers de Bègles, inculpations massives des anti-OGM, l’assaut héliporté du GIGN et des commandos-marine contre les mutins du « Pascal Paoli »), l’Etat prépare la guerre sociale contre les pauvres et contre tous les résistants à cette société de classes. La fuite en avant du gouvernement dans une dérive fascisante inquiétante doit mobiliser toutes les composantes du mouvement social et syndical pour organiser la défense de nos libertés et de nos conquêtes sociales.

      Oui il y a des raisons de se révolter, mais brûler des voitures (appartenant à des personnes parfois aussi pauvres), frapper au hasard ne fait que du tort et ne fait que renforcer tous les replis identitaires (qu’ils soient nationalistes ou religieux). Notre révolte doit prendre sa source contre les véritables responsables de la misère et de la précarité installée : le capitalisme et l’Etat. Et notre révolte ne prendra de sens qu’en s’organisant contre le capitalisme et ses effets destructeurs, en s’organisant dans les quartiers contre les huissiers, contre des logements trop chers, pour des vrais services publics (égalité d’accès passant par la gratuité des transports...)...

      La Fédération anarchiste exige le retrait des forces répressives, le retrait et l’abrogation des mesures d’urgence et des lois d’exception, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les jeunes révoltés, la libération de toutes les personnes emprisonnés ainsi que la lumière sur les circonstances de la mort de Ziad Benna et Bouna Traoré. La Fédération anarchiste tient à témoigner son soutien aux habitants, aux familles, ainsi qu’aux travailleurs des quartiers victimes de la violence sociale de certains émeutiers comme celle de la police.

      Mettre en échec ce gouvernement fascisant, méprisant et arrogant ne pourra se faire que sur le terrain du rapport de force : la construction d’un mouvement social débarrassé des parasites politiciens et bureaucrates, fonctionnant et se coordonnant sur la base du fédéralisme libertaire, de la gestion et de la démocratie directe dans une perspective de transformation révolutionnaire de la société constitue la condition indispensable à la conquête de l’égalité économique et sociale, gage de la liberté et de la sécurité pour toutes et pour tous !

      Qui sème la misère récolte la colère !

      Pour une société égalitaire et libertaire

      La révolution reste à faire !

      Fédération anarchiste

    • dans la référence numéro 3 il faut lire numéro de janvier 2006 dela CNT AIT et non numéro de janvier 2005 de la CNT F

  • merci de cet article, cela nous change un peu du discours de tous les encartés pleurnichars à genoux devant leur madonne mgb.