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Nettoyage au karcher d’une association d’aide aux SDF

Publie le mardi 10 avril 2007 par Open-Publishing

Lettre à l’encore Ministre déléguée à la Cohésion sociale (!!!)

Madame le Ministre,

Le 12 janvier dernier, tous les salariés de l’association O.S.E.R se sont mis en grève pour réclamer une révision de leur budget, leur permettant de répondre de façon satisfaisante aux missions qui leur sont confiées. Aujourd’hui, après plus de 80 jours de campement devant les fenêtres de la Préfecture de l’Ain, une grande partie de ces salariés, dont une majorité de syndiqués, poursuit le mouvement. Nous sommes tous des travailleurs sociaux conscients des responsabilités qui sont les nôtres auprès des publics que nous accueillons. A tout moment, nous avons répondu aux demandes, inquiétudes et besoins des personnes qui étaient hébergées au foyer. Nous avons continué à servir les repas et trouver des solutions d’hébergement aux personnes qui le souhaitaient, à remplir divers dossiers permettant l’accès aux droits, à accompagner les déménagements de personnes accédant à des logements, etc... Le CHRS le FAR était certes fermé, mais pas les autres services (Mobile Home, ALT, Service Extérieur, Hôtel Social). Le travail administratif et éducatif n’a jamais été interrompu. En concertation avec les hébergés, les adhérents et sympathisants, nous avons décidé de rouvrir progressivement le CHRS, tout en maintenant le camp devant la préfecture.

Lors de l’audience du 22 mars dernier, le Tribunal de Grande Instance de Bourg-en-Bresse a décidé d’accorder une nouvelle période d’observation à OSER, dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire dont elle fait l’objet depuis le 2 février. Malgré la décision du préfet de ne pas verser la dotation mensuelle de mars, sans aucun respect du Code de l’Action Sociale et des familles, nous avons pu, grâce aux dons d’adhérents et de salariés, pu présenter lors de l’audience au TGI, des comptes équilibrés qui ont permis d’éviter la liquidation.

Vous avez rencontré une délégation dans vos bureaux le 7 mars dernier, et vous aviez dit qu’en fonction du jugement, vous étudieriez ce qu’il était possible de faire pour nous aider à sortir du blocage que nous rencontrons ici. Aujourd’hui, nous savons que vous n’interviendrez pas.

Aucun incident ne s’est produit sur le camp devant la préfecture. Une solidarité encore plus forte avec les personnes que nous accueillons est née de ce mouvement. Nous sommes présents ensemble, aux côtés d’adhérents, de sympathisants, etc... devant les grilles de la préfecture les lundis, mercredis et vendredis, pour nos rassemblements et nos revendications sont communes.

Si nous avions eu des rapports normaux avec l’inspecteur DDASS, puis avec son directeur, et par la suite avec le préfet, nous n’aurions pas eu à vous interpeler. Nous n’avons jamais pu discuter de façon constructive avec vos délégués.

Nous attendions un échange autour du schéma départemental permettant de dégager les besoins du département en matière d’accueil et d’hébergement, nous avions des propositions à faire, etc... Mais celui-ci s’est fait dans notre dos. Avant même que celui-ci ne soit finalisé, les conventions 115 et « accueil en urgence de familles avec enfants » en mobile home nous ont été brutalement retirées, sans raison. Nous avons contesté la façon utilisée pour donner à d’autres le 115, sans aucun respect de la légalité, et avec un coût trois fois supérieur au nôtre. Nous avons mené une action devant le tribunal qui a statué mais le préfet n’a pas jugé bon d’exécuter le jugement. Quant au service « Mobile Home », les familles dans le besoin auraient du disparaître en même temps que ce service. Il n’existe aucune autre structure dans le département pour les accueillir. Comme nous pouvions financièrement poursuivre cette mission, nous avons continué à accueillir des familles, bien souvent orientées par les divers services sociaux partenaires. L’hôtel « Le temps des Cerises » n’a pas été reconnu comme pension de famille, malgré le soutien depuis plusieurs années de la Fondation Abbé Pierre.

Nous savons aujourd’hui que le préfet a demandé à d’autres de proposer un projet de CHRS pour l’accueil de femmes avec ou sans enfants, avec mutualisation des moyens pour faire fonctionner conjointement le 115. Ce projet serait financé à partir des crédits Vautrin. Belle manœuvre pour ne plus reconnaître les projets d’OSER. Notre projet d’extension du CHRS pour l’accueil de familles avec enfants a été validé par le CROSM, mais nous attendons toujours le financement... Nous pensons que nous pourrions nous aussi bénéficier de ces crédits. Une autre association de Bourg a vu son projet de pension de famille validé sur Bourg-en-Bresse..

Nous avons continué à dire haut et fort ce que nous pensions, mais il n’aurait pas fallu que nous le fassions, car en conséquence, le budget de notre CHRS le FAR a été attaqué : 30% de réduction en deux ans... Le rapport de l’administrateur a permis de tordre le cou aux mensonges assénés par le directeur de la DDASS, qui nous accuse de mauvaise gestion, en mettant en évidence que seule l’activité du CHRS est déficitaire, alors que les « Mobile Home » et l’hôtel sont en excédent. Nous avons démontré que le déficit du FAR est bien du à une baisse drastique de ses moyens depuis deux ans, et non à un soi disant dérapage de la masse salariale. Il fallait nous réduire pour nous étouffer, mais le dernier souffle est là, et nous sommes déterminés à ne pas le laisser mourir. Que nous reproche t-on ? Certes, nous discutons les politiques sociales, mais nous sommes toujours du côté des plus démunis, qui n’ont pas toujours la parole pour s’exprimer.

Tout est mené pour anéantir cette association qui est la nôtre et que nous défendrons jusqu’au bout, sans aucune inquiétude d’effacer du paysage urbain :
• un CHRS existant depuis trente ans, ouvert 24h sur 24, 365 jours par an,
• un service d’accueil d’urgence de familles avec enfants, inexistant ailleurs dans le département.
• un hôtel social qui loge depuis 1993 des personnes venant d’habitats précaires et à revenus modestes,
• un service d’accueil ALT, sollicité par tous les services du département. Le préfet a-t-il pensé un instant qu’en voulant se débarrasser de nous, il n’allait pas devoir se justifier et expliquer son entêtement à ne pas vouloir chercher une solution satisfaisante pour sortir de ce conflit, auprès d’une centaine de personnes qui risquent de se retrouver sans toit, sans plus aucun accompagnement et qui font confiance à une équipe présente auprès d’eux quotidiennement. N’a t-il que si peu de considération envers ces personnes pour les traiter ainsi ? Pense t-il qu’elles vont se taire et courber l’échine ?

Et nous, salariés, que devons-nous penser de cette attitude, que nous jugeons irrespectueuse dans la non reconnaissance du travail que nous faisons chaque jour ? Beaucoup de salariés ont plus de trente ans d’ancienneté et ont toujours gardé une grande motivation dans l’exercice de leurs fonctions. Notre fonctionnement, comme vous le savez, est particulier. Le Conseil d’Administration de l’association délègue ses pouvoirs à l’équipe de salariés. Nos responsables sont élus par l’équipe et nous représentent sur l’extérieur. Ils ont la confiance de tous et chacun de leurs propos sont les nôtres. Le dialogue n’a pas été rompu qu’avec ces trois personnes, mais avec toute une équipe soutenue par son conseil d’administration, par les hébergés, les adhérents, les sympathisants, etc...

La colère gronde et s’amplifie. Des solutions pour sortir de cette crise peuvent être trouvées, mais pour cela, il faut absolument qu’un dialogue reprenne, dialogue que le préfet a, hélas, rompu. Chacun a des droits et des devoirs. En tant que représentant de l’Etat, son devoir est d’être à l’écoute du peuple, et il n’a pas le droit de rester sourd plus longtemps. Oui, nous sommes en grève et nous ne lèverons pas le camp, comme l’exige le préfet pour verser la dotation mensuelle (il n’est pas notre employeur, seulement notre financeur). Il s’attaque au droit de grève et de manifestation reconnue par la Constitution, et de plus, il s’assoit sur le Code de l’Action Sociale et des familles.

Tous les salariés sont stressés par cette situation de crise, fatigués, écœurés, blessés, et leur agacement et leur colère n’en est que grandie. Ce mouvement qui dure depuis si longtemps démontre l’attachement et la passion des salariés à l’égard d’une mission qu’ils entendent continuer à accomplir dans des conditions satisfaisantes.

Jusqu’ici, vous n’avez eu à essuyer aucun incident. Combien de temps arriverons-nous à contenir toute cette injustice ?

Les propositions que nous avons faites au préfet permettaient de mutualiser les moyens et de faire baisser le coût du CHRS. Le préfet n’a jamais répondu à nos propositions. Toutes nos demandes cadraient avec les mesures prises dans le cadre du Plan Vautrin. Le préfet ne les a jamais relayées pour nous faire bénéficier des crédits susceptibles de nous être alloués.

Nous vous demandons donc d’intervenir pour qu’un dialogue reprenne avec le préfet, en vue de négociations permettant de sortir de cette crise qui dure déjà depuis trop longtemps. Nous vous demandons également, vu le climat actuel, l’intervention d’un médiateur.
 http://www.oser-lefar.org