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Nous avons besoin d’Attac

Publie le dimanche 27 août 2006 par Open-Publishing
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Appel de Toulouse

La situation interne à Attac et l’image extérieure qu’elle renvoie sont graves pour l’avenir et la pérennité de notre mouvement. Le Comité Local d’Attac Toulouse lance cet appel pour tenter de sortir d’une situation délétère que les valeurs fondatrices de notre mouvement, son ambition, l’engagement sincère des forces vives qui le composent, ne méritent pas.

Avec la naissance d’Attac en 1998, un grand espoir est né, espoir de contrer la dérive néo-libérale qui tend à imposer dans tous les domaines sa logique marchande.

Un autre apport d’Attac est d’avoir fait le lien entre les problèmes globaux et locaux, d’avoir expliqué comment la démocratie a été confisquée par les sphères financières, comment les citoyens ont été dépossédés de leur pouvoir politique.

Enfin, puisque le libéralisme touche de plein fouet chaque individu, les forces aptes à lui résister sont très diverses. Attac a su prendre en compte cette diversité et, par sa capacité à rassembler, en faire une force. Cette spécificité s’est traduite dans l’organisation même d’Attac qui, dès le départ, s’est dotée de structures particulières. Les Membres Fondateurs et les Membres Actifs ont fait de notre association un mouvement à la fois souple, pluriel et solide. Les Comités Locaux sont venus faire d’Attac un mouvement d’éducation populaire bien ancré au niveau local et en prise avec la vie concrète des citoyens de toutes nos régions. Enfin, le Conseil Scientifique est venu renforcer la capacité d’expertise d’Attac et faire de notre association une force d’analyse et de proposition désormais reconnue par tout le mouvement social.

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Les dérives d’Attac

Depuis quelques années, la voix forte et claire d’Attac a été brouillée par un certain nombre de dérives dommageables et dangereuses.

Tout d’abord, la direction actuelle a cherché à stigmatiser certaines tendances du mouvement social. Des articles de notre président ont été publiés dans la presse (Libération du 18-08-2003, Le Monde du 23-08-2003) qui mettaient en cause certaines sensibilités dans notre association, certaines méthodes de lutte, certains individus.

Ensuite, notre association a pris le risque à plusieurs reprises de s’isoler du mouvement social. Attac s’est peu impliquée, par exemple, dans la préparation du grand rassemblement du Larzac de l’été 2003, tandis que les Comités Locaux et leurs adhérents s’y sont fortement engagés. Un autre exemple est le refus initial d’Attac de participer aux collectifs du NON lors de la campagne contre le Traité Constitutionnel, alors que nombre de Comités Locaux ont soutenu l’Appel des 200 et ont mené notre campagne victorieuse avec l’ensemble des tenants d’un Non de Gauche, inventant ainsi un nouveau rapport à la politique.

D’autre part, nous avons assisté, de la part d’Attac, à une certaine dérive politique. Ainsi, la tentative inavouée d’impliquer Attac dans le combat électoral, en 2004, avec la mise en place de listes « 100% Altermondialistes », n’a été abandonnée que grâce à l’émoi de nombreux Comités Locaux et de leurs adhérents.

Plus grave encore, nous avons perçu plusieurs dérives dans le fonctionnement démocratique d’Attac.

Les articles de presse précédemment cités ont été publiés sans concertation ni débat, à la seule initiative du président d’Attac. La direction nationale d’Attac est loin de respecter la démocratie. Votée majoritairement par les adhérents, la résolution de l’Assemblée Générale de décembre 2005 pour la mise en place d’une co-présidence d’Attac n’est pas appliquée. Le fonctionnement au consensus qui avait fait la particularité d’Attac est mis à mal. Pour une association comme la nôtre, ces questions de démocratie sont très sensibles car c’est sur ce terrain que les précédentes tentatives pour construire un autre monde ont échoué.

Enfin, des attaques sans précédent sont menées depuis peu contre les membres fondateurs, soudainement présentés comme une entrave au fonctionnement démocratique d’Attac. En fait, ces attaques apparaissent au moment même où la direction actuelle se trouve minoritaire au sein du collège des fondateurs et du CA, alors que l’on approche à grand pas de l’AG élective. Nous ne croyons pas à une simple coïncidence. C’est une stratégie électorale. Une bipolarisation artificielle a été inventée, nous plongeant dans une soi-disant lutte de courants très éloignée de la culture d’Attac.

Aussi, en raison de ces actions répétées destinées à stigmatiser ou à exclure des composantes de notre mouvement, nous estimons que la direction actuelle, et principalement notre président, ont failli dans la mission à rassembler dans la diversité qui est l’un des fondements de notre association.

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Des conséquences inacceptables

La plupart des Comités Locaux participe à différents collectifs articulant ainsi concrètement l’ambition fondamentale d’Attac d’être un mouvement tourné vers l’action. La défiance à l’égard des Membres Fondateurs, sciemment fabriquée, nuit sur le terrain aux relations que les Comités Locaux d’Attac tissent avec ces Membres Fondateurs et leurs militants. Nous ne l’acceptons pas.

Les listes électroniques, instrumentalisées en démultiplicateur artificiel de la crise interne, sont paralysées par quelques individus qui accaparent l’outil de travail indispensable à une association dont les adhérents sont dispersés géographiquement. L’agressivité, le mépris, l’arrogance règnent et paralysent le débat, la recherche de consensus, la capacité d’intelligence et en conséquence le potentiel de travail exceptionnel des militants d’Attac. A terme nous y perdrons notre force de conviction. Nous ne l’acceptons pas.

Pendant qu’Attac se déchire, la démolition sociale continue, le libéralisme progresse. Les divisions internes entretenues depuis plusieurs mois prennent le dessus, accaparent les énergies et détournent la capacité de mobilisation d’Attac de nos objectifs de lutte. Nous ne l’acceptons pas.

Face à cette situation, apparemment inextricable, le découragement voire l’écœurement gagne aussi bien les Membres Actifs que les Membres Fondateurs et les membres du Conseil Scientifique. Malgré un parcours exceptionnellement réussi au sein de la campagne référendaire, qui a renforcé positivement la popularité d’Attac, l’association perd des adhérents en nombre significatif. La pérennité d’Attac est en danger. Nous ne l’acceptons pas.

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Sortir de cette dynamique mortifère

Dans ce contexte, l’AG élective du 17 juin prochain constitue une échéance cruciale.

Le renouvellement du CA doit permettre de lancer un message fort : il s’agit, par le respect des valeurs fondamentales et de la diversité d’Attac, de mettre un coup d’arrêt à la dynamique mortifère que nous subissons aujourd’hui.

Le respect de la décision prise en AG (décembre 2005) du principe d’une co-présidence au prochain CA s’impose. Ce principe permettra d’apaiser les débats actuels focalisés sur l’élection du futur président. Nous attendons des membres du CA un engagement sur sa mise en œuvre effective.
Pour bannir, sur les listes électroniques, les invectives qui participent d’une logique de division terriblement efficace, nous attendons du bureau qu’il fasse respecter les règles de déontologie élémentaires.

Nous souhaitons pour l’avenir un poids plus important des Membres Actifs au CA, mais ce rééquilibrage doit auparavant faire l’objet d’un débat approfondi dans Attac.

C’est encore plus vrai pour le principe du vote par collège car un tel changement serait de nature à remettre en cause l’identité même de notre association. Faire appel aux adhérents pour choisir entre les Membres Fondateurs, c’est prendre le risque d’aller à la fracture de l’association et à la recomposition de tendances qui précisément tuent le débat démocratique en figeant les positions. Invoquer la démocratie pour faire passer sans débat un tel changement structurel relève de la manœuvre politicienne et ne respecte pas la déontologie démocratique la plus élémentaire : on ne change pas les règles à la veille des élections.

C’est pourquoi nous reconnaissons au Collège des Fondateurs, garants de la diversité d’Attac, le droit de désigner ses représentants au prochain CA. Et nous attendons des Membres Fondateurs qu’ils fassent usage de la responsabilité statutaire qui est la leur aujourd’hui pour contribuer à redonner à Attac une direction capable de rassembler dans la diversité et le respect.

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Nous avons besoin d’Attac

Devant l’extrême gravité de cette situation, il s’agit de défendre les fondements même de notre association : respecter la diversité, organiser une dynamique rassembleuse, et plus généralement faire de la politique autrement.

Nous refusons la dynamique destructrice qui prévaut aujourd’hui.

Après un débat collectif, l’Assemblée Générale du Comité Local d’Attac Toulouse, qui s’est tenue le 10 mars 2006, a mandaté les 18 membres de son Bureau nouvellement élu pour rédiger cet appel.

Forts de ce mandat, nous invitons les Comités Locaux et leurs adhérents à débattre de nos propositions, à enrichir nos analyses. Nous leur demandons solennellement de soutenir cet appel.

Le Bureau d’Attac Toulouse

http://www.attac-toulouse.ouvaton.o...

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