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Pétition en soutien à Grégoire Deniau et Bertrand Coq

Publie le mardi 23 septembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Défense de notre liberté d’expression : la pétition est ouverte à tous ceux qui refusent toutes les pressions politiques.

de Comité de soutien à Grégoire Deniau et Bertrand Coq

C’est avec stupeur que nous avons appris l’éviction brutale de Grégoire Deniau, de son poste de directeur de la rédaction, pour un prétexte que nous jugeons fallacieux.

Cette éviction a été précédée de celle d’un rédacteur en chef Bertrand Coq.

Aujourd’hui nous nous posons clairement la question de la dimension politique que revêtent ces renvois.

La direction affirme publiquement qu’un mensonge à propos d’un débat avec des révisionnistes du 11 septembre serait la cause du renvoi de Grégoire Deniau.

Concernant Bertrand Coq, son comportement serait à l’origine de ses tourments avec la direction.

1- Nous pouvons dire qu’un certain nombre de journalistes affirment sans réserve avoir progressé grâce au professionnalisme de Bertrand Coq.

2- Les journalistes de FRANCE24 renouvellent leur estime et leur confiance en Grégoire Deniau, qui s’est toujours montré à la hauteur de sa tâche, de ses fonctions et de sa responsabilité.

A travers les sanctions infligées aux deux seuls prix Albert Londres de notre rédaction, c’est tout l’ensemble du personnel qui est sanctionné.

Les journalistes ainsi que le personnel technique louent le courage et le professionnalisme de nos deux confrères.

Signez la pétition de soutien ici : http://www.lapetition.com/sign1.cfm...

Wane Fatimata Journaliste
Payen Cyril Journaliste
Kane Solomon Journaliste
Lambert Stéphane Producteur
Mariani Pascale Journaliste
CABON ANNE journaliste
le lohé catherine Journaliste
SALAZAR-WINSPEAR Olivia Journaliste
kara Julie Journaliste
CHEHAB ALYA Journaliste
Igier Juliette Journaliste
Dudzinski Thomas Journaliste
Meyer Guillaume Journaliste
RANSOM Nicolas Journaliste Reporter d’Images
fenwick Gallagher Journaliste
Mellet Sabine Journaliste
Johan Bodin Journaliste
Bracciano Willy Journaliste
Marina Bertsch Journaliste
Joubert Marie Sophie Journaliste
kesrouani Pamela Journaliste
Roche Noémie assistante d’édition
Sissmann Sarah Journaliste
de Scitivaux Nicolas Journaliste
quéméner jean-marie
DALLY EVY Journaliste
Hakiki Karim JRI
berruyer franck
Vanier Cyril
BILLET CLAIRE Reporter
RENARD ALEXANDRA JOURNALISTE
frade Hélène Journaliste
martin Florian assistant de direction
Langlois Roméo Journaliste
hallier Pascal chef de production
Rousseau Sylvain journaliste reporter d’image
Drouet Hélène journaliste
Caulcutt Clea Journaliste
Yahiaoui Karim Journaliste
Simon Constantin journaliste
Kammourieh Lanah Journaliste
MARTIN Guillaume Journaliste Reporter d’Images
Téaldi Jean-François Grand Reporteur ; Secrétaire général SNJ-CGT Audiovisuel

Messages

  • La chaîne américaine NBC peut mettre France 24 sur la paille

    La chaîne française a diffusé des épreuves des JO sans détenir les droits de retransmission. L’amende pourrait être salée.

    Cet été, NBC n’a pas du tout apprécié de voir que France 24 diffusait sur Internet, et notamment sur YouTube, l’intégralité de la finale du 100 mètres des Jeux olympiques. De l’aveu même des dirigeants de la chaîne française, les Américains pourraient leur réclamer « de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’euros ».

    Le lendemain de l’épreuve-reine des Jeux, NBC a passé un coup de fil au service de gestion des droits télévisés du Comité international olympique. Lequel a à son tour contacté France 24, l’enjoignant de retirer de son site web les images litigieuses. Ce qui fut fait fissa.

    Au total, France 24 a retransmis des images des JO pendant les dix premiers jours, parfois en direct, sur ses antennes française et anglaise, sur son site Internet, et sur une page de YouTube, avec qui elle avait signé un partenariat.

    NBC diffère la diffusion de la finale, France24 la met sur Youtube

    Pour que cette utilisation frauduleuse soit repérée, il a fallu que NBC -qui avait payé 608 millions d’euros les droits exclusifs de retransmission des JO aux Etats-Unis- décide de différer de plusieurs heures la diffusion de la finale du 100 mètres, priorité étant donnée à un match de basket de la NBA en direct.

    Les équipes de la chaîne ont donc surveillé ce qui se passait pendant ce temps sur le web, et en particulier sur YouTube, premier site de partage de vidéo en Amérique du Nord.

    Du côté de France 24, on attend en tremblant la réaction des services juridiques de NBC, qui n’ont pas donné de nouvelles depuis le lendemain du 100 mètres : si la chaîne américaine obtient « quelques centaines de millions d’euros » de compensation, France 24, dont le budget s’élève cette année à 87 millions d’euros, mettrait la clé sous la porte.

    L’affaire est d’autant plus inquiétante que toutes les chaînes de la planète qui possédaient les droits pourraient faire condamner France 24 pour la même raison, si toutefois elles peuvent faire état, comme NBC, d’un préjudice (en raison de la diffusion différée d’épreuves, par exemple).

    Selon la direction, Grégoire Deniau est responsable

    En théorie, comme toute chaîne ne détenant pas les droits de diffusion, France 24 avait un simple « droit à l’information », limité en ce qui la concerne à un total d’une minute d’images par jour, et pas plus d’un tiers de chaque épreuve. Mais France Télévisions, qui possédait les droits pour la France, l’avait autorisée à reprendre des images « avec parcimonie », selon l’ex-directeur de la rédaction, Grégoire Deniau.

    La direction affirme que cette décision de diffuser les JO sans en détenir les droits avait été prise par Deniau, et constitue donc un des motifs de son licenciement. De l’avis de journalistes, ce serait même la seule « vraie » raison, sur laquelle la direction serait restée discrète pour ne pas provoquer de réaction de NBC.

    Contacté par Rue89, Grégoire Deniau affirme que « tous les membres du directoire de France24 étaient au courant qu’on diffusait ces images. Imaginez-vous sérieusement que j’aie pris cette décision sans en référer au directoire ou au service juridique ? De plus, ce n’est pas moi qui ai appliqué cette décision, puisque je suis parti en vacances avant le début des JO. »

    http://www.rue89.com/2008/09/23/la-...

  • France 24 : deux mises à pied pour une mise au pas

    de Régis Soubrouillard

    Invoquant une « faute lourde » la direction de France 24 a mis à pied le directeur de la rédaction et le rédacteur en chef de la chaîne. Mais pour la rédaction, c’est une reprise en main. Juliette Igier, déléguée syndicale SNJ-CGT, s’inquiète du sort des journalistes de la chaîne info.

    Marianne2.fr : Les dirigeants de la chaîne, Alain de Pouzilhac et Gérard Saint-Paul, sont venus s’expliquer mercredi devant la rédaction sur l’éviction de son directeur, Grégoire Deniau, et du rédacteur en chef de la chaîne, Bertrand Coq. Leurs explications vous ont-elles convaincues ?

    Juliette Igier : Ils mettent essentiellement en avant une émission qui a fait polémique sur les thèses conspirationnistes autour du 11 septembre 2001. La direction a estimé que cette émission n’aurait pas dû avoir lieu sur France 24 et que Grégoire Deniau avait outrepassé cet avis.

    Ces arguments nous semblent complètement fallacieux. Ils servent tout juste à éviter les questions qui fâchent. Grégoire Deniau et Bertrand Coq se sont imposés dans cette rédaction. Ils n’étaient pas aux ordres. Sans doute que la direction attendait le bon moment pour les évincer.

    On évoque des tensions entre Christine Ockrent et Grégoire Deniau, l’indépendance des deux journalistes vis-à-vis du Quai d’Orsay ou un livre de Bertrand Coq (1) dans lequel Bernard Kouchner n’était pas épargné. On se souvient également d’un passage houleux de Kouchner dans une émission de France 24. Plus largement, pensez-vous que ces évictions marquent une tentative de reprise en main de la rédaction ?

    Pour ce qui est de Christine Ockrent, nous n’avons même pas eu besoin de poser la question à la direction. On nous a assuré que cela n’avait rien à voir... Reste que Christine Ockrent n’est pas venue dans nos locaux depuis plusieurs jours, donc il est difficile de se prononcer sur ce point. Désormais, nous sommes surtout inquiets de savoir qui vont être leurs remplaçants pour juger de ce qui nous attend. Peut-être seront-ils remplacés par des personnalités plus malléables, moins attentives aux reportages de terrain, au travail des correspondants, etc.

    Quelle est aujourd’hui la situation au sein de la rédaction ?

    La rédaction est encore sous le choc. Elle n’a pas pris la mesure de cette décision. Les correspondants ne comprennent pas. On est abasourdis ! Grégoire Deniau et Bertrand Coq étaient très respectés, tous deux prix Albert Londres, des esprits indépendants. Tout cela s’est passé très brutalement. Pouzilhac a pris son téléphone et deux minutes après, Grégoire Deniau quittait son bureau. On voyait bien que depuis quelques jours il y avait des réunions, mais rien ne filtrait. Il n’y a de toute façon quasiment aucune communication des dirigeants vers la rédaction dans cette maison.

    Comment comptez-vous réagir ?

    Pour l’instant, la rédaction est très mobilisée mais aussi tendue et très inquiète, car si deux prix Albert Londres sont mis à pied de cette façon et traités de la sorte, on se dit que tout le monde est menacé. Surtout à un moment stratégique où se dessine tout l’avenir de l’audiovisuel extérieur. Nous avons mis en ligne une pétition, l’antenne fonctionne mais nous réfléchissons à des actions plus fortes.

    (1) « Les Tribulations de Bernard K. », Ed. Albin Michel

    http://www.marianne2.fr/France-24-d...

  • Christine Ockrent fait-elle le ménage à France 24 ?

    Grégoire Deniau, directeur de la rédaction, et Bertrand Coq, rédacteur en chef adjoint, ça fait deux journalistes virés en 24 heures : il y a de quoi se poser des questions…

    Depuis que Grégoire Deniau, le directeur de la rédaction de France 24 et son rédacteur en chef adjoint, Bertrand Coq ont été virés, à 24 heures d’intervalle, le tout Paris médiatique explose en conjectures. Au départ de l’histoire, un patron vire deux de ses salariés. Un énième et regrettable « Je ne t’aime plus, je te vire ». Quoi de plus banal ? Sauf que France 24 n’est pas qu’une entreprise, c’est un média. Et dans un média, quand on vire des journalistes, on se demande encore plus qu’ailleurs pourquoi.

    Alors pourquoi ? Comme toujours dans ce type d’histoire, plus on déroule le fil, plus il s’allonge.

    Du côté de la direction, on explique que les deux cas n’ont rien à voir : Bertrand Coq est licencié parce qu’il rudoyait trop ses troupes, surtout féminines. Grégoire Deniau a, quant à lui, fait l’erreur de laisser passer un débat sur le 11 Septembre sur le thème du complot, pourtant interdit par la direction de la chaîne. En résumé : « Les deux affaires tombent en même temps, c’est pas de bol, mais faut bien prendre des sanctions. »

    Les deux grands reporters, tous deux prix Albert-Londres, étaient en fait sur la sellette depuis plusieurs mois. Copains depuis leurs jeunes années à la Cinq, ces deux baroudeurs, grandes gueules, pas franchement académiques, pas toujours respectueux des règles, menaient leurs troupes à la hussarde... ce qui donnait du punch aux reportages, mais ne plaisait pas à tout le monde. « Indépendants », disent les uns, « Ingérables » disent les autres. En tout cas pas de tout repos.

    Christine Ockrent dirige avec Alain de Pouzhillac une structure, « l’audiovisuel exérieur », qui chapeaute TV5, RFI, mais pas encore France 24. La journaliste n’est donc pas habilitée à intervenir sur la chaîne. Elle s’est pourtant plusieurs fois exprimée, devant témoins, sur le fait que l’engagement de Grégoire Deniau à la tête de la rédaction était une « erreur de casting » et qu’« un bon grand reporter ne fait pas forcément un bon directeur de rédaction »... Elle a aussi reçu plusieurs journalistes de France 24 , pour prendre le pouls de la maison, se faire raconter les rapports de forces internes... sans jamais prendre contact avec le directeur de la rédaction. Clairement en disgrâce.

    L’affaire prend un relief particulier, parce que Christine Ockrent est la femme de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Qui n’ a pas aimé récemment un portrait de lui sur France 24, et l’a fait savoir. Qui n’a pas aimé non plus un livre écrit sur lui il y a une quinzaine d’année par... Bertrand Coq. Alors, on veut bien croire que Christine Ockrent n’a pas œuvré directement dans le licenciement des deux journalistes. On peut imaginer néanmoins qu’elle ne se soit pas battue contre.

    L’affolement qui règne depuis à France 24 illustre le malaise actuel de la maison : la chaîne, créée il y a deux ans, est suspendue à un avenir incertain : elle doit rejoindre, dans le pôle audiovisuel extérieur, RFI et TV5. Elle ne sait ni quand, ni dans quelles conditions, ni pour quoi. Destabilisée, la rédaction a pris le départ de son chef en pleine poire : « Grégoire Deniau et Bertrand Coq sont de bon professionnels. Ils ne faisaient pas l’unanimité au sein de la rédaction, loin de là, mais leur départ brutal, mal justifié dans un contexte politique instable, nous inquiète profondément », témoigne Myriam Mascarello, délégué SNJ et secrétaire du CE. L’affaire Deniau aura au moins eu une conséquence inattendue : la création d’une section syndicale CGT, qui ne devrait pas faciliter les affaires de la direction.
    .
    Emmanuelle Anizon

    http://television.telerama.fr/television/france-24,33799.php

  • Une réponse (bien sentie) de Christine Ockrent

    de Renaud Revel

    Suite au petit article rédigé en fin de semaine dernière, à propos de l’éviction du patron de l’info de France 24, Grégoire Deniau, Christine Ockrent m’a adressé ce mail, qu’il serait malhonnête de ne pas porter à votre connaissance.

    « J’ai souvenir, du temps où je dirigeais l’Express, que vous aviez le souci des faits.

    Vous avez sans doute changé, et vos antipathies personnelles vous aveuglent. En tous cas, vous nuisez à la crédibilité de votre magazine, vous contentant à mon encontre, à chaque occasion, de ragots de couloir toujours anonymes et jamais avérés.

    Puisque vous jugez bon, une fois de plus, de m’épingler sur votre site Internet, voici quelques évidences qu’il serait facile de vérifier :

    1/ France 24 ne fait pas partie de l’Audiovisuel Extérieur. TF1 en est toujours copropriétaire. Je ne mets jamais les pieds à France 24, je ne me mêle pas de la vie de la rédaction, je ne m’en occupe pas.

    2/Je n’ai jamais rencontré ni discuté professionnellement avec Grégoire Deniau. Je ne l’ai jamais croisé dans l’exercice de ses fonctions. La dernier fois que je l’ai embrassé, c’était dans la cour des Invalides, lors des funérailles de son père.

    Jean-François Deniau était mon ami, c’est en sa mémoire que je tiens à la vérité sur cette affaire.

    Pour le reste, je ne doute pas que vous continuerez votre besogne à votre manière. Si un jour, par hasard, les dossiers et les enjeux de l’Audiovisuel Extérieur vous intéressent, n’hésitez pas à me contacter, mes coordonnées sont faciles à trouver. »

    C’est dit. Christine Ockrent, avec laquelle j’ai eu à l’Express quelques différents, on l’aura compris, n’est pas du genre à esquiver. Et en l’occurrence, il semble qu’elle dise vrai.

    Quelques contacts pris, depuis, à la direction de France 24 semblent en effet indiquer que l’attitude peu claire de Grégoire Deniau dans cette affaire, comme son mode de management, aient posé quelques problèmes. Il semble également que Christine Ockrent ne soit pas intervenue dans ce conflit, Alain de Pouzilhac,(photo), le patron de l’audiovisuel extérieur, ayant fait acte d’autorité en décidant, seul, de licencier ce journaliste.

    Quant à la « reine Christine », reconnaissons lui du tempérament et du répondant. Il me paraissait naturel qu’elle puisse revenir sur cet épisode et s’expliquer.

    http://blogs.lexpress.fr/media/2008...

  • Grégoire Deniau : Salaam Bagdad !

    Reporter à l’agence Capa, Grégoire Deniau a vécu la guerre d’Irak en électron libre. L’un de ses reportages a fait le tour du monde.

    Bagdad, le 8 avril. Un groupe de fedayins irakiens, miliciens fidèles de Saddam Hussein. Ils ont entre dix-huit et vingt ans à peine, et tentent de reprendre un pont aux troupes américaines. Mais ils sont repérés. Un déluge de balles tirées à la mitrailleuse s’abat sur le groupe. Un chaos de poussière envahit l’écran. Certains tombent : il y a un mort et plusieurs blessés, dont l’un est évacué par une voiture de police. Les fedayins n’ont pas tiré une seule balle. La scène a duré moins de cinq minutes. Ces images, diffusées le 8 avril au journal télévisé de France 2, dans le 19-20 et au journal du soir de France 3, disent tout à la fois le coût humain de cette guerre et le déséquilibre des forces en présence. En moins de trois heures, quasiment un record chez Capa, elles ont été vendues à treize chaînes étrangères : Channel 4, TSR et DRF en Suisse, CBS et ABC aux États-Unis, la RTBF en Belgique, une chaîne espagnole, trois chaînes allemandes (ARD, ZDF et RTL), une danoise (DRTV), une néerlandaise (NRTV) et la NHK au Japon.

    Derrière la caméra, Grégoire Deniau. Le fils de Jean-François, ancien ministre, infatigable militant de l’aide humanitaire. On a compris, aux soubresauts de sa caméra, qu’il a couru pour échapper aux balles, qu’il aurait pu se faire tuer. La mort, le danger, sa famille - il a deux enfants de 21 et 23 ans - : difficile de savoir à quoi pense le journaliste reporter d’images. Encore à Bagdad à l’heure où nous bouclons, Grégoire Deniau n’a pu être joint sur son téléphone portable... qu’il met en veille lorsqu’il tourne. Ce jour-là, raconte Jérôme Fritel, grand reporter à Capa pour Le Vrai Journal, il était dans le fameux Hôtel Palestine, comme une centaine de journalistes étrangers, quelques heures avant qu’un blindé américain ne tire sur le bâtiment, faisant deux morts (un reporter du journal espagnol El Mundo et un caméraman de Reuters). « Nous n’étions jamais tranquilles à l’hôtel, sans cesse perquisitionnés, précise Jérôme Fritel. Grégoire a réussi à sortir, il est tombé sur ce groupe de fedayins. Un type du parti Baas a essayé de l’empêcher de les suivre, mais il y est allé quand même. »

    Formé à l’école du rugby

    Athlétique, le reporter de Capa est aussi un caractère bien trempé. « Il serait capable de souffrir sans bouger un cil », confie Philippe Le Marrec, secrétaire général adjoint à la rédaction de France3, où Grégoire Deniau a travaillé en CDD il y a près de dix ans. « Il a été formé à l’école du rugby, un sport qu’il pratique toujours, poursuit-il. Certains lundis, je le voyais arriver à la rédaction des ecchymoses plein la figure. » Pour tourner ces images, « il fallait être un " warrior " », estime Christophe Kulikowski, autre grand reporter de Capa rentré il y a quelques jours de Bagdad. « Il a pris beaucoup de risques », admet Hervé Chabalier, le PDG de Capa, qui l’a recruté l’an dernier, séduit par son expérience des « guerres et guérillas très sauvages », au Libéria, en Sierra Leone, au Rwanda. « C’est un reporter de guerre, qui reste très à l’aise dans les situations extrêmes », observe-t-il. Et puis, ajoute-t-il, il était en terrain connu, il tourne en Irak depuis décembre dernier. Dès cette date, tout en poursuivant sa vocation principale, tournée vers le magazine, l’agence s’est placée « en configuration de news », avec trois rédacteurs en chef à Paris affectés respectivement à la couverture du Kurdistan, de Bagdad (avec une équipe de trois journalistes) et aux côtés des troupes américaines. Sur place, les reporters ont pu prendre leurs marques, construire leur réseau, se familiariser avec le terrain. Un exercice dans lequel Grégoire Deniau excelle.

    Les reporters de Capa agissent en effet en électrons libres et ont souvent plusieurs heures, voire plusieurs jours d’avance sur les grosses équipes des chaînes. « Nous sommes des voltigeurs », raconte Jérôme Fritel. Resté un mois à la frontière Irak/Koweït, il a suivi l’entrée des troupes de la coalition en Irak. Pour les premières images. Il raconte que « c’était beaucoup plus dur que pendant la guerre du Golfe ». À l’époque, il faisait partie du « FTP » (« Fuck The Pool »), les journalistes refusant d’être embarqués avec les unités de combat. « Nous n’avons ni cadreur ni preneur de son. Chacun est seul avec sa caméra. Cela nous oblige à être plus créatifs et, parfois, à prendre des risques. Par deux fois, nous nous sommes fait attraper et cela aurait pu mal tourner. Nous étions considérés comme des clandestins, des espions. » « Le danger, c’est tout le problème de la télévision, renchérit Christophe Kulikowski. Pour récupérer des images, nous sommes obligés de nous exposer. Mais Grégoire est tout le contraire d’une tête brûlée. »

    MARIE MAUDIEU

    http://www.strategies.fr/archives/1...