de Giovanni Sini

A méditer...

Dans la nuit du 7 au 8 octobre 1970, il s’en est fallu de peu pour que l’Italie bascule dans une nouvelle dictature fasciste. Tout était prêt et les férus d’histoire qui se raconte entre les lignes ne sont pas sans savoir que le putsch bénéficiait de larges appuis dans les partis dits démocratiques.

A la tête des putschistes, Junio Valerio Borghese un de ces personnages qui ne peuvent exister que par la violence et en pataugeant dans le sang. Fondateur du "Fronte Nazionale", un nom repris par les fachos français, ainsi que leur logo, identique à celui du FN c’est un personnage qui aura marqué l’histoire italienne .
Durant la guerre et surtout pendant la République de Salo, il aura démontré une terrifiante férocité dans le Nord de l’Italie, lors des luttes contre les partisans communistes.

Il n’a rien eu à envier à la cruauté des SS et ce fut une longue litanie de massacres, bien plus contre les populations civiles et sans armes que contre des combattants bien déterminés à en finir avec le fascisme.
Borghese fut l’ inventeur de ce qu’on appelle aujourd’hui les commandos de marine. Une stratégie militaire reprise par toutes les armées du monde.

L’Italie vivait une période des plus agitées et la peur de voir les communistes prendre le pouvoir par les urnes empêchait une grande partie de la classe politique de dormir. Le PCI représentait 30 % voire un peu plus de l’électorat italien et pour ceux qu’en France on appelle aujourd’hui " l’arc républicain " une telle perspective avait de quoi inquiéter. Sans trop de raison valable car depuis les années 50 , les communistes italiens avaient acté leur rupture avec le stalinisme et l’URSS.

C’est ainsi et à cause de ça que débuteront " Les années de plomb " une décennie où le terrorisme d’extrême droite ravagea le quotidien des italiens. On parle toujours des attentats de l’extrême gauche , Brigades Rouges et autres mais les pires qui ont été commis, de la Piazza Fontana à la gare de Bologne l’ont été par la mouvance néo-fasciste.

Les " rouges" comme ils disaient pratiquaient des assassinats ciblés mais eux, les noirs, c’était des tueries de masse tuant des dizaines de personnes à chaque fois. Rappelons le 85 victimes à Bologne et 17 Piazza Fontana. Une stratégie de la tension dont le but avoué était une italie forte et férocement anticommuniste.
Pour cette tentative de coup d’état Borghese ne représentait pas que lui même, il avait de nombreux appuis pour le cautionner.

Pas le peuple mais la CIA , le capitalisme, la Démocratie Chrétienne, Gladio l’armée secrète anticommuniste que l’on sait avoir été armée et entraînée par l’OTAN ainsi que la loge maçonnique P2 de Licio Gelli dont l’avenir révélera les ramifications avec l’extrême droite et l’armée. Dans ses rangs, on y trouvait un certain Silvio Berlusconi, le Bolloré transalpin .

Le putsch a échoué suite à une fuite dont s’est immédiatement emparée la presse. L’effet de surprise anéanti, le peuple italien n’aurait pas manqué de se dresser contre les fascistes qui ont préféré reculer face à une guerre civile qui les aurait mis à mal.

Il s’en est fallu de très peu.

Les putschistes ont été très mollement condamnés et Borghese a pu finir tranquillement sa vie en Espagne franquiste après un très bref séjour en prison.

L’Espagne où quelques années plus tard , en 1981, le Colonel Tejero de la Guardia Civil tenta un pitoyable coup de force qui prit rapidement l’allure d’une espèce de dérisoire clownerie. Le peuple espagnol n’a pas suivi car il n’avait déjà que trop subi et sur ce coup là, ce fut le roi Juan Carlos qui se posa en garant de la démocratie.
Pourquoi est ce à méditer ?

A cause d’un pouvoir totalement hors sol , en France il s’ en trouve aujourd’hui pour voir dans l’armée une solution. C’est une funeste connerie toute voulue car résultant de multiples manipulations. L’armée au pouvoir serait une malédiction car on aurait plus de chances de tomber sur un nouveau Pétain que sur un Sankara. Cette tentation là représente un grand danger car à toutes fins utiles, je rappelle qu’un policier, un gendarme ou un militaire sur deux est syndiqué à des organisations proches de l’extrême droite. Heureusement, il y a peu de chances que ça se produise car le narratif médiatique et mensonger dont on nous accable n’est qu’un rideau de fumée qui cache une coquille vide. Nous vivons une nouvelle stratégie de la tension basée sur la peur du pire pour dissimuler l’échec d’un modèle en panne de futur.

Le fascisme, la guerre, pour le capitalisme, ça serait une éponge bien commode pour effacer toutes les ratures dont il s’est rendu coupable.

En France aujourd’hui, le danger désigné, c’est LFI car il est le seul parti qui serait apte à donner le coup de talon qui permettrait de remonter à la surface. C’est pour ça qu’il est à ce point diabolisé par ceux qui ont tout intérêt à nous garder la tête sous l’eau pour qu’ils puissent respirer à pleins poumons en gardant tout l’oxygène pour eux seuls.

Pour conclure....

C’est un communiste qui vous le dit.

Un communiste qui n’en peut plus d’entendre parler de viande rouge, de merguez qui grésillent , de pain perdu et d’ouvriers de chez nous qui parlent bien français. Un communiste résolument ancré à ses valeurs et qui appelle tous les camarades à ne plus accepter les décisions de ceux qui sensés nous représenter ne font que donner les pleins pouvoirs à ceux que nous combattons.

Message reçu ?

Je l’espère.......

Giovanni Sini
Kaléidoscope.