Accueil > Prendre des forces pour demain
Le mouvement social de ces dernières semaines laisse perplexe. Des manifs
monstrueuses, des occupations, des actions coups de poings, de multiples
secteurs en lutte mais on sent que ça patine.
La CGT, qui devrait être à
la pointe du combat n’a pas mis en place tout ce qu’il fallait pour
développer l’interprofessionalisation et la perspective d’une grève
générale reconductible ; si certains secteurs de la CGT restent très
combatifs, de nombreux signes démontrent la volonté de saucissonage,
facteur de démobilisation.
Cela tient sûrement au repositionnement de la
centraledont le dirigeant a été reçu au Congrès du Parti socialiste. Mais l’on
aurait tort de s’arrêter à une seule cause. On ne peut faire l’impasse
sur la nécessité de réintroduire dans le débat de ces dernières semaines
toutes les questions liées au travail : sa précarisation, sa
flexibilisation, sa place et sa finalité et donc celles de la retraite ou
de la non-activité dans nos sociétés.
A entendre les discours
« travaillistes » de la défense des conquêtes sociales « 37,5 pour toutes et
tous » des syndicats de lutte (SUD ou CNT), c’est la dimension économique,
facteur de croissance et d’emploi qui est mise en avant dans les
revendications. Ne faudrait-il pas comme le mouvement antiglobalisation
l’a posé reconsidérer la place de l’homme dans l’économie.
A l’instar que
le Monde n’est pas une marchandise, l’homme n’est pas une valeur
marchande, à exploiter et pressurer selon les besoins du MEDEF avant que
sa retraite bien méritée ne lui permette de continuer à faire fonctionner
la machine-consommation. Tout le problème est d’articuler revendications
de résistance face à la précarisation et au libéralisme sauvage et
propositions novatrices pour sortir des schémas classiques.
C’est en ce
sens que l’expérience réussie qui s’est déroulée fin mai à Annemasse lors
du Sommet du G8 à Evian mérite toute notre attention. Le Village
alternatif, anticapitaliste et anti-guerres, dont le Réseau No Pasaran a
été l’initiateur a été une grande bouffée d’oxygène pour des milliers de
participant-e-s qui y ont vu l’occasion de pouvoir mettre en pratique des
forces d’autogestion et de démocratie directe au quotidien.
On a ressenti
très fortement le besoin de vivre et fonctionner autrement ; les
mouvements libertaires (organisations, collectifs, associations,
regroupement, syndicats hexagonaux et européens) ont été des artisans
actifs de ce succès comme l’a aussi démontré la manifestation du 1er juin
où le cortège de la CLAAAC (congergence anti-autoritaire et
anticapitaliste) a réuni plus de 5000 personnes.
Mais c’est bien au-delà
de ses cercles que sont venues s’associer de nombreuses personnes qui ont
vu au travers de l’aspect ouvert du Village une possibilité de passer de
l’état de consommateur à celui d’acteur, même si évidemment de nombreuses
imperfections sont à dénombrer.
Dans notre société où les frustrations individuelles et collectives ne
cessent de s’accroître cette sensation de pouvoir faire quelque chose
ensemble a été un élément déterminant de la réussite du Village.
En cela
continuer à développer des espaces politiques autonomes, renforcer des
outils collectifs pour intervenir dans les luttes sociales restent
indispensables pour engendrer des transversalités entre tous les dominés
et ne pas se retrouver atomisé face au rouleau compresseur capitaliste.
Ré-exporter l’esprit du village c’est le faire vivre dans les lieux, les
luttes, les espaces collectifs.
C’est s’imprégner du fait que nous sommes
un mouvement en devenir.
Nous ne battrons pas en retraite !
Edito du n° 21 de No Pasaran juin, juillet, août