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Réfugiés italiens : en France, des élus de gauche continuent de se mobiliser

Publie le vendredi 17 septembre 2004 par Open-Publishing

de Ludovic Tomas

Un collectif lance un appel pour le respect de la position de l’État français.

Deux mois après un premier appel très largement diffusé contre l’extradition de Cesare Battisti ainsi que de tout autre réfugié italien, une trentaine d’élus de gauche ont signé un nouveau texte. Élaboré par les communistes et les Verts, l’appel a ensuite été amendé par les rares socialistes signataires. "Nous voulions faire autre chose qu’un simple appel et mettre en avant les parlementaires, acteurs de la législation, pour en faire des sortes de parrains et de marraines des réfugiés italiens", explique Pierre Mansat, adjoint communiste au maire de Paris, initiateur du texte.

Publié sous forme de courrier dans "Libération", cet appel intervient "alors que des rumeurs de nouvelles demandes d’extradition se font jour" et exige "le respect de la parole donnée par la France aux réfugiés italiens". Une parole qui "ne saurait être bafouée ni sacrifiée dans une diplomatie des petits arrangements", soulignent les signataires qui annoncent la création d’un collectif d’élus de la République. Rappelant la continuité républicaine sous neuf gouvernements - de droite comme de gauche -, députés, sénateurs, élus municipaux et parlementaires européens réaffirment "l’impérieuse nécessité pour notre pays de ne pas revenir sur son engagement pris en 1985, et ce quelle que soit notre analyse sur les années de plomb en Italie". Ils s’engagent "à mener toutes les démarches politiques nécessaires" qui iront dans ce sens : accompagnement dans les procédures, travail avec les avocats, appel à des manifestations de soutien... La priorité n’étant pas d’entrer dans un débat de fond mais de rassembler le plus largement sur une position commune.

Si les communistes et les Verts sont plus ou moins sur la même longueur d’ondes sur cette question, tel n’est pas le cas au sein du Parti socialiste. De l’aveu de Serge Blisko, député et maire du XIIIème arrondissement de Paris, le débat y est "tendu". A ces côtés, seulement trois autres élus socialistes : Adeline Hazan, Julien Dray et André Vallini. C’est ce dernier qui, à la demande des Verts, aurait collecté les signatures de ses camarades. "En tant que secrétaire national du P.S., je suis chargé de suivre ce dossier. J’ai eu le feu vert de François Hollande", précise le député et président du conseil général de l’Isère. Mais d’autres raisons ont conduit André Vallini à souscrire à l’appel. Son origine italienne en est une, sa profession d’avocat aussi. "Pour Battisti, les garanties d’un procès équitable et les droits de la défense ne seraient pas assurés puisqu’il ne sera pas rejugé. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis les événements reprochés, la société italienne et pacifiée et les protagonistes bien intégrés dans la société française", explique-t-il.

Même approche pour Pénélope Komitès, adjointe verte au maire de Paris : "que va-t-on dire à leurs enfants nés en France ? On a autorisé leurs parents à les mettre au monde ici, et maintenant on veut les enfermer à perpétuité ! Ils sont traumatisés. Pour certains, le titre de séjour n’a pas été renouvelé. Il y a encore eu des arrestations le week-end dernier. Ce n’est pas parce qu’on met en place le système judiciaire européen qu’on peut balayer les engagements d’il y a vingt ans", développe-t-elle. Pour Robert Bret, sénateur communiste des Bouches-du-Rhône, "cette volonté de se replonger dans le passé permet au gouvernement de justifier une série de choix liberticides et sa politique du tout-sécuritaire". Et l’appel des élus de conclure : "quand l’État ne respecte pas ses engagements, vers qui peut-on alors de tourner ?"

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-09-16/2004-09-16-400567