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Temoignage Opera Garnier

Publie le jeudi 12 juin 2003 par Open-Publishing

Opéra-Garnier : Manifestation - Expulsion - Garde-à-vue

 je m’eforce de faire un récit bref (vue l’heure), simple, essentiel et
objectif, sans tenir compte de ma position personnelle dans cette
affaire ; la dernière partie correspond à ce à quoi j’ai pu assister,
après notre dispersion.
 sans montre, fatigué, la notion du temps est approximative.
 en ce qui concerne l’opéra, les notions de droite/gauche s’entendent
face à l’Opéra, l’avant correspond à la facade, l’arrière au fond du
bâtiment.
 j’emploie le masculin, pour simplifier, même s’il y avait une dizaine
de manifestantes parmis les personnes interpellées.

REFUGIES A L’OPERA

Poursuivis à grande vitesse par des CRS et les canons à eau sur tout le
Boulevard des Capucines, de nombreux manifestants (200 ?) se sont
spontanément réfugiés dans l’Opéra. Ceux-ci semblent être restés vers le
hall et l’escalier central. Aucune dégradation n’était observable, ni
aucune violence.

Les personnes présentes provenaient de tous groupes de manifestants,
tous horizons sydicaux ou professionnels. Ceux-ci chantaient ou criaient
des slogans, sous le regard ou les quolibets des spectateurs du
spectacle interrompu, et le personnel de l’Opéra (pompiers,
sécurité,...) allait et venait, dans une ambiance de cohabitation plutôt
détendue.

Une demie-heure ( ?) plus tard, certains manifestants ont pu observer
que les spectateurs commencaient à être évacués par l’arrière gauche de
l’Opéra, sur les indications du personnel, et sous l’impuissance des
manifestants qui, ne pouvant rien y faire, ne s’y opposaient pas. Peu de
temps après, des CRS se sont introduits dans le hall de l’Opéra pour
expulser les manifestants.

EXPULSES SANS DELICATESSE

L’essentiel des manifestants réfugiés à l’Opéra se trouvaient dans le
hall d’entrée. Des CRS en tenue et casqués sont arrivés, dans le hall,
par l’arriere gauche, et se sont rapidement approchés. Parms eux se
trouvait, au premier rang, une personne en civil.

Ils nous ont repoussés très fermement, par les coups, vers la droite du
hall. Quelques manifestants qui ont tenté de s’asseoir ont été forcés de
se relever à coups de pieds et de matraques. Les manifestants ont été
violemment repoussés à la droite du hall, contre la ’Boutique de
l’Opéra’ dont on a entendu les vitres se briser sous le choc. Les
manifestants ont alors essayé de sortir par la porte de facade droite,
toujours sous la pression et les coups de la police.

Une fois dehors, les manifestants étaient interpellés, plaqués au sol et
parfois frappés par d’autres CRS. Ils ont ensuite été placés dans un bus
de la police, puis évacués.

GARDE A VUE COLLECTIVE

Les (48 ?) manifestants interpellés vers 22h30 ont été transférés en bus
au 46 bd Bessières ( ?), Paris 17e. Ils ont alors été rapidement
fouillés, puis regroupés dans une salle, sous surveillance, après avoir
décliné leur identité, adresse et appartenance syndicale ou politique.
Après que quelques autres manifestants (13 ?) les eurent rejoints, deux
d’entre eux ont été appelés, et ne sont plus revenus.

Vers 2h00, Les manifestants ont été appelés individuellement, et se sont
vu notifier leur garde à vue, pour "violence en réunion et dégradation
de bien public". Ils ont indiqué, s’ils le souhaitaient, les coordonnées
d’un avocat et d’une personne à prévenir, et ont pu demander à voir un
médecin. Les manifestants ont ensuite été regroupés dans une salle, sans
autre information. Ils ont alors eu la possibilité de se rendre aux
toilettes et de boire.

Au cours de la nuit, certains d’entre eux ont pu voir un avocat. Aucun
médecin n’a été proposé. Aucune déposition n’a été prise.

Le lendemain matin (8h30 ? ?), les manifestants ont été dispersés dans
divers commissariats, par petits groupes.

DISPERSION

J’ai quitté le site de la garde à vue collective avec un groupe d’une
douzaine d’autres manifestants. Je suis descendu, avec deux d’entre eux,
dans un petit commissariat de Paris. La fouille a été complétée, puis
nous avons été regroupés dans les cellules, où nous avons retrouvé d’
autres manifestants, interpellés ailleurs qu’à l’Opéra.

Nos dépositions ont été prises entre 10 et 11 heures. Nous avons enfin
pu voire un médecin vers 13 heures, et notre avocate entre 14 et 15
heures. Ce n’est qu’après cette visite qu’on nous a proposé de manger,
sur nos fonds personnels. Le personnel du commissariat que nous avons
cotoyé était plutôt agréable.

Nous attendions, sans aucune information, dans les cellules sales et
détériorées de ce commissariat, quand nous avons pu être libérés de
cette garde à vue vers 17 heures 30. Nous pouvons être convoqués dans
les jours/semaines/mois à venir, selon la suite que le procureur veut
donner à l’affaire.

Les manifestants que nous avions trouvé à notre arrivée dans ce
commissariat y étaient encore à notre départ.

ANNEXE

Ayant personnellement subi des violences lors de l’expultion de l’Opéra,
je suis intéressé par toute photo/film de cette expulsion et de
l’interpellation qui a suivi sur le parvis.
 > splash@altern.org