Accueil > Un festival à l’image de l’action sociale
Mardi 13 février 2007, faculté dentaire à Montrouge. Un amphi plein à craquer. Essentiellement des étudiants. Dominante féminine. Nous sommes dans le secteur social. Pour la projection de films dans le cadre du second festival du film d’action sociale co-organisé par l’Institut régional du travail social de Montrouge (IRTS) et l’Ecole supérieure de travail social (ETSUP). Rencontre avec Marie Christine Girod, coordonnatrice et cheville ouvrière de ce festival. Unique en son genre.
Quête de sens
Donner à voir au quotidien, aller à l’encontre des a priori, promouvoir des films questionnant la complexité sociale, interroger les métiers des acteurs sociaux… telles sont les valeurs de ce festival qui s’est déroulé du 13 au 15 février 2007 de la fac dentaire à l’IRTS en passant par l’ETSUP (dans le 14ème). Un
ancrage large sur l’action sociale pour Marie Christine Girod : « Ce n’est pas le travail social qui nous intéresse mais l’action sociale : les professionnels du social, les militants, les citoyens qui vont vivre avec, qui accompagnent d’autres acteurs ». Une mosaïque sociale représentée en compétition avec pour thème « Le vivre ensemble se fait image(s) ». Et Marie Christine Girod de justifier ce titre : « On passe notre temps à être dans des espaces différents. Il y a une prise de position : montrer les enfants, les adolescents, les adultes… arrivant à vivre dans des espaces où ils se rencontrent, où on participe au bien-être et au fonctionnement serein. Même si il y a des conflits parfois. Pour que chacun vivent mieux ». Des facettes d’un système humain traitant, pour cette deuxième édition, aussi bien du rapport à la loi, des liens parentaux, de la construction de solidarités et d’échange, d’expérience de l’expression, de l’accès à l’emploi.
Une programmation composée de 19 films en compétition (sur 68 reçus) [1], complétée de « cartes blanches » animées par l’association « je, tu, il… » sur un programme d’éducation à la responsabilité sexuelle et affective dans un but de prévention des violences entre les jeunes, par le Centre national de documentation audiovisuelle en santé mentale (CNASM) sur l’autisme, par la fondation nationale de gérontologie sur la maladie d’Alzheimer et le vieillissement des migrants. Un kaléidoscope de films et de multimédia de qualité, riche en contenu. A l’image du monde social.
Non marchand à diffuser
D’après Marie Christine Girod, « tous ces films ne circulent pas ». Nous sommes dans un secteur non marchand qui par définition ne fait pas vendre.
Difficile, dans ce système mercantile et dans ce flot incessant d’images sensationnelles pour course à l’audimat, de voir en « prime time » sur nos chaînes hertziennes et numériques le travail d’acteurs sociaux et de réalisateurs soucieux d’aborder une thématique en profondeur, en restituant la complexité de la réalité sociale. Et de poursuivre « On a des films excellents. Notre rôle est de favoriser la diffusion de ces films et de défendre le fait que derrière un film, il y a un réalisateur ». Car au-delà des projections de natures différentes (fiction, documentaire, reportage…),
le festival est un moment d’échanges avec les réalisateurs, qu’ils soient professionnels du cinéma ou non ; certains films s’inscrivant dans une démarche pédagogique, civique voire d’insertion professionnelle [2]. Pour Marie Christine, « les films peuvent vivre aussi en dehors de la télévision. Le public est jeune, c’est eux qui seront sur le terrain ». La démarche vise à inciter les étudiants à les empreinter au sein du fond documentaire audiovisuel de l’IRTS, à les diffuser dans les institutions dans lesquelles ils travailleront.
Festival pédagogique à vocation culturelle
Autre attrait de ce festival : sa fibre formative. Il s’inscrit à part entière dans le cursus des étudiants de l’IRTS. L’équivalent d’un séminaire de 3 jours. Le festival est vécu comme une dynamique de projet, une co-construction entre équipes enseignante et étudiante ; l’intégration des étudiants s’effectuant dans différents comités nécessaires à l’organisation de la manifestation : comités d’organisation, de sélection, technique, jury. D’autres étudiants
seront amenés à présenter un écrit à l’examen : carnet de bord, choix d’une thématique, d’un réalisateur… Un travail de restitution lié à une autonomie d’action validé dans le programme de formation. Une formation-action à laquelle s’attache Marie Christine Girod : « Il importe de reconnaître le rôle et la fonction d’un film au même titre qu’un livre. On apprend, on réfléchit, on appréhende… ». De la pédagogie à la culture, il n’y a qu’un pas que notre enseignante et organisatrice souhaiterait franchir afin que « le festival soit reconnu dans sa dimension culturelle. Nous n’avons pas de subvention de la Région, de la DRAC ». L’appel est lancé en espérant que la troisième édition montrougienne (en 2009) aura de tels partenaires…
Un seul regret, tout de même : que ce festival ne soit pas plus médiatisé. Localement notamment. Car une ouverture aux habitants de proximité permettrait de bénéficier de projections méritant d’être diffusées auprès du grand public. Rendez-vous en 2009…
Notes
Notes
[1] Le palmarès 2007 : 1er prix "Comme des enfants" de Nicolas Cornut, 2ème pris "Intra-Muros Mouvements" de François Royet, 3ème prix "La double face de la monnaie" de Vincent Gaillard et Jérôme Polidor, Mention spéciale "Coup de Coeur" pour "Dracula" de Denis Menou et les jeunes autistes (IME Alternance).
[2] Autour de la notion de règlement intérieur, « Fais attention garçon » d’El Houssine Bakhoury a été conçu et joué par des élèves de la 5ème4 du collège Jean Lurçat à Achères (78). Huit jeunes québécois atteints de schizophrénie ont écrit, scénarisé et réalisé le documentaire « Schizophrénie, l’impact sur la famille » dans le cadre d’un projet d’insertion en emploi. « Dracula » est une fiction de Denis Menou travaillée avec de jeunes autistes et des éducateurs sur le thème du cinéma fantastique traité de façon comique.