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Un sentiment massivement partagé

Publie le jeudi 28 février 2008 par Open-Publishing
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de Dominique Bègles

La baisse du pouvoir d’achat est désormais perçue comme une réalité par la quasi-totalité des Français.

Ce n’est plus un sondage d’opinion, mais la mesure d’un cri, « une lame de fond » qui « canibalise en grande partie le débat » selon Jérôme Fourquet de l’IFOP. Il y voit une substitution -

durable aux thèmes précédents du chômage et de la précarité : quelque 81 % de la population ont désormais le sentiment que leur pouvoir d’achat a diminué. Un peu ? Beaucoup ? « Beaucoup », répondent en janvier 50 % des sondés par l’IFOP pour l’Humanité. Ils ne sont que 7 % à percevoir « beaucoup d’augmentation » et 5 % « un peu ». Le comparatif avec de précédentes études donne une idée de la dynamique du mécontentement.

En octobre 2007, ils étaient 65 % à exprimer le sentiment d’une diminution, quand on en comptait 59 % en janvier 2007. Soit 22 % en un an qui ont changé leur manière de voir. Ou de faire leurs comptes. L’ampleur de l’évolution donne un contenu à ce que l’on peut entendre parmi les électeurs qui se préparent à un vote sanction contre Nicolas Sarkozy, pas seulement en réaction aux côtés bling-bling du personnage. Sa posture de super premier ministre l’expose en effet au premier chef, et dédouane François Fillon de ses responsabilités dans la mise en oeuvre d’une même politique.

Laquelle ne semble cependant pas être pour l’instant dénoncée dans sa logique intime. L’examen par sensibilité politique porte en effet cette contradiction en ce qu’il montre que l’opinion partage un même ressentiment sur le pouvoir d’achat quelle que soit la couleur politique. S’ils sont 82 % à exprimer cette opinion parmi les électeurs de gauche (77 % pour l’extrême gauche et le PCF, 86 % pour ceux du PS, et 81 % pour les sympathisants des Verts), la droite n’est pas en reste, bien au contraire : 78 % pour les électeurs UMP, 84 % chez les centristes UDF, et jusqu’à 90 % parmi les soutiens du Modem.

Par catégories socioprofessionnelles, ce sont les retraités qui expriment de manière la plus aiguë leur perception de la dégradation, les employés étant 74 %, les ouvriers 70 %, mais les professions intermédiaires, c’est-à-dire les couches moyennes, sont d’accord à 87 %. Globalement, on peut parler d’un acte d’accusation, et surtout d’attentes fortes à la hauteur des espérances déçues portés par la quasi-totalité de la population. Les plus dénonciateurs d’un pouvoir d’achat en baisse se trouvent parmi les électeurs du Front national : du grain à moudre pour les dirigeants des partis d’extrême droite qui pourraient y voir une manière de rompre l’envoûtement de leur électorat par le sarkozysme au moment de la présidentielle.

Car, croisées avec d’autres sondages sur les intentions de vote le 9 mars aux municipales et peut-être surtout aux cantonales, ces informations, paradoxalement, soulignent l’urgence de perspectives politiques claires à gauche, sans lesquelles l’affaissement du débat idéologique constaté ces dernières années pourrait ouvrir la voie à de nouveaux désenchantements. Ou d’illusoires aventures.

http://www.humanite.fr/2008-02-27_P...

Messages

  • Je constate une chose à propos des chiffres, ils tournent tous autour de 80 % de mécontentement, et ça ressemble fort aux 80 % qui représentent la "France d’en bas", la "France laborieuse", pendant que les 20 %, soit les nantis se taisent et pour cause, ils se frottent les mains pendant que les 80 % pleurent leur infortune (dont je suis).

    Dites la CGT, il serait pas possible de demander des augmentations avant les élections ? Parce que franchement, quand j’entends toutes ces grosses entreprises et sans doute les autres aussi (voir avec une loupe) qui se sont sucrées alègrement, sans vouloir récompenser les salariés, il y a de quoi être amèrs ! Les élections tombent bien ! Là au moins, les 80 % seront entendus, sans passer par la poste, ni par la rue qui laisse totalement indifférent le Sako-gouvernement !