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Une candidature unitaire antilibérale ?

Publie le mercredi 30 août 2006 par Open-Publishing
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La LCR se déchire sur l’idée d’un présidentiable unique

Au coeur des débats de son université d’été, la désignation d’un postulant à la gauche de la gauche ne parvient pas à se concrétiser.

de Matthieu ECOIFFIER

Une candidature unitaire antilibérale ? « C’est plié », assurent hier après-midi pas mal de militants trotskistes. A l’université d’été de la LCR à Leucate (Aude), il fallait être jeune ou sacrément optimiste pour y croire encore. Hier soir, la direction de la LCR a conclu la journée en affirmant que les conditions politiques pour un accord autour d’une candidature unique à la gauche de la gauche n’étaient pas réunies.

Hier après-midi, pourtant, Anaïs, piercing à la narine et joues rondes d’adolescente, prend le micro lors du débat sur la question : « J’ai 20 ans, je suis entrée à la Ligue après la lutte contre le CPE. Toute la classe populaire, et surtout la jeunesse, attend cette candidature unitaire. Sinon, il y a aura le vote utile, car les jeunes qui ont voté Chirac en 2002 ne veulent pas recommencer. Une nouvelle génération militante émerge, il ne faut pas la décevoir. Il nous reste huit mois pour aboutir », balançait-t-elle. A la tribune où la LCR a invité ses ex-partenaires nonistes, ont pris place Clémentine Autain (apparentée PCF), une des figures du Collectif d’initiative unitaire national, un membre du PCF, un proche de Jean-Luc Mélenchon, des militants associatifs, et deux dirigeants de la LCR. Mais aucun leader.

« Gênés ». José Bové et Marie-George Buffet n’ont pas fait le déplacement. « L’an dernier, c’était le grand amour, ils étaient venus. Ils sont tous gênés aux entournures. Sur l’engagement à ne passer aucune alliance avec le PS, ils restent flous », martèle Alain Krivine. Mais à la tribune, hier, il n’y avait pas non plus Olivier Besancenot. Il animait sous les canisses un débat sur les banlieues. Tout un symbole. Car, au sein de la LCR, la minorité accuse la majorité et sa direction de ne pas jouer le jeu unitaire. Et d’être dans la surenchère face à ses partenaires. « Maintenant, il ne suffit plus d’être antilibéral, il faut être anticapitaliste, on n’y arrivera jamais ! » se désespérait un militant, lundi soir, à l’issue du discours de Besancenot.

Moderne sur les discriminations et l’immigration, le candidat à la présidentielle a fait, pour le reste, de l’Arlette dans le texte : « Le débat n’est pas de savoir s’il y a de l’argent, mais comment on va le prendre », a-t-il lancé. « Surtout, il n’a pas dit un mot sur le PCF ou l’orientation stratégique pour cette rentrée politique », regrette Christian Picquet de la minorité pro-unitaire. Lui veut croire que l’assurance, réaffirmée jeudi par Besancenot, de se retirer en cas d’accord peut se concrétiser. Car, au sein du Collectif d’initiative unitaire national, ça bouge. « La majorité de la LCR hésite, mais elle voit bien que les formulations avancent, on s’approche d’un compromis acceptable », explique Picquet.

Hier soir, une réunion du collectif a eu lieu à Paris pour s’accorder sur une dernière mouture tenant compte des amendements du PCF et de la LCR. « Le texte dit qu’il ne sera pas négocié un contrat de gouvernement avec le PS sur la base de son projet actuel, qui n’est pas en rupture avec le libéralisme, explique Emmanuel Chanial, jeune délégué LCR. Maintenant, si le PCF et la LCR continuent à se regarder en chiens de faïence, ça va finir en concours de nains de jardin à la gauche de la gauche, c’est absurde. »

La mobilisation avait pourtant repris fort. Selon un recensement de la LCR, depuis l’appel à une candidature unitaire début mai, plusieurs milliers de militants ­ issus de syndicats et d’associations (Solidaires, FSU, Attac) ­ ont créé pas moins de 443 collectifs locaux dans 95 départements. Tous se réuniront le 10 septembre lors d’une Assemblée générale à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour valider orientations et mode de désignation.

« Débile ». « Un consensus émerge pour que cela ne soit pas le représentant d’une organisation. Il faudrait vraiment être débile pour canner sur la question du qui », a expliqué hier Clémentine Autain, qui s’y verrait bien. D’autres attendent José Bové : « Il finit le toit végétalisé de sa maison dans le Larzac et reste déterminé. Il sera là le 10 septembre, glisse une de ses fans. Mais en cas de campagne, il devra s’installer à Paris. »

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Messages

  • Il est vrai que le texte "Ambitions et Stratégie" du Collectif National voté le 29 aout est excellent, précis, sans aucune ambiguité quant aux relations avec le PS (et aussi, on les oublie trop, d’autres groupes, le MRC, PRS).

    Il faudrait une mauvaise foi hymalayenne à Krivine pour maintenir son blocage.

    En fait le choix pour la LCR est simple : ou bien elle accepte de répondre à l’aspiration populaire qui est de tenter de peser sur les décisions, donc de faire passer des mesures concrêtes en faveur du peuple dans les faits, ou bien elle se réfugie dans l’imprécation "travailleurs on vous spolie, on vous gruge !" (c’est vrai ! et alors ?), c’est à dire qu’elle refais l’unité avec Arlette et seulement avec Arlette...

    Boudine, Marseille