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Une politique d’expulsions massives à l’égard des Roms isole à juste titre la France...

Publie le jeudi 16 septembre 2010 par Open-Publishing

Une politique d’expulsions massives à l’égard des Roms isole à juste
titre la France : le MRAP appelle les citoyens à résister

La Commission européenne de Bruxelles et le Conseil de l’Europe, de
nombreuses voix, sur le plan international tout autant que sur le plan
intérieur français, critiquent la politique officielle de la France qui
renvoie massivement des Roms vers la Roumanie et la Bulgarie. La
Commission pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des
Nations Unies, dans un avis du 27 août, et le Parlement européen - dans
un vote du 09 septembre dernier - ont demandé à Paris de stopper ces
expulsions.

Même si la campagne politique contre les Roms (ressortissants de l’Union
Européenn), doublée de celle contre les « Gens du voyage » (citoyens
français), a été déclenchée le 30 juillet dernier par le « discours de
Grenoble » du Président de la République, pour des raisons de tactique
politique française, elle prend désormais des allures de crise
internationale.

La Commission de Bruxelles - exécutif de l’Union européenne - a annoncé
son intention de lancer une procédure contre la France pour infraction
au droit communautaire. Au cas où la France officielle persisterait dans
sa politique inhumaine à l’égard de cette minorité discriminée et/ou
chassée de presque partout en Europe, la Commission entend demander à la
Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) de condamner l’attitude de
Paris.

La politique de Nicolas Sarkozy viole pour au moins deux raisons les
principes du droit européen, notamment ceux du droit de libre
circulation des ressortissants de l’Union et de la non-discrimination à
leur égard,. D’un côté, des ressortissants du sud-est européen sont
clairement ciblés - en raison de leur appartenance à un groupe
« ethnique » - en vue de les renvoyer dans leurs pays d’origine, où ils
sont souvent confrontés à de graves discriminations et à une situation
sociale désastreuse. De l’autre, ils font l’objet de renvois
« collectifs », qui sont contraires au droit international et considérés
par les instances européennes comme dépourvus des garanties judiciaires
minimales nécessaires.

La position française officielle consiste à alléguer que les renvois
seraient « des retours volontaires ». Un argument qui ne résiste pas une
minute à l’examen :
 quand des familles sont harcelées quotidiennement par des contrôles
policiers qui entretiennent la peur,
 quand des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) sont
généreusement distribuées,
 quand on sait que les préfectures ont reçu des consignes du Ministère
de l’Intérieur (circulaire du 24 juin 2010) pour organiser le
démantèlement des campements illicites et que s’y est greffé le honteux
tour de passe-passe des circulaires du 5 août et du 13 septembre,
– quand des familles vivent des évacuations plus ou moins musclées et
voient détruire tout ce qu’elles possédent par des bulldozers,
 alors même qu’aucune autre alternative ne leur est proposée,

tous leurs projets de vie - scolarisation des enfants, suivis de santé,
recherche d’insertion par le travail, … - sont remis en cause.

Comment alors ne pas partir avec l’espoir et la détermination de revenir !

Les manifestations du 4 septembre ont montré la détermination de
milliers de citoyens de France à s’opposer à cette politique xénophobe
qui, hélas, ne peut que leur rappeler les prémisses d’une funeste
période historique que de nombreuses voix ont récemment dénoncées.

Le MRAP appelle tous les démocrates, les humanistes et antiracistes à
amplifier ce mouvement de résistance. Seule une protestation déterminée
dans la société française, conjuguée à la pression internationale,
pourra faire reculer cette politique ouvertement discriminatoire.

Paris, le 15 septembre 2010.