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le chagrin

Publie le mardi 14 juin 2011 par Open-Publishing
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CE MERCREDI 15 JUIN 2011

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Le turbin. Le taf. Le boulot. Le chagrin quoi… On peut, on doit même, en dire toutes les vertus, quand il est création consciente, non aliénée, quand il signifie partage et développement collectif. Bon, mais une fois qu’on a dit ça, entre nous, sans faire de manières, on peut quand même se dire les choses : le travail, faut être taré pour aimer ça. Maso. C’est du temps perdu alors que l’amour nous attend au dehors avec le printemps, c’est la contrainte hiérarchique alors qu’on est des enfants sauvages produits de l’école buissonnière, c’est, pire encore, les « relations de travail », cet esclavage sociable ; c’est la fatigue qui tire les traits et vous plante, une fois libéré, face à la télé, comme un con. Le travail, il faut d’abord s’en méfier…

En système capitaliste, le travail est librement consenti par deux égaux se liant par un contrat : je te donne ma force de travail, mon temps, ma santé s’il le faut, et toi tu me files de quoi remplir le caddie. Je suis libre de ne pas me faire exploiter par toi, comme je suis libre de jeûner, de dormir dehors, de me faire « assister » comme ils disent si bien. Toi, tu es libre de me faire cravacher, de m’user jusqu’à la corde et de me jeter à la rue. Deux égaux qu’on est…

Comme ce travail, toujours plus intensif et toujours plus aliénant, est la base du profit, et que le profit est tellement bon pour l’humanité, au même titre que les guerres, le nucléaire, les prisons, les centres commerciaux et la publicité, on pourrait considérer qu’il y aurait un rapport de subordination entre Capital et Travail. Mais alors, dans ce cas, nous ferions injure à ce qui est plus fort encore et qui sublime ce rapport : l’Esprit d’Entreprise.

Bon, assez rigolé. C’est la course, en permanence, avec une carotte de plus en plus mince et un bâton de plus en plus gros. Ça coince, et, dans la classe ouvrière, l’urgence du salaire, la carotte, ferait presque oublier le bâton, cette pression permanente et « scientifique » dont l’objet est de soutirer la valeur, ce travail vivant qu’on pompe jusqu’à la moelle.

Et parce que l’idéologie dominante, avec tout son cinéma, ne permet pas de nous reconnaître – c’est-à-dire de nous donner à voir notre réalité avec un peu de recul, nous discuterons de cette question ce mercredi. Avec Caterina, ouvrière à l’usine, nous évoquerons certes les combats syndicaux, mais en premier lieu, nous parlerons de cette réalité quotidienne, celle du prolétariat comme on disait avant, quand on mettait des mots sur les choses.

Nous recevrons également Philippe Souriac auteur d’un film documentaire en cours de montage, produit d’une longue enquête collective (et nous devrions également recevoir d’autres intervenants), sur les souffrances et violences au travail, imposées par le Capital. Un film où un médecin psychiatre s’exprime ainsi : « Le travail fait souffrir, qu’il soit excessif, imposé, d’apparence absurde, ou au contraire qu’il fasse subitement défaut. » Le chagrin quoi…