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Petrocaribe : pour un commerce juste et équitable dans les Caraïbes

par Managua

Publie le samedi 5 novembre 2011 par Managua - Open-Publishing
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C’est en 2005 autour de 14 nations que nait l’accord de coopération énergétique Petrocaribe. L’objectif : parvenir à l’intégration des peuples d’Amérique Centrale et des Caraïbes, grâce à la coopération énergétique, basée sur un modèle d’échange équitable et favorable pour les pays. L’initiative regroupe aujourd’hui dix-huit pays : Antigua-et-Barbuda, le Bahamas, le Belize, Cuba, la communauté de la Dominique, le Guatemala, Haiti, le Honduras, la Jamaïque, le Nicaragua, la République Dominicaine, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, le Surinam et enfin le Venezuela. Ce projet a pour but d’encourager le développement social et économique de la région, avec cinq principes directeurs : l’union, la solidarité, la coopération, la complémentarité, et la vision du Sud.

Selon les informations de l’entreprise pétrolière vénézuelienne PDVSA, Petrocaribe offre l’approvisionnement énergétique grâce à des accord financiers pour augmenter la disponibilité des ressources de développement des pays-membres.

Autre objectif : augmenter les capacités de production électrique, de raffinage, de pétrochimie, de stockage et de distribution des hydrocarbures. Cela s’effectue notamment avec des échanges de savoirs, des transferts de technologies ou en créant des entreprises mixtes bi-nationales ou trans-nationales.

Ce accord permettra également de réaliser des économies et de se tourner vers les énergies renouvelables. IL stimulera la la production locale, par le biais de l’échange de biens et services contre des hydrocarbures. Enfin l’objectif est de renforcer la sécurité et la souveraineté des nations de la région et de lancer des grands projets sociaux et productifs.

Les réussites de Petrocaribe

Au cours du 7e conseil des ministres de Petrocaribe qui s’est tenu dernièrement à Managua, au Nicaragua, le ministre vénézuelienne de l’Energie et du pétrole, Rafael Ramírez a effectué un premier bilan. Il a ainsi mis en exergue le renforcement des capacités de stockage, de distribution et de création d’énergie des pays membres. « Chaque jour, environ 92 000 barils d’hydrocarbures approvisionnent les pays membres, a-t-il indiqué, transportés par les deux cargos Petión et Sandino, exclusivement dédiés au transport de dérivéés de pétrole ». Le ministre a également souligné que 176 millions de barils ont été distribués depuis 2005, soit une facture de plus de 14 milliards de dollars, dont près de 6 milliards ont déjà été réglés. Selon Ramirez, la capacité d’approvisionnement de la région a atteint 262 000 barils, chiffre atteint grâce à la mise en oeuvre de 5 grands projets dans différents pays membres. Ramirez, qui est également président de PDVSA, a annoncé qu’en 2014 la capacité de production atteindra 1 417 000 de barils.

Infrastructures de raffinage

Pour améliorer le raffinage du pétrole brut, trois usines existent déjà : la raffinerie Camilo Cienfuegos à Cuba, d’une capacité de 65 milles barils jours (MBJ), Petrojam en Jamaïque, (34 MBJ) et enfin en Dominique, Refidomsa, (36 MBJ). Grâce à un investissement de de 20,5 milliards de dollars, la production de l’usine de Cuba sera portée à 150 MDJ à laquelle s’ajoute Hermano Diaz, qui produira 50 MBJ. Enfin une nouvelle usine sera construire à Matanzas et fournira 150 MBD. Au Nicaragua c’est un véritable complexe industriel « le rêve suprême de Bolivar », ajoutant encore 150 milles barils par jour. Au total, l’ensemble de la région sera doté d’une capacité de raffinage de 570 000 barils par jour.

Développer les projets sociaux

Le Fond Alba Caribe, alimenté par Petrocaribe a permis d’attribuer 179 millions de dollars à un ensemble de 85 projets dans 11 pays de la région ainsi que 29 millions pour trois projets électriques.

Dans son rapport, PDVSA explique que « ce mécanisme de coopération non conventionnel est destiné à la lutte contre l’exclusion et les inégalités, entendues comme phénomènes structurels et aux dimensions multiples. Il soutient le financement de programmes sociaux, avec pour priorité l’accès aux soins à l’éducation et au logement. Ainsi ces projets soutiennent le développement économique des peuples ».

Un autre fond, Alba Alimentos, traite des questions agroalimentaires et de l’agriculture. 24,3 millions ont été assignés à 12 projets dans 9 pays différents. A ce sujet, le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a affirmé qu’au travers de cet accord « les projets de construction d’infrastructures et stockage et de raffinage s’unissent avec les projets sociaux, l’ensemble contribuant à l’échec de la pauvreté et au développement intégral des peuples signataires. Socialistes et solidaires, grâce à cet accord, les peuples ont aussi droit à la culture, à l’éducation et à la science. »

De son côté, le ministre de l’Information et de la mobilisation nationale de Grenade, Glen Noël, a relevé que Petrocaribe a « renforcé l’union de la communauté latino-américaine et caribéenne et a permis de réduire les coûts de combustibles par l’échange solidaire. Tout ceci a rendu possible que les bénéfices réalisés soient destinées aux projets sociaux qui ont énormément bénéficié à notre nation.

La priorité au social

Dans un entretien avec l’Agence vénézuelienne d’Information (AVN) l’économiste vénézuelien expert en énergie, Luis Alberto Matos, a rappelé que lors de la création de Paetrocaribe en 2005, autour de 14 dirigeants d’Amérique Centrale et des Caraïbes, la réalité et les perspectives énergétiques de la région étaient dominées par l’hégémonie des multinationales qui contrôlaient le marché pétrolier.

« Grâce à Petrocaribe, cette situation a changé, et désormais des nations comme Dominique, Grenade, le Nicaragua, Cuba, Saint Vincent ou la République Dominicaine sont en train de construire et de développer leur infrastructures pour accueillir, stocker et distribuer du combustible, couvrant ainsi une grande partie des besoins énergétiques de ses habitants. »

L’économiste a également remarqué qu’à la différence d’autres initiatives communautaires, Petrocaribe a placé le social au dessus des intérêts économiques, en concentrant son aide sur ceux qui disposent du moins de ressources énergétiques. « le Venezuela n’est plus isolé, car il fait à la fois partie des Caraïbes, de la Grande Colombie qu’avait formé Simon Bolivar, le Libertador, et de l’Amérique du Sud. Nous avons ainsi mis à disposition des nations frères notre expérience dans le domaine de l’industrie pétrolière et avec, notre production, pour contribuer à la sécurité énergétique de la zone, qui regroupe près de 90 millions d’habitants. Matos souligne aussi que cet accord a donné une attention particulière aux domaines de la santé, de l’éducation, du logement et de l’assainissement. « Il s’agit de fournir de l’énergie et des produits, issus de nos hydrocarbures, en échange de savoirs, biens et services. On ne veut pas remplir des citernes de pétrole brut pour être alimentés de devises sur des comptes bancaires à l’étranger. Nous voulons que tous puissent recevoir ce qui manque à chacun. Cet investissement social a permis aux pays en question d’affronter moins durement la crise et les risques que dégage le capitalisme mondial ».

« Nous n’offrons rien »

L’expert en énergie a aussi affirmé que l’application de ce mécanisme d’échange ne signifie pas que le gouvernement d’Hugo Chavez « offre » la production du pays, puisque Petrocaribe promeut un commerce juste, basé sur l’échange de biens et services à des conditions préférentielles. « On n’offre rien à personne. Le Venezuela propose aux pays signataires seulement des conditions de paiement plus souples que les conditions normales » ajoute-t-il.

Les statistiques de PDVSA signalent que jusqu’au troisième trimestre 2011, le Venezuela a obtenu, en compensation de la facture pétrolière de Petrocaribe, un échange de 75 000 tonnes de nourriture et près de 15 000 têtes de bétail.

A ce sujet, Matos a noté que le Nicaragua a approvisionné le Venezuela de veaux, haricots, lait, viande ou huile de soja. La République dominicaine a négocié l’envoi de sirop de glucose pour les confiseries, de céréales et graines, et Guyana, du riz.

« Une des coopération emblématique a été celle avec Cuba. Qui peut nier l’immense contribution de ce pays pour le Venezuela dans l’amélioration dans les domaines de la santé, de l’agriculture et du sport, sans oublier la culture ? C’est un échange plus que juste et les critiques formulées par l’opposition (de droite) n’ont pas de fondement ».

http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1768&lang=fr

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