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Joao Pedro Stedile au Forum Social de Porto Alegre

par Alba TV

Publie le mardi 7 février 2012 par Alba TV - Open-Publishing

Joao Pedro Stedile dirigeant du Mouvement des sans terre du Brésil : "Il faut dénoncer la concentration du pouvoir idéologique que la bourgeoisie possède dans les médias télévisés, et tant la gauche que les mouvements sociaux doivent s´approprier cet instrument"

en direct de Porto Alegre (Brésil)

Alba TV -Quelle est l´importance du Forum Social de Porto Alegre dans la crise internationale actuelle ?

Le Forum Social Mondial, dans ce cas le "thématique" de Porto Alegre, et tous ceux qui se déroulent dans le reste du monde, restent des espaces très importants pour que les gens viennent débattre, proposer. Le Forum, plus qu´un espace d´organisation, est une foire idéologique oú les personnes viennent partager leurs préoccupations et leurs réflexions. Nous y rencontrons nos semblables pour articuler des éléments concrets de la lutte de masses, des propositions concrètes qui peuvent ensuite être portés de manière directe par les mouvements sociaux de tous les coins du monde, dans leur lutte contre le grand ennemi de notre époque : les grandes entreprises capitalistes

 Comment se positionne l´Amérique Latine face à la conjoncture actuelle et quelle est l´importance de l´ALBA comme projet de construction d´un autre type de société, plus juste, plus humaine ?

Ici en Amérique Latine nous affrontons un conflit permanent entre trois projets, et ce conflit s´accentue même face à la crise.

Il y a un premier projet qui est la recolonisation de notre continent, défendu par les États-Unis et qui trouve ses alliés dans quelques gouvernements comme le colombien, le chilien, et qui veulent nous imposer un territoire pour que le Capital débarque et s´approprie nos ressources naturelles. Ils ne nous voient que comme producteurs de marchandises, de matières premières pour eux.

Il y a un deuxième projet qui défend l´idée d´un espace d´intégration latino-américain mais qui reste soumis aux intérêts des bourgeoisies locales, pour qu´elles puissent développer des projets d´intégration, de transport, de libre commerce. Elles ont leurs contradictions avec l´Empire mais elles ne nous aident pas à résoudre les problémes des pauvres.

L´ALBA se constitue comme le troisième projet qui va au-delà d´un accord commercial entre gouvernements et États. C´est une proposition politique qui a pour perspective une intégration populaire entre toutes les nations d´Amérique Latine, sans termes économiques, sans termes politiques, pour faire face à l´impérialisme et aux transnationales. Et même au-delà des termes culturels même, car nos peuples ont les mêmes expériences, les mêmes formations socio-culturelles. Dès lors les mouvements sociaux les plus combatifs, en plus des gouvernements, appuient le projet de l´ALBA comme forme d´intégration populaire, comme une unité latino-américaine qui peut accumuler des forces pour vaincre les entreprises transnationales, le projet de l´impérialisme et avancer vers le socialisme.

Le problème est qu´avec cette crise internationale nous vivons une contradiction fondamentale : le pouvoir économique détermine le pouvoir politique. Et le pouvoir économique s´est développé, comme le capitalisme international, sous le contrôle des banques et des entreprises transnationales. Les gouvernements locaux, nationaux n´ont pas la force de contrôler ce capital qui fait ce qui lui plaît. Les gouvernements peuvent se réunir, produire des beaux documents comme ceux des Nations Unies, mais que se passe-t-il ? Les forces économiques qui dominent l´économie, qui dominent les pays, ne respectent pas ces accords internationaux.

Dès lors il n´est possible d´affronter ce capital que si les mouvements sociaux de tous les pays manifestent, réussissent à créer une conscience dans la société pour accumuler des forces et affronter ces entreprises capitalistes. Pourvu que beaucoup des gouvernements qui se rendront à Rio puissent nous rejoindre et défendre les points de vue de leurs peuples, car les gouvernements seuls n´ont pas de force. La crise de l´Europe est là pour nous apporter des arguments quotidiens sur comment les banques elles-mêmes nomment les gouvernants.

 Durant ton intervention au Forum tu as mentionné l´importance des médias de communication de masse dans la diffusion de l´idéologie dominante. Comment doivent agir les mouvements contre-hégémoniques dans cette conjoncture ?

Au temps du Capitalisme industriel la bourgeoisie reproduisait son idéologie à travers l´Église, les partis politiques, et les écoles. Aujourd´hui, dans cette étape du néo-libéralisme, du capital financier, du capitalisme globalisé, la forme qu´utilise la bourgeoisie - la classe dominante - pour reproduire son idéologie dans la société est la télévision et c´est pourquoi elle la monopolise dans tous nos pays. C´est pourquoi en tant que mouvements sociaux nous menons toujours cette réflexion. Il faut dénoncer la concentration du pouvoir idéologique que la bourgeoisie possède dans les médias télévisés, et tant la gauche que les mouvements sociaux doivent s´approprier cet instrument. En ce sens nous sommes heureux que se développent ici en Amérique Latine des expériences très importantes comme Alba TV, comme TeleSur. Dans certains de nos pays il y a des télévisions publiques qui assument un rôle progressiste. Tout cela est très important pour briser le monopole que le capital impose aux télévisions. Un grand abrazo pour vous tous qui travaillez dans ce projet. En plus de nous aider à affronter le capital, Alba TV nous aide à construire ce projet auquel je me référais, celui d´une intégration populaire entre nos peuples d´Amérique Latine.

Fuente : ALBA TV y Marcha desde Porto Alegre

http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1901&lang=fr