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Andalousie. En lutte contre l’austérité de la droite gouvernementale...

par Antoine (Montpellier)

Publie le mercredi 15 août 2012 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
5 commentaires

Le titre complet de ce billet est : Andalousie (Espagne). En lutte contre l’austérité de la droite gouvernementale, opposé au pacte d’austérité de son parti (IU) avec les socialistes régionaux, Juan Manuel Sánchez Gordillo...

La croisade d’un maire contre les conséquences de l’austérité en Espagne (Le Monde,15 août 2012)

Juan Manuel Sanchez Gordillo, maire de la petite ville de Marinaleda, en Andalousie, est une figure contestataire connue en Espagne, où il participe depuis une trentaine d’années à des actions coup de poing pour dénoncer les inégalités sociales et l’action des partis politiques nationaux. En août, il a fait parler de lui au-delà des frontières espagnoles en dirigeant des razzias dans les rayons de deux supermarchés d’Andalousie pour redistribuer des chariots remplis de produits alimentaires à des ONG locales.

Jeudi 16 août, cet élu du parti de gauche Izquierda Unida, âgé de 59 ans, que certains ont déjà baptisé "le maire Robin des bois", entame une marche de trois semaines. Il sillonnera l’Andalousie pour dénoncer les mesures d’austérité adoptées par le gouvernement espagnol et convaincre les maires de petites ville comme la sienne de ne pas coopérer.

L’Andalousie est une des régions d’Espagne les plus touchées par la crise, avec 33,92 % de sa population au chômage. Symboliquement, Sanchez Gordillo partira de la ville de Jódar, qui détient le triste record de chômage de la région. "Il y a des personnes qui n’ont pas les moyens de manger. Au XXIe siècle, c’est une honte absolue", a dit le maire à Reuters, expliquant qu’avec sa marche de trois semaines il veut mettre en lumière les conséquences humaines de la situation économique en Espagne.

Le gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy prévoit d’économiser 102 milliards d’euros d’ici à la fin de 2014, un total qui inclut le plan de rigueur de 65 milliards déjà annoncé en juillet. Ces économies prévoient notamment des rentrées évaluées à 35 milliards d’euros du fait des hausses d’impôt, dont la TVA à partir du 1er septembre, des coupes dans la fonction publique ainsi que dans les budgets régionaux de la santé et de l’éducation.

Lire l’éclairage : " Jusqu’où ira la rigueur espagnole ?"

Parmi les mesures que Juan Manuel Sanchez Gordillo conseillera aux maires de suivre : mettre un terme aux licenciements et aux expulsions de locataires et ignorer les demandes du gouvernement central quand celles-ci concernent des coupes dans les budgets. Ses actions et sa popularité grandissante dans un contexte de crise énervent passablement les responsables espagnols, Mariano Rajoy en tête. "Vous ne pouvez pas jouer à Robin des bois et au shérif de Nottingham. Cet homme ne cherche qu’à se faire de la publicité sur le dos de tout le monde", a dit Alfonso Alonso, porte-parole du Parti populaire (PP), au pouvoir.

"Ils disent que je suis dangereux, répond M. Sanchez Gordillo. Et les banquiers qui sont disculpés après avoir fraudé ? Ils ne sont pas dangereux ? Et les banques qui empruntent à la BCE à 1 % et revendent cette dette aux Espagnols à 6 %, ce n’est pas dangereux ?" En tant qu’élu du Parlement d’Andalousie, Juan Manuel Sanchez Gordillo bénéficie de l’immunité parlementaire. Mais il assure être prêt à y renoncer. "Si je finis en prison parce que j’ai pointé du doigt les effets de la crise, ce sera un honneur pour moi", avait-il dit après l’opération contre les supermarchés, qu’il avait conduite, mégaphone à la main, avec le Syndicat andalou des travailleurs (SAT). [voir « Ni chocolat, ni desserts » : les Andalous se servent au supermarché]

Depuis, sept personnes ont été interpellées et le maire de Marinaleda, conforté par le soutien populaire et la médiatisation, a décidé de franchir un palier. "Juan Manuel Sánchez Gordillo n’a sans doute jamais été aussi populaire pendant sa longue carrière de gauchiste utopique", note, ironique, le journal El Pais.

L’intéressé préfère parler des réalisations de sa municipalité de Marinaleda. Il assure que son village de 2 645 habitants connaît le plein emploi grâce aux fermes coopératives qu’il a instaurées pour les chômeurs, parfois en confisquant la terre.

L’article sur le site du Monde : La croisade d’un maire contre les conséquences de l’austérité en Espagne

Illustration : Juan‑Manuel‑Sánchez‑Gordillo.jpg

Précision : Juan Manuel Sánchez Gordillo, conformément au primat qu’il accorde à la lutte anticapitaliste, appartient au courant de Izquierda Unida qui refuse l’alliance que son parti a faite avec les socialistes du PSOE pour gouverner la région (Communauté autonome) d’Andalousie dont les premières mesures ont été dictées par l’acceptation de ne pas dépasser la barre des 1,5 % de déficit imposée par le gouvernement central de droite ! Nous avions relevé dans un article publié en mai dernier les conséquences désastreuses de la compromission cogestionnaire de l’austérité décidée par Izquierda Unida d’Andalousie et signalé que "Le maire de la commune "révolutionnaire" de Marinaleda, membre prestigieux de Gauche Unie, avait dénoncé le truquage des résultats [de la consultation interne d’Izquierda Unida] qui, selon ses calculs, avaient donné la victoire aux opposants à gouverner avec les sociaux-libéraux !". Il s’agissait bien entendu de Juan Manuel Sánchez Gordillo. Voir notre article : Gauche radicale : s’allier ou pas aux socialistes ? L’exemple andalou

On trouvera ici, à la suite de ces lignes, un reportage militant sur Marinaleda dont Juan Manuel Sánchez Gordillo est le maire.

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http://npaherault.blogspot.fr/

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Messages

  • Fort heureusement, il existe en Espagne des hommes et des femmes qui n’ont pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de s’affronter au pouvoir en place.

    Sanchez Gordillo a choisi de le faire avec le SAT (Syndicat Andalou des Travailleurs), véritable réceptacle de syndicalistes et travailleurs dont plusieurs militants du Parti Communiste d’Andalousie et d’autres formations progressistes, qui décident de quitter les Commissions ouvrières espagnoles, jugées trop molles puisque la direction confédérale reste inféodée à la Confédération Européenne des Syndicats.

    Pour mieux comprendre ce transfert de syndicalistes et militants communistes vers des syndicats plus modestes mais de classe, il est intéressant d’écouter Julio Anguita, ancien secrétaire général du PCE et de Izquierda Unida, en tournée pour présenter son livre "Combates de este tiempo".

    Au cours de ces conférences, il dénonce la trahison des Commissions ouvrières espagnoles et de l’UGT qui, selon lui, sont devenues depuis plusieurs années, une appendice de l’Etat pour accompagner les politiques néolibérales. Pas du tout surprenant quand on sait que José María Fidalgo, ancien secrétaire général des Commissions ouvrières, est encarté au Parti Populaire et membre du FAES (centre de discussion fondé par l’ancien président espagnol et dirigeant du PP, José Maria Aznar).

    http://moron-rojo.blogspot.fr/

    • Dans un texte écrit en 1940, L.Trotski dénonçait déjà l’intégration des syndicats aux appareil d’Etat dans le monde( " Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste"). Il qualifiait même la direction de la CGT en France "d’agent de l’impérialisme" !.
      On pourrait continuer les rapprochements entre le monde syndical des années 30 dont parle Trotski avec celui d’aujourd’hui. Même contexte, celui d’une crise profonde du capitalisme avec une récession générale atteignant maintenant les pays emergents et même aristocratie/bureaucratie syndicale ne camouflant plus sa politique de police économique du capital.
      C’est l’ancien directeur du Monde, Jean Marie Colombani qui ne cache pas sa surprise sur France Info au l’endemain des grandes manifestations syndicales du 1er semestre 2009 :" Depuis le début-et c’est une surprise- les syndicats cogèrent la crise avec le gouvernement !".
      C’est François Fillon, 1er Ministre à l’époque, qui loue publiquement le sens des responsabilité de la CGT depuis le début de la crise !
      Faut-il pour autant déserter les grandes confédérations dirigées par les bureaucraties syndicales ? En 1940, Trotski refusait cette orientation et les 5 millions de syndiqués à la CGT à la sortie de la guerre lui ont donne raison.

  • L’heure est venue de s’organiser à nouveau pour demander des comptes au Patronat et à la Finance : tout en luttant au jour le jour comme nous avons longtemps su le faire, exigeons et travaillons entre autres à la sortie de " L’Europe" et de l’Euro. L’internationalisme n’a rien à voir avec l’Union Européenne, qui nous place automatiquement et par force sous domination américaine. La petite ville de Marinaleda est exemplaire, son maire, plus qu’une "figure contestataire" est un bâtisseur de Socialisme. Notre Peuple a besoin partout d’informations et de débats, car la situation s’aggrave : les révoltes des réprouvés de nos quartiers populaires montrent bien le cas qui est fait de nos jeunes désespérés et chômeurs : voyez ce petit coq huppé de Valls et sa morgue prétentieuse et répressive. Voyez le fédéralisme atlantiste de Hollande, prêt comme Mitterrand en Irak à nous engager de force vers les Guerres de conquêtes et de rapines que nous préparent les USA et Israël, sous couvert de lutte de la "civilisation" contre l’"Islamisme barbare" !!!

  • Ouais, d’un autre coté, il était temps, après avoir approuvé comme tout IU d’Andalousie, la formation d’un gouvernement local d’austérité violente IU-PSOE... Il avait rien dit quand le chef d’IU avait déclaré que les coupes budgétaires étaient inévitables !!!

    • Que je sache, Juan Manuel Sanchez Gordillo n’a jamais accepté le pacte d’austérité de son organisation Izquierda Unida de Andalucia (lire ici).Il avait même menacé de scissionner si ce pacte était signé. Qu’il n’ait pas mis sa menace à exécution est une chose, que cela signifie qu’il ait approuvé ce pacte c’est aller vite en besogne : il n’y a qu’à voir son action actuelle qui se situe de toute évidence hors acceptation de l’austérité, mieux même, qui refuse radicalement l’austérité.

      On peut toujours s’interroger sur le fait que Juan Manuel Sanchez Gordillo reste à IU malgré ce que cette organisation accepte d’avaler comme couleuvres austéritaires. La réalité de la gauche dite radicale en Espagne, laminée par la Transition (de la dictature à la démocratie) peut expliquer qu’il préfère rester dans le cadre de IU, du moins un certain temps encore. Les membres de Izquierda Anticapitalista (IA) [= Gauche Anticapitaliste], l’organisation "soeur" du NPA, ont pour leur part, il y a quelques années, décidé de quitter IU pour son caractère bureaucratique, sa recherche permanente d’un pacte avec un PSOE social-libéralisé jusqu’à la moelle, etc. Et, disons-le, cette sortie n’a pas donné, dans l’immédiat, ses fruits...même si IA est présente dans tous les combats (Indignés...). Précisons, au passage, que cette gauche Anticapitaliste a fait le chemin inverse de son homonyme, la GA française... le Front de Gauche, toutes proportions gardées, relevant du même schéma politique qu’IU !