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J.P. Elkabach, patron de presse bananière.

Publie le samedi 25 février 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

L’information a été révélée par le Canard Enchaîné. Les interessés ont confirmé. JP Elkabach président d’Europe 1 a sollicité l’avis de Nicolas Sarkozy pour choisir le journaliste politique affecté au suivi de l’UMP et de son président.

Nommé conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe Lagardère en 1990, JP Elkabach est devenu en avril 2005 directeur général de l’antenne d’Europe 1 et administrateur de Lagardère Active, pole audiovisuel du groupe industriel Lagardère.
Un groupe puissant (détenu à 20% par le groupe Dassault) propriétaire d’Europe 1 mais aussi d’Europe 2, de RFM et de Paris Match (à travers le groupe hachette Filipacchi) et de plusieurs chaînes de TV.
Cumulard, M. Elkabach est également président de la chaîne de tv parlementaire Public Sénat. Autant de postes en liaison étroite avec les pouvoirs politiques et financiers.
Selon le canard, la consultation du redoutable ministre de l’intérieur peut être analysée comme relévant d’une stratégie de reconciliation et d’adoubement à l’égard d’un présidentiable qui avait été très couroucé de la parution en Une de Paris Match de sa crise conjugale.
En lachant à dessein l’information, Nicolas Sarkozy fait monter les enchéres. Ses bonnes grâces valent un peu plus qu’une simple consultation.
Au-delà, ce qui relève de l’anecdote souligne la dépendance d’une majorité de la presse à l’égard de ses anonceurs et/ou de ses actionnaires. A l’inverse pour se vendre, l’information doit être crédible. La fiabilité des informations tout comme l’investigation assure à un titre sa notoriété. En oubliant ce principe, en donnant le sentiment de vouloir favoriser un journalisme politique de complaisance voire d’un publi-journalisme le patron d’Europe 1 a fait un mauvais calcul. Outre une réputation de flagorneur, il n’aura gagné dans cette épisode que la défiance de sa rédaction et de ses auditeurs. Des qualités à faire palir un patron de presse d’une quelconque république bananière.

 http://lamouette.blog.lemonde.fr

Messages

  • Je suis journaliste algérien, plus précisément grand reporter à Liberté Un quotidien dont le tirage ne cesse de baisser parce que le journal est dirigé par une direction et un staff qui pensent comme Elkabach, le talent en moins. Le journal ne publierait rien, absolument rien qui provoquerait le début du commencement de l’ombre d’un mécontentement chez le chef du gouvernement ou chez le président de la République. Et Dieu qu’il y a des choses scandaleuses à écrire sur leur compte. Normal, nous sommes dans une république bananière. Ce qui est moins normal, c’est que l’écrasante majorité de la rédaction marche, à l’inverse de celle
    d’Europe 1. Alors, le France devient-elle une république bananière ou faudrait-il inventer un autre qualificatif qui siérait à l’Algérie ?
    Said Chekri cheksaid@yahoo.fr

    • J’admets que je ne me suis pas exprimé exactement comme je le souhaitais. Je ne pense qu’Elkabach est doté d’un talent exceptionnel, mais si l’on le compare aux incultes qui sévissent dans la presse algérienne, en tous cas dans le journal qui m’emploie, il faut bien reconnaître quelque compétence au patron d’Europe1. Dre toutes façons, je ne pense pas que les tenants de la "nouvelle pensée unique" en France, genre Sarkozy, pousseraient la vulgarité jusqu’à choisir des gens totalement dépourvus de talent et d’intelligence et, avec cela, compter sur eux pour les servir et défendre leurs options face à leurs adversaires. Car l’on est tout de même en France où le débat contradictoire est incontournable et la liberté d’expression une réalité déinitivement établie (quoi que...).
      cheksaid@yahoo.fr

  • "L’appétit de l’argent et l’indifférence aux choses de la grandeur avaient opéré en même temps pour donner une presse qui, à de rares exceptions près, n’avait d’autre but que de grandir la puissance de quelques-uns et d’autre effet que d’avilir la moralité de tous. Il n’a donc pas été difficile à cette presse de devenir ce qu’elle a été de 1940 à 1944, c’est-à-dire la honte du pays" . Albert CAMUS dans COMBATS en août 1944.

    Le programme du Conseil national de la Résistance entendit remédier à cette déchéance en garantissant "la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat , des puissances d’argent et des influences étrangères" et des ordonnances interdirent, par exemple, qu’un même individu possède ou contrôle plus d’un quotidien politique. Mais cela est, hélas, tombé dans les oubliettes.

    Le problème de la soumission de la presse au pouvoir quelle que soit la "couleur" de ce dernier n’est pas nouveau et c’est ce que Serge Halimi, dans son livre "Les nouveaux chiens de garde" appelle le journalisme de révérence.

  • En mai 81 on criait "à bas Elkabach !" En février 2006 le même cri est désespérément valable.
    Donc en 25 ans rien n’a changé dans la connivence médiatico-politique avec une grande misère intellectuelle et le mot "déontologie" journalistique sorti des mémoires.
    A qui la faute ?
    Vive internet !

  • Journaliste pigiste depuis 20ans, dépossédé de carte de presse depuis 3 ans, suite à la chute vertigineuse de publications dans une "presse" qui n’en est plus une,juste une pléthore de "Chiens de garde".
    Une "Presse" dominée par un journalisme de révérence, et les groupes financiers qu’il faut carresser dans le sens du poil.Sinon...
    Que peut-on attendre d’un news magazine qui fait sa cover et 15 pages sur "l’immobilier à Paris,Ou vit-on le mieux en France", erc...dans le registre.D’une TV qui se pâme dans le misérabilisme dédié au time price,donc au fric ce nouveau Dieu nommé "Rentabilité".
    "On a la presse que l’on mérite" nous livrait mon prof de stylistique lors de mon passage à l’école de journalisme.
    Juste reflet d’une société en déliquescence !
    Alors Elkabach ne peut que suivre l’ornière dans laquelle il se complaît, cela ne me surprend guère. Henry

  • On croit rêver.....
    catherine journaliste/presse ecrite.