Accueil > PCF : Résolution du Conseil du 24 avril 2007

PCF : Résolution du Conseil du 24 avril 2007

Publie le mardi 24 avril 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

Le Conseil national a procédé à l’analyse des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Ils sont marqués par une participation exceptionnelle, une dangereuse percée de Nicolas Sarkozy, un effet massif de vote utile en faveur de la candidate socialiste qui a laminé les autres candidats de gauche, un résultat très préoccupant, à peine 2 %, de notre candidate.

Le Conseil national salue la mobilisation remarquable des communistes comme de toutes celles et tous ceux qui, dans leur diversité, ont mené avec Marie-George Buffet une campagne magnifique de mobilisation et de détermination. Il partage leur déception devant ces résultats qui sont très loin de nos espérances.

Tout en appelant les communistes à approfondir l’analyse de ces résultats, le Conseil national a d’abord pris sans tarder les décisions qu’imposent la situation créée par le premier tour et les deux grandes échéances à venir : le second tour de la présidentielle et les élections législatives.

Les communistes abordent ces échéances avec combativité et avec la volonté renouvelée de battre la droite et de porter des propositions susceptibles de faire réussir une politique de gauche. Aucune de ces échéances n’est jouée d’avance. C’est seulement au terme de l’ensemble de ce cycle électoral que le paysage politique sera dessiné pour le quinquennat à venir.

Le Parti communiste confirme avec lucidité, et sans aucune hésitation, l’appel que Marie-George Buffet a lancé dès le 22 avril au soir, à voter et faire voter Ségolène Royal : Nicolas Sarkozy est un homme dangereux qui a délibérément choisi de reprendre les thèses insupportables du FN afin de devenir le candidat de la droite et de l’extrême droite. Il doit absolument être battu.

Il appelle les communistes à ne pas relâcher leur effort. Tout doit être fait, jusqu’au 6 mai, pour battre la droite et l’extrême droite. C’est vital pour notre peuple qui subirait sans cela durant cinq ans la politique ultra-libérale d’une droite décidée à en finir une fois pour toutes avec notre système social.

Nous inscrirons ces efforts dans la perspective, pour les législatives et au delà, d’une véritable alternative de gauche. C’est possible. Tout au long de la campagne, nous avons pu mesurer combien les attentes qui se sont manifestées puissamment dans les luttes contre les réformes Raffarin, dans la campagne contre la constitution libérale de l’Europe ou pour arracher le retrait du CPE sont toujours présentes et attendent des réponses de la gauche. Quel qu’ait été leur vote le 22 avril, des millions de femmes et d’hommes aspirent à une véritable politique de gauche, rompant enfin avec les logiques libérales.

C’est donc en nous appuyant sur ces attentes que nous allons mener pour les législatives une campagne très offensive avec les candidates et les candidats que les communistes auront choisis, avec d’autres, dans chaque circonscription pour rassembler le maximum possible de femmes et d’hommes désireux de faire émerger une véritable alternative à gauche, une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. La constitution à l’Assemblée nationale d’un important groupe de députés communistes et républicains sera un atout décisif pour tous les combats à venir.

Dans toutes ces batailles comme dans les luttes sociales à venir, les communistes et leurs élu-e-s entendent continuer à porter les propositions avancées dans la campagne de Marie-George Buffet avec la conviction qu’elles sont susceptibles de rassembler largement, d’être utiles aux changements qu’attendent les femmes et les hommes de notre pays.

Le premier tour de l’élection présidentielle a montré la détermination de notre peuple à ne pas revivre le 21 avril 2002, en écartant fermement l’extrême droite et en permettant un choix de second tour entre la gauche et la droite. La participation exceptionnelle à ce scrutin a donné une force exemplaire à cette volonté.

Parvenant à recycler les voix du Front national, Nicolas Sarkozy arrive dans une position de force inquiétante. François Bayrou, qui est parvenu à capter une part significative de l’électorat de gauche, vient renforcer considérablement le poids de la droite sur l’échiquier politique.

La gauche, quant à elle, est à son plus bas niveau depuis 1969, avec 36,44 %.

Ségolène Royal gagne 2 % sur le score cumulé de L. Jospin, JP. Chevènement et Christiane Taubira. Mais ce gain se fait au détriment des autres candidatures à gauche.

Dans ce contexte, Marie-George Buffet, candidate soutenue par notre Parti, obtient seulement 1,94 % des voix. Les hommes et les femmes les plus déterminés à battre Nicolas Sarkozy, particulièrement dans l’électorat communiste et écologiste, ont été très nombreux, malgré beaucoup d’hésitations, à voter Royal dès le premier tour. Mais le vote utile n’explique pas tout. Certains n’ont pas souhaité y résister parce qu’ils n’ont pas fait leur l’enjeu de l’influence, de la place et du rôle du Parti communiste français.

Le score d’Olivier Besancenot se maintient (4,08 %). Mais l’extrême gauche – Besancenot, Laguiller, Schivardi – recule globalement de 10,5 % à 5,79 %. José Bové fait 1,32%.

La crise de la gauche – une crise idéologique, politique et structurelle – s’approfondit. Tout au long de cette campagne se sont exprimées des attentes fortes à l’égard de la politique et des volontés de changement. Mais cela ne s’est pas traduit dans les urnes. Manifestement, notre peuple n’a pas considéré comme possible d’utiliser son vote pour exprimer pleinement ses aspirations. C’est pour une part l’effet, grandissant avec le temps, d’institutions qui visent à installer le présidentialisme et le bipartisme dans la société française. A la perspective d’une alliance entre Nicolas Sarkozy et l’extrême droite, ont répondu des appels répétés à y opposer celle de Ségolène Royal et de François Bayrou, visant à construire une démocratie à l’américaine où les idées d’alternative et de changement sont totalement absentes. Le premier tour est de moins en moins l’occasion d’un débat de fond permettant aux électrices et aux électeurs de se prononcer pour un projet politique. Il se trouve pour l’essentiel réduit à une « primaire » dominée par les choix tactiques visant à qualifier deux finalistes pour le second tour. Les médias et les sondages ont, jour après jour, puissamment contribué à accentuer cette tendance.

Au delà, ces résultats posent de très grandes questions. L’échec de nos efforts pour reconstruire à l’occasion de ces élections l’espoir considérable qui s’était levé avec le large rassemblement de gauche pour faire obstacle à la constitution libérale de l’Europe a beaucoup contribué à boucher toute perspective de réel changement à gauche.

Mais la campagne a aussi révélé la profondeur de la crise de la gauche et de la société tout entière. Des repères politiques essentiels se sont effacés dans l’esprit de millions de femmes et d’hommes. Dans l’état de crise que provoquent la précarisation généralisée et l’aggravation de la souffrance sociale, nous assistons à d’importantes régressions idéologiques, attisant les divisions et les oppositions au sein des couches populaires, déconstruisant les sentiments de solidarité, alimentant le repli sur soi et la recherche de boucs émissaires. Et notre Parti a continué à s’affaiblir électoralement, posant de façon incontournable la question de la place et du rôle d’une force de transformation sociale dans la société française dominée par le capitalisme financier mondialisé.

Cette situation est grave. Elle nous impose un effort d’analyse et de réflexion qui ne peut être différé. Le Conseil national décide donc d’organiser un congrès extraordinaire, dès l’automne prochain si le calendrier politique le rend possible. Rassemblés, les communistes devront y aborder de front, en toute liberté, toutes les grandes questions idéologiques et politiques, celles qui portent sur l’état de la société, sur nos choix stratégiques, sur la manière dont nous les avons mis en œuvre, sur la campagne que nous avons menée, et sur le rôle de la direction du Parti. Le calendrier de ce congrès et ses modalités seront fixés après les élections législatives.

Messages

  • Marie-George, j’ai milité pour ta campagne comme jamais sûrement je l’avais fait auparavant. Je l’ai soutenu car elle allait (timidement je trouve mais quand même) à l’encontre de la social-démocratisation de Hue et autre "refondateurs", larbins du capital mais qui se disent "communistes".

    J’espère Marie-George que tu auras l’audace et le courage d’impulser ce que beaucoup de camarades (et des anciens camarades) attendent pour repartir : un nouveau Congrès de Tours.

    Ce débat est urgent, on en a besoin.

    • s il doit y avoir un nouveau congrès de Tours, ce qui ne se décrette pas mais surgira de la discussion fraternelle entre militants ouvriers de toutes origines, on ne devra pas commencer par traiter les désaccords en des termes tel que "larbins du capital" ou autre "objectivement du côté de l’ordre bourgeois"... sinon que dire de toutes les positions ignorantes de la véritable "révolution blanche" initiée par l’Union Européenne de L.O. à Bové ?
      L’élan du Non au TCE enterré (avec des nuances) lors de la campagne, pas un mots sur les Directives de Bruxelles qui sont la politique dans toute l’Europe des bourgeoisie unies contre les acquis républicains, démocratiques et ouvriers arrachés par nos pères et nos grands pères.
      Comment sauver la Poste (et l’ensemble des services publics) si on ne dit mot des trois directives livrant l’activité postale au capitalisme financier au nom de la concurrence libre et non faussée ? Comment lutter contre les délocalisations de l’appareil productif si on n’unit pas l’ensemble des travailleurs pour la rénationalisation d’Airbus industries par exemple ? et pour l’Edf GDF, la destruction de la Sécu et la marchandisation de la Santé etc, etc...
      je me refuse à traiter de vendus tous ceux dont je pense qu’ils ont une politique capitulatrice dans touz les domaines dérèglementés en application du traité de Maastricht, mais la discussion et les bilans sont indispensables si nous voulons offrir une issue à tous les travailleurs sur tous les sujets qui les préoccupent.

  • Bonne annalyse bien qu’imparfaite : elle n’explique pas pourquoi Besancenot augmente en voix alors que les autres reculent...

    Il serait temps de poser la question pourquoi ce phénomène....

    Bon courage à tous.

    Mathieu 34

    • Bonne analyse bien qu’imparfaite : elle n’explique pas pourquoi Besancenot augmente en voix alors que les autres reculent...
      Il serait temps de poser la question pourquoi ce phénomène....

      Pour comprendre le « phénomène », un petit rappel ?

       Résultats 2002 : Arlette Laguiller = 5,72 % ; Olivier Besancenot : 4,25 % ; Total = 9,97 %.
       Résultats 2007 : Arlette Laguiller = 1,34 % ; Olivier Besancenot : 4,11 % ; Total = 5,45 %.

      C’est plus clair comme cela ? Et on va arrêter de nous bassiner avec cette intox Besancenot que les media nous ont servie depuis des mois ?

      Francis de Quincy

    • Bonsoir

      Ok pour l’addition aritmétique mais cela ne correspond pas forcément à la réalité politique !

      18 % des électeurs de Hue en 2002 ont voté pour Besancenot en 2007 !

      Alors à mon avis arrêtons de prendre que les chiffres qui nous font palisir !

      Oui, nous avons fait une bel campagne (sans doute la plus belle depuis 81) mais oui nous noussommes pris une sacrée claque !

      J’ai lu le rapport, il y a encore tout une parti d’autosatisfaction en trop !

      Nous devons nous repositionner par rapport à la réalité de la société française et ne pas penser que le contraire puisse être vrai !

      L’analyse du programme de Sarko me semble très bien, elle a manqué sous cette forme pendant la campagne. Attention toutefois certaines critiques sur les positions de Sarko ne sont pas aussi évidentes qu’on le dit. Il y a effectivement le pb sur l’astitanat qui doit êter plus expliciter que çà (bas salaires, manque de formation, solidarité et humanité !!!! )

      J’apprécie le fait que l’on repousse notre positionnement sur les légilatives après le 2nd tour. Nous ne serions pas audibles de toute façon dans la déferlante médiatique ! Et je pense que le parti a besoin de débat pour reprtir en campagne ...

      Fraternellement

      Raymond

    • )Résultats 2002 : Arlette Laguiller = 5,72 % ; Olivier Besancenot : 4,25 % ; Total = 9,97 %.
      Résultats 2007 : Arlette Laguiller = 1,34 % ; Olivier Besancenot : 4,11 % ; Total = 5,45 %.

      C’est plus clair comme cela ? Et on va arrêter de nous bassiner avec cette intox Besancenot que les media nous ont servie depuis des mois ?

      Mais vois tu les 4,11% de Besancenot avec un taux de partcipation de 85% fait qu’il gagne ( je crois ) 600 000 voix par rapport a 2002.
      Quand à Arlette, elle paie son "non-ralliement" à Chirac ... ( et personnellement je trouve cela vraiment malheureux ... )

      Je pense qu’il y a un "réel" effet Besancenot. ( Bagou ? effet jeun’s ? autonomie vis à vis du PS ?

    • Il ne faut pas additionner des pourcentages, quand on a 85% de votants comme maintenant ce qui importe c’est le nombre de voix et c’est vrai que Besancenot à quasiment doublé son nombre de voix... quand on dit que Le Pen a baissé, c’et vrai en pourcentage mais pas ern nombre de voix donc en capacité de nuisance...

      Enfin espérons que le coup de pied dans le c... que vient de recevoir la gauche anti-libérale dans son ensemble (les trois B et les autres) vont inciter les uns et les autres à oeuvrer pour une véritable unité. Si ce n’est pas le cas, tous sont condemner à terme à disparaître... Alors voyons donc comment une nouvelle confédération pourrait voir le jour sur des objectifs clairs.

      François Lucas

    • Erreur !!! en 2002, Besancenot fait 1210562 voix et en 2007 il en recueille 1494391. Soit un solde positif de 283829 voix et non pas de 600000 ! Ce n’est certes pas un gain négligeable mais ce n’est pas tout à fait du même ordre... soyons le plus précis possible...

      JPN

    • on bassine pas, c’est la réalité, le score en pourcentage est le même ou presque qu’en 2002 mais vue la participation, c’est près de 300.000 voix en plus pour Besancenot. Y’a des questions à se poser non ?

    • Le vote Besancenot c’est un vote de transhumance, je m’explique : des électeurs ont déserté certaines candidatures pour atterrir sur celle de OB, près de la moitié des électeurs de OB sont passés au vote Ségolène et il y a eu un effet sur certains primovotants des quartiers populaires qui lui assurent un solde positif.

      Regardez les résultats sur Paris intramuros, OB est en recul en voix et en pourcentage sauf en voix dans le XIX ème. Pourquoi ? Parcequ’à Paris même par définition on n’est pas en banlieue et l’apport de jeunes électeurs pour faire la bascule avec un petit bonus n’est pas là !!

      Jean Philippe VEYTIZOUX

  • Enfin une bonne décision si...tout le monde joue le jeux honnètement !

    CN46400

  • Je partage,en gros l’analyse,avec peut être une insufisance sur le role idéologique de la grande bourgeoisie et la liaison avec le capital international.Quand au soi disant effet Besancenot ,si l’on mesure le poid de l’extreme gauche hors PC ,Le recul est de 5% soit exactement la même proportion que pour le PC.Dans tous les cas il n’y a pas de quoi se rejouir et jusqu’à preuve du contraire et comme d’habitude seul le PC a le courage de ses analyses .A quand une analyse pertinente de LO -LCR ou des autres "anti-libéraux"la seule démarche continue qu’ils ont c’est taper sur le PC .Objectivement ils sont les alliés de qui ?

    Autre point important :L’Humanité n’est plus l’organe central du Parti Communiste ,peut être faut-il chercher là aussi la faiblesse idéologique de certains combats et donc de leur relatif impact.

    Enfin dernier point:Si un débat d’idées, intense et souvent constructif a eu lieu,il a souvent été galvaudé,et déformé,par une presse et des médias acquis à l’idéologie dominante,mais la complaisance,voire la complicité active de"communistes" ou "apparentés" a permis d’alimenter cette virulente campagne anti-communiste,contribuant ainsi à l’échec de toute la gauche de combat.

    Roger bretagne