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TEGUCIGALPA, VILLE DE FURIE

Publie le vendredi 2 octobre 2009 par Open-Publishing
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de Allan McDonald,

Le jour se lève.

J’ai traversé mes souvenirs d’un pas ferme et me suis arrêté au coin de l’histoire, sous le feu de couleur vert olive, pour que les chars d’assaut passent en trombe. Je me suis alors rappelé mon enfance de lumières perdues, quand je jouais à disséquer ce jardin de fleurs sous le regard lumineux et incandescent de Dieu, et j’ai revu mes figurines de plastique des céréales de Cornflakes, d’une époque révolue où jouer aux petits soldats était une joie de la vie. Aujourd’hui, c’est une angoisse de les voir en réalité, une horreur de voir leurs yeux effrayants de dévastation et leurs cuirasses de métal sur la poitrine -comme les animaux mythologiques d’une ère néolithique déjà vaincue par les paléontologues de la fin du monde.

La ville de Tegucigalpa est un camp de concentration, une ville minée par la haine, un gros village empêtré dans des bottes qui détruisent à chaque pas l’herbe de l’espérance, s’acharnant pour qu’elle ne repousse plus jamais. Même si la fleur de la résistance croît dans l’asphalte de leurs pas tordus.

Sur chaque trottoir, dans chaque rue, dans chaque allée s’engouffre avec force la lutte contre ces monstres de métal brillant, astiqués avec les chemises de misère de ce Honduras ; dans chaque carabine il y a la haine et l’utopie ; dans chaque T-shirt vert il y a le corps du délit ; dans chaque regard il y a une larme d’amour pour libérer le pays d’orangs-outangs de contrefaçon, issus d’une jungle phosphorescente de vers luisants politiciens sans éclat.

Le feu passe au rouge, il est temps que s’arrêtent les caravanes de fer pourri et les dinosaures de la poubelle universelle de l’histoire, il est temps d’allumer cette lumière rouge de la dignité qui mettra fin à la fureur effrénée de cette écurie métallique qui écrase un espoir selon eux existant -car ils sont convaincus que tout le pays se résume à un M-16.

Mes figurines de plastique sont tombées dans le jardin et se sont perdues entre le tas de feuilles mortes et les tourbillons secs de l’hiver. Je cours chercher de l’aide chez mon papa. Ce sont mes seuls jouets et le vieux, qui lit un petit livre d’Honoré de Balzac, me chuchote à l’oreille, comme un secret d’État sans président : « Laisse-les là, le plastique fond au soleil du matin ».

Il fait jour.

Traduit par Thierry Pignolet. Édité par Fausto Giudice

Aube sur Tegucigalpa Photo Enzo Gallardo

Sur l’auteur

L’artiste graphique Allan McDonald, Thierry Pignolet et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.



URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8858&lg=fr


Messages

  • Honduras : 38 opposants au régime putschiste entament une grève de la faim

    TEGUCIGALPA - Trente-huit paysans honduriens partisans du président déchu Manuel Zelaya ont entamé samedi une grève de la faim en prison, où ils sont détenus depuis un raid mené par la police contre leur campement à Tegucigalpa, a annoncé à l’AFP une source syndicale.

    La grève de la faim des 38 paysans a débuté à l’intérieur de la plus grande prison du pays, la Penitencia Nacional, à 25 km au nord de la capitale, a affirmé le dirigeant syndicaliste agricole Rafael Alegria, membre d’un Front de résistance contre le coup d’Etat qui a renversé M. Zelaya le 28 juin.

    Les paysans réclament "le retour au pouvoir du président et le respect de notre droit à la terre", avait expliqué vendredi à l’AFP dans la cour de la prison Benedicto Flores, 48 ans, un paysan de Moroceli, à 80 km à l’est de Tegucigalpa, et actuellement sous les verrous.

    Le président déchu, élu comme candidat de droite fin 2005, avait donné un coup de barre à gauche l’an dernier.

    Avant le coup d’Etat, il devait faire passer un décret législatif attribuant de petites parcelles à 300.000 paysans qui réclament un accès à la terre depuis 40 ans.

    Mercredi, le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a mené un raid militaro-policier contre un immeuble occupé par des paysans partisans de M. Zelaya, arrêtant 55 d’entre eux.

    Une centaine de salariés agricoles campaient dans l’immeuble de l’Institut national de la réforme agraire (Inra) et manifestaient dans la journée en faveur du président déchu, réfugié à l’ambassade du Brésil depuis son retour clandestin le 21 septembre.

    Sept femmes et deux enfants ont été libérés par la suite, et huit hommes ont été condamnés à des "mesure substitutives à la prison". Les 38 hommes restant ont été emprisonnés.

    "Nous sommes accusés de sédition parce que nous étions en train d’implorer le retour de notre président pour que tout cela se termine. On peut s’attendre à n’importe quoi avec ce gouvernement criminel. les avocats nous ont dit qu’ils veulent nous condamner à la peine maximale, dix ans", a dit à l’AFP en prison Ramon Diaz, un habitant de Paraiso, 110 km à l’est de la capitale.

    Selon le directeur de la prison, les paysans passeront mardi devant un juge.

    M. Micheletti avait signé dimanche un décret restreignant la liberté de presse et de réunion dans le pays, qui permet des arrestations sans mandat.

    La grève de la faim commence peu avant l’amorce d’un dialogue entre le gouvernement putschiste et M. Zelaya prévue "la semaine prochaine" selon l’Organisation des Etats américains (OEA).

    03 octobre 2009 23h08

    http://www.romandie.com/infos/News2/091003210858.pwycl9gx.asp