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Assurance chômage : les négociations devaient et pouvaient se dérouler autrement
Publie le vendredi 6 janvier 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Déclaration de la Commission Exécutive Confédérale de la Cgt
Le projet de convention organisant l’indemnisation du chômage pour les trois prochaines années contribuera à l’aggravation de la précarité de l’emploi qui gangrène les fondements de la cohésion sociale et favorisera l’extension de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Les ambitions du patronat et singulièrement celles du Medef seront satisfaites si cette convention recueille le nombre de signataires suffisant pour être mise en œuvre.
La réorganisation des filières d’indemnisation conduit de fait à une réduction drastique des durées d’indemnisation pour un certain nombre de chômeurs et à l’exclusion du système pour d’autres.
Selon les chiffres de l’Unedic, la création d’une filière « A+ » permettra à 18 200 chômeurs (environ 1 % des chômeurs indemnisés) de bénéficier de six mois d’indemnisation supplémentaires mais, en contrepartie, le durcissement des conditions d’accès à la filière B pénalisera 99 900 autres chômeurs en réduisant de onze mois la durée de leur indemnisation par leur basculement vers la nouvelle filière A+. En outre, la suppression de la filière D, entraînera la réduction de six mois d’indemnisation pour environ 46 000 chômeurs supplémentaires.
Selon l’Unedic toujours, le projet d’accord conduira à exclure 36 500 chômeurs supplémentaires du système alors même qu’aujourd’hui 6 chômeurs sur 10 ne sont pas indemnisés par l’Unedic.
Le « rétablissement financier » du régime ne peut servir de prétexte à une nouvelle remise en cause des droits des chômeurs et à une taxation supplémentaire des salariés.
Alors que les taux de profits et les dividendes versés aux actionnaires s’envolent pendant que le pouvoir d’achat des salariés chute, la convention prévoit une augmentation identique et temporaire des cotisations salariales et patronales. Les patrons verseront 160 millions d’euros par an contre 634 millions d’euros pour les salariés et les chômeurs. L’effort est-il vraiment équitablement partagé !?
La Commission exécutive de la Cgt déplore l’absence de volonté de certaines organisations syndicales pour gagner la majoration des cotisations des employeurs sur les contrats précaires. Cette revendication, initialement portée par toutes les organisations syndicales, emporte l’adhésion de 75 % des français et 82 % des salariés (sondage CSA). Sa satisfaction aurait permis de responsabiliser les entreprises qui recourent abusivement à ce type d’emploi qui grève le budget de l’Unedic.
L’ensemble des mesures visant « le retour à l’emploi » ne trompe personne. Certaines sont déjà mises en œuvre depuis plusieurs années. En revanche, les nouvelles conditions d’indemnisation des saisonniers, celles concernant les activités réduites - temps partiels -, les « seniors » ou encore les nouvelles dispositions consacrées à la sélection des chômeurs dès leur perte d’emploi (le « pré-profilage ») constituent de fait des outils coercitifs pour faire accepter n’importe quel emploi dans n’importe quelles conditions. Elles s’inscrivent dans la cohérence des décrets gouvernementaux organisant le contrôle et les sanctions des chômeurs qui refusent un emploi ne correspondant pas à leur qualification ou trop éloigné de leur lieu de vie.
Face à un patronat déterminé, le syndicalisme se doit d’être rassemblé autour des exigences sociales exprimées par les salariés et de l’intérêt général.
La Commission exécutive de la Cgt ne peut admettre les conditions dans lesquelles s’est déroulée la dernière phase de négociation. En effet, la Cgt, première organisation syndicale, a délibérément été exclue des « négociations » qui se sont tenues dans les coulisses. Elle estime que la loyauté et la démocratie doivent prévaloir dans les négociations.
Concernant les annexes Cinéma - Spectacle, la Cgt a fait des propositions de remise à plat du régime spécifique aboutissant, selon les chiffrages de l’Unedic, à des économies non négligeables.
Le Medef les a balayées d’un revers de manche et a proposé de « replâtrer » le protocole de 2003. Les annexes Cinéma - Spectacle ont finalement été prorogées. Le gouvernement ne peut agréer cette prorogation et doit tenir ses engagements : la mise en place d’un régime pérenne et équitable, applicable au 1er janvier 2006.
La Cgt considère que cette convention ne peut être signée en l’état.
Elle demandera au gouvernement de ne pas donner son agrément à un tel accord. Elle demande d’engager, dès ce premier trimestre, les négociations annoncées sur la refondation de l’ensemble du régime d’assurance chômage, partie intégrante de la protection sociale. La Cgt compte aborder cette négociation sur la base de son projet de Sécurité sociale professionnelle.
CGT (www.cgt.fr)
Messages
1. > Assurance chômage : les négociations devaient et pouvaient se dérouler autrement, 7 janvier 2006, 01:41
La lutte exemplaire des intermittents du spectacle, qui se battent depuis deux ans et demi pour un système d’indemnisation chômage solidaire, doit constituer un point d’appui pour tous les salariés.
Rappelez-vous, fin juin 2004, au 5ème jour d’occupation du toit du MEDEF, ce qu’écrivaient les militants de la coordination des intermittents et précaires avec des membres d’AC !
Communiqué de la 100ème heure : Ce que nous défendons sur le toit nous le défendons partout
29 juin 2004 - 5e jour d’occupation du toit du MEDEF
Après 100 heures d’occupation, nous, collectif d’occupation du toit du siège du Medef, n’avons obtenu aucune réponse satisfaisante de monsieur Borloo, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Cohésion sociale, à propos de nos revendications :
– l’abrogation de la convention UNEDIC 2004, dont dépend le protocole du 26 juin 2003,
– une table ronde réunissant l’ensemble des concernés en vue d’ouvrir des négociations sur la réforme de l’assurance chômage, selon des principes mutualistes et en accord avec la diversité des pratiques d’emploi.
Il ne nous a proposé qu’un rendez-vous sur un projet de loi qui ne regarde pas l’UNEDIC.
Les partenaires sociaux, qui se partagent la gestion de l’Unedic, ne représentent en rien l’ensemble des usagers de l’Unedic : salariés, chômeurs, précaires. Ils sont nommés par décret gouvernemental et ne sont donc ni éligibles ni révocables.
Le Medef sur lequel nous sommes debout est de fait le plus influent de ses gestionnaires même s’il ne représente que 1% des entreprises de France.
Nous refusons que ces structures gèrent nos vies. Nous proposons donc de sortir de ce monopole de la gestion de la protection sociale.
Nous proposons de réformer le système de représentativité à l’Unedic. Nous proposons que tous les concernés soient représentés : coordinations d’intermittents et de précaires, associations de chômeurs, syndicats et organisations patronales non représentés, etc...
La gestion de la protection sociale est aussi celle de nos vies.
La politique de « refondation sociale » menée de concert par le Medef et le gouvernement impose à nos existences des dispositifs de contrôle, d’individualisation, d’épuration. Une assurance chômage mutualiste est le contraire de cette logique du « chacun pour soi », du « tous contre tous ».
Nous sommes montés sur le siège du Medef pour exiger de monsieur Borloo qu’il s’engage publiquement sur l’organisation d’une table ronde sur la réforme de l’assurance chômage avec l’ensemble des concernés, où nous défendrons le nouveau modèle d’assurance chômage des salariés intermittents porté par la Coordination nationale des Intermittents et Précaires.
Obtenons du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Cohésion sociale qu’il réunisse l’ensemble des concernés et que s’ouvrent enfin de véritables négociations.
Investissons, occupons, approprions-nous d’autres lieux, d’autres espaces.
Ce que nous défendons sur le toit, nous le défendrons partout.
Nous recevons le soutien de la Coordination nationale des Intermittents et Précaires, AC !, APEIS, CNT spectacle, %ATTAC, Festival de Sotteville-lès-Rouen, Sud Education, Sud Culture, Sud Spectacle, Sud Rail, Fédération CGT-Spectacle, Confédération paysanne, Vacarme, Multitudes, le 9e collectif des sans papiers, le Passant Ordinaire, Réseau No Passaran, Union Syndicale G10 Solidaires, Les Verts, la LCR, ...
2. > Assurance chômage : les négociations devaient et pouvaient se dérouler autrement, 7 janvier 2006, 07:16
En complément, lire Sept chômeurs sur dix laissés au bord du chemin
Contenu :
– communiqué de l’UGICT-CGT "Sept chômeurs sur dix laissés au bord du chemin"
– lien vers la déclaration confédérale " Accord UNEDIC 2006 - 2008 : "Qui perd ? Qui gagne ?"
– lien vers un article de Thomas Lemahieu "Les chômeurs font les frais des marchandages"
– lien vers "Work in Progress Entretien avec Bernard Thibault" au sujet de la « sécurité sociale professionnelle »
Patrice Bardet