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À Aubervilliers, une descente anticlandestins fait du dégât

Publie le jeudi 19 avril 2007 par Open-Publishing

Immigration . Émotion après une intervention des gendarmes de Bobigny, lundi, dans trois ateliers clandestins. Un bébé de deux mois est décédé peu après.

La gendarmerie de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est intervenue, lundi, après enquête, sur commission rogatoire du procureur de la République, dans trois ateliers de confection clandestins d’Aubervilliers, rue André-Karman. L’important dispositif policier a procédé à l’arrestation de vingt et une personnes sans titre de séjour, toutes adultes selon les gendarmes. Une personne se serait blessée en tombant d’une échelle trop courte en ayant tenté de fuir les lieux. Elle est actuellement hospitalisée. Et surtout, peu après l’intervention, une petite fille de deux mois, qui dormait dans une pièce jouxtant un des trois ateliers, a dû être conduite d’urgence à l’hôpital Robert-Debré et est décédée dans la soirée.

trop Forte dose de stress pour le bébé

Selon les premières informations données par les parents, par ailleurs en situation régulière, la mort serait due à une très forte dose de stress occasionnée par la très brutale et très bruyante intervention des gendarmes. Le bébé était suivi par la protection maternelle et infantile de la ville et aurait été en bonne santé avant les événements. Selon un avis médical, cette hypothèse n’est pas à écarter, - un bébé peut, effectivement, décéder d’un très grand stress - d’autant qu’il aurait pu être affaibli par les grandes chaleurs de dimanche et lundi. Seule une enquête pourra confirmer l’hypothèse de la famille.

Sans nouvelles

de deux enfants

Hier matin, les gendarmes ont arrêté l’un des trois gérants des ateliers. Les deux autres sont en fuite. Liliane Balu, conseillère municipale d’Aubervilliers, est intervenue, dès lundi après-midi, avec un habitant membre du comité de vigilance, pour tenter de faire libérer les personnes arrêtées. Avec pour résultat de faire sortir une des interpellées. Une petite fille de deux ans et demi a été mise en sécurité, alors que ses parents étaient embarqués, mais le Réseau Éducation sans frontières de Paris (certaines des familles concernées sont parisiennes) était toujours, hier après-midi, sans nouvelles de deux enfants, de dix et un ans, partis avec leurs parents arrêtés, mais sur lesquels la gendarmerie refuse de communiquer. Brigitte Wieser, de RESF, craint, cependant, que le décompte des enfants « égarés » ne soit que provisoire.

l’Humanité
Émilie Rive

COMMUNIQUE
Réseau Education Sans Frontières
Comité de vigilance d’Aubervilliers contre les expulsions des parents et élèves sans papiers.

18 avril 2007
RAFLE BRUTALE DANS UN ATELIER CLANDESTIN A AUBERVILLIERS

Lundi 16 avril, vers 15 heures, plusieurs dizaines de gendarmes arrivés dans une armada de fourgons sont intervenus de façon extrêmement brutale dans un atelier clandestin de textile rue André Karman à Aubervilliers : portes défoncées, hurlements, cavalcades, poursuites et interpellation violente de ceux qui tentaient d’échapper sous les yeux des enfants du centre de loisirs. Une femme qui tentait de s’échapper par une échelle est tombée et a du être hospitalisée. Au moins une vingtaine de personnes, dont plusieurs parents d’enfants scolarisés ont été placés en garde à vue puis en rétention. Deux enfants (10 ans et 1 an) qui habitaient un logement contigu à l’atelier ont été eux aussi arrêtés. Ils sont actuellement au centre de rétention de Oissel avec leurs parents. Deux autres enfants dont les parents ont été placés en rétention ont été recueillis par des amis. Un bébé de deux mois dont la chambre jouxtait l’atelier est décédé. Aucun lien n’est établi pour l’heure entre ce décès et l’intervention de la police. La famille demande qu’une enquête médicale détermine de façon certaine les causes du décès de cette fillette.

Ce n’est pas la première fois que la police intervient façon rodéo contre des ateliers clandestins à Aubervilliers. Déjà en septembre dernier, plusieurs dizaines de policiers avaient investi un atelier clandestin avec la plus grande brutalité rue Henri Barbusse, faisant plusieurs blessés, dont un tombé d’un toit dans la cour d’une école alors qu’il était poursuivi.

La lutte contre les négriers qui organisent le travail non déclaré et les entreprises ayant pignon sur rue qui en profitent parfois, ne justifie pas de telles méthodes contre les victimes de cette exploitation : les travailleurs clandestins ne sont pas des gangsters contre qui il faut un tel déploiement policier, l’arme au poing.

La première mesure contre le travail non déclaré serait la régularisation des travailleurs sans papiers que leur condition place sans défense entre les mains de leurs exploiteurs.

Le Comité de vigilance d’Aubervilliers contre les expulsions des élèves et familles sans papiers et le Réseau Education sans frontières demandent :

 La libération immédiate de toutes les personnes interpellées le 16 avril à Aubervilliers et particulièrement celle des enfants retenus à Oissel. La place des enfants est à l’école, pas dans une prison qui ne dit pas son nom.

 La vérité sur les circonstances du décès du bébé.

 Que la lutte nécessaire contre le travail clandestin ne soit pas le prétexte à des reconduites à la frontière et alimente la politique du chiffre.

Ils appellent à un rassemblement de protestation vendredi 20 avril à partir de 17 heures au métro Quatre chemins à Aubervilliers.

Contacts sur ce dossier :
Liliane Balu 06 75 23 65 39, Comité de vigilance d’Aubervilliers contre les expulsions des parents et élèves sans papiers
Brigitte Wieser 06 88 89 09 29, RESF
Richard Moyon 06 12 17 63 81, RESF