Accueil > A Toulouse, les rancœurs se réveillent entre partisans de M. Baudis et de (...)

A Toulouse, les rancœurs se réveillent entre partisans de M. Baudis et de M. Douste-Blazy

Publie le dimanche 25 avril 2004 par Open-Publishing

Visé par la règle sur le cumul des mandats, le ministre doit quitter sa mairie mais ne parvient pas à imposer son candidat. Ses principaux adjoints lui demandent de "travailler différemment".

De : Stéphane Thépot

Toulouse

Comme si de rien n’était, Philippe Douste-Blazy se prépare à présider le conseil municipal de Toulouse, le 7 mai. Le même jour, il assistera, en tant que président de la communauté d’agglomération du Grand Toulouse, à l’inauguration de l’usine de montage de l’Airbus A380, à Blagnac. Mais si le nouveau ministre de la santé a prévu de conserver la présidence de l’agglomération, il devra céder son fauteuil de maire en raison de la jurisprudence gouvernementale sur le cumul des mandats. Une obligation qu’il ne juge pas "d’actualité immédiate", pour reprendre l’expression consacrée de M. Douste-Blazy à chaque fois que la question lui est posée. Le maire de Toulouse est d’autant moins pressé de quitter ses fonctions municipales que la crise couve au sein de sa majorité sur la question de sa succession.

Dès le lendemain du second tour des élections régionales et cantonales, le 28 mars, trois de ses principaux adjoints - Serge Didier, Françoise de Veyrinas et Jean Diébold - lui ont écrit une lettre, également adressée à l’ensemble des conseillers municipaux de la majorité, pour s’alarmer de la progression "extrêmement préoccupante" de la gauche à Toulouse. La liste PS-PRG-PCF conduite par Martin Malvy (PS) a en effet réalisé 58,59 % des voix dans la Ville rose, contre 31,01 % à la liste UMP de Jacques Godfrain. Mais c’est surtout la perte de trois cantons toulousains, dont le quartier historique de Toulouse-Centre, qui a choqué les esprits.

Les signataires de la lettre évoquent d’ores et déjà une possible défaite de la droite et du centre aux élections municipales de 2007. Et ils demandent ouvertement au maire de "travailler différemment". Désavouant ainsi la politique d’ouverture que M. Douste-Blazy mène dans la ville depuis son accession au Capitole.

En lançant sa propre version de la "démocratie de proximité", il avait paru tendre la main aux électeurs des Motivé (e) s qui revendiquaient une plus grande participation dans les affaires municipales. Des gestes d’apaisement qui ne sont pas toujours bien vécus dans son propre camp. Témoin cette réaction indignée et spontanée d’une adjointe toulousaine lors d’une réunion du conseil d’agglomération, le 29 mars, alors que M. Douste-Blazy répondait favorablement à l’interpellation d’un élu Verts : "Vous n’allez tout de même pas lui donner raison !"

La fronde des élus toulousains apparaît aussi comme une réaction des anciens "baudissiens" contre les nouveaux "blazistes" du conseil municipal. Les ravages causés par l’affaire du tueur en série Patrice Alègre et les accusations portées, à cette occasion, contre l’actuel président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Dominique Baudis, ont creusé un fossé entre l’ancien maire de Toulouse et son successeur au Capitole. Le premier reprochant au second de ne pas l’avoir prévenu que son nom était cité dans le dossier d’instruction, puis de l’avoir soutenu "a minima" dans cette affaire. Depuis cet été, M. Didier, adjoint chargé des affaires économiques, no 4 dans l’ordre protocolaire, s’est ostensiblement rapproché de l’ancien maire en sa qualité d’avocat.

Principal initiateur de l’appel, il milite ouvertement pour un retour de M. Baudis aux affaires. Son principal objectif est de barrer la route à Jean-Luc Moudenc, adjoint chargé de l’urbanisme, no 3 dans l’ordre protocolaire et présenté comme le successeur "naturel" de l’actuel maire de Toulouse. Ancien collaborateur de M. Douste-Blazy à la mairie de Lourdes, mais aussi de M. Baudis à la mairie de Toulouse et au conseil régional Midi-Pyrénées, il possède, à 43 ans, le profil idéal pour assurer la transition.

Mais M. Moudenc semble aujourd’hui victime d’un veto de M. Baudis, qui n’a pas apprécié son attitude lors de la crise de l’été 2003. C’est lui qui est implicitement visé par la lettre des conseillers, qui demandent également que le remplacement de M. Douste-Blazy ne se joue pas "dans les couloirs du Capitole ou en catimini dans des réunions secrètes de quelques initiés".

Ce dernier point semble avoir été entendu par le maire de Toulouse. Il a promis l’organisation d’une primaire au sein de sa majorité pour départager les prétendants à sa succession. "Les choses se sont calmées depuis", assure M. Douste-Blazy, qui annonce qu’il sera lui-même candidat à sa réélection en 2007.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-362224,0.html