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APPEL POUR LA LIBERATION DE CLEMENTINA CANTONI

Publie le jeudi 2 juin 2005 par Open-Publishing

traduit de l’italien par karl&rosa

Clementina Cantoni, une jeune coopérante italienne qui travaille avec Care International a été enlevée le soir du 16 mai dans le centre de Kaboul. Clementina était à Kaboul depuis trois ans oeuvrant pour un projet en faveur des veuves qui sont des milliers en Afghanistan, un pays ravagé par 25 ans de guerre et où pendant ces longues années l’emploi a été garanti presque exclusivement par l’économie de guerre, où le taux d’analphabétisme atteint 87%, où les femmes, utilisées comme prétexte par la coalition de Bush contre le terrorisme sont encore lourdement discriminées et ne jouissent d’aucune sécurité ni garantie.

Nous qui, depuis des années, travaillons aux côtés de quelques associations démocratiques et laïques de femmes afghanes (RAWA, HAWCA, OPAWC), nous connaissons très bien les conditions de grave insécurité en vigueur dans le pays, surtout aux frais des femmes et des civils, des conditions que nous avons aussi pu vérifier personnellement à l’occasion des récentes délégations organisées aux mois de mars et avril 2005.

Les femmes des associations afghanes que nous soutenons n’ont jamais arrêté de dénoncer durant ces années, sans être écoutées, les conditions réelles du pays, bien différentes de celles que propagent les gouvernements et les médias occidentaux, en particulier les pays qui ont soutenu la guerre en Afghanistan.
L’enlèvement de Clementina démontre que l’Afghanistan n’est pas pacifié et que les conditions pour qu’un processus de démocratisation se réalise ne sont pas rassemblées. En effet :

 le président Karzai contrôle à grand peine le centre de Kaboul et plusieurs ministres de son gouvernement sont des seigneurs de la guerre fondamentalistes qui gardent leur pouvoir, même grâce à leurs milices privées ;

 Karzai a récemment demandé aux Talibans (y compris au mollah Omar) de faire la paix et de prendre part aux prochaines élections politiques ;

 la plupart des provinces est toujours contrôlée par des seigneurs de la guerre qui imposent leurs règles à tous les niveaux ;

 l’Afghanistan est le premier producteur au monde de pavot à opium et cette activité couvre 80% du PIB du pays et ne sert qu’à financer les seigneurs de la guerre qui gardent sous leur contrôle le territoire par la force des armes et des menaces ;

 les seigneurs de la guerre, alliés des USA dans la guerre contre les Talibans, sont toujours financés et armés par les gouvernements qui font partie de la coalition contre le terrorisme ;

 la reconstruction de facto n’a pas encore commencé parce que ceux qui ont chassé les Talibans n’ont que l’intérêt d’affirmer leur contrôle politique et militaire dans cette zone de fort intérêt que l’on appelle "grand Moyen-orient" ; la population et les réfugiés continuent à vivre dans de pauvres masures de boue, sans eau ni électricité, tandis qu’à Kaboul, avec les recettes du commerce de l’opium, les hôtels luxueux et les centres commerciaux poussent comme des champignons ;

 la corruption est un phénomène déferlant, surtout à l’intérieur des institutions afghanes ;

 le processus de désarmement des milices des seigneurs de la guerre par le contingent international n’a presque pas commencé, bien au contraire, les différents seigneurs de la guerre sont tour à tour alliés ou adversaires de la coalition des forces occupantes ;

 la sharia (loi coranique) est encore en vigueur et les droits des femmes ne sont pas considérés ; c’est l’échec le plus grave de la démocratisation présumée du pays. La condamnation à mort par lapidation de Amina, une femme du Badakshan, coupable d’adultère, le viol et l’homicide de trois coopérantes afghanes dans la province de Baghlan et l’assassinat d’une femme dans la ville de Pulikhumri en sont des exemples.

En vue des prochaines élections, les femmes des Ong afghanes ont signé et soumis à Karzaï un appel afin qu’il tienne les promesses faites à l’égard des garanties minimales de sécurité pour les femmes afghanes ; les femmes vient encore dans le burqa une protection , les fillettes ont peur d’aller à l’école surtout en dehors de Kaboul, la situation est énormément instable, l’année dernière, des centaines de femmes, en particulier dans les provinces de Herak et de Farah se sont suicidées en s’auto-immolant par désespoir.

Nous demandons à ce que tous les efforts possibles soient faits pour la libération de Clementina mais surtout que les conditions minimes de sécurité soient garanties à tous les civils afghans, femmes, hommes et enfants, gravement menacés en ce moment par les conditions d’insécurité et de misère dans lesquelles se trouve le pays par un processus démocratique qui soit vraiment l’expression de la participation des femmes et des hommes afghans.

Coordination italienne en soutien de Rawa
Femmes en Noir de Milan
CISDA Coordination en soutien des femmes afghanes
onlus

Signataires de l’appel :

Guerre & Pace, Comitato Bastaguerra Milano,
Piero Maestri (consigliere della Provincia di Milano)
Luciano Muhlbauer (consigliere della Regione Lombardia)
Sin Cobas
Luigia Pasi (segreteria nazionale Sin Cobas)
E.Co.FeBio onlus L’Aquila
Gruppo NoWTO AQ
Nella Ginatempo
Tavolo Bastaguerra
Alessandra Mecozzi (ufficio internazionale Fiom-Cgil)
FIOM-Cgil
Maria Vanna Zanini
Centro Donna-Grosseto
Gruppo Bastaguerra del Firenze Social Forum

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