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AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal
Publie le dimanche 21 septembre 2008 par Open-Publishing8 commentaires

Les commémorations prévues dimanche à l’occasion du septième anniversaire de l’explosion de l’usine AZF, qui fit 30 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001 à Toulouse, se tiendront à l’approche de la tenue en février prochain d’un procès très attendu.
Ce procès pénal s’ouvrira le 23 février 2009 pour trois à quatre mois dans la grande salle municipale Jean-Mermoz, mise à disposition par la mairie, aucune salle du Palais de justice n’étant assez grande pour accueillir tout le monde.
Sur le banc des prévenus, Serge Biechlin, ancien directeur d’AZF mis en examen en juin 2002, et la société Grande Paroisse, propriétaire de l’usine et filiale du groupe Total, en qualité de personne morale, mise en examen en mai 2006, comparaîtront pour "homicides et blessures involontaires" et "destructions de biens". Dans cette affaire, 12 autres personnes avaient été mises en examen avant de bénéficier d’un non-lieu en cours d’instruction.
Le renvoi de M. Biechlin et de Grande Paroisse devant le tribunal correctionnel a été ordonné en juillet 2007 par le juge d’instruction Thierry Perriquet. Dans le même temps, le magistrat a prononcé trois non-lieux en leur faveur concernant les plaintes pour "mise en danger de la vie d’autrui" et "entrave à l’enquête pénale" déposées par l’association des familles de victimes.
Cette semaine, un nouvel épisode juridique s’est ajouté avec la citation directe déposée par Me Christophe Léguevaques, avocat de l’Association des sinistrés du 21-Septembre, visant le groupe Total et son ancien PDG Thierry Desmarest. Le tribunal correctionnel se prononcera le 10 novembre prochain sur la recevabilité de cette citation directe.
"L’instruction a montré qu’il y avait eu de graves violations des règles de sécurité sur le site AZF, imputables à la politique générale d’économies imposées par Total à ses filiales et ses usines. Notre objectif est de faire comparaître Total et son dirigeant lors du grand procès de la catastrophe afin qu’ils répondent de leurs actes", a déclaré à l’Associated Press Me Léguevaques en précisant que les associations de victimes avaient aussi demandé à ce que le procès soit filmé "pour l’histoire".
"La question de la citation directe a déjà été évoquée durant l’instruction et rejetée. Il s’agit essentiellement d’un acte de communication", a répondu à l’AP Me Daniel Soulez-Larivière, avocat de Total.
Le 21 septembre 2001, l’explosion à l’usine AZote Fertilisants (AZF) avait provoqué une secousse équivalente à un séisme de 3,4 degrés sur l’échelle de Richter. Au terme de cinq années d’investigations, les experts judiciaires ont conclu dans leur rapport final, remis le 16 mai 2006, à un accident chimique provoqué par la mise en contact, vingt minutes avant l’explosion, de DCCNa, un produit chloré, avec une demi-tonne de nitrate d’ammonium. Selon ces mêmes experts, qui ont écarté les scénarii d’une explosion due à un météorite, au gaz ou à un arc électrique, c’est une série de "négligences" et de "dysfonctionnements" qui a rendu possible le mélange accidentel de ces produits.
L’onde de choc de l’explosion avait soufflé ou endommagé de nombreux bâtiments à des kilomètres à la ronde. Un bilan de la préfecture de Haute-Garonne a fait état de 30.000 logements endommagés ou sinistrés, ainsi que 82 écoles primaires, 18 crèches et haltes garderies, 11 lycées, 18 collèges, quatre établissements d’enseignement supérieur et 77 équipements municipaux touchés à des degrés divers par l’explosion. AP
AZF ou l’histoire d’un fiasco
de MATTHIEU QUIRET
La cause de la vérité a été compromise, les traces ayant été effacées par des années de piétinement. Un plaidoyer revigorant pour un journalisme de qualité. AZF, UN SILENCE D’ETAT par Marc Menessier 271 pages, Le Seuil, 20 euros.
Le 21 septembre 2001, dix jours après les attentats de New York, l’usine toulousaine d’AZF explose. Trente personnes meurent, 2.500 autres se blessent et l’onde de choc traumatise la ville entière. Marc Menessier, journaliste scientifique au « Figaro », revient ce jour-là de reportage, passe une tête à la rédaction et se mêle à la conversation fiévreuse qu’inspire l’affaire AZF. Une seule réflexion technique sur les propriétés chimiques de la substance incriminée dans l’explosion et le voilà jeté, malgré lui, dans sept ans d’enquête.
Un chef de service le prend au mot et l’envoie à Toulouse. Le fiasco démarre d’emblée. Trois jours à peine après l’explosion, le procureur toulousain déclare : « C’est un accident, à 99 %. » Pendant des mois, la justice s’acharnera à bâtir scénario sur scénario pour expliquer l’explosion accidentelle du tas de nitrate d’ammonium. Des scientifiques tordront la chimie, l’électromagnétisme, la sismologie pour satisfaire la thèse. Quelques policiers découvrent pourtant des pistes accréditant un attentat islamiste. Ils se voient rapidement dissuadés de les poursuivre.
La plupart de la presse relayera sans sourciller les thèses fragiles de la justice, humiliant à l’occasion les rares journalistes creusant d’autres hypothèses. La chance de Menessier sera de croiser sa consoeur Anne-Marie Casteret parvenue au même scepticisme. Icône de l’investigation à la française depuis qu’elle a sorti l’affaire du sang contaminé, la journaliste de « L’Express » portera le tandem, jusqu’à son décès en 2006. Il en faudra de l’obstination pour slalomer entre des rédacteurs en chef frileux, les RG menaçants, les caprices du chlore, la furtivité des industriels, les indics qui se défilent sous la pression.
Le récit se fatigue parfois dans des recettes chimiques indigestes et quelques leçons trop appuyées du journaliste. Mais son obstination à épuiser toutes les hypothèses finit par remporter l’adhésion du lecteur.
Finalement, l’affaire AZF n’est plus au centre du propos. On comprend mal les mobiles de cette manipulation, on ignore davantage encore la pertinence de la piste terroriste. La cause de la vérité est ici tellement compromise, les traces ayant été effacées par des années de piétinement, que l’enjeu est ailleurs. C’est un plaidoyer revigorant pour un journalisme de qualité, à des années-lumière du copier-coller qui sert de modèle à bien des médias. On ressort surtout du récit effaré par la fragilité de la justice humaine. Depuis 2001, le procès d’Outreau et l’affaire Allègre sont venus nourrir la défiance. Ce dernier fiasco et l’affaire AZF avaient d’ailleurs un point commun : le même procureur. Le procès qui s’ouvre dans quelques mois promet d’être houleux.
Messages
1. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 21 septembre 2008, 21:19
On ne saura rien... comme dans l’Affaire Alègre.
RC31
1. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 22 septembre 2008, 01:00
La gestion des témoignages est édifiante.
2. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 22 septembre 2008, 13:24, par maxime vivas
Ce dont on est sûr, c’est que plus l’hypothèse de l’attentat progresse, plus Total et les assurances jubilent.
L’affaire est complexe et je ne suis pas détenteur de la vérité. Mais je vois comment la thèse terroriste a été allègrement et immédiatement relayée par des organes de presse liés aux entreprises qui ont intérêt à nier l’accident.
Que des gens tout à fait honorables à Toulouse (j’en connais personnellement pour qui j’ai de l’estime), des associations qui veulent imposer la vérité émettent des doutes sur les causes accidentelles, c’est le jeu de la démocratie et du droit d’expression.
Il n’est pas interdit aussi de leur conseiller de bien vérifier leurs sources et de veiller à ne pas être instrumentalisé par autre chose que leur noble idéal.
Qu’on me comprenne bien : je ne juge pas leur combat ni ne contredis leur conviction. J’appelle à une rigueur exemplaire compte tenu des enjeux énormes pour des dizaines de milliers de Toulousains sinistrés, de la malignité des responsables potentiels, de leur capacité à faire s’exprimer leurs experts, des experts "neutres" et du pouvoir désinformateur et intoxicateur des médias.
Maxime Vivas
PS. Pour que tout soit clair, ma maison, située à une vingtaine de kilomères d’AZF, a subi de très légers dégâts (bris de vitres). Je n’ai pas fait de déclaration ni de demande de quoi que ce soit. Je ne suis donc pas partie prenante dans ce différend.
3. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 22 septembre 2008, 13:29, par Arsène Padakor
Comme par hasard, l’article qui soutient que l’explosion est due à un attentat nous vient du journal les Echos qui se base sur une enquête du Figaro et du livre d’un de ses journalistes.
Medef ? Vous avez dit Medef ?
1. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 22 septembre 2008, 21:14
http://toulouse.azf.free.fr/centre.html
Pour tout savoir sur la catastrophe, heure par heure et jours par jours par des personnes qui étaient sur place et des experts.
Y a encore pas mal de zones d’ombre. Et on ne parle pas spécialement d’attentat "islamiste"".
Bonne lecture. Ca prend du temps.
G.L.
4. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 25 septembre 2008, 10:21, par emilie
La séquence de l’attentat comprend sur la partie Nord deux tirs d’engins aériens d’une portée de 1400 m au minimum. Les départs ont lieu sur la colline de Pech David à l’Est du site. Le premier tir manque le hangar 221 de quelques mètres et sectionne les sorties du transformateur voisin (masse 20t). Cette explosion associée à l’énergie magnétique du transformateur génère par autoinduction une impulsion énorme sur le réseau et différents phénomènes de nature électrique (remontée du potentiel de terre, électrocution, boules de plasma, départs de feux électriques, disjonctions, arrêt de montre, perturbations sismomètre OMP, îlotage SETMI, amorçages SNPE, percussion des bouteilles d’halon). Certains, plus tard, désigneront improprement cette impulsion par phénomènes électromagnétiques précurseurs. L’incident provoque la mise en route des enregistreurs électriques, millisecondes après millisecondes, sur les bandes de surveillance dont est équipé le site. L’ensemble des installations se met alors en sécurité en commutant ses différents organes d’isolation du réseau. L’amorçage des postes électriques provoque une lumière très vive vue à plusieurs kilomètres. La première explosion est entendue et vue par des témoins situés à la SNPE ainsi que sur le Golf de Vieille Toulouse. Ces derniers se précipitent vers le club house pour téléphoner aux pompiers. Cette explosion n’a été réellement audible que dans un périmètre restreint, de quelques centaines de mètres tout au plus. Dans une salle de réunion, l’ingénieur d’AZF M. Mauzac interrompt son exposé sans manifester de trouble pour ne pas inquiéter ses collègues. Il sera tué quelques secondes plus tard.
Dix secondes après le départ du premier coup, un deuxième engin est tiré de Pech David. La secrétaire du Lycée Galieni alertée par la première explosion, regarde en direction du complexe chimique et voit la trace du deuxième engin dans le ciel en trajectoire plongeante vers le 221. Prise de peur, elle s’enfuit . Elle sera blessée quelques secondes après dans sa fuite.
Ce deuxième engin touche le hangar 221 dans sa partie médiane et provoque instantanément l’explosion du silo. Cette explosion détruit le central téléphonique AZF, la dernière conversation enregistrée sur cet appareil donne la datation de l’explosion.
Deux secondes après l’explosion, l’onde sismique fait vibrer les vitres de Toulouse. L’onde acoustique, plus lente, arrive dix secondes plus tard au centre ville où elle provoque d’importants dégâts.
Le corps de Jandoubi sera retrouvé à proximité du cratère. Ce corps victime de multiples fractures n’est absolument pas démembré, ce qui aurait été inévitable s’il s’était trouvé au contact immédiat de l’explosion en tant que kamikaze.
1. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 25 septembre 2008, 10:50, par Roberto Ferrario
m. j. p. alias emilie...
STP tu peux nous fournir les sources de ce que tu a publie
MERCI
Dr Furioso
2. AZF : un septième anniversaire de la catastrophe dans l’attente du procès pénal, 25 septembre 2008, 21:15
C’est pas Emilie mais si tu veux tu peux lire :
http://www.leblogfinance.com/2006/0...
Une hypothèse parmi d’autres ?
En tout cas ce qu’ils racontent sur les explosifs, et propergols solides, (En réalité c’est la même chose), étudiés et manufacturés par "ISOCHEM" est parfaitement documenté.
G.L.