Abel Paz est mort au début avril à Barcelone.
Paz, dont le vrai nom était Diego Camacho, était connu pour quelques livres à la gloire des anarchistes espagnols dont il était et surtout pour sa biographie de Buenaventura Durruti, le leader de légende des Nosotros, le groupe des noirs et rouges le plus actif des années 30 et le premier chef du front d’Aragon, tué à Madrid en novembre 1936...
Abel Paz avait 88 ans ou à peu près.
Et il avait été le héros d’un beau documentaire de Frédéric Goldbronn, Diego, qui sera présenté le 29 mai aux Ateliers Varan à Paris lors d’une soirée hommage avec Jean-Louis Comolli et bien d’autres personnes qui ont connu le dit Diego.
En hommage à ce bonhomme éruptif et attachant, héros de cinéma et auteur d’un livre légendaire, je joins à ce post un article que j’avais écrit il y a huit ans pour Libération. Voici :
Samedi 3 mars 2001, à Gérone, la section locale de la CNT,
Confédération nationale du Travail organise un débat avec Abel Paz sur
l’anarchisme. La réunion a lieu Carrer Rutlla dans un joli local de
plain-pied, de style années 30, squatté par les libertaires du cru et
surmonté d’un timide drapeau noir. A six heures et demie les
participants au débat évacuent le café d’en face, le bar Pencil.
Ils sont dix-neuf, pratiquement tous ont entre vingt et trente ans,
quelques-uns les oreilles percées de nombreux anneaux, une punk, deux
garçons aux cheveux très longs, deux autres aux cheveux très courts,
tous le visage sympathique. Mais cela ne fait pas grand monde en face
d’Abel Paz, le biographe de Durruti.
Pour présenter le bonhomme, le vieux lutteur de 80 ans, qui fume ses
cigarettes brunes à la chaîne dans son coin, pour présenter aussi
l’histoire du mouvement, pour faire revivre pendant cinquante minutes
la CNT-FAI de 1936, l’animateur a choisi de passer un film du français
Frédéric Goldbronn : Diego, qui s’intitule ainsi parce que le véritable
nom d’Abel Paz est Diego Camacho.
Ce très beau film très simple commence par une histoire que raconte
Diego avec sa voix cassée d’Espagnol gros fumeur.
A la sortie de la
prison en 1953, où il a passé de longues années, il va voir sa mère à
Barcelone et l’emmène à Sitges, station balnéaire, proche de la
capitale catalane. Il lui paie un week-end à l’hôtel, le premier de la
vie de cette femme qui a toujours été pauvre, a fait des ménages, a
élevé cinq fils dont quatre ont été tués. Diego se souvient de ces
jours passés au bord de mer sous le soleil avec sa mère, de la surprise
de celle-ci quand on a voulu lui servir le café au lit.
Paz dans le film raconte aussi comment seize ans plus tôt, sa vie du jeune
homme né en 1921 à Almeria a changé. C’était le 18 juillet 1936.
L’armée du Maroc vient de se soulever contre le gouvernement de front
populaire. Tout le monde attend que les casernes de l’Espagne entière
se rallient à ce pronunciamento. A Barcelone, sur la place Jaume 1er,
celle où la mairie fait face au palais de la Generalitat, le
gouvernement de Catalogne, Diego, jeune apprenti, manifeste avec des
milliers d’autres anarcosyndicalistes. Ils réclament des armes pour se
défendre contre le coup fasciste. On ne leur concède que de vagues
promesses. Alors certains prennent les armureries d’assaut. D’autres
allègent des gardes de nuit de leur pistolet. Et le 19 au matin, quand
les troupes du général Goded sortent de la caserne de Pedralbes pour
investir la ville au nom des généraux Franco, Mola, Sanjurjo, ils ont
devant eux une foule très mal armée mais très en colère et décidée à en
découdre. Sur les toits des tireurs canardent les uniformes à l’aide de
fusils de chasse. L’élan est spontané. Il est ensuite canalisé par des
meneurs de la Confédération nationale du travail, la grande centrale
anarcosyndicaliste.
S’illustrent alors Francisco Ascaso (à droite), qui perdra la
vie dans la journée en attaquant une caserne, Juan Garcia Oliver, qui
va devenir le patron des milices de Catalogne et Buenaventura Durruti,
le plus célèbre des combattants anarchistes (à gauche).
"Trois secondes suffisent parfois à donner un sens à une vie, là ce
furent presque trois jours qui m’ont marqué à jamais comme ils ont
marqué des centaines de milliers d’autres personnes." explique Abel
Paz.
Le général Goded se rend. Barcelone est aux mains des ouvriers en
armes. Il y aura évidemment des excès, des églises seront brulées, mais
surtout la ville va apprendre la fraternité. Les barricades se
fédèrent.
"Toutes n’étaient pas stratégiques, mais elles étaient importantes car
elles demandent la participation de chacun. Ce fut de nouveau comme
cela au Quartier latin en mai 68."
Dans un livre il a qualifié les barricades de drapeaux de pavé.
Elles ne seront abandonnées que pour permettre aux combattants de
partir vers le front d’Aragon. Ils s’en iront avec le sourire, la fleur
au fusil, avec un armement peu adapté derrière Buenaventura Durruti.
"J’ai demandé à partir moi aussi, mais on m’a refusé cet honneur. Tu
n’es pas en âge de mourir m’a t-on dit. Tu es en âge de construire
l’avenir..."
Et à Barcelone cet avenir se construit avec ferveur. Les transports
publics sont remis en marche sans intervention d’une quelconque
direction.
"Nous n’avions besoin d’aucun patron et nous le montrions, nous en
étions particulièrement fiers." De nombreuses entreprises sont
collectivisées. Paz-Camacho se souvient de l’ambiance incroyable qui
régnait alors à Barcelone. Et dont Orwell devait lui aussi témoigner
dans Hommage à la Catalogne :
"L’aspect saisissant de Barcelone dépassait toute attente. C’était bien
la première fois dans ma vie que je me trouvais dans une ville où la
classe ouvrière était en selle... Tout cela était étrange et
émouvant...il y avait là un état de choses qui m’apparut sur le champ
comme valant la peine qu’on se battit pour lui..."
Pour être à la hauteur de ces rêves qui semblent devenir réalité,
Camacho et quelques copains créent une association, celle des Don
Quichotte de l’idéal.
Bientôt sous la pression des Staliniens, ce Barcelone des coopératives
et l’Aragon des collectivités paysannes ne seront plus qu’un souvenir.
En mai 1937, la tension entre communistes et cénétistes est telle
qu’une guerre civile dans la guerre civile éclate dans la capitale
catalane. Barricades de nouveau. "J’avais un fusil mais je n’aurais pu
tuer personne. J’ai tiré en l’air."
Les camarades de la Pasionaria n’auront pas ces états d’âme. Ils se
débarrasseront des alliés des anarchistes, les Poumistes (du POUM, Parti
ouvrier d’unification marxiste, organisation léniniste
anti-stalinienne), assassineront Andreu Nin, leur dirigeant le plus
célèbre. Ils bordureront ensuite tellement les anarchistes que leur
rêve deviendra cauchemar. La défaite viendra bientôt pousser un camp
révolutionnaire épuisé vers l’exil ou la mort.
En 1939, Abel Paz et quelques amis passent les Pyrénées et se
retrouvent dans un camp de prisonniers, à Bram. C’est sur cette période
que se termine le film de Frédéric Goldbronn.
Mais la vie de Paz a bien sûr continué. Il a repris la lutte, connu les
prisons franquistes où il a lu beaucoup et qui furent un peu ses
universités. Puis ce fut l’exil de nouveau.
En 1960, écrit-il plus tard, "je fus admis dans un sanatorium pour
suivre un traitement, à cause d’une vieille lésion pulmonaire contactée
lors de mes longues années de prison... dans le sanatorium, il y avait
une excellente bibliothèque... La lecture m’avait toujours passionné...
J’ai notamment lu tous les livres que comptaient la bibliothèque sur
l’histoire de l’Espagne et plus particulièrement ceux à propos de la
guerre civile. Je pus ainsi vérifier que l’unique version offerte au
lecteur, de notre guerre, était la version stalinienne."
Une camarade à qui il se confie lui explique "que l’absence de livres
contredisant la version stalinienne de la guerre d’Espagne était due à
la pression des intellectuels proches ou membres du parti communiste
sur les maisons d’édition".
Paz veut écrire alors l’histoire sous l’angle anarchiste, son amie lui
conseille de plutôt travailler sur la biographie de Buenaventura
Durruti.
"A cause du rôle que celui-ci avait joué dans l’histoire sociale de
l’Espagne. Je suivis son conseil et à partir de ce moment je travaillai
d’arrache-pied sur le sujet. Bien m’en prit de me hâter, car cela me
permit de contacter des personnes très âgées, mortes depuis, lesquelles
auraient emporté les secrets de leurs vies, clandestines la plupart du
temps, dans leurs tombes."
Pour écrire ce livre, Paz contacta des témoins au Mexique, à Cuba, au
Pérou, en Argentine, en Uruguay, au Chili, en Allemagne, en Belgique,
en Suède, en France et en Espagne. Le livre parut en 1972 chez un tout
petit éditeur.
Après le film, on a allumé la lumière. Les jeunes ont posé des
questions. Pas sur le passé illustre de la CNT, quand la confédération
comptait des centaines de milliers de militants, 180 000 rien qu’à
Barcelone en 1936. Aujourd’hui c’est un vieux souvenir. A Gérone, les
dix-neuf présents en sont parfaitement conscients. Même trop.
"Que peut on faire ? Les gens ne pensent qu’à rentrer chez eux, regarder
la télévision. Ils ne discutent pas, n’écoutent pas ce que nous avons à
leur dire. Ils sont esclaves mais aussi complices de leur esclavage",
dit l’un.
"Et les ouvriers sont racistes", dit un autre, assis sous une affiche
qui proclame la solidarité des jeunes Catalans avec les sans-papiers.
Eteignant un clope pour en allumer un autre, Abel Paz ne dira pas "de
mon temps". Il sait combien l’époque a changé, et il veut redonner du
cœur au ventre à ces petits.
"Quand vous allez au café, quand vous rencontrez des gens vous voyez
bien qu’ils sont malheureux. Et vous savez bien aussi qu’ils le savent.
Vous voyez bien que ce qui manque aujourd’hui entre les gens c’est la
communication. C’est à vous de la rétablir. Quand les gens échangeront
de nouveau sur leur vie, ils n’accepteront plus leur sort. Il faut
discuter avec les gens, sans acrimonie, avec modestie. Rétablir la
communication c’est important. Moi à Barcelone, quand je vais au
bistrot, je m’assieds presque toujours à la table où il y a quelqu’un
qui déjeune seul. Le serveur peut tiquer. S’il demande à la personne
que je rejoins son avis, elle est toujours d’accord. Rompre la solitude
des gens c’est déjà beaucoup. Parler de tout et de rien avec eux, c’est
énorme.
Les jeunes libertaires présents écoutent avec étonnement ce grand-père
leur donner quelques leçons de vie. Ils se mettent à discuter entre
eux.
"On est trop dans la proclamation. Crier vive l’anarchie ! comme cela,
sans rien d’autre, c’est idiot. Il faut mettre des contenus concrets
dans le slogan", dit l’un qui continue : "il faut cesser de seulement
dénigrer, il faut proposer des choses."
Un type chevelu lui répond : "il faut quand même critiquer la société
dans laquelle on vit. On ne peut pas laisser dire n’importe quoi."
Un autre explique. Dans mon village on est trois maçons, il y a deux
céramistes, un charpentier. Il faudrait qu’on se constitue en
coopérative. On se paierait pareil. Ce serait les semences d’une
société débarrassée du capital.
Abel Paz demande aux jeunes si ils lisent, si ils lisent assez. La réponse de certains est négative.
"Je me demande comment on peut vivre sans livres. Comment on peut
réfléchir sans dévorer des livres, des romans, des enquêtes, des livres
d’histoire ou de philosophie. Tout est bon. Organiser un atelier de
lecture avec discussion de certaines pages. Le sens critique est ce qui
manque le plus en Espagne aujourd’hui. De tenter de le rétablir, c’est
un acte révolutionnaire", dit il avant de s’allumer une autre
cigarette.
Quatre jours plus tard, en fin de matinée, Abel Paz fumait encore un de
ses ducados achetés dans un tabac du quartier de Gracia, son quartier.
Dans son petit appartement d’un premier étage de la carrer Verdi aux
murs recouverts d’affiches, catalanes, anarchistes, et de bibliothèques
rustiques parfois boiteuses mais toujours surchargées de bouquins, il
évoque la politique de la République au Maroc, le sujet de son dernier
livre paru.
La cuestion de Marruecos y la Republica espanola raconte en effet un
épisode peu connu de la guerre d’Espagne dont les conséquences auraient
pu être majeures :
Dès juillet 36, la CNT avait l’intention de permettre aux Marocains de
la zone espagnole (Ceuta, Mellilla, une partie du Rif) de déclarer leur
indépendance. Cette initiative aurait eu le triple avantage : un,
d’ouvrir un front à l’arrière des troupes franquistes ; deux, de les
priver de leurs régiments de soldats maures et surtout de répandre le
bon exemple, celui de la décolonisation en Afrique. Ce qu’Aurelio
Fernandez, un des cénetistes chargés à l’époque de négocier ce nouveau
cours, qualifiait vingt-cinq ans plus tard de "blessure mortelle
infligée aux puissances colonisatrices" fut acceptée par le pouvoir
catalan, dominé il est vrai par les anarcho-syndicalistes. Mais fut
rejeté par les gouvernements de Madrid et plus personnellement par
Largo Caballero (à droite).
"Objectivement le gouvernement républicain se fit complice des
franquistes" dit Paz. "Et encore, Franco fut plus intelligent que les
républicains. Dès qu’il comprit ce qui se tramait, il s’empressa de
permettre aux élites marocaines de publier un journal en arabe, le
premier jamais autorisé dans ces colonies. Et comme le Comité d’action
marocain était des plus timorés, et qu’il avait compris qu’il fallait
mieux collaborer avec ce camp qui savait ce qu’il voulait, cela lui
suffit. Le gouvernement dirigé par les socialistes avait eu l’occasion,
il l’avait laissé passer."
D’après Paz, les anarchistes étaient conscients de ce qui se pouvait se
jouer là-bas. Ils se méfiaient depuis toujours de la France et de
l’Italie. De ces classes ouvrières qui s’étaient laissés traitées en
mineures par des partis marxistes. La stratégie des anarchistes
espagnols était plus orientée vers l’Afrique du nord, vers Tetouan,
Mellilla. Dès 1931, dès l’instauration de la république, la CNT avait
facilité l’entrée des Maures dans les syndicats, en se battant sur le
mot d’ordre à travail égal salaire égal entre immigrés et espagnols.
"La France n’était pas d’accord avec cette indépendance du Maroc. Elle
avait peur que la liberté laissée au Maroc espagnol s’étende à son
Maroc à elle puis à l’Algérie. Les Anglais avaient peur eux que les
Palestiniens s’enhardissent.
Tous ils ont fait pression sur Largo Caballero, qui a donc commencé par refuser les propositions de la CNT."
Abel Paz élargit le propos.
"Il faut quand même se souvenir que si Franco et ses amis se sont
soulevés ce n’est pas parce qu’ils redoutaient ou détestaient la
République. Il y avait parmi eux pas mal de républicains. C’est pour
écraser un mouvement révolutionnaire qu’ils ont pris les armes. Et sur
cette question ils avaient l’accord de beaucoup de monde pas seulement
des nazis et des fascistes. Toutes les bourgeoisies du monde étaient
contre la révolution en Espagne. L’avion rapide que Franco a pris des Canaries pour rejoindre ses troupes, c’est un avion anglais, que les
Anglais ont livré.
"Il faut reprendre l’histoire de la guerre d’Espagne à zéro, raconte
encore Paz, en rompant avec la vision qu’ont imposée les gens de la
gauche modérée et les staliniens. En oubliant tout ce qui existait
avant la guerre d’Espagne, en calquant des problématiques issues de la Deuxième Guerre mondiale sur un confit qui était d’une autre espèce."
"Que ce se serait-il passé si le prolétariat français avait maintenu
ses exigences, s’il n’avait pas abandonné ses occupations du printemps
36 ?"
"Tout aurait sans doute changé. Même en URSS. Si Staline a frappé si
fort cette année là, dans les fameux procès de Moscou c’est qu’il a
senti le vent du boulet de la révolution passer très près."
"En Espagne, le système libéral avait failli et la question était
Revolution ou Fascisme. Après la défaite, un chapitre de l’histoire du
monde est définitivement clos. Un autre chapitre s’ouvre."
Quand on lui pose une question sur le manque de mémoire historique des
Espagnols, Paz répond que quarante ans de fascisme laissent
obligatoirement des traces.
"La peur a longtemps été la compagne quotidienne des gens ici. Et ils
la ressentent encore. Même les gosses de 18 ans qui n’ont rien connu de
tout cela, ont hérité de ce patrimoine. Du coup les gens ne veulent
plus rien savoir de leur passé et c’est tragique. Car sans passé il n’y
a pas d’issue au présent."
Il raconte comment il y a peu de temps, les socialistes ont présenté
une loi pour la réhabilitation des maquisards anti-franquistes et
comment cette demande fut refusée par la majorité du Parti Populaire,
le parti d’Aznar qui, au contraire, a célébré la mémoire d’un chef de
la police du pays basque tué en 1967, sous Franco.
"Nous vivons encore dans l’esprit du franquisme", conclut Paz. "C’est
d’ailleurs normal, puisque ceux qui nous dirigent aujourd’hui sont les
enfants des vainqueurs de 1939 avec de l’argent en plus."
Tirant sur sa cigarette, le regard baissé dans on ne sait quelle remémoration du passé, le vieil homme ajoute :
"Certains jeunes d’aujourd’hui peuvent se dire anarchistes, essayer de
réssusciter la CNT, ce n’est plus pareil. Il n’y a plus de presence
anarchiste en Espagne. En 1977, un an après le rétablissement d’un
certain nombre de libertés démocratiques en Espagne, la Confédération a
organisé un grand rassemblement à Montjuic. il y avait 400 000
personnes. J’ai alors dit à Abad Santillan (dirigeant historique de la
CNT, à droite) :
"Mes enfants c’est le moment de nous dissoudre, cela fera au moins un enterrement de première classe."
"Personne n’a compris ce que je disais. Et pourtant il était facile de
comprendre que la CNT était morte en Espagne. Au moins si nous l’avions
dissoute ce jour-là, c’eut été un coup surréaliste."
"Aujourd’hui les gens ne veulent pas entrer dans une organisation. Ils
ne veulent pas dépendre de décisions prises par d’autres. Même la forme
fédérative des anarchistes leur semble trop lourde. Et sans doute
ont-ils raison. La crise des organisations qui touche aussi l’Etat est
une crise essentielle. Et pourtant il existe un courant de pensée
libertaire, fort notamment chez les intellectuels, mais il n’a rien à
voir avec la CNT aujourd’hui."
Rue Verdi, pas loin de chez Paz, il y a une belle bodega avec des
grands tonneaux vernis et des petites tables de bois, un petit local
sympathique où l’ancien apprenti insurgé de juillet 1936 aime de temps
en temps boire un verre. Parfois il se sent un peu seul. "Je n’ai plus
d’amis par ici. Il n’y a plus que mon frère qui habite par là."
EDOUARD WAINTROP
Abel Paz, La cuestion de Marruecos y la republica espanola, fundacion de estudios libertarios Anselmo Lorenzo.
Abel Paz, Buenaventurra Durruti 1896-1936, Les éditions de paris, Max Chaleil, 500 pages, 148F