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Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?
Publie le vendredi 13 novembre 2015 par Open-Publishing6 commentaires
Ce qui était représentatif d’une économie de partage est devenu avec Blablacar et autre Airbnb une économie de marché à part entière, un nouveau symbole du capitalisme. Avec les effets néfastes que cela implique sur la société dans son ensemble : aggravement de la crise du logement, dégradation du secteur hôtelier, absence de paiement de cotisations sociales, etc.
Les dérives de Blablacar
Fondé à l’origine sur l’idée bienveillante et positive du partage de trajets en voiture, Blablacar a dorénavant tous les attributs d’une puissante machine capitaliste, orientée plus que jamais sur les notions de profit et de rentabilité. L’argent a pris le pas sur les bonnes intentions, sur une initiative citoyenne visant à faire du covoiturage une activité bénéfique tant pour les personnes que pour l’environnement : partager un trajet donne de la mobilité à certaines personnes n’y ayant pas accès, participe à la diminution de l’impact environnemental des déplacements en voiture, tisse un certain lien social. Mais Blablacar a bien trop d’appétit pour se contenter de ce qui était au départ bon pour la société. Finie l’économie partagée, la société s’inscrit aujourd’hui dans une économie de marché à part entière.
Un exemple marquant de ce nouveau tournant : auparavant, plus le nombre de passagers augmentait, moins le prix du trajet était élevé, signe fort de cette économie de partage. A présent chez Blablacar, c’est tarif unique pour tout le monde. Il s’agit là d’un changement fondamental dans la mentalité qui fait dorénavant la part belle au profit. Terminées les bonnes intentions, bienvenues aux bénéfices, au profit, à la rentabilité. La loi du marché prévaut.
Autre signe qui ne trompe pas : la dérégularisation de son marché, l’abaissement des contraintes règlementaires, le manque de cadre législatif clair, l’absence de normes qui serviraient tant les intérêts de l’Etat que de l’individu. Chez Blablacar, les chauffeurs ont l’interdiction formelle de prendre des pauses, pire que du travail à la chaîne au temps du Fordisme. La société bénéficie également d’une absence totale de paiement de cotisations sociales : le rêve du capitalisme par excellence ! Le travail ne profite qu’à la firme, au détriment de l’Etat.
Airbnb : le glissement d’un système et ses impacts néfastes
Autre symbole fort de cette mutation de l’économie de partage en économie de marché : Airbnb. La plateforme web spécialiste des locations d’appartements entre particuliers a glissé doucement mais sûrement vers une réelle économie de marché, orientée profit et rentabilité maximum.
Les propriétaires sur Airbnb sont passés d’une majorité de particuliers voulant simplement arrondir ses fins de mois à une horde de faux profils derrières lesquels se cachent des multipropriétaires, voire des agents immobiliers. Certains vont jusqu’à cumuler plusieurs dizaines d’appartements et génèrent des dizaines de milliers d’euros de chiffres d’affaires par an, voire par mois. Tant et si bien que 20 % des offres publiées sur le site sont le fait de ces multipropriétaires, pour un tiers du chiffres d’affaires de la puissante marque. 20 % d’offres qui rapportent au minimum 1 500 € par mois à ces faux profils aux vrais profits.
On est bien loin du simple site de partage, et plus proche d’une industrialisation de la location d’hébergements, comme le déplore à juste titre l’Umih, l’organe représentant les professionnels de l’hôtellerie. Paris (1ère destination touristique mondiale) fait d’ailleurs office de marché phare pour Airbnb : plus de 40 000 logements y sont à louer via la plateforme contre seulement 6 000 à San Francisco d’où le groupe est originaire. Airbnb n’est plus un site de partage mais bien une nouvelle plateforme professionnelle déguisée en site communautaire.
En parallèle, le secteur de l’hôtellerie, qui emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes en France, commence à sérieusement pâtir de cette concurrence. Un secteur pourtant de la plus haute importance surtout au regard du fait que la France compte sur le tourisme pour maintenir à flot son économie. D’un point de vue immobilier, difficile d’être plus optimiste : en cannibalisant plus de 40 000 logements rien que sur Paris pour des locations de courtes durées plus rentables, bon nombre de citoyens se retrouvent dans l’impossibilité de louer un bien, l’offre étant alors grandement réduite car accaparée par Airbnb.
Reste à savoir quelles seront les réponses apportées par le législateur sur cette mutation du secteur du partage en économie de marché capitaliste qui échappe à bien des règles.
Messages
1. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 16:47
système amplifié par l’utilisation indispensable d’un ordinateur ET d’un téléphone portable ET d’une carte de crédit. Sans ces 3 symboles du capitalisme moderne occidental, on n’est plus grand chose. Le dernier pas sera l’implantation de la puce RFID (passnavigo, Télépéage autoroute, carte bancaire sans contact...)
2. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 17:41
L’économie dite "collaborative" ou "de partage" n’est jamais que la tentative de ramasser les miettes de la valorisation en chute libre, bref ça n’a rien d’une échappée, mais au contraire ça signe le cul de sac où nous sommes entrés, où il faudra faire (maigre) profit de tout et de tous, de tous les aspects, de tous les moments, pour essayer de survivre encore un peu en nous dévorant un peu plus les uns les autres. Cette spontanéisation de l’échange marchand a quelque chose d’encore plus sordide que le marché "classique" - mais on ne pouvait en arriver que là, à travers "l’engagement", puis l’auto-exploitation de l’auto-entrepreneuriat.
3. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 17:42, par Philou’S Off
dommage en effet que de nobles idées au départ tombent systématiquement dans l’escarcelle de borgnes boutiquiers et autres requins.
Mais tant que les Citoyens du Monde n’auront pas cette volonté commune de prendre en main leur propre destin (en créant ici par exemple ces mêmes services d’échange et de partage sous forme d’associations type 1901) ; alors on ne pourra qu’assister à "l’aggravement" de la crise tel qu’il est indiqué dans cet article ; puisque c’est implicitement l’acceptation de vivre sous cette tyrannie "aigre-douce" mais ô combien mortelle des boutiquiers (banquiers & autres infâmes crapules) ; lesquels voyous se faisant fort de nous épargner tout effort... et surtout celui de réfléchir et penser.
Alors peut-être qu’en définitive n’a t’on que ce que l’on mérite.
1. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 18:58
A ceci près que les "boutiquiers" comme les "requins", c’est nous tous, et qu’il est difficile de voir ce que l’idée d’échange valorisateur, bref d’économie, a de "noble" (il est vrai que se référer à la "noblesse" en matière de question sociale a de toute façon quelque chose de rance - il n’y a pas d’échappée dans les idéaux régressifs, que ce soit les castes sociales ou le "peuple sain"...).
2. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 23:00, par Philou’S Off
Je ne vois pas où j’aurai pu faire référence à une quelconque noblesse en "matière de question sociale" ?
Idée noble, j’entends par là une idée qui a de la grandeur, de la dignité, qui tend à élever l’espèce humaine ; or par opposition à une noblesse de cour qu’on appelle plus communément aujourd’hui : -"peoples" (même bas de plafond mais toujours si prompts à nous faire des prout-prout_matuvu dans le poste) ; il s’avère qu’un sans-nom, un sans-grade, qui, sans tambour ni trompette va, dans l’anonymat le plus parfait, faire ses emplettes près des producteurs locaux au marché du village plutôt qu’auprès de la multinationale qui va le livrer sans bouger le cul de son canapé ; celui-là est bel et bien mû par une grande et louable idée (noble donc pour faire court), idée qui valorise l’échange économique et humain, remettant par là même le marché comme étant un élément fondamental de la trame du tissu social ; tissu social, lieu d’échanges que s’emploient précisément à détruire les rapaces de la grande finance (que j’appelle les boutiquiers) afin d’y asseoir en ses lieux et places leur suprématie... leur dictature !
Mais il est vrai que dans ce combat visant à avilir l’Humanité, à faire de ses besoins et services que de vulgaires marchandises monnayables, les mêmes boutiquiers prédateurs n’ont de cesse que de dénaturer le sens des mots, faire de la langue une infâme bouillie (globish), ce langage à l’usage des crétins qui n’ont plus d’autre but que de servir docilement leurs maîtres.
Tels des porcs qui n’ont plus d’autre souci que de jouir et se gaver sans stress à l’auge que leur emplit généreusement en continu leur exploitant... Abaisser ainsi l’humanité à un troupeau aux réflexes pavloviens venant se gaver à l’auge, à la gamelle que lui tendent les "boutiquiers", les "requins" des multinationales (au moyen d’internet entre autres), serait-ce donc là la raison pour laquelle on rencontre de plus en plus fréquemment des difficultés à se faire comprendre dès l’instant où on utilise les mots justes... comme ici où l’on voudrait nous faire croire que les "boutiquiers, les requins" c’est nous tous ?
Laisser croire au "bouffé" qu’il est l’égal du "bouffeur"... étonnant retournement de situation... n’est-il pas ?
Enfin, retournement de situation bien provisoire il est vrai, puisque le "bouffeur" qui s’est accaparé les puissants moyens d’enfumer de la sorte ses congénères "les bouffés" semble (paradoxalement) trop con pour avoir compris qu’il voguait sur la même galère (planète) que ces derniers ; et que dès lors on voit mal le jour du grand naufrage où nous mène inéluctablement son avidité sans limite, il en réchappera lui le cerveau supérieur qui prétend gérer l’humanité sur le modèle unique de sa boutique (soit le profit) à l’instar de l’éleveur son troupeau ?
4. Airbnb, Blablacar : les sites de partage, nouveau symbole du capitalisme ?, 13 novembre 2015, 21:37
Pourtant des solutions existent :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article147180