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Amour factice

Publie le mardi 13 mai 2008 par Open-Publishing
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Une femme entreprenante semble mettre mal à l’aise un homme qui n’arrête pas de se reprendre.

Ensuite, la voix-off et le logo Mc Donald font comprendre qu’il s’agit d’un entretien d’embauche, mettant en avant le fait que les femmes puissent être des manageurs.

Je suis sûr que le seul synopsis des publicités pourrait être des documents anthropologiques et psychotechniques de grande valeur, révélateur de ce qui sera finalement très enfoui dans le message, enfoui, mais moteur.

Dans ce cas oui, le tutoiement qui permettra de mettre le chômeur à l’aise est en fait une sorte de compassion du puissant envers le faible ; et il serait aimable de ne pas amalgamer ce tutoiement avec celui des manageurs en général, tout comme celui des flics par exemple.

Mais surtout, il faut bien voir que l’ambiance feutrée et un peu obscure qui englobe ces entretien d’embauche n’a de similitude avec un rendez-vous amoureux que par la sorte de stress qui peut faire dire le contraire de ce qu’on veut ; mais que pour le reste, il faudra bien avertir le téléspectateur de ne pas confondre, de ne pas aller jusqu’à croire qu’un entretien d’embauche, c’est comme un rendez-vous amoureux. (ah ils sont forts ces publicitaires).

Il faut même particulièrement se méfier de ce qui veut se présenter sous un jour familier, avec la très certaine intention déjà fomentée et tellement pratiquée que devenue culturelle, d’en suite soumettre l’employé à un esclavagisme psychologique, en s’appuyant sur cette dite familiarité ; ou sur ce « mariage ».

Avant, peut-on se dire, était apparu le discours de « la famille », et à force d’être réutilisé sans aucune sorte de raison à part le fait que cela soit devenu un stimuli sur lequel on pouvait compter, à force de ne plus se soucier de la vraie raison de dire cela mais seulement de son utilité, voyez comme la nature est bien faite, ça aura perdu toute sa crédibilité. Cela sera devenu parfaitement risible.

Mais alors le puissant propriétaire de chair humaine qui se croit libre, se demande comment, pour autant, empêcher la psychologie sociale d’entrevoir l’idée salvatrice de chercher une sorte d’équité entre employeurs et employés (ce que la Mécanique tend à faire).

Alors, peut-on se dire en observant cette publicité sous l’oeil anthropologique d’une race humaine qui se voile la face à elle-même, et dont les membres s’amusent à jouer à cache-cache, il est très apparent que son but manifeste est de consolider ce qui peut devenir un substitut aux anciennes façons de rattacher les employés à leur entreprise, et qui aura été puisé dans les tendances de l’époque, qui consistent en gros à fusionner les concepts, en étant motivé par l’illusion d’une symbolique, et de sa sous-époque, qui consiste en ce moment, à révéler les failles et les lacunes.

Il est certain que le publicitaire n’ira jamais péter son commerce en conseillant à son client de faire preuve de justice et de transparence comme meilleur moyen d’obtenir une bonne réputation. Non, ici la question c’est, hormis l’honnêteté, quelle autre méthode quitte à ce qu’elle soit moins efficace, permet d’assouvir la masse inculte ?

Et la réponse, j’espère la faire voir assez clairement, consiste à conférer une couleur, une odeur, une légitimité et ainsi, une assise, à une pratique qui consiste à parler de façon mensongère et sous-entendue, en sachant pertinemment que l’autre n’a pas réellement saisi toute la porté de ce dans quoi il s’engage, à attendre de lui qu’il se dépasse, et à obtenir une sorte de familiarité culturellement factice et légitime à la fois, et ainsi, à mettre en place les meilleurs conditions d’un esclavagisme auquel les gens auront soigneusement et préalablement souscrit.

http://w41k.info/16829

Messages

  • LQR
    La propagande du quotidien
    Éric Hazan
    "....De modernité à gouvernance en passant par transparence, réforme, crise, croissance ou diversité : la Lingua Quintae Respublicae (LQR) travaille chaque jour dans les journaux, les supermarchés, les transports en commun, les « 20 heures » des grandes chaînes, à la domestication des esprits. Comme par imprégnation lente, la langue du néolibéralisme s’installe : plus elle est parlée, et plus ce qu’elle promeut se produit dans la réalité. Créée et diffusée par les publicitaires et les économistes, reprise par les politiciens, la LQR est devenue l’une des armes les plus efficaces du maintien de l’ordre.
    Ce livre décode les tours et les détours de cette langue omniprésente, décrypte ses euphémismes, ses façons d’essorer les mots jusqu’à ce qu’ils en perdent leur sens, son exploitation des « valeurs universelles » et de la « lutte antiterroriste ». Désormais, il n’y a plus de pauvres mais des gens de condition modeste, plus d’exploités mais des exclus, plus de classes mais des couches sociales. C’est ainsi que la LQR substitue aux mots de l’émancipation et de la subversion ceux de la conformité et de la soumission..."

    pour apporter de l eau a ton moulin un livre court mais INDISPENSABLE !

    Makhno