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Appel du Front communal pour la défense de la terre (FPDT)
Publie le dimanche 14 mai 2006 par Open-PublishingCompañeros, nous vous envoyons notre premier tract, qui voudrait
s’adresser à toutes les personnes qui ont été victimes de la bombe
médiatique lancée contre nous. Il s’agit pour nous de commencer à inverser
ce véritable lynchage médiatique propagé par le gouvernement et par ses
moyens de communication.
Veuillez reproduire et diffuser ce tract. Des organisations sociales ont
monté une commission d’information et de propagande qui nous aide aussi et
lundi 8 mai des tracts seront imprimés dans la faculté des sciences, à
partir de 10 heures, dans les ateliers du CGH. Le CLETA est également en
mesure d’en imprimer. Les moyens de communication alternatifs feront
circuler ce document partout où ils le pourront, mais nous avons besoin de
pouvoir diffuser ce tract dans les autres états mexicains et si possible
dans d’autres pays.
Merci.
Peuple du Mexique, jusqu’à présent vous n’avez fait qu’entendre les
mensonges répandus contre nous par Televisa, par TV Azteca et par tous les
autres moyens de (dés)information. Nous vous demandons d’écouter
maintenant la voix des habitants d’Atenco :
Il faut stopper ce gouvernement traître, menteur, corrompu et assassin. Si
nous ne le faisons pas nous, ceux d’en bas, personne ne le fera.
Dans l’Etat de Coahuila, les corps de 65 mineurs reposent dans la mine de
Pasta de Conchos, ensevelis par l’oubli. Leur mort est le résultat de la
négligence du gouvernement et des caciques syndicaux, mais aussi des
conditions inhumaines dans lesquelles ils doivent faire leur travail, des
conditions que subissent aujourd’hui des millions d’ouvriers dans tout le
Mexique.
Après avoir commis un tel crime, le gouvernement PAN de Fox et le
gouvernement PRD de Lázaro Cárdenas Batel au Michoacán ont fait assassiner
par leur police en armes deux autres mineurs de Sicartsa, peut-être plus.
Dans le port de Lázaro Cárdenas, ils ont aussi blessé par balles un bien
plus grand nombre de travailleurs, qui sont des centaines à mener depuis
des années une lutte acharnée pour obtenir la démocratisation de leur
syndicat et pour la défense des droits de tous les Mexicains. Ils doivent
se battre contre les intérêts des faux "leaders des mineurs", les caciques
Napoleón Gómez Urrutía et Elias Morales, qui luttent l’un contre l’autre
au profit de leur mafia respective et non pas pour les mineurs.
Ces agressions ne faisaient qu’annoncer la guerre menée par le pouvoir
contre tous ceux qui refusent de courber la tête, dans tout le Mexique, et
qui défendent avec fermeté le peu qui nous reste après le pillage
capitaliste.
La brutalité policière, les agressions, les coups, le lynchage médiatique
perpétré par les médias à la solde des puissants, la prison et
l’assassinat dont les membres du Front communal pour la défense de la
terre ont été victimes font partie de cette guerre que le gouvernement a
mène de façon impitoyable à l’encontre du peuple et des organisations
sociales qui résistent, dans le but de nous déposséder du moindre de nos
droits et de nous arracher les ressources naturelles de notre pays, ce qui
signifie pour ceux d’en bas comme nous toujours plus de travailleurs à la
rue, toujours plus d’élèves sans écoles, toujours plus de personnes
obligées d’émigrer aux Etats-Unis. Tout ça pour qu’une poignée de magnats,
de corrompus et de voleurs puissent s’engraisser.
Après la violente irruption et occupation politico-militaire de notre
ville, ceux d’en haut tentent comme on pouvait s’y attendre de masquer
leur responsabilité, avec l’écran de fumée créé par les médias à leurs
bottes. Ils voudraient cacher la sauvagerie avec laquelle l’armée a traité
les enfants, les femmes et les vieillards d’Atenco. Ils voudraient que
personne ne sache comment ils ont assassiné d’un coup de fusil un
adolescent de quatorze ans et maintenant ils veulent faire croire que ce
sont des membres du FPDT qui l’ont fait, alors que tout le monde sait que
nous n’avons jamais utilisé d’armes à feu pour nous défendre. Ils
voudraient empêcher que les gens sachent que plusieurs policiers, des
imbéciles et des bêtes enragées, ont violé les femmes qu’ils avaient
arrêtées et fracassé le crâne à un étudiant. C’est tout juste si les
moyens de (dés)information montrent des images des féroces perquisitions
effectuées chez les habitants d’Atenco ou l’incroyable brutalité avec
laquelle les militaires de la PFP et la police de l’Etat ont matraqué de
simples passants, quand ils ont fait leur entrée dans la ville. Ceux d’en
haut préfèrent occulter le fait qu’outre les prisonniers politiques, il y
a déjà plus de 200 personnes disparues : nous savons que la police les a
embarquées mais elles restent introuvables, elles ne sont ni dans les
maisons d’arrêt ni dans les hôpitaux.
L’État et son appareil répressif, et tous les médias qui leur lèchent les
bottes, ont les mains tachées du sang du peuple et rien ne pourra laver le
sang versé. Leurs chaînes de télé peuvent bien passer et repasser mille
fois les deux mêmes séquences car ce sont les seules où l’on voit des
paysans frapper des policiers, la vérité saura se faire connaître et la
justice se chargera des véritables responsables, de ces criminels et
assassins du peuple.
Quel crime ont donc commis des habitants qui cherchaient seulement à
vendre des fleurs ? Pourquoi ont-ils subi une telle répression ? Que
feriez-vous si on vous frappait, si on vous tirait dessus, si on violait
vos sœurs et votre mère et si on emprisonnait vos enfants, simplement
parce vous vouliez travailler pour nourrir votre famille ? Vous resteriez
les bras croisés en acceptant un tel abus contre vos êtres chers ? Les
habitants d’Atenco, NON ! Au lieu de ne rien faire, nous avons décidé de
recourir à la légitime défense, un droit que tout le monde possède face à
une agression despotique et injuste comme celle que nous avons subie.
Mais la spoliation et la répression exécutée par ceux d’en haut
n’affectent pas seulement les habitants d’Atenco. Elles s’exercent contre
l’ensemble du peuple mexicain, qui est constamment pillé, relégué dans la
misère et victime d’exclusion. C’est pourquoi chacun doit choisir son camp
dans cette lutte. Quand on ne peut accéder qu’aux canaux officiels
d’information, il est compréhensible d’avoir des doutes et être indécis.
Mais on peut toujours recourir au bon sens : à Atenco, comme dans beaucoup
d’autres conflits, il y a d’un côté la police, les militaires de la PFP,
les "intellectuels" inféodés au système, Vicente Fox, Madrazo, Calderón,
López Obrador et tous leurs partis politiques, et de l’autre, il y a les
paysans, les étudiants, les familles des prisonniers, les organisations
populaires...
Dans quel camp êtes-vous ? La ligne qui nous sépare, ce sont eux qui l’ont
créée avec leur corruption, avec leurs vols et avec leur répression. C’est
à nous tous et à chacun de choisir le camp que nous allons rejoindre.
Ne laissez pas les "actualités" vous boucher les yeux : on y prétend que
les événements d’Atenco obéissent à des "intérêts obscurs". Rien n’est
plus faux. Notre résistance n’obéit à aucun intérêt obscur, mais à la
conviction transparente de défendre nos droits, notre terre, notre
travail, pour Atenco et pour le Mexique tout entier, aux côtés des
organisations sœurs qui luttent pour ces exigences fondamentales.
Si on veut trouver des intérêts obscurs, c’est du côté des mafias des
partis qu’il faut chercher, chez ceux du gouvernement de Vicente Fox et de
Peña Nieto ou dans les municipalités aux mains du PRD comme celles
d’Atenco et de Texcoco, qui ont provoqué ce conflit et n’ont pas la
moindre intention d’y apporter une solution.
Il est fort possible que cela soit dû à leur rancœur, à leur malaise, à la
fureur qu’ils ont dû ravaler depuis 2001 parce qu’ils n’ont pas pu vaincre
notre petite et humble Atenco et ses paysans rebelles qui les ont empêchés
plus d’une fois de commettre leurs incessants vols, leurs fraudes et leur
pillage, à commencer par leur mégaprojet d’aéroport, qui a été retiré
grâce à l’efficacité et à la force des habitants organisés.
Nous voulons que vous compreniez et que vous partagiez notre indignation.
Nous n’avons personne d’autre à qui recourir à part vous, à part notre
peuple. Nous avons besoin de vos bras et de votre voix, il y a plus de 200
personnes emprisonnées, certaines hospitalisées en état d’arrestation, et
de personnes disparues, de différentes communautés et organisations. Ce
n’est qu’avec votre aide que nous pourrons obtenir de ce gouvernement de
geôliers et de violeurs la libération de nos camarades.
Terre, liberté, travail, santé, éducation et logement pour tout le monde,
c’est cela et rien d’autre que nous défendons. Voilà quels sont nos
intérêts et aucun autre. C’est pour cela que le peuple tout entier doit
s’unir et se battre, être solidaire des siens, ceux d’en bas.
Liberté pour tous nos prisonniers politiques !
Présentation immédiate et en bonne santé des personnes disparues !
Toutes les forces de répression doivent quitter immédiatement San Salvador
Atenco !
Fin immédiate de la répression, des perquisitions et des arrestations !
Front communal pour la défense de la terre de San Salvador Atenco,
organisations, collectifs et peuple solidaire de cette lutte.