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Après la Journée internationale des droits de l’homme du 10 décembre

Publie le mercredi 12 décembre 2007 par Open-Publishing

Un engagement exigeant

Par Nicole Borvo Cohen-Seat, membre du Comité exécutif du PCF, responsable du pôle « droits de la personne ».

Début 2007, le Parlement français consacrait dans la Constitution l’interdiction de la peine de mort « en toutes circonstances ». Fin 2007 à l’ONU, une majorité de pays s’est prononcée en faveur d’un projet de résolution appelant à un moratoire sur les exécutions. Un premier pas encourageant pour le combat des abolitionnistes. En même temps, depuis 25 ans, Mumia Abu-Jamal est détenu dans le couloir de la mort de la prison de Waynesburg en Pennsylvanie, où je l’ai rencontré en 2003 et 2006, condamné au terme d’un procès truqué.

En même temps, soixante-quatre pays maintiennent la peine de mort, dont de grandes puissances : trente-huit États des USA, le Japon, la Chine qui exécute plus de mille personnes par an. Dans le monde, des mineurs sont exécutés, des femmes lapidées, des homosexuels pendus. Le viol n’est pas reconnu partout et en Arabie saoudite, une jeune femme violée vient de se voir infliger des coups de fouet. Pour nous, l’engagement en faveur des droits humains est quotidien et sans exclusive. C’est le sens du combat des communistes aux côtés de nombreuses organisations.

Certes, sur une longue période, le mouvement pour la défense des droits s’est développé en force et en nombre. De même, sur une longue période a peu à peu été reconnu le caractère indissociable entre les libertés individuelles et les droits sociaux, même si les premiers conservent une prééminence, y compris dans les instances internationales. En même temps, la marchandisation de toutes les sphères de la société dénie le droit de vivre dignement et de s’exprimer à une partie de l’humanité.

Ainsi combat contre exploitations et dominations et droits de la personne sont inséparables. Après 2001, la superpuissance américaine a théorisé la nécessité de subordonner les droits et les libertés à la lutte contre le terrorisme : Patriot Act, tribunaux militaires d’exception, limitation des libertés civiles, réduction des garanties contre les atteintes aux droits fondamentaux, Guantanamo qu’il faut absolument fermer. Les pays européens y participent : « sites noirs de la CIA » en Europe, hors de tout contrôle judiciaire, accord des Vingt-Sept sur le transfert aux autorités américaines des données passagers par les compagnies aériennes. La France aussi a accumulé ces cinq dernières années, au prétexte de la lutte contre le terrorisme, dispositions et pratiques régressives : diminution des droits de la défense, facilitation des perquisitions, fichage généralisé.. .

Depuis deux siècles, les pays occidentaux se sont érigés en seuls garants des droits des personnes. Ils en ont même fait une base idéologique pour leurs interventions, y compris par la guerre. C’est la raison pour laquelle le combat pour l’universalité de ces droits doit sans cesse s’affirmer. S’engager pour les droits, c’est agir aux côtés de leurs défenseurs, qu’il s’agisse de droits civils, politiques, économiques, partout où ils sont bafoués… C’est combattre l’impunité dans le temps de leur violation, raison de notre soutien à une compétence universelle de la Cour pénale internationale, au regard de laquelle la France reste frileuse. S’engager pour les droits, c’est en France refuser l’inflation sécuritaire et répressive.

C’est exercer son droit de visite parlementaire dans ses tristes prisons où les règles européennes sur la dignité des personnes détenues ne sont pas respectées. C’est agir pour le respect des droits et de la dignité des migrants, instrumentalisés par les pays dominants pour justifier leurs politiques régressives. S’engager pour les droits, c’est mener au quotidien le combat contre le racisme et l’antisémitisme sous toutes leurs formes, et contre toutes les discriminations, dont celles liées au genre ou à l’orientation sexuelle. C’est agir pour que la France ratifie et applique les textes internationaux positifs en matière de droits ; ce qu’elle n’a pas encore fait par exemple pour la convention internationale des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

C’est agir pour une nouvelle charte européenne des droits fondamentaux, c’est-à-dire impérative et effective pour tous les pays de l’Union. En ce 10 décembre 2007, je partage de récents propos du président de la CNCDH, Joël Thoraval : « Le respect des droits essentiels, la démocratie, n’ont pas de meilleur émissaire qu’eux-mêmes. » Et je forme le voeu qu’en cette fin d’année 2007 Ingrid Betancourt et de ses codétenus soient enfin libérés

http://www.humanite.fr/2007-12-11_T...